proclamer [ prɔklame ] v. tr. <conjug. : 1>
• XIV e; lat. proclamare
1 ♦ Publier ou reconnaître solennellement, par un acte officiel. Proclamer un roi. Proclamer la république, la dictature, l'indépendance d'un pays. Proclamer l'état de siège. Proclamer le résultat d'un scrutin, d'un concours. « Le décret de l'Assemblée, imprimé et affiché, sera, de plus, à tous les carrefours, proclamé à son de trompe » (Michelet). — Le Sénat proclama Napoléon empereur des Français.
2 ♦ Annoncer ou déclarer hautement auprès d'un vaste public. ⇒ claironner, clamer, crier. Proclamer haut et fort. Proclamer son innocence, sa conviction. « Un principe antiphilosophique et antiscientifique, quoiqu'il ait été proclamé par une école philosophique » (Cl. Bernard). — Il « proclama le vin bon » (Gautier). — Proclamer que (et l'indic.). ⇒ affirmer. « Kant proclame que le devoir suprême de l'homme envers l'homme, c'est de le traiter comme une fin » (Jaurès). « Le chef de bataillon proclama d'une voix résolue : — Il fallait tout oser, pour empêcher la guerre, tout ! » (Dorgelès). — P. p. adj. « La recherche proclamée du bien-être » (J. Testart).
♢ (Sujet chose) Manifester ou exprimer de la manière la plus nette. « Cet intérieur à la fois comique et sinistre, où tout proclamait la petitesse d'une existence bourgeoise » (Green). — N. PROCLAMATEUR, TRICE . ⇒ héraut.
⊗ CONTR. Celer, taire.
● proclamer verbe transitif (latin proclamare) En parlant d'une autorité, faire connaître publiquement et solennellement quelque chose au public, au peuple, déclarer quelqu'un, quelque chose tel par un acte officiel : Proclamer l'indépendance d'un pays. Le Sénat a proclamé Napoléon empereur. Littéraire. Affirmer quelque chose avec force, le manifester avec évidence : Il proclame qu'il est innocent. ● proclamer (synonymes) verbe transitif (latin proclamare) En parlant d'une autorité, faire connaître publiquement et solennellement quelque chose...
Synonymes :
- annoncer
- notifier
Littéraire. Affirmer quelque chose avec force, le manifester avec évidence
Synonymes :
- crier
proclamer
v. tr.
d1./d Annoncer avec solennité. Proclamer sa foi.
d2./d Reconnaître publiquement. être proclamé vainqueur. Proclamer la république.
⇒PROCLAMER, verbe trans.
A. —Qqn proclame qqc. Faire connaître ou reconnaître par une déclaration solennelle et publique quelque chose d'officiel. Proclamer un édit, une ordonnance, le résultat d'un scrutin. Devant cette situation, le gouvernement de la République a décidé de proclamer l'état de guerre dans tout le pays (CAMUS, Révolte Asturies, 1936, III, 2, p.425). Puisqu'on a proclamé l'état de siège dans toute la France, et même en Algérie, qu'on s'en serve au moins pour protéger les petits contre les voraces (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.648).
— En partic.
1. Proclamer qqc. Déclarer officiellement l'instauration d'un régime politique. Proclamer l'indépendance d'un pays. Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu. Moi-même suis le président du Gouvernement de la République. Pourquoi irais-je la proclamer? (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p.308).
2. [Avec attribut du compl. d'obj.] Proclamer qqn qqc. Reconnaître officiellement, par une déclaration publique, l'autorité conférée à quelqu'un. L'armée le proclama Empereur. La reine Fredegonde (...) avait été contrainte de se réfugier dans la principale église de Paris, laissant son fils unique, âgé de quatre mois, aux mains des seigneurs franks qui le proclamèrent roi (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p.168).
♦Empl. passif. Mais Bourbon, c'est Capet aujourd'hui. Que m'importe! Capet, Bourbon, ça sonnera de même sorte Quand je serai Louis XVII de mon vrai nom Proclamé par la voix loyale du canon! (VERLAINE, Poèmes div., 1896, p.844). J'apercevais, autour du jeune roi Pierre II de Yougoslavie (...) les secousses provoquées par les événements qui disloquaient leur pays: érection de la Croatie en royaume séparé dont le duc de Spolète était proclamé Roi (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p.211).
♦Empl. pronom. réfl. La longue incapacité du Roi fou ne finirait que pour une nouvelle minorité: Henri V pouvait se proclamer roi de France (BAINVILLE, Hist. Fr., t. 1, 1924, p.115).
B. —P. ext.
1. Proclamer qqc. (d'abstr.). Annoncer hautement et parfois hardiment quelque chose en cherchant à atteindre le public le plus vaste. Synon. clamer, crier. Proclamer une conviction, la vérité; proclamer son innocence; proclamer un droit, la liberté; proclamer un principe, un résultat, un triomphe, une victoire; proclamer qqc. tout haut, ouvertement, haut et fort. Si l'accord est loin d'être réalisé parmi les partisans du transformisme mécaniste, on ne s'étonnera pas trop que les biologistes de l'autre tendance proclament la nécessité d'adjoindre des facteurs occultes aux ressources dont dispose la science (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.176). La déclaration proclamait le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, le rétablissement de la démocratie (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p.86).
2. [Avec attribut du compl. d'obj.] Proclamer qqn qqc. Affirmer hautement quelqu'un en tant que.
— Empl. passif. Le jockey jaune (...) devança son concurrent de 12 secondes, et fut proclamé vainqueur de la première course (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p.209).
— Empl. pronom. réfl. Synon. se déclarer. Voilà Camille Doucet (...) qui se proclame le plus heureux des hommes et qui professe que pour être heureux, il n'y a qu'à le vouloir (GONCOURT, Journal, 1894, p.566). Les fidèles des religions les plus idéalistes (...) se proclament les enfants du Dieu tout-puissant (DURKHEIM, Formes élém. vie relig., 1912, p.554).
3. Qqc. proclame qqc. Exprimer, mettre en évidence de la façon la plus nette quelque chose. Ne cueillez point de myrte. Aucun épithalame, Ni guirlandes d'amours potelés ou moqueurs, Mais un psaume plutôt dont le rythme proclame Cette profonde nuit dont elle envahit les coeurs (TOULET, Vers inéd., 1920, p.12). Ce nom, chaque intervalle, chaque courbe, chaque inflexion de la mélodie le tait et le proclame (ARNOUX, Roy. ombres, 1954, p.108):
• ♦ Mais les lunettes, cercles tangents, proclament que ce bicorne est bien celui de l'X et, plus précisément, celui de Marcel, nouveau polytechnicien...
H. BAZIN, Mort pt cheval, 1949, p.143.
Prononc. et Orth.:[], (il) proclame [-klam]. BARBEAU-RODHE 1930 [] ou [a]; WARN. 1968 []; Pt ROB., Lar. Lang. fr. [a]; MARTINET-WALTER 1973: 12/17 [a]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1380, 7 déc. «annoncer publiquement, publier» (Lettres de Ph. de Valois ds ISAMBERT, Rec. anc. lois fr., t. 6, p.552); 1488 [éd. 1491] proclamer comme roy (La Mer des Histoires, I, 189a, d'apr. H. VAGANAY ds Rom. Forsch. t. 32, p.135); 2. 1396 «révéler, divulguer» (Récits d'un bourgeois de Valenciennes, éd. Kervyn de Lettenhove, p.69); 3. 1680 hist. eccl. «obliger un religieux à se jeter par terre devant son prieur pour entendre l'énumération de ses fautes» (RICH.). Empr. au lat. proclamare «crier fortement, pousser de grands cris; crier que [avec prop. inf.]; réclamer» à l'époque class.; au Moy. Âge «proclamer publiquement, divulguer» (XIIes.), «lancer une sommation», terme de dr. féod. (ca 1150 ds NIERM.); spéc. dans la lang. eccl. «accuser publiquement (dans une réunion de chapitre)» (XIIIes. ds BLAISE Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér.:1947. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 2844, b) 2094; XXes.: a) 3235, b) 2781.
DÉR. Proclamateur, -trice, subst. Personne qui proclame. Synon. héraut. J'ai devancé de trente années ceux qui se disent les proclamateurs d'un monde inconnu (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p.282). Le proclamateur agita la vaste bannière de soie (...) et vomit en son porte-voix à pavillon très évasé ce cri qui passa comme une bonde de vent au-dessus du vulgaire:À trois heures les héros! (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p.173). Proclamateur de. [Leconte de Lisle] est le poète des religieux, le gardien puissant et proclamateur de leurs mouvements vides (THIBAUDET, Hist. litt. fr., 1936, p.317). — [], fém. [-]. — 1res attest. a) 1541 masc. «celui qui proclame l'Évangile» (CALVIN, Instit., XIII, p.702 ds HUG.), b) 1875 fém. (Lar. 19e); de proclamer, d'apr. le part. passé lat., suff. -eur2. Le lat. proclamator signifie à l'époque class. «celui qui crie, criard», hapax (CICÉRON, De Oratore, I, 202, var. de clamator, en parlant d'un avocat) et au Moy. Âge, terme jur. «avoué qui présente une plainte» (918) «demandeur» (1122 ds NIERM.).
proclamer [pʀɔklame] v. tr.
ÉTYM. XIVe; lat. proclamare.
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1 (1664). Reconnaître solennellement (une personne, un groupe, un régime) comme détenteur du pouvoir. || Proclamer un roi, un empereur. — Proclamer la République, la dictature (cit. 1).
2 Publier ou reconnaître (quelque chose) par un acte officiel. || Proclamer l'indépendance d'un pays. || L'indépendance de l'Algérie fut proclamée en juillet 1962. || Proclamer la déchéance de… || La Révolution a proclamé les droits individuels (→ Corps, cit. 44). || Faire proclamer l'unité indivisible (cit. 3) de la France. || Proclamer l'état de siège. || Proclamer le résultat d'un scrutin, d'un concours. — (Le compl. désigne l'acte officiel lui-même). || Proclamer une ordonnance.
1 (…) le décret de l'Assemblée, imprimé et affiché, sera, de plus, à tous les carrefours, proclamé à son temps par les notables, les huissiers de la ville, dûment escortés de troupes.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, VII.
2 Comme tout le monde, Mlle Hauteclaire entendit, à l'église paroissiale de V…, proclamer les bans du comte de Savigny et de Mlle de Cantor (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Bonheur dans le crime ».
3 La patrie est en danger et la Révolution comprend qu'à proclamer ce danger de la patrie, elle soulèvera jusqu'à l'héroïsme la force des volontés.
Jaurès, Hist. socialiste de la Révolution franç., t. IV, p. 68.
3 Proclamer (qqn, qqch.), suivi d'un nom ou d'un adj. : déclarer officiellement et solennellement que (qqn, qqch.) est… || On l'a proclamé roi. || Le président du pays d'accueil proclame officiellement ouverts les Jeux olympiques. || Le Sénat proclame… Napoléon, empereur (cit. 6) des Français. || Proclamer quelqu'un monarque (→ Cohorte, cit. 3). || Il fut proclamé membre du Conseil général (→ Imposant, cit. 9). || Candidat proclamé élu (→ Majoritaire, cit.). — Le peuple français proclame que… (→ 3. Droit, cit. 8). || En 1950, l'Église a proclamé que… (→ Homme, cit. 8). — Pron. || Se proclamer (→ Instituer, cit. 5). || Dictateur qui se proclame chef de l'État.
B (En dehors de tout caractère légal et officiel).
1 Annoncer hautement, en recherchant le maximum d'effet auprès du plus vaste public. ⇒ Clamer, crier, déclarer, professer. || Proclamer haut et fort. || Proclamer son innocence, sa conviction, la supériorité de quelque chose (→ Amener, cit. 10; homme, cit. 89; organisation, cit. 4). || Proclamer la malfaisance de quelque chose. ⇒ Dénoncer. || La science a proclamé une grande vérité. ⇒ Divulguer, révéler (→ Matière, cit. 3). || Proclamer un principe philosophique (→ Généralité, cit. 5). || Proclamer sa victoire (⇒ Chanter), sa foi (⇒ Confesser).
4 (…) les grands hommes qui pullulent à cette heure démontrent qu'il y a duperie à ne pas proclamer soi-même son immortalité.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, p. 136.
5 (…) l'emphase de quelqu'un qui, ne pouvant pas taire une situation qui lui est pénible, préfère la proclamer pour donner aux autres l'idée que l'aveu qu'il fait ne lui cause aucun embarras (…)
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 127.
2 Il proclama le vin bon (→ Clapper, cit. 1). — Proclamer que… ⇒ Affirmer, prononcer (→ Ascète, cit. 3; participe, cit. 6; période, cit. 3). — Proclamer, suivi d'une citation en style direct (→ Pacifiste, cit. 2). — Pron. (1809). || Se proclamer… (→ Guenipe, cit.; laudatif, cit.). || Se proclamer le plus fort.
6 Kant proclame que le devoir suprême de l'homme envers l'homme, c'est de le traiter comme une fin, et non comme un moyen.
Jaurès, Hist. socialiste de la Révolution franç., t. V, p. 160.
3 (Sujet n. de chose). Manifester ou exprimer de la manière la plus nette, la plus frappante (→ Juvénile, cit. 1). || Tout proclame son innocence. || Cet intérieur où tout proclamait la petitesse d'une existence (cit. 28) bourgeoise (→ aussi Hôtel, cit. 11). || Signes éclatants qui proclament la pureté d'une lignée (cit. 5).
7 Lorsque tant de choses sur terre
Proclament la Divinité,
Et semblent attester d'un père
L'amour, la force et la bonté (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « L'espoir en Dieu ».
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CONTR. Détrôner. — Celer.
DÉR. Proclamateur.
Encyclopédie Universelle. 2012.