peigner [ peɲe ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦
1 ♦ Démêler, lisser (les cheveux) avec un peigne. ⇒aussi coiffer. Brosser et peigner ses cheveux. — Peigner qqn. « Cela ne peut pas fatiguer Madame Amédée, que je la peigne » (Proust). — Par anal. Peigner un chien, la crinière d'un cheval. — Faire ça ou peigner la girafe !
2 ♦ Démêler (des fibres textiles). Peigner la laine, le chanvre. ⇒ peigné.
3 ♦ Fig. (Vx sauf au pass. et au p. p. ⇒ peigné). Soigner à l'excès. ⇒ fignoler, lécher. « ce normalien dont la barbe était peignée, soignée comme le style » (F. Mauriac).
II ♦ SE PEIGNER v. pron. (réfl.) « La pucelle doucement se peigne au soleil » (Valéry).
⊗ CONTR. Déranger, ébouriffer, écheveler.
⊗ HOM. Peignier; peignons :peignons (peindre).
● peigner verbe transitif (latin pectinare) Démêler, arranger avec un peigne les cheveux, la barbe de quelqu'un, les poils d'un animal. Apprêter avec des peignes des matières textiles (laine, coton, lin, chanvre, etc.) ou des étoffes. ● peigner (difficultés) verbe transitif (latin pectinare) Sens et conjugaison Ne pas confondre peigner = coiffer avec un peigne, et peindre = couvrir de peinture, malgré un certain nombre de formes communes aux deux verbes. ● peigner (homonymes) verbe transitif (latin pectinare) peigné nom masculin peignée nom féminin ● peigner (synonymes) verbe transitif (latin pectinare) Démêler, arranger avec un peigne les cheveux, la barbe de...
Synonymes :
- coiffer
Contraires :
- dépeigner
- ébouriffer
- écheveler
peigner
v. tr.
d1./d Démêler, arranger (les cheveux) avec un peigne. Peigner sa chevelure.
— Peigner qqn.
|| v. Pron. (Réfl.) Peigner ses cheveux.
d2./d Démêler (des fibres textiles). Peigner de la laine.
⇒PEIGNER, verbe trans.
A. —1. Démêler, lisser (les cheveux, les poils de la barbe d'une personne, les poils d'un animal) généralement avec un peigne; p.méton., coiffer. Peigner sa chevelure; peigner ses cheveux avec les doigts; p.méton. de l'obj., peigner qqn, se faire peigner. Il alla, à l'extrémité du couloir, devant une haute glace, peigner sa belle barbe noire, avec un petit peigne de poche (ZOLA, E. Rougon, 1876, p.355). Une femme de chambre (...) doit savoir peigner, coiffer, habiller et ajuster une dame (GONCOURT, Journal, 1894, p.549). Elle (...) reprit sa brosse et peigna ses cheveux d'un geste sans cesse répété et un peu endormant (CHARDONNE, Épithal., 1921, p.426):
• 1. Hélène gâtait Georges avec les meilleures intentions du monde. Elle le peignait elle-même de vingt façons pour voir comment il serait le plus joli.
A. FRANCE, Jocaste, 1879, p.57.
♦P. métaph. Que Nogent-sur-Seine est aimable (...) avec son fleuve et ses canaux, où transparaît une forêt d'algues éternellement peignées par le courant! (BARRÈS, Voy. Sparte, 1906, p.238). Une hauteur en terrasse plantée de hêtres bas, dont le vent de mer avait peigné l'épaisse frondaison, la rejetant du côté de la terre (LARBAUD, Amants, 1923, p.110).
— Empl. pronom. réfl. Démêler ses cheveux. Cosette s'habilla bien vite, se peigna, se coiffa (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.447). Pour n'avoir plus à se peigner, il se fit couper les cheveux à la tondeuse, ou quasiment (MONTHERL., Célibataires, 1934, p.759).
♦indir. Il passait des heures à se peigner la barbe (CÉLINE, Voyage, 1932, p.80).
2. Au fig.
a) Expr. fam.
♦Avoir d'autres chiens/chats à peigner (vieilli). Avoir des préoccupations, des occupations plus importantes. Synon. avoir d'autres chats/chiens à fouetter. L'auteur n'en lira pas une ligne, ayant actuellement bien d'autres chats à peigner (MÉRIMÉE, Lettres à une autre inconnue, 1870, p.22). Pleurer les camarades qui partent? Au régiment on a d'autres chiens à peigner! (COURTELINE, Gaîtés esc., Coupe nouv., 1885, IV, p.225).
♦Peigner la girafe. V. girafe A.
b) Empl. pronom. réciproque, pop., vieilli. Se battre. La politique est de les laisser se peigner [les Italiens] à moins qu'on ne veuille ôter la Lombardie à Victor-Emmanuel (MÉRIMÉE, Lettres E. Ellice, 1860 ds R. universelle, t.38, 1929, p.544). Ils se peignaient, fallait voir! (...) Quand on allait chez eux, on la trouvait un bandeau sur l'oeil, lui la figure sabrée de griffes (A. DAUDET, Sapho, 1884, p.59).
B. —P. anal.
1. TEXT. Démêler, épurer, paralléliser (les fibres textiles) avec le peigne ou la peigneuse. Peigner le chanvre. Pour la filature de la laine, on distingue les laines longues destinées à être peignées et les laines courtes destinées à être cardées (BLANQUET, Technol. mét. habill., 1948, p.93):
• 2. Les brebis tondues, le lin broyé, des hommes venaient laver et peigner poils et filasses à demeure, à tant la livre...
PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p.20.
2. Dans le domaine agric.
a) Passer un râteau
— Passer un râteau sur un chargement de foin, de blé, pour en faire tomber les tiges mal assujetties. [P. méton.] Peigner un char. On commençait de charger les chars. Peignés à coups de rateau, ils s'ébranlaient, laissant encore des perruques aux buissons (POURRAT, Gaspard, 1925, p.35). Les chars furent chargés sans lui. Il ne peigna même point du râteau ceux de foin, afin d'en égaliser les côtés et d'en parfaire l'équilibre (PESQUIDOUX, op.cit., 1928, p.102).
— Passer un râteau sur du sable, du gravier, pour l'égaliser. On glisse (...) sur un sable assez fin, peigné d'hier (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t.2, 1837, p.75). Un râteau, dans le jardin, peignait nonchalamment le gravier (COLETTE, Chatte, 1933, p.29).
♦P. anal. V. bombillement ex.
— Passer un râteau sur du gazon, pour le nettoyer. À la sortie de l'hiver, après les travaux d'aération et d'enrichissement de la pelouse, le jardinier peigne celle-ci à l'aide d'un râteau pour la nettoyer de ses scories (BÉN.-VAESK. Jard. 1981, s.v. peignage).
b) Labourer, bêcher. Ce général avait besoin de quelqu'un pour retourner son jardin (...). Je lui dis (...) «—Pour rien je vous peignerai cette terre, si...» (FABRE, Chevrier, 1867, p.275). Une fois la terre peignée, la vigne plantée, je viendrai, moi l'abbé, te faire souvenir que tu dois encore (ARÈNE, Tor d'Entrays, 1876, p.157).
C. —P. ext.
1. Entretenir (un jardin, un domaine) avec grand soin. Il en fallait de l'argent, figurez-vous bien, pour affermer, peigner, et pomponner tout ce territoire (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p.91). Le palais (...) se trouvait (...) au fond d'un parc de hauts arbres, bien entretenu, savamment peigné par une armée de jardiniers (VIALAR, Clos Trois Mais., 1946, p.91).
2. Au fig., domaine littér., artist., avec connotation péj. Soigner de façon excessive. Les paysagistes hollandais, (...) reproduisant la proprette nature de leur pays, ont une propension innée à peigner le détail outre mesure (DU CAMP, Hollande, 1859, p.36):
• 3. ... vous pouvez regarder: pas un tableau qui choque, pas un tableau qui attire. On a débarbouillé l'art, on l'a peigné avec soin...
ZOLA, Mes haines, 1866, p.209.
REM. Peignures, subst. fém. plur. Cheveux qui tombent de la tête lorsqu'on se peigne. Ramasser des peignures (Ac.).
Prononc. et Orth.:[], [pe-], (il) peigne []. MARTINET-WALTER 1973 [-], [pe-] (6/11); [--], [-nj-] (8/9). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. Démêler à l'aide d'un peigne 1. 1176-81 réfl. soi paignier (CHRÉTIEN DE TROYES, Chevalier à la charrette, éd. M. Roques, 1355, ms. de base, copie Guiot, 2e quart XIIIes.); fin XIIes. [ms.] pinier sun chief (Brut, ms. de Munich, 3905 ds T.-L.); 2. 1174-87 paingnier «étriller (un cheval)» (CHRÉTIEN DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 3462, ms. de base, copie Guiot); 3. id. «carder une fibre textile» paignier dras (ID., op.cit., 5705); 1243 Champagne piniier la laine (doc. ds GDF. Compl.); 1250 Douai (doc. ds G. ESPINAS et H. PIRENNE, Doc. rel. industr. drap en Flandre, II, 3120 d'apr. DE POERCK t.2, p.153); XIVes. Béthune drap pigniés (id. ds ID., op. cit., I, 3335, ibid., p.152); 1671 chanvre peigné (POMEY); 1690 laine peignée (FUR.), cf. Encyclop. t.9, p.198a; 1845 peigné part. passé subst. «quantité de textile mise par un ouvrier sur son peigne» (BESCH.); 1874 «tissu de laine peignée» (Lar. 19e); 4. fig. a) 1er quart XIIIes. (RENCLUS DE MOLLIENS, Carité, 170, 5 ds T.-L.: Ne me pigniés pas a envers Ne le droit poil ne reversés); b) ca 1590 «arranger, travestir» (MONTAIGNE, Essais, I, XXX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.200: La sagesse humaine...faict industrieusement ses artifices à nous peigner et farder les maux); 1690 «rendre propre et ajusté» jardin bien peigné (FUR.). B. Battre ca 1200 trans. pignier (Renart, éd E. Martin, XI, 1311 ms. de base A [XIIIes.], et leçon du ms. H [fin XIIIes.]: Az denz le pigne et house et hape); ca 1230 id. (Eustache le Moine, 1093 ds T.-L.); 1640 réfl. (OUDIN Curiositez), v. aussi QUEM. DDL t.2; 1808 part. passé subst. se donner une bonne peignée (HAUTEL). Du lat. pectinare «peigner (les cheveux)»; «herser (pectinare segetem)». Fréq. abs. littér.:350. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 622, b) 499; XXes.: a) 473, b) 412.
DÉR. 1. Peignerie, subst. fém. a) ,,Action de peigner les fibres textiles`` (LITTRÉ); industrie du peignage. (Dict.XXes.). b) [Chez Balzac, pour désigner un lieu où l'on peigne les écoliers] Nous passions à une table où des femmes nous peignaient et nous poudraient. Nettoyé une seule fois par jour, avant notre réveil, notre local demeurait toujours malpropre. Puis, malgré le nombre des fenêtres et la hauteur de la porte, l'air y était incessamment vicié par les émanations du lavoir, par la peignerie (BALZAC, L. Lambert, 1832, p.52). — [], [pe-]. — 1re attest. 1827 «industrie du peignage des matières textiles» (Ch. DUPIN, Forces productives et commerciales de la France, t.1, p.152 d'apr. FEW t.8, p.106b); de peigner (la laine), suff. -erie. 2. Peigneur, -euse, subst. et adj. a) Subst. Celui, celle qui peigne les fibres textiles, qui travaille sur une peigneuse. Peigneur de chanvre, de lin ; peigneur à la main, à la machine. Mon pauvre frère Antoine, c'est pour lui que j'ai dérobé; je ne voulais pas qu'il fût misérable journalier peigneur de laine (BALZAC, OEuvres div., t.1, 1830, p.561). Le premier étage était destiné à recevoir les métiers des tisserands de draps et d'étoffes de serge. Le rez-de-chaussée était occupé par les peigneurs, les cardeurs, fileurs, tondeurs, fouleurs, et par les teinturiers (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p.214). b) Adj. et subst. masc. (Cylindre) peigneur. ,,Troisième cylindre de la carde dont la fonction est de paralléliser les fibres au moyen d'une garniture d'aiguilles`` (Banque Mots 1973 n° 6, p.188). Le cardage: parallélisation et épuration des fibres, puis condensation en un voile au peigneur des cardes (Encyclop. Sc. Techn. t.7 1972, p.236). c) Subst. fém. ,,Appareil servant à faire un cardage très fin pour les fibres de haute qualité`` (Banque Mots, loc. cit.). Très généralement, la peigneuse utilisée est du type dit rectiligne, travaillant par cycles. L'alimentation de la peigneuse se fait à partir de rubans arrivant sous forme de nappe (Encyclop. Sc. Techn. t.5 1971, p.687). — [], [pe-], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. — 1res attest. a) «celui, celle qui peigne les fibres textiles» ) 1243 Champagne fém. pinerrece (doc. ds GDF.), 1250 Douai pineresse (ds G. ESPINAS et H. PIRENNE, Doc. rel. industr. drap en Flandre, II, 3119, d'apr. DE POERCK t.2, p.152), 1812 peigneuse (BOISTE), ) 1410 Beauvais masc. pigneur (doc. ds GDF. Compl.), b) 1868 «métier servant à carder les fibres textiles» (LITTRÉ); de peigner, suff. -eur2, -euse, -esse2.
BBG. —QUEM. DDL t.2.
peigner [peɲe] v. tr.
ÉTYM. XIVe; peignier, 1165; du lat. pectinare « peigner », de pecten, pectinis « peigne ».
❖
1 Ordonner, lisser (les cheveux, la barbe…) avec un peigne (1.). — REM. Peigner dit moins que coiffer qui suppose que la mise en ordre de la chevelure, etc. est réussie. ⇒ Coiffer, démêler (→ Non-pareil, cit. 4; cosmétique, cit. 2). || Peigner sa perruque (→ 2. Air, cit. 17), sa barbe. || Elle lui peignait les cheveux (→ Habituer, cit. 1). — Par ext. || Peigner qqn : peigner sa chevelure. || Se faire raser et peigner chez son coiffeur (cit. 2).
1 Comme elle est belle au soir, aux rayons de la lune,
Peignant sur son col blanc sa chevelure brune !
A. de Musset, Premières poésies, Don Paez, IV.
2 Elle apporta des brosses, des peignes, de l'eau de Cologne, un peignoir. Elle disait : « Cela ne peut pas fatiguer Madame Amédée, que je la peigne (…) »
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 192.
♦ Par anal. Démêler, nettoyer le poil de (un animal) avec un peigne. || Peigner un chien, un chat à poils longs. || Peigner la crinière, la queue d'un cheval. — ☑ Loc. Faire ça ou peigner la girafe ! (cit. 3).
2 Techn. Démêler (des fibres textiles) avec un peigne (3.). || Peigner la laine (→ Lin, cit. 2), le chanvre. — Vx. Lainer (une étoffe). ⇒ Lainage. || Peigner le drap à la carde (⇒ Houpper).
3 L'autre par le métier sa navette promène,
Ou peigne les toisons d'une grossière laine,
Ronsard, Pièces retranchées, « Hymne des astres ».
♦ Fig., vieilli (bx-arts, littér.). || Peigner son style, le travailler minutieusement. ⇒ Fignoler.
——————
se peigner v. pron.
1 (Réfl.). → Apprêter, cit. 24; gondolier, cit. || Se peigner devant son miroir. || Se peigner à la hâte (→ Se donner un coup de peigne).
4 Aide-moi, puisqu'ainsi tu n'oses plus me voir,
À me peigner nonchalamment dans un miroir.
Mallarmé, Poésies, « Hérodiade », II.
5 La pucelle doucement se peigne au soleil (…)
elle démêle une lourde auréole;
Et tirant de sa nuque un plaisir qui la tord,
Ses poings délicieux pressent la touffe d'or
Dont la lumière coule entre ses doigts limpides !
Valéry, Poésies, Vers anciens, Épisode.
——————
peigné, ée p. p. adj.
1 Cheveux peignés à la mode de… (→ Incroyable, cit. 14). || Perruque mal peignée (→ Négliger, cit. 17). — Personne mal peignée (→ Faire, cit. 262; faiseur, cit. 10). — Par anal. || Gazons (cit. 4) peignés à la tondeuse.
2 Techn. Qui a subi le peignage. Spécialt. || Laine peignée, dont les longues fibres disposées parallèlement donnent au fil un aspect lisse. || Laine peignée et laine cardée.
♦ N. m. (1842). || Un peigné, du peigné : drap de laine peignée, la meilleure qualité de drap. || Costume en peigné bleu.
3 Fig., vieilli. Soigné avec une grande minutie. || Un parler délicat et peigné (→ Nerveux, cit. 2). || Style trop peigné (→ Étudier, cit. 25).
6 (…) ses amis lui ont vu détruire un tableau achevé auquel il trouvait l'air trop peigné. — C'est trop fait, disait-il, c'est trop écolier.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 653.
♦ Par compar. (avec le sens 1) :
7 Ce fut la dangereuse gloire de ce normalien dont la barbe était peignée, soignée comme le style (…)
F. Mauriac, Génitrix, III.
4 Techn. (Pêche). || Harengs peignés, auxquels on a enlevé les nageoires et qu'on a partiellement écaillés. — Morue peignée, à laquelle on a enlevé une partie de la peau.
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CONTR. Déranger, ébouriffer, écheveler.
DÉR. Peignage, peignée, peignerie, peigneur, peignoir, peignon, peignures.
COMP. Dépeigner, peigne-cul, peigne-zizi.
HOM. Formes du v. peindre.
Encyclopédie Universelle. 2012.