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pioncer

pioncer [ pjɔ̃se ] v. intr. <conjug. : 3>
• 1827; p.-ê. nasalisation de piausser, d'un dial. piau 2. pieu
Fam. Dormir.

pioncer verbe intransitif (variante de piausser, dormir sur des peaux) Populaire. Dormir. ● pioncer (difficultés) verbe intransitif (variante de piausser, dormir sur des peaux) Conjugaison Le c devient ç devant a et o : je pionce, nous pionçons ; il pionça. Registre Argotique.

⇒PIONCER, verbe intrans.
Arg. ou pop. Dormir ou dormir profondément. Il se heurte à un dormeur. Ah! Ah! Toute la troupe par terre! Qui est là? Holà, toi! —Ils pioncent, ils gisent tout de leur long (CLAUDEL, Tête d'Or, 1890, 2e part., p.52). Pioncez. À sept heures moins le quart j'vous tire du pieu (VIALAR, Morts viv., 1947, p.146).
Empl. pronom. réfl. Se mettre au lit. Synon. se coucher, se pieuter (arg. et pop.). Rapplique, c'est l'heure d'aller se pioncer (LE BRETON, Hts murs, 1954, p.84).
REM. 1. Pionçage, subst. masc. Action de dormir; somme, sommeil. Pionçage de 4 à 6 heures (FLAUB., Corresp., 1880, p.23). Un fort pionçage (RIGAUD, Dict. arg. mod., 1881, p.294). 2. Pionce, subst. fém., synon. Il avait couché dans un garno [garni] où on est deux par paillasse. Son camarade de pionce était un gros père (RICHEPIN, Pavé, 1883, p.257). 3. Pionçotter, verbe intrans. Dormir, sommeiller. Aussi doucement que possible je me levais, mais elle s'éveillait: —Hein, mon petit, je crois que je pionçottais! (ESTAUNIÉ, Bonne dame, 1891, p.18).
Prononc.:[], (il) pionce []. Étymol. et Hist. 1. 1827 «dormir» (N. RAGOT DE GRANVAL, Cartouche ou le Vice puni d'apr. SAIN. Sources Arg. t.1, p.335); id. (Un Monsieur comme il faut, Dict. d'arg. d'apr. ESN.); 2. 1836 «coucher» (VIDOCQ, Les Voleurs, t.1, p.LIII). Orig. incertaine. D'apr. BL.-W.1-5 et FEW t.8, p.165b et 171a, notes 7 et 8 (v. aussi GUIRAUD Orig. obsc.), altération d'apr. ronfler (pioncer signifie «dormir très profondément», cf. 1847, BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes ds OEuvres, éd. M. Bouteron, t.5, 1962, p.1044), du verbe arg. piausser «coucher» (1628, O. CHÉREAU, Jargon ou Lang. de l'arg. réformé d'apr. ESN. [cf. le subst. verbal piausse «couche» 1562 RASSE DE NEUS, ibid.]), dér. de l'arg. piau «lit» (1628, O. CHÉREAU, op. cit. d'apr. SAIN., op. cit., p.197), piau étant une forme dial. de peau proprement «couche faite de peaux». Parallèlement à piau/piausser, on relève le groupe peau/peausser: 1596 le peaux huré «le lit» (PÉCHON DE RUBY, Vie généreuse des Mercelots ds Variétés hist. et litt., t.8, p.157); id. peausser «coucher» (ID., ibid., p.151 [cf. le subst. verbal peausse «lit» 1566, RASSE DE NEUS d'apr. ESN.]). Fréq. abs. littér.:29. Bbg. DAUZAT Ling. fr. 1946, p.296.

pioncer [pjɔ̃se] v. intr. [CONJUG. placer.]
ÉTYM. 1827; p.-ê. nasalisation de piausser, d'un dial. piau. → 2. Pieu « lit ».
Fam. Dormir (→ Lumignon, cit. 1).
0 En argot on ne dort pas, on pionce. Remarquez avec quelle énergie ce verbe exprime le sommeil particulier à la bête traquée, fatiguée, défiante, appelée Voleur, et qui, dès qu'elle est en sûreté, tombe et roule dans les abîmes d'un sommeil profond et nécessaire sous les puissantes ailes du Soupçon planant toujours sur elle.
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 1044.

Encyclopédie Universelle. 2012.