perpétuer [ pɛrpetɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1374; lat. perpetuare, de perpetuus
I ♦ Faire durer constamment, toujours ou très longtemps. ⇒ continuer, éterniser. Monument qui perpétue le souvenir de qqn. ⇒ immortaliser. « bâtissons des choses éternelles, perpétuons notre mémoire » (Michelet). Perpétuer une tradition, un abus. ⇒ maintenir. « La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués » (Rousseau). « J'ai donc un fils, enfin quelque chose qui porte mon nom et qui peut le perpétuer » (Balzac). ⇒ transmettre.
II ♦ SE PERPÉTUER v. pron. (1549) Se continuer. ⇒ durer. Les espèces se perpétuent. ⇒ se reproduire. Se perpétuer dans ses enfants, dans son œuvre. ⇒ se survivre. « Le malheur qui se perpétue produit sur l'âme l'effet de la vieillesse sur le corps » (Chateaubriand). ⇒ perdurer.
⊗ CONTR. Changer; cesser, finir.
● perpétuer verbe transitif (bas latin perpetuare) Faire durer quelque chose, le maintenir très longtemps, toujours ou sans interruption : Perpétuer un abus. Il désirait un fils pour perpétuer son nom. ● perpétuer (citations) verbe transitif (bas latin perpetuare) Georg Christoph Lichtenberg Ober-Ramstadt 1742-Göttingen 1799 L'instinct de perpétuer la race a aussi perpétué une foule d'autres choses. Der Trieb, unser Geschlecht fortzupflanzen, hat noch eine Menge anderes Zeug fortgepflanzt. Aphorismes ● perpétuer (difficultés) verbe transitif (bas latin perpetuare) Conjugaison Perpétrer : attention à l'alternance accent grave (je perpètre) / accent aigu (je perpétrerai). Sens Ne pas confondre les deux verbes. 1. Perpétrer v.t. = commettre (un acte criminel). Perpétrer un meurtre. 2. Perpétuer v.t. = faire durer. Perpétuer une tradition. ● perpétuer (synonymes) verbe transitif (bas latin perpetuare) Faire durer quelque chose, le maintenir très longtemps, toujours ou sans...
Synonymes :
- éterniser
Contraires :
- arrêter
- faire cesser
- juguler
- oublier
perpétuer
v.
d1./d v. tr. Rendre perpétuel, faire durer toujours ou longtemps. Perpétuer le souvenir de qqn.
d2./d v. Pron. Durer, se maintenir. Coutume qui se perpétue.
⇒PERPÉTUER, verbe trans.
A. —Empl. trans. Faire durer indéfiniment ou très longtemps.
1. Qqn perpétue qqc. ou qqn
a) [L'obj. désigne un inanimé] Synon. de éterniser. Perpétuer les divisions, l'erreur, la guerre, le mal, la mémoire, les querelles, le souvenir, un préjugé, des privilèges, les traditions, un usage. Des sociétés secrètes, destinées à perpétuer, à répandre sourdement et sans danger, parmi quelques adeptes, un petit nombre de vérités simples (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p.106). Ce culte devait être perpétué de génération en génération, et c'était un devoir de laisser des fils après soi pour le continuer (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p.125). Le trompeur perpétue le malentendu, entretient volontairement une équivoque qu'il a tous les moyens de dissiper (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.167).
b) [L'obj. désigne un animé] Faire durer indéfiniment ou très longtemps par voie de génération. Perpétuer un nom. Vous avez à perpétuer votre race; l'héritage d'un grand nom impose à celui qui le reçoit l'obligation de le transmettre (SANDEAU, Sacs, 1851, p.17).
— [P. méton. du suj.] Le berceau du prince impérial, reprit le rapporteur, est désormais la sécurité pour l'avenir; car, en perpétuant la dynastie que nous avons tous acclamée, il assure la prospérité du pays, son repos dans la stabilité, et, par là même, celui du reste de l'Europe (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.26).
— Empl. pronom. réfl. Coûte que coûte [pour les Pharaons], il faut s'affirmer, se perpétuer, s'incarner, se réincarner, hypnotiser le néant et le vaincre (COCTEAU, Maalesh, 1949, p.73).
2. Qqc. perpétue qqc. Une statue élevée dans la place publique perpétua le souvenir de ce prodige (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p.406).
• ♦ Qui sait si le cinéma, en perpétuant la danse sous les yeux des générations, et surtout en trouvant dans ses propres ressources le moyen de précipiter dans la durée le drame mouvant de la forme, n'est pas destiné à restituer leur dignité aux plus complets des arts plastiques...
FAURE, Espr. formes, 1927, p.188.
B. —Empl. pronom.
1. Qqn se perpétue dans + subst.
a) [L'obj. désigne qqn ou qqc. qui vient après soi] Persister à travers quelqu'un ou quelque chose, se prolonger dans. Se perpétuer dans ses enfants, dans son oeuvre (ROB.).
b) [L'obj. désigne une charge, une fonction] Se maintenir très longtemps dans. Se perpétuer dans une charge. (Ac. 1835-1935).
2. Qqc. se perpétue dans + subst. Se maintenir très longtemps, subsister.
a) [L'obj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Bien que la puissance et l'argent se perpétuassent dans les mêmes familles, on tolérait l'oligarchie, parce qu'on avait l'espoir d'y atteindre (FLAUB., Salammbô, t.1, 1863, p.99). J'ai rencontré dans les stades féminins quelques jeunes filles, extrêmes fleurs de ces familles de noblesse bretonne où se perpétue depuis des siècles un esprit d'indépendance et de fronde (MONTHERL., Olymp., 1924, p.281).
b) [L'obj. désigne un inanimé] L'influence politique et commerciale de la route s'exprime topographiquement et se perpétue jusque dans le plan des villes (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p.237).
Prononc. et Orth.:[], (il) perpétue []. Ac. 1694 et 1718: -pe-; dep. 1740: -pé-. Étymol. et Hist.1. Ca 1370 trans. (JEAN LE FÈVRE, Lamentations Mattheolus, II, 2275 ds T.-L.); 2. 1549 pronom. (EST.). Empr. au lat. perpetuare «faire continuer sans interruption; rendre continu». Fréq. abs. littér.:634. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1493, b) 815; XXes.: a) 614, b) 612.
DÉR. 1. Perpétualisme, subst. masc., philos. Tendance à attribuer une valeur absolue et définitive aux principes ou aux éléments jugés relatifs et transitoires qui constituent le fondement d'une doctrine. (Rob. Suppl. 1970, Lar. Lang. fr. 1976). — []. — 1re attest. 1956 (J. LACROIX, La Sociol. d'Auguste Comte, Paris, p.29); de perpétuel, suff. -isme. 2. Perpétuation, subst. fém. a) Action ou fait de perpétuer. Swann ne savait pas inventer ses souffrances. Elles n'étaient que le souvenir, la perpétuation d'une souffrance qui lui était venue du dehors (PROUST, Swann, 1913, p.283). Un équilibre déjà instable dans un secteur du globe que la perpétuation et l'aggravation du conflit israélo-arabe rendent de plus en plus explosif (Le Nouvel Observateur, 8 sept. 1969, p.25, col. 2). b) En partic. Action de (se) perpétuer par voie de génération. L'un des premiers actes du développement animal est de mettre de côté le matériel requis pour la perpétuation de la lignée (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p.43). — []. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1re attest. 1422 (Alain CHARTIER, Quadrilogue invectif, éd. Droz, p.3); de perpétuer, suff. -(a)tion. — Fréq. abs. littér.: 15.
perpétuer [pɛʀpetɥe] v. tr.
ÉTYM. V. 1340; lat. perpetuare, de perpetuus.
❖
♦ Faire durer constamment, toujours ou très longtemps. ⇒ Continuer, éterniser (cit. 8). → Détruire, cit. 4; oppresseur, cit. 5. || Perpétuer les émotions heureuses (→ Étendre, cit. 23). || Perpétuer l'espèce, la vie… ⇒ Transmettre; reproduction. || Monument qui perpétue le souvenir de qqn (→ aussi Ossuaire, cit. 2). || Perpétuer la mémoire. ⇒ Immortaliser. || Perpétuer une tradition, un abus. ⇒ Maintenir.
1 La force a fait les premiers esclaves, leur lâcheté les a perpétués.
Rousseau, Du contrat social, I, II.
2 J'ai donc un fils, enfin quelque chose qui porte mon nom et qui peut le perpétuer.
Balzac, l'Enfant maudit, Pl., t. IX, p.707.
3 (…) travaillons, bâtissons des choses éternelles, perpétuons notre mémoire, parlons aux âges futurs en langue de marbre et de granit.
Michelet, la Femme, II, X.
——————
se perpétuer v. pron.
1 (1549). Se continuer. ⇒ Durer, rester (→ Collectif, cit. 1). || Les espèces (cit. 28) se perpétuent. ⇒ Reproduire (se). || Images immuables (cit. 5) qui se sont perpétuées de siècle en siècle. || Le besoin que l'individualité éprouve de se perpétuer dans le temps (→ Individu, cit. 6). || Se perpétuer dans ses enfants, dans son œuvre (⇒ Survivre).
4 Le malheur qui se perpétue produit sur l'âme l'effet de la vieillesse sur le corps; on ne peut plus remuer; on se couche.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p.310.
5 Elle (la richesse) ouvrait seule toutes les magistratures; et bien que la puissance et l'argent se perpétuassent dans les mêmes familles, on tolérait l'oligarchie, parce qu'on avait l'espoir d'y atteindre.
Flaubert, Salammbô, VI.
2 (1694). Fam., vieilli. Rester très longtemps, se maintenir éternellement. || Se perpétuer dans un emploi, une charge.
❖
CONTR. Changer. — Cesser, finir.
DÉR. Perpétuation, perpétuement.
Encyclopédie Universelle. 2012.