penseur, euse [ pɑ̃sɶr, øz ] n.
1 ♦ (XIIIe, répandu XVIIIe) Personne qui s'occupe, s'applique à penser. « Le Penseur », statue de Rodin. « elle est fascinée, la penseuse médusée par son maître » (Kristeva). — Adj. Vx ⇒ méditatif, pensif. « car la jeune femme demeura les yeux penseurs, mais vagues, sans rien dire jusqu'à l'hôtel » (Balzac).
2 ♦ (1762) Personne qui a des pensées neuves et personnelles sur les problèmes généraux. ⇒ philosophe. Un grand penseur. « C'est Voltaire, c'est Rousseau, c'est Montesquieu, c'est toute une grande école de penseurs qui s'empare puissamment du siècle, le façonne et crée l'avenir » (Renan).
3 ♦ Libre penseur.
⊗ HOM. Panseur.
● penseur nom masculin Personne qui a des pensées personnelles sur les problèmes généraux, sur les questions philosophiques. (Le féminin penseuse est rare.) ● penseur (citations) nom masculin Émile Chartier, dit Alain Mortagne-au-Perche 1868-Le Vésinet 1951 On doit appeler machine, dans le sens le plus étendu, toute idée sans penseur. Propos sur la religion P.U.F. Émile Michel Cioran Răşinari, près de Sibiu, 1911-Paris 1995 La malhonnêteté d'un penseur se reconnaît à la somme d'idées précises qu'il avance. Syllogismes de l'amertume Gallimard Denis Diderot Langres 1713-Paris 1784 Si ces pensées ne plaisent à personne, elles pourront n'être que mauvaises ; mais je les tiens pour détestables si elles plaisent à tout le monde. Pensées philosophiques sur Dieu ● penseur (difficultés) nom masculin Genre Le féminin penseuse est rare mais correct. ● penseur (homonymes) nom masculin panseur nom masculin
penseur
n. m.
d1./d Personne qui pense, qui s'applique à penser. "Le Penseur", statue de Rodin.
d2./d Personne qui conçoit des idées nouvelles, et les organise en système; personne dont la pensée, particulièrement originale et profonde, exerce une influence marquante. Les penseurs du XIXe siècle.
|| Libre penseur: V. ce mot.
⇒PENSEUR, -EUSE, subst. masc. et adj.
I. —Subst. masc.
A. —Celui qui réfléchit de manière profonde, soutenue, originale, à des problèmes généraux, occasionnellement ou dans le cadre de sa profession. Éminent, grand, illustre penseur; penseur engagé; penseur officiel d'un régime. Le XVIe siècle tout entier n'a pas produit un seul grand homme en philosophie, un vrai penseur, un philosophe original (COUSIN, Fragm. philos., 1840, p.82). Tukachewsky, que Staline condamna à mort mais dont la mémoire est de nouveau honorée, a été l'un des penseurs militaires les plus originaux de la Russie soviétique (BILLOTTE, Consid. strat., 1957, p.4009). V. exil ex. 5:
• 1. ... nous savons également ce que sont notre terre, notre sous-sol, notre empire, ce que nous valons, quand nous le voulons bien, comme agriculteurs, ouvriers, commerçants, techniciens, patrons, inventeurs, penseurs, pour peu que nous marchions ensemble, serrés en rangs fraternels, dans la discipline consentie d'un peuple fort.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p.309.
— En empl. adj. C'est le dix-huitième siècle, s'écrie-t-on, qui est le siècle penseur par excellence (CHATEAUBR., Génie, t.2, 1803, p.65). Monsieur de Bonald et (...) Monsieur de Maistre, ces deux aigles penseurs (BALZAC, Illus. perdues, 1837, p.48).
B. —Celui qui réfléchit profondément. Grave penseur. L'auteur me paraît plutôt un sensitif, un rêveur, un musicien, qu'un penseur (AMIEL, Journal, 1866, p.59). Il portait les tempes rasées, pour se faire un front de penseur (FLAUB., Éduc. sent., t.1, 1869, p.202):
• 2. ... je veux dire tout ce que les méditations, au jour le jour, d'un septuagénaire qui a derrière lui une longue suite d'événements et d'expériences curieuses, comportent de vues personnelles sur la vie, les hommes, les idées, les institutions. (Encore ne dois-je guère m'illusionner sur la valeur de ces réflexions: je suis un piètre «penseur»...)...
MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1943, p.CCVIII.
— Au fém., rare. [Équivalent de bel esprit, beau parleur] Il avait vu récemment une jeune femme de Neuchâtel, savante et bel esprit, et qui avait «la manie de s'afficher». Il crut avoir affaire à elle. Il répondit longuement, mais comme à une vaniteuse, à une belle penseuse (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p.145).
♦Celle qui s'exprime par sentences. Georgette ne faisait pas de phrases. C'était une penseuse; elle parlait par apophtegmes. Elle était monosyllabique (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p.111). En empl. adj., avec une nuance péj. À propos du moribond qui continue d'agoniser et de refuser le prêtre, notre femme de ménage, tout à coup, se manifeste penseuse. Elle nous dit, avec un air de satisfaction, qu'il n'y a pas un mourant sur trente qui sente le besoin d'appeler un prêtre (BLOY, Journal, 1902, p.86).
II. —Adjectif
A. —1. Synon. de préoccupé, songeur, pensif (v. ce mot A 1 a). Vous paraissez penseur et triste comme un amoureux (BOREL, Champavert, 1833, p.173). Là-dessus, elles demeurèrent silencieuses, penseuses, rêveuses (QUENEAU, Zazie, 1959, p.190).
2. P. méton. [En parlant des traits d'une pers., de son expression ou de ses activités] Qui manifeste la méditation ou la préoccupation. Air penseur; front, yeux penseurs. Après deux ans passés dans la vie la plus heureuse, la plus sensuelle, la moins penseuse, la plus luxueuse, il se voyait face à face avec une inexorable misère, une impossibilité absolue d'avoir de l'argent (BALZAC, Cabinet ant., 1839, p.88). Il déployait en tout une sorte de dignité qui venait sans doute de la conscience d'une vie occupée par quelque chose de grand et qui le rendait inabordable. Son regard était penseur. La méditation habitait sur son beau front noblement coupé (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p.225).
B. —Vieilli. Qui reflète la pensée. Dieu tout entier habite en ce marbre penseur (CHÉNIER, Invention, 1794, p.6).
III. —Libre-penseur, -euse.
REM. Penseux, subst. masc., région. Celui qui pense ou croit penser profondément. Nous autres, on est des penseux. On pense. Ça donne à rien de penser (ROY, Bonheur occas., 1945, p.75).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep.1762 (au masc.). Étymol. et Hist.1. Adj. fin XIIes. [date du ms.] penseur «qui réfléchit» (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 8480, var. ms. A); 2. subst. XIIIes. penseres «celui qui pense» (Bible ND, Ars. 3460, f° 79 v° ds GDF. Compl.); fin XIVes. penseur (FROISSART, Chroniques, éd. G. Raynaud, II, § 107, t.9, p.175); 1762 «celui qui a des idées philosophiques profondes» (Ac.). Dér. de penser1; suff. -eur2. Fréq. abs. littér.:1308. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1166, b) 2095; XXes.: a) 2290, b) 2067. Bbg. GOHIN 1903, p.233, 242.
penseur, euse [pɑ̃sœʀ, øz] n.
ÉTYM. V. 1360; adj., « qui réfléchit », 1180; de 1. penser.
REM. Le féminin penseuse est à peu près inusité, sauf dans l'expr. libre penseuse.
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1 (Répandu XVIIIe). Personne qui s'occupe, s'applique à penser (I., 1.). || Un penseur, un homme sage (→ Extérieur, cit. 13). || C'est un penseur. || Cette femme est un profond penseur. || Le Penseur, célèbre statue de Rodin représentant un homme nu, assis dans une attitude méditative.
1 Tous les penseurs, sans chercher
Qui finit ou qui commence,
Sculptent le même rocher
Ce rocher, c'est l'art immense.
Hugo, les Contemplations, I, XVII.
2 On peut dire que, depuis les Grecs, l'attitude dominante des penseurs à l'égard de l'activité intellectuelle était de la glorifier en tant que, semblable à l'activité esthétique, elle trouve sa satisfaction dans son exercice même, hors de toute attention aux avantages qu'elle peut procurer (…)
Julien Benda, la Trahison des clercs, p. 220.
♦ (Fin XIIe). Adj. Vx. ⇒ Méditatif, pensif. || « Du temps qu'elle était brune et penseuse » (A. Hermant).
3 (…) car la jeune femme demeura les yeux penseurs, mais vagues, sans rien dire jusqu'à l'hôtel.
Balzac, la Fausse Maîtresse, Pl., t. II, p. 34.
♦ Personne considérée dans sa capacité à former des jugements. || L'honnêteté (cit. 4) du penseur et du critique (Sainte-Beuve) est inattaquable. || C'est un bon poète et un piètre penseur. || « Vigny a été l'unique penseur du romantisme » (Brunetière).
2 (1762). Personne qui a des pensées neuves et personnelles sur les problèmes généraux. ⇒ Philosophe. || Les plus grands penseurs depuis (cit. 12) Aristote. || Les penseurs passent aisément pour des obstinés et des négateurs (cit. 1). || Penseur hérétique (cit. 8). || Convictions d'un penseur (→ Martyre, cit. 5). || Le penseur militant (→ Ébahir, cit. 2).
4 C'est Voltaire, c'est Rousseau, c'est Montesquieu, c'est toute une grande école de penseurs qui s'empare puissamment du siècle, le façonne et crée l'avenir.
Renan, Questions contemporaines, Œ. compl., t. I, III, p. 225.
5 Le regard étrange sur les choses, ce regard d'un homme qui ne reconnaît pas, qui est hors de ce monde, — œil frontière entre l'être et le non-être — appartient au penseur.
Valéry, Monsieur Teste, p. 140.
3 Libre penseur. ⇒ Libre. — Vx. || Franc penseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.