picaresque [ pikarɛsk ] adj.
• 1835; esp. picaresco, de picaro « aventurier »
♦ Hist. littér. Relatif ou propre aux picaros, aventuriers espagnols (type littéraire du XVIe au XVIIIe s.). Aventures, mœurs picaresques.
♢ Qui met en scène des picaros. Roman picaresque.
● picaresque adjectif (espagnol picaresco, de picaro, vaurien) Se dit d'œuvres littéraires dont le héros traverse toute une série d'aventures qui sont pour lui l'occasion de contester l'ordre social établi. (Le genre du roman picaresque a donné plusieurs chefs-d'œuvre au XVIe et au XVIIe s. en Espagne et au XVIIIe s. dans toute l'Europe.
picaresque
adj. LITTER Propre aux picaros. Aventures picaresques.
— Qui met en scène des picaros. Le roman picaresque.
⇒PICARESQUE, adj.
[Corresp. à picaro A]
A. —1. Qui caractérise les picaros. Aventures picaresques. Cervantès (...) dans quatre ou cinq de ses nouvelles (...) a dépeint curieusement quelques aventures de ces singuliers personnages. Il y a dans l'une d'elles, l'Illustre servante, une description des pêcheries de Zahara qui est un tableau achevé des moeurs picaresques (Lar. 19e).
2. P. anal. Qui rappelle les picaros, leur comportement, etc. Ton stratagème est assez picaresque et comique. C'est un bon tour pour extorquer des pistoles aux bourgeois poltrons (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.81). [Goya] mena une existence tantôt familiale, tantôt picaresque, tantôt fastueuse (L. DAUDET, Idées esthét., 1939, p.237). Voilà son homme [de Colbert], qui relèverait la profession, alors un peu picaresque, d'officier de vaisseau (LA VARENDE, Tourville, 1943, p.12).
3. Empl. subst. fém. sing., en loc. adv. À la picaresque. À la manière des picaros. Il n'emporte rien avec lui, pas même une chemise de rechange. L'Espagne est toujours le royaume du vagabondage à la picaresque (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.300).
B. —1. [En parlant d'une oeuvre littér.] Qui a les caractéristiques d'un genre littéraire espagnol (en vogue aux XVIe et XVIIes. surtout) décrivant les aventures de héros populaires aux prises avec toutes sortes de difficultés et de péripéties, dans un monde pittoresque, hétéroclite, et qui se prêtent à de vigoureuses études de moeurs et à la critique de l'ordre établi; qui s'inspire de ce genre. Il y a toute une littérature picaresque consacrée à retracer les exploits et les aventures des pauvres diables à la recherche d'un dîner problématique (GAUTIER Guide Louvre, 1872, p.274):
• ♦ Nous souffrons d'avoir affaire à un héros qui n'est plus qu'un prétexte (...). Il s'affiche avec ingénuité dans certains romans picaresques d'autrefois, où la personnalité du héros principal perd toute consistance, n'est que le fil ténu qui retient ensemble un collier d'histoires.
ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p.XI.
— P. méton. Qui appartient à la littérature picaresque, qui traite de sujets picaresques. Des écrivains qui ranimaient le vieil esprit picaresque, en lui infusant la vitalité agressive de la jeune Australie (Arts et litt., 1936, p.42-12). Le roman réaliste à la manière de Cervantes et des auteurs picaresques (Civilis. écr., 1939, p.30-3).
2. P. anal. Qui rappelle la littérature picaresque. Le burin picaresque du graveur avait fait Robespierre aussi hideux que possible (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p.308). Les démêlés picaresques du desservant de cette paroisse avec ses ouailles, ses amours avec une jeune fille déguisée en homme qui lui servait d'enfant de choeur, et l'enlèvement de celle-ci par les ennemis du fantaisiste vicaire (L'Hist. et ses méth., 1961, p.1083). Ruelles picaresques à corniches proéminentes, d'une telle sincérité dans leur misère et leur crasse qu'on ne s'étonnerait pas d'y voir passer Lazarille de Tormès (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.285).
3. Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Le genre picaresque ou ce qui rappelle la littérature picaresque. Prétendre ne pas tenir compte de la qualité morale des actes ni de leur retentissement intime... Voilà qui nous conduit tout droit au picaresque (GIDE, Journal, 1910, p.299). [Barrès] détestait l'imprévu, l'accident, le picaresque (J. THARAUD, Chez Barrès, 1928, p.63).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.A. Adj. 1. 1836 [éd.] «qui met en scène des picaros» (GAUTIER, Mlle de Maupin, éd. E. Renduel, t.2, p.172); 2. 1844 romans espagnols du genre dit picaresque (ID., Grotesques, p.396 ds Fr. mod. t.15, 1947, p.138). B. Subst. 1910 «genre littéraire» (GIDE, loc. cit.). Empr. à l'esp. picaresco «relatif aux picaros» (1599 ds COR.-PASC., s.v. pcaro et AL.), dér. de pcaro, v. picaro. Fréq. abs. littér.:16. Bbg. BAHNER (W.). Qq. obs. sur le genre picaresque. In: Roman et Lumière au xviiies. Colloque. Paris, 1970, pp.64-72. —PETIT (J.). Permanence et renouveau du picaresque. In: Positions et oppos. sur le roman contemp. Actes du colloque. Strasbourg. 1970. Paris, 1971, pp.45-53. —SCHMIDT 1914, § 593, 600.
picaresque [pikaʀɛsk] adj.
ÉTYM. 1835; esp. picaresco, de picaro « aventurier ».
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1 Hist. littér. Relatif ou propre aux picaros, aventuriers espagnols (type littéraire du XVIe au XVIIIe siècle). || Aventures, mœurs picaresques. — Spécialt. Qui met en scène des picaros. || Littérature picaresque. || Les premiers romans picaresques : Lazarillo de Tormes (1554), Guzman de Alfarache… || Gil Blas, roman picaresque de Lesage. || Genre, tradition picaresque. — Tableaux picaresques (→ Glacer, cit. 35). — N. m. (XXe). || Le picaresque : le genre représenté par les romans picaresques.
2 Qui évoque le genre picaresque. || Des aventures picaresques.
1 (…) j'interrogeai Federico sur ses débuts de novice. Rares étaient les apprentis toreros qui pouvaient encore raconter quelque souvenir picaresque. Le temps romantique était fini où les illuminés quittaient leur maison pour courir le hasard des pâturages et des routes.
Joseph Peyré, Sang et Lumières, p. 123 (1935).
2 Calamiteux commercialement (et assez picaresque pour disparaître en fin de compte après avoir empoché l'argent d'une commande qu'il ne livra pas) Archibald Leahy était doté, professionnellement, d'une sorte de génie (…)
Michel Leiris, Frêle bruit, p. 294.
Encyclopédie Universelle. 2012.