raccroc [ rakro ] n. m.
• 1798 « coup heureux, au billard »; de raccrocher
♦ Loc. (1835) PAR RACCROC : sans plan et par le fait d'un heureux hasard. Ma mère « acceptait que je n'apprisse rien que par raccroc » (A. Gide).
♢ (1862) DE RACCROC : qui ne dépend que du hasard. « des mensonges de raccroc » ( Bernanos).
● raccroc nom masculin (de raccrocher) De raccroc, dû au hasard : Situation de raccroc. Par raccroc, par un heureux hasard : J'ai obtenu son adresse par raccroc. ● raccroc (difficultés) nom masculin (de raccrocher) Orthographe et prononciation Avec deux c, et finale en -oc dont on ne prononce pas le c, comme dans croc. ● raccroc (expressions) nom masculin (de raccrocher) De raccroc, dû au hasard : Situation de raccroc. Par raccroc, par un heureux hasard : J'ai obtenu son adresse par raccroc.
⇒RACCROC, subst. masc.
A. — JEUX (billard), vieilli. Coup inattendu et heureux, dû au hasard plutôt qu'à l'habileté. Et l'emballeur de la rue Amelot eut beau faire une série de raccrocs (...). M. Matoussaint le regarda caramboler, tranquillement (COPPÉE, Vingt contes nouv., 1883, p. 259).
♦ P. métaph. L'hostilité d'un univers où l'âme humaine est un raccroc, une réussite de hasard (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 365).
— Loc. fig.
♦ De raccroc. De hasard, d'occasion. Une somptuosité pauvre et de raccroc, comme un intérieur de vieille actrice retirée (GONCOURT, Journal, 1862, p. 1029). Et pourtant (...) [Philippe VI] n'était qu'un roi de raccroc, un neveu, un cousin de roi (DRUON, Lis et lion, 1960, p. 51).
♦ Par raccroc. Par hasard; grâce à une chance inespérée. Obtenir un examen par raccroc. On ne m'écrit guère de Paris et je ne sais les nouvelles que par raccroc (MÉRIMÉE, Lettres E. Ellice, 1860, ds R. Universelle, t. 38, 1929, p. 522). Faguet ne lui donne pas de place [à Flaubert] parmi ses maîtres du XIXe siècle (...) et lui consacre plus tard, par raccroc, un petit volume hâtif (THIBAUDET, Réflex. crit., 1936, p. 79):
• Pour revenir aux vrais élèves de Port-Royal, à ceux qui le sont non par raccroc, mais en ligne directe, ce qui les caractérise, c'est la marque profonde que cette éducation leur laisse, l'attache constante à leurs maîtres, et, même à travers les dispersions orageuses du monde, le câble de retour à la foi.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 516.
B. — Action de ressaisir, de rattraper quelque chose. Le spectacle d'une folle jeunesse qui se noie dans les plaisirs et dans l'orgie au sortir de l'enfance est de tous les temps: il est vrai qu'ici ces circonstances caractéristiques d'être colonel presque à la jaquette et de faire sa première communion de raccroc à la dernière heure (...) impriment à l'historiette une variété piquante et y mettent en plein la signature du XVIIIe siècle (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 157).
C. — Vieilli. [En parlant des prostituées] Racolage. Synon. raccrochage. Il glissait au ménage avec cette goule, lui qui, pour ne pas payer, vivait autrefois des raccrocs de la rue (ZOLA, L'Œuvre, 1886, p. 247). D'inquiétantes silhouettes, dans l'ombre bleue, les lumières, le grouillement, se perdaient pour réapparaître et se dérober encore, au milieu du raccroc obstiné des femmes (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 92).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1374 « renouvellement d'une fête, spécialement d'un repas de noce » (Arch., JJ 105, pièce 504 ds GDF., s.v. racroc); 2. a) 1798 coup de raccroc « coup inattendu et heureux dans un jeu » (Ac.); 1810 raccroc « id. » (MOLARD, Mauv. lang. corr., p. 225); 1862 subst. + de raccroc « dû au hasard » (GONCOURT, loc. cit.); 1864 verbe + de raccroc « par hasard, en plus » (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, p. 34); b) 1835 par raccroc « par une chance inespérée (au jeu) » (Ac.); 1845 « id. (en gén.) » (BESCH.); 3. 1950 fig. « action de raccrocher, de rattraper quelque chose » (ARNOUX, Contacts all., p. 15). Déverbal de raccrocher. Fréq. abs. littér.:21. Bbg. TAFEL (Ch. E.). Beitr. zur frz Etymol. Bonn, 1976, p. 40.
raccroc [ʀakʀo] n. m.
ÉTYM. 1798; « reprise de fête », 1374; de raccrocher.
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1 Vx. Au billard, Coup heureux qui est le fruit du hasard plus que de l'habileté. || Faire un raccroc.
1 (…) mais il se soutient par la rapidité de son esprit, par ces bonheurs de rencontre que les joueurs de billard nomment des raccrocs. Il est le plus habile tireur au vol des idées qui s'abattent sur Paris ou que Paris fait lever.
Balzac, Une fille d'Ève, Pl., t. II, p. 91.
♦ ☑ Loc. mod. Par raccroc : par un hasard qui arrange bien les choses. || Il a réussi par raccroc. — Rare (plur.). || Par raccrocs.
2 Ma mère se résignait à me traiter en malade et acceptait que je n'apprisse rien que par raccroc.
Gide, Si le grain ne meurt, I, V, p. 123.
3 Elle pense périssable, elle pense individuel, elle pense par raccrocs; et elle ramasse le meilleur de ses idées dans des occasions fortuites et secrètes qu'elle se garde d'avouer.
Valéry, Introd. à la méthode de Léonard de Vinci, I, p. 203.
♦ ☑ De raccroc : dû au hasard, qui dépend du hasard.
3.1 Elle vaut mieux que la vie de raccroc qu'elle mène.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 153.
2 Rare. Raccrochage, racolage.
4 (…) d'inquiétantes silhouettes, dans l'ombre bleue, les lumières, le grouillement, se perdaient pour réapparaître et se dérober encore, au milieu du raccroc obstiné des femmes.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, II, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.