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ALPAGE
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ALPAGE

Dans toutes les montagnes froides, les habitants envoient leurs bêtes en altitude à la belle saison afin de compléter l’affourragement du troupeau. On rencontrera les termes de montagne, d’estive ou d’alpe pour désigner ces pâturages montagnards. Les espèces de cet étage végétal subalpin sont très nombreuses et, grâce au climat, exceptionnellement nourrissantes et savoureuses pour le bétail. L’alpage nécessite un entretien, sinon il est envahi par des plantes indésirables: buissons, saules nains, airelles.

Une organisation très méticuleuse régit les droits d’usage, la propriété restant d’ordinaire collective, attribuée soit aux habitants d’un village donné, soit à une communauté plus large. Dans les Pyrénées, on distingue les montagnes générales, appartenant en indivision à un groupe de communes, et les montagnes «communales», réservées aux seuls habitants d’une commune. Dans le Valais suisse, des sortes de coopératives d’exploitation, les consortages, gèrent l’alpe. Dans tous ces systèmes, chaque montagnard dispose d’un droit d’usage attaché à la tête de bétail ou à la maison. Existent aussi des alpages individuels en grandes propriétés, comme en Auvergne.

Les modes d’exploitation traditionnels opposaient petite montagne et grande montagne.

En pays de petite montagne, chaque famille suit son troupeau en altitude, se soumettant à un travail très dur et à d’incessants déplacements pendant la belle saison. On fauche les prés du bas, on rentre les foins, tandis qu’il faut surveiller les troupeaux de l’alpe.

Dans le système de la grande montagne, le troupeau est confié à un berger spécialisé: soit à un salarié payé en commun, soit à un membre de chaque famille gardant à tour de rôle le bétail de tous. À chaque type d’alpage est lié un type de fromage: la grande montagne se prête bien à la fabrication de grosses meules (emmenthal ou cantal), la petite montagne livre des fromages plus réduits (reblochon, saint-nectaire). Des usages fixés depuis longtemps traduisent l’importance des mœurs pastorales pour les villageois. Fêtes et cérémonies marquent la vie de l’alpage: bénédictions, combats de vaches, foires de descente.

Les montagnes à lait s’opposent aux montagnes à viande, ces dernières progressant très rapidement à cause du manque de bergers et de la faible rentabilité de la traite en altitude.

En Europe, l’évolution des alpages sépare les montagnes françaises, où se produisent une extensification rapide et parfois l’abandon, et les Alpes suisses ou germaniques, pratiquant la rénovation de leurs pâturages d’altitude. Ces efforts portent sur l’amélioration des prairies par irrigation, par purinage, par fumure animale ou minérale (on utilise les désherbants chimiques, on épierre pour augmenter le domaine à pâturer); la construction de bâtiments modernes et spacieux pour les animaux et les bergers: constructions d’étables collectives en Valais; la desserte de l’alpage: création de routes, évacuation du lait par filin ou par tube (lactoduc). Cependant la charge en bétail et la rentabilité restent faibles. Les alpages des montagnes chaudes connaissent plutôt le nomadisme ou la transhumance qu’un estivage véritable; peu de bovins, surtout des moutons ou des chèvres.

alpage [ alpaʒ ] n. m.
• 1546; mot du Dauphiné; de Alpes
Pâturage de haute montagne; saison passée par un troupeau dans ce pâturage. estivage.

alpage nom masculin (de alper, passer l'été dans les alpages, du latin Alpes, les Alpes) Pâturage d'été, en altitude, dans les Alpes et, par extension, dans les autres massifs montagneux. Opération qui consiste à mettre un troupeau dans un pâturage d'altitude. Saison passée par les troupeaux dans les pâturages d'altitude. ● alpage (expressions) nom masculin (de alper, passer l'été dans les alpages, du latin Alpes, les Alpes) Fromage d'alpage, synonyme de fromage de montagne. ● alpage (synonymes) nom masculin (de alper, passer l'été dans les alpages, du latin Alpes, les Alpes) Pâturage d'été, en altitude, dans les Alpes et, par extension...
Synonymes :
- alme
- alpe
Fromage d'alpage
Synonymes :
- fromage de montagne

alpage
n. m.
d1./d Pâturage saisonnier de haute montagne.
d2./d Temps passé par les troupeaux dans ces pâturages.

⇒ALPAGE, subst. masc.
A.— Vx. Droit de pâturage dans les Alpes et, plus gén., dans les hautes montagnes.
Rem. Attesté ds la plupart des dict. gén. du XIXe s. ainsi que ds Lar. encyclop. et QUILLET 1965.
B.— Saison d'été passée en montagne par les troupeaux transhumants.
Rem. Attesté ds LITTRÉ, Lar. 19e-Lar. Lang. fr. et QUILLET 1965.
C.— Prairie de haute montagne où paissent les troupeaux :
1. Le vallon nous a beaucoup plu, avec ses alpages, ses forêts, son air d'aisance et de fraîcheur, ses belles eaux opulentes jaillissant de tout côté.
H.-F. AMIEL, Journal intime, 1866, p. 367.
2. Déjà les troupeaux ont quitté les alpages.
H. BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, p. 323.
Rem. Attesté ds ROB., Lar. encyclop.-Lar. Lang. fr., QUILLET 1965 et DUB.
Prononc. ET ORTH. :[]. — Rem. BESCH. 1845, s.v. alpen renvoie à alpage (cf. aussi Lar. 19e).
Étymol. ET HIST. — 1. 1546 pays de Vaud arpaige « transfert et séjour du bétail spécialement des troupeaux de vaches dans les pâtures de haute montagne pendant la saison d'été » (Arch. Ch.-d'Œx ds Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33 : arpaige et désarpaige); 1769 Fribourg alpage « id. » (Mém. Soc. œcon. Berne, II, 103, ibid. : Il faudroit à mon avis, fixer l'alpage au 25 may); 1878 (Lar. 20e : Alpage. Saison d'été passée dans la montagne par les troupeaux transhumants); 2. 1661-1672 « pâturage de haute montagne » (CHORIER, Hist. Dauphiné, C. 1, 93 ds Trév. 1752, s.v. alpen et alpage); bien attesté en ce sens pour la Suisse romande (Vaud, Valais) ds Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33.
Dér. de alper; suff. -age. Alper, terme en usage dans les Alpes de Suisse romande, transitif au sens de « conduire le bétail dans les pâturages de montagne pour y passer l'été » (pays de Vaud, Valais), intrans. au sens de « passer l'été dans les alpages » (Vaud dep. 1659), d'apr. Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33, s.v. alper. Alper dér. de alpe, terme en usage dans les Alpes fr. et de Suisse romande pour désigner les « hautes pâtures alpestres, fréquentées pendant la saison d'été », empr. au lat. alpis, sing. (en usage chez les poètes, TLL s.v. alpes, 1716, 56), alpes, plur. « les Alpes », cf. lat. médiév. alpes « hautes pâtures alpestres » XIIe s., Fribourg (Arch. Soc. hist. Fribourg, VI, 6, 15 bis ds Pat. Suisse rom. t. 1 1924-33, s.v. alpe : [...] R. de Arcu[n]cie ... dedit ecclesie Alteripe illam partem alpium suarum); 1227 « id. », pays de Vaud (Mém. Soc. hist. Suisse romande, XXIX, 263, ibid. : ita quod possit ibi alpem facere); lat. médiév. alpagium attesté au sens de « droit payé sur l'estivage du bétail à la montagne » terme jur., Vaud, 1292-93 (Arch. Turin, Comptes Chillon, ibid., s.v. alpage : non levatur alpagium, ut dicitur, et levatur alpagium in bestiis existentibus cum bestiis dictorum nobilium), Grenoble, 1333 ds DU CANGE s.v. alpes-alpagium.
STAT. — Fréq. abs. litt. :8.
BBG. — BAILLY (R.) 1969 [1946]. — BARR. 1967. — BOISS.8. — DAINV. 1964.

alpage [alpaʒ] n. m.
ÉTYM. 1661; arpaige « transfert des troupeaux vers les alpages », 1546; mot du Dauphiné; de Alpes, par le verbe dialectal alper, attesté plus tard. → Alper.
1 Pâturage de haute montagne. Alpe (2.). || Exploitant d'un alpage, ou alpagiste [alpaʒist] n.
0 Dans ma copie, je n'ai évidemment pas évoqué une course folle parmi l'alpage, les fleurs, le bourdonnement des abeilles.
Yanny Hureaux, la Prof, p. 11.
2 Saison passée par un troupeau sur l'alpage. || Pendant l'alpage.
3 Régional (premier sens attesté). Fait de conduire le bétail en montagne pour l'été.

Encyclopédie Universelle. 2012.