prussien, ienne [ prysjɛ̃, jɛn ] adj. et n.
• 1540; de Prusse
♦ De la Prusse, et par ext. Allemand (en 1870 et immédiatement après). L'armée prussienne. Cheminée prussienne.
♢ Loc. À la prussienne : à la manière rigide, strictement disciplinée des soldats prussiens.
♢ N. (1871) Les Prussiens (spécialt en hist. les soldats de la confédération allemande sous l'égide de la Prusse).
● prussien nom masculin Vieux prussien, langue baltique parlée en Prusse-Orientale jusqu'au XVIIe s. ● prussien (expressions) nom masculin Vieux prussien, langue baltique parlée en Prusse-Orientale jusqu'au XVIIe s. ● prussien, prussienne adjectif et nom De Prusse.
prussien, enne
adj. et n. De Prusse; par ext., d'Allemagne (entre 1870 et 1914).
⇒PRUSSIEN, -IENNE, adj. et subst.
A.— De Prusse.
1. (Celui, celle) qui est originaire de ce pays, qui y habite; p. ext., qui habite une province allemande dominée par la Prusse. Armée, régiment prussien(ne). Les Allemands sont saxons, prussiens, bavarois, autrichiens (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 40). Un ancien soldat français d'Austerlitz et d'Iéna, fixé depuis à Aix-la-Chapelle et devenu prussien par la grâce du congrès de 1815 (HUGO, Rhin, 1842, p. 78).
— HIST. [En 1870 et immédiatement après] Les Prussiens. Les soldats de la Confédération de l'Allemagne du Nord (présidée par la Prusse) et, à partir de 1871, du IIe Reich. Le 1er mars, les Prussiens devaient entrer dans Paris, et un long cri d'exécration et de colère sortait de tous les cœurs (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 581).
2. (Ce) qui est propre à ce pays (notamment aux formes d'organisation socio-politiques du royaume de Prusse), à ses habitants. Monarchie prussienne; despotisme prussien; sidérurgie prussienne. Les principes et les tendances de l'école prussienne en matière de feux : le feu est devenu une puissance de premier ordre (FOCH, Princ. guerre, 1911, p. 186). La Bibliothèque de l'État Prussien de Berlin (Civilis. écr., 1939, p. 54-1) :
• 1. On espère, par exemple, que l'instauration en Allemagne d'un État fédéral permettrait aux Allemands de se dégager de l'emprise prussienne et de prendre le goût de la démocratie.
VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 109.
— HISTOIRE
♦ [En parlant d'une unité territoriale] Qui était sous la domination du royaume de Prusse. Saxe prussienne. Des bandes [de Polonais] s'infiltrèrent en Pologne prussienne (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p. 311).
♦ [En 1870 et immédiatement après] De la Confédération de l'Allemagne du Nord, du IIe Reich. Occupation prussienne. La Commune [s'est montrée] plus complaisante aux exigences prussiennes que Versailles lui-même (GONCOURT, Journal, 1871, p. 782).
♦ À la prussienne, loc. adj. et adv. À la manière des Prussiens, comme on le fait en Prusse. Il n'avait rapporté [de Berlin], pour tout avantage, qu'une longue queue à la prussienne, une canne en forme de béquille (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 125).
— LING., subst. masc. Vieux prussien. Langue du groupe baltique parlée en Prusse Orientale jusqu'au XVIIIe s. (Dict. XIXe et XXe s.).
B.— [Avec une valeur caractérisante; p. réf. à l'image donnée par la nation et l'état prussien (expansionnisme, militarisme, discipline stricte et sévère dans la vie civile et militaire) et, plus gén. l'image d'un pays ennemi ou menaçant pendant plusieurs siècles]
1. [En parlant d'une pers.] Le seul ennemi, celui qui détient mon pays, Metz! l'Allemand, le Prussien, la détestée, l'abhorrée, l'abominée et abominable « tête de Boche! » (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Hommes d'auj. (A. Baju), 1885-93, p. 383). Il avait exposé ses raisons (...). Il ne comprenait pas celles de ses contradicteurs, qui étaient de l'appeler juif, prussien, intellectuel et vendu (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 258). V. glisser ex. 10.
♦ [P. méton. du déterm.] A-t-elle pour maître un beau valseur, grave et frisé, au jarret prussien, qui lui serre les doigts quand elle a bu du punch? (MUSSET, Il ne faut jurer, 1840, I, 1, p. 107). Cet instinct de muflerie, de tyrannie et de basse férocité qui est le fond de la nature prussienne (BLOY, Journal, 1899, p. 330).
— En partic., vx. [Désigne ceux qui soutiennent (sont réputés soutenir) la politique menée par la Prusse] Les femmes maudissent les Prussiens de Versailles! (GONCOURT, Journal, 1871, p. 786). Tous les gens de la diplomatie appartenant en Europe au parti prussien (...) s'exclamant sur la décadence de la France (GONCOURT, Journal, 1895, p. 880).
2. [En parlant d'une chose] Une influence prussienne rigide, hiérarchisée, froide, glacée, transformant en choses mécaniques de riches substances (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 155) :
• 2. Frédéric de Hohenzollern (...) était pourtant un despote, un souverain absolu et plus autoritaire que tous les autres. Sa méthode, c'était le militarisme, le caporalisme, le dressage prussien, le contraire du gouvernement libéral.
BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 299.
3. À la prussienne, vieilli, loc. adj. et adv. Toujours les églises fermées, passé l'heure des offices. Il faut donc prier à l'heure, à la prussienne (BAUDEL., Pauvre Belg., 1867, p. 722). Un homme remarquable mais dépourvu de souplesse : Sir Alfred Milnor. Grand fonctionnaire à la prussienne, érudit, doctrinaire et précis (MAUROIS, Édouard VII, 1933, p. 23).
4. En partic., péj.
♦ Maladie prussienne, des Prussiens (vx). Petite vérole. La maladie des Prussiens se communiqua à notre petite armée; j'en fus atteint (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 416).
♦ Prussien, subst. masc., vx, arg. Derrière. Flaire-pet, ainsi surnommé parce que son pif (...) arrivait tout ras au niveau du prussien des autres (RICHEPIN, Truandailles, 1891, p. 113).
C.— Cheminée prussienne, à la prussienne, p. ell. prussienne, subst. fém. Ancien poêle ouvert pourvu d'un rideau mobile de manière à simuler une cheminée. Une cheminée à la prussienne, rougeoyante dans l'angle opposé à celui où se tenait la jeune fille (BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 47).
REM. 1. Prusco(t),(Prusco, Pruscot) subst. et adj., vx, péj., synon. Avec celui-là [Boulanger] on aurait eu les Pruscos (L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 163). 2. Prussianiser, prussifier, verbe trans. Rendre prussien, soumettre à l'autorité et aux formes socio-politiques de gouvernement de la Prusse. En 1914, l'Allemagne est entièrement prussifiée. Chez elle, aux yeux de tous, la force crée le droit (FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 5). En prussianisant tout ce qui vit dans son orbite (...) la Prusse a uniformisé son esprit conquérant et soldatesque (BOSCHOT, Mus. et vie, 1931, p. 199). 3. Prussification, subst. fém. Action de prussifier. Après la guerre [de 1870-71], ils [les Alsaciens-Lorrains] éprouvèrent une véritable stupeur devant les caractères réels de la prussification (BARRÈS, Scènes et doctr., t. 2, 1902, p. 18).
Prononc. :[], fém. [-]. Étymol. et Hist. a) 1540 les Prussiens « habitants de la Prusse » (Trad. : [J. BOEMUS], Recueil de div. hist. touchant les situations de toutes régions, v verso ds QUEM. DDL t. 21); b) 1762 comm. prussienne « étoffe de taffetas dont la chaîne est ourdie d'un fil double d'une couleur et d'un fil d'une autre, avec une trame d'une troisième couleur » (Annonce de la vente après décès du sieur Rahault ds HAVARD); 1763 technol. cheminée à la Prussienne (L'Arretin, t. 2, p. 69); 1803 prussienne (BOISTE); c) 1792 art milit. exercice à la prussienne (FLORIAN, Fables, p. 78); d) 1816 pop. prussien « cul » (Le Cousin germain de Vadé, p. 106 ds QUEM. DDL t. 19). Dér. de Prusse géogr.; suff. -ien; b ainsi nommée parce qu'elle était, à l'orig., importée de Prusse; d p. allus. aux dysenteries qui décimèrent l'armée prussienne pendant l'invasion de 1792. Cf. Le Guide du Prussien, ou Manuel de l'artilleur sournois, à l'usage des personnes constipées, titre d'un ouvrage paru en 1825. Voir MICHEL 1856; LARCH. 1880; FRANCE 1907. Fréq. abs. littér. :1 569. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 131, b) 4 167; XXe s. : a) 4 481, b) 778.
DÉR. Prussianisme, subst. masc. a) Ensemble des comportements, caractères censés caractériser la nation, l'État prussien. L'esprit prussien représente quelque chose de caractérisé et de précis aux yeux des Allemands eux-mêmes. On n'a qu'à consulter, pour s'en convaincre, le livre fameux d'Oswald Spengler sur le prussianisme et le socialisme (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1921, p. 208). b) Comportement et idées de celui qui est (réputé être) favorable à la politique prussienne. Malgré son prussianisme et son imbécillité, notre curé ne laisse pas d'être prêtre (BLOY, Journal, 1900, p. 311). — []. — 1re attest. 1870 (L. VEUILLOT ds Lar. Lang. fr.); dér. sav. de prussien, suff. -isme.
BBG. — DUB. Pol. 1962, p. 392. — QUEM. DDL t. 2 (s.v. prussianiser); 20 (s.v. prussienne); 23 (s.v. Prussco).
prussien, ienne [pʀysjɛ̃, jɛn] adj. et n.
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1 Adj. De la Prusse. Par ext. Allemand (en 1870 et immédiatement après). || L'armée prussienne. || Le caporalisme, le dressage prussien (→ Despote, cit. 4). — (1763, in D. D. L.). Vx. || Cheminée (cit. 2) prussienne. — N. f. (1803). Vx. || Prussienne : cheminée prussienne.
♦ ☑ Loc. adv. et adj. (Av. 1794). À la prussienne : à la manière rigide, strictement disciplinée des soldats prussiens (→ aussi Bomber, cit. 3).
2 N. (1871). Pop. et vieilli. Habitant de l'Allemagne. — Spécialt. Soldat de la confédération allemande sous l'égide de la Prusse. ⇒ Prussco (1895).
3 N. m. (1877). || Ancien prussien, vieux prussien : langue balte du rameau celtique, éteinte au XVIIIe siècle, qui se parlait sur la côte de la mer baltique.
➪ tableau Classification des langues.
Encyclopédie Universelle. 2012.