punique [ pynik ] adj.
• XIVe; lat. punicus, de Pœni « les Carthaginois »
♦ Hist. Relatif, propre aux colonies phéniciennes d'Afrique, et spécialt à Carthage. La langue punique : le phénicien que l'on parlait à Carthage. Les guerres puniques, menées par Rome contre Carthage.
● punique adjectif (latin punicus, de Poeni, Carthaginois) Relatif aux Carthaginois. ● punique nom masculin Variété du phénicien parlée à Carthage et dans son empire pendant l'Antiquité.
punique
adj. HIST Relatif aux Carthaginois.
Encycl. Hist. - Au nombre de trois, les guerres puniques opposèrent les Romains aux Carthaginois.
d1./d La première guerre punique (264-241 av. J.-C.) est déclenchée par les Mamertins, mercenaires installés en Sicile; ceux-ci demandent le secours de Rome pour chasser les Carthaginois, qui contrôlaient le détroit de Messine. Les Romains prennent Messine (264) par surprise, et Hiéron, roi de Syracuse, se rallie à eux. Ils sont vainqueurs à Agrigente (262), à Myles (260), à Ecnome (256), puis l'expédition du consul Regulus en Afrique tourne au désastre. Les Carthaginois ont, pour un temps, l'avantage mais, après leur défaite aux îles AEgates (241), ils cèdent la Sicile et ne peuvent s'opposer à la conquête romaine de la Corse et de la Sardaigne (238-237 av. J.-C.).
d2./d Hannibal déclenche la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.) en prenant la v. ibérique de Sagonte, alliée de Rome. En un an, il passe le Rhône et les Alpes, entraîne dans son sillage les Celtes de la plaine du Pô et écrase l'armée romaine sur les bords de la Trébie (218) et du lac Trasimène (217), puis à Cannes, en Apulie (216), où près de 45 000 Romains sont tués. Mais Rome mate les rébellions de la confédération italique et constitue en Italie centr. un noyau de résistance, alors qu'Hannibal laisse ses troupes se perdre dans les "délices de Capoue", ville qu'il avait annexée en 215. Bientôt, le jeune Scipion attaque les arrières carthaginois en Espagne. Il débarque en Afrique (204), s'allie au roi numide Masinissa et écrase à Zama (202) l'armée d'Hannibal. Carthage vaincue doit payer une indemnité considérable et cède l'Espagne aux Romains.
d3./d Rome déclenche la troisième guerre punique (149-146 av. J.-C.), car Caton l'Ancien affirmait sans cesse que Carthage devait être détruite (Carthago delenda est), prétextant que les Carthaginois avaient attaqué Masinissa, l'allié de Rome. Carthage résistera deux ans aux légions de Scipion émilien, avant que ses murs soient rasés et ses habitants massacrés (146 av. J.-C.). Rome constitue une province en Afrique. (V. Maghreb.) Cette m. année, elle transforme la Grèce vaincue en une province, dominant donc les deux rives de la Méditerranée. Dès lors, elle bâtit un Empire puissant.
⇒PUNIQUE, adj. et subst. masc.
A. — HIST. ANC., adj. Qui est relatif aux colonies phéniciennes d'Afrique et principalement à Carthage et aux Carthaginois. Art, constitution, flotte, médaille, religion punique. Les habitants des terres puniques se distinguoient surtout par leur génie commerçant (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 197):
• Alors, désespérant de la république, Hamilcar leva de force dans les tribus tout ce qu'il lui fallait pour la guerre: du grain, de l'huile, du bois, des bestiaux et des hommes. Les habitants ne tardèrent pas à s'enfuir. Les bourgs que l'on traversait étaient vides, on fouillait les cabanes sans y rien trouver; bientôt une effroyable solitude enveloppa l'armée punique.
FLAUB., Salammbô, t. 2, 1863, p. 7.
♦ Guerres puniques. Les trois guerres des Romains contre Carthage. Dès la ruine de Carthage, du vivant même du fidèle Massinissa, les Romains prenaient ombrage du royaume des Numides qui ne leur était plus utile. Ils n'avaient pas voulu de leurs secours dans la dernière guerre punique (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 147). J'étais à deux doigts de ma perte, comme Rome aux pires temps des guerres puniques (FLAUB., Corresp., 1851, p. 306).
— Au fig., littér. Qui évoque la ruse, la perfidie attribuées aux Carthaginois. Que disent de cette loyauté punique les économistes? (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 2, 1846, p. 62). Ce travail punique, incontestablement autorisé par la guerre qui admet le piège, était si bien fait que Haxo, envoyé par l'empereur à neuf heures du matin pour reconnaître les batteries ennemies, n'en avait rien vu (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 384).
♦ Foi punique. Mauvaise foi insigne. J'étais donc vivement inquiet de voir un mois s'écouler sans avoir de vos nouvelles. Je craignais tout de la foi punique (Rec. textes hist., 1799, p. 113). On aurait pu dire la foi romaine, à plus juste titre que la foi punique, tant Rome était habile à éluder ses serments ou hardie à les violer (LAMENNAIS, Indifférence, t. 1, 1817-23, p. 282).
— Empl. subst., rare. Les Phéniciens de Carthage. Les Grecs et les Puniques (ROB.).
B. — LING., adj. et subst. masc. Langue punique, le punique. Langue sémitique parlée par les Carthaginois. Ainsi, en Campanie, vers la fin de la république, on parlait: l'osque, comme les inscriptions de Pompéi en font foi; le grec, langue des colons fondateurs de Naples, etc.; le latin; peut-être même l'étrusque, qui avait régné sur cette région avant l'arrivée des Romains. À Carthage, le punique ou phénicien avait persisté à côté du latin (SAUSS. 1916, p. 267). C'est d'abord l'inscription en langue punique sur des tables de bronze, laissée par l'amiral carthaginois Hannon, dans un temple de Carthage (Hist. sc., 1957, p. 1345).
Prononc. et Orth.:[pynik]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du XIVe s. guerres puniques (EUSTACHE DESCHAMPS, Œuvres, VI, 287, 5 ds T.-L.); b) 1552 « relatif, propre à Carthage » (G. POSTEL, Hist. mem., f ° 79 r ° ds GDF. Compl.); 2. 1721 subst. ling. (Trév., s.v. sufféte); 3. 1798 adj. « qui évoque la ruse, la perfidie que les Romains prêtaient aux Carthaginois » (Ac.). Empr. au lat. Punicus « relatif, propre à Carthage », Punica bella « guerres puniques », Punica fides « mauvaise foi ». Fréq. abs. littér.:123.
punique [pynik] adj.
ÉTYM. Fin XIVe, E. Deschamps; lat. punicus, de Pœni « les Carthaginois ».
❖
1 Hist. Relatif aux colonies phéniciennes d'Afrique, et, spécialt, à Carthage (avant sa destruction par les Romains, en −146). — (1875). || La langue punique, le punique, ou phénicien occidental. || Civilisation, religion, art punique. — N. || Les Grecs et les Puniques. — Hist. || Les guerres puniques : les trois campagnes menées par Rome contre la puissance carthaginoise, entre −264 et −146.
➪ tableau Classification des langues.
2 (Littér.). Fig., rare. Qui évoque la ruse, la perfidie que les Romains prêtaient aux Carthaginois.
0 Leur artillerie était en embuscade sous les broussailles. Ce travail punique, incontestablement autorisé par la guerre qui admet le piège, était si bien fait que Haxo (…) n'en avait rien vu (…)
Hugo, les Misérables, II, I, VI.
Encyclopédie Universelle. 2012.