pavoiser [ pavwaze ] v. tr. <conjug. : 1>
• paveschier 1360; de pavois
1 ♦ Mar. Anciennt Garnir (le plat-bord d'un navire) d'un pavois (rangée de boucliers). Mod. Absolt Hisser le pavois en signe de réjouissance.
2 ♦ (v. 1900) Orner de drapeaux (un édifice public, une maison, une ville, etc.), à l'occasion d'une fête, d'une cérémonie. Pavoiser une rue. — P. p. adj. Toute la ville était pavoisée. Maisons pavoisées. Absolt Pavoiser pour la fête nationale. — Fig. Un vieux savant « couvert d'honneurs et pavoisé de rubans » (Duhamel).
3 ♦ Absolt, Fig. et fam. Manifester une grande joie. Les supporters pavoisent. (Il n') y a pas de quoi pavoiser ! il n'y a pas de quoi se réjouir, de quoi être fier.
● pavoiser verbe transitif (de pavois) Orner un lieu de drapeaux, mettre les drapeaux aux fenêtres, dans les rues : Pavoiser de drapeaux les édifices publics. ● pavoiser verbe intransitif Familier. Manifester avec fierté, ostentation une grande joie. Hisser le pavois. ● pavoiser (expressions) verbe intransitif Familier. Il n'y a pas de quoi pavoiser, vous n'avez pas de quoi être fier de ce que vous venez de faire.
pavoiser
v.
d1./d v. tr. et intr. Décorer de drapeaux (un édifice, une rue, etc.).
d2./d v. intr. Fig., Fam. Manifester sa joie.
— Il n'y a pas de quoi pavoiser, de quoi être fier.
⇒PAVOISER, verbe
A. —MARINE
1. Empl. trans. Garnir (un bâtiment) de ses pavois et pavillons. Pavoiser un bâtiment. L'amiral fit pavoiser tous les vaisseaux de la flotte (Ac. 1835-1935).
— P. anal., région. et pop., empl. pronom. réfl. ,,S'endimancher`` (ESN. 1966). [Le vieux marin:] Tu vas te pavoiser en grand tra la la. Marie-Pierre [jeune pêcheur] On va sortir les vieux costumes. Il s'agit d'être aussi faraud que les paludiers du Bourg-de-Batz (RICHEPIN, Glu, 1883, p.71).
2. Empl. intrans. [P. méton. du suj.] Hisser le pavois. On s'embarqua et l'on aborda le vaisseau amiral (...) Le vaisseau pavoisa, on tira le canon (MÉRIMÉE, Hist. prét. fille d'Élisabeth, 1869, p.391).
— Arg. et pop. ,,Contracter une dette avec la ferme intention de ne jamais la payer``. La vie, à la mer, ne lui coûte pas cher, il pavoise partout (BRUANT 1901, p.160).
B. —P. anal.
1. Empl. trans. Garnir de drapeaux (des édifices publics, des maisons, une ville) à l'occasion d'une fête, d'une cérémonie. Et les habitants, sur le parcours, rivalisaient de zèle, pavoisaient les fenêtres, tendaient les murs de leurs plus riches étoffes, semaient le petit pavé caillouteux de roses effeuillées (ZOLA, Rêve, 1888, p.114).
— Empl. pronom. à sens passif. Paris entier se pavoisait, s'illuminait, ainsi que pour une grande victoire (ZOLA, Argent, 1891, p.212). La ville se pavoise, les cloches sonnent (BREMOND, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.69).
— Au part. passé. Déjeuné à New-York avec R... et Schiffrin qui nous décrit Paris pavoisé aux couleurs allemandes et que j'espère ne jamais voir sous cet aspect-là (GREEN, Journal, 1941, p.174):
• 1. La procession allait quitter le reposoir dressé entre le musée des victimes du Matterhorn, et le «Mont-Cervin» pavoisé aux couleurs rouge et blanc, vert et noir, rouge et noir des cantons, et poursuivre sa lente route.
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.11.
— P. anal. Parer comme d'un pavois. Ces feux de bengale, bleus, blancs, rouges, allumés tous ensemble et qui durant quelques minutes pavoisèrent le ciel même aux couleurs nationales (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p.48).
2. Empl. intrans. [P. méton. du suj.] Paris, qui venait de pavoiser pour le jeune roi d'Espagne, gardait un air d'apparat (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p.30). Guillaume Apollinaire (...) mourut le jour de l'Armistice, et tel était en nous le mélange des héroïsmes, que nous pûmes croire que Paris avait pavoisé en son honneur (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p.190).
C. —P. ext.
1. Empl. trans. Arranger d'une certaine manière, de façon à décorer. Le spectacle a un lieu. Ce peut être celui de l'activité quotidienne, mais on le change pour la circonstance; on le pavoise, on l'illumine; en Grèce, on rebadigeonne les maisons à la chaux et l'on orne le sol (Hist. spect., 1965, p.7).
— [Avec un compl. indir. désignant le moyen] Pavoisez les balcons de draps pâles (LAFORGUE, Imit. Lune, 1886, p.265).
♦P. métaph. Les visites du curé ne faisaient pas à ma tante un aussi grand plaisir que le supposait Françoise et l'air de jubilation dont celle-ci croyait devoir pavoiser son visage chaque fois qu'elle avait à l'annoncer ne répondait pas entièrement au sentiment de la malade (PROUST, Swann, 1913, p.103).
— [Le suj. désigne un moyen] Le soleil dardait; les linges de couleur, qui séchaient à toutes les fenêtres, pavoisaient les ruelles populeuses (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p.643). Des banderoles et des guirlandes de fleurs pavoisaient gaiement la salle où avait été élevée une petite scène (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p.173).
♦[Avec un compl. introduit par la prép. de] Chapeaux inconcevables, qui semblaient être là moins pour la vente que pour l'étalage, tous accrochés par centaines à des broches de fer terminées en champignon, et pavoisant les galeries de leurs mille couleurs (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p.292). L'étalage des Fabriques de France, qui pavoisaient la pointe Sainte-Eustache d'immenses pièces d'étoffe (ZOLA, Ventre Paris, 1873, p.779).
P. métaph., empl. pronom. réfl. Cet homme [M. de Chateaubriand], qui s'est vanté depuis de n'avoir aucune affection pour les races royales, se déploya alors dans tout l'appareil de la sensibilité, se pavoisa de toutes les couleurs de l'oriflamme, pour exploiter politiquement, et au profit d'un parti, ce grand deuil monarchique [l'assassinat du duc de Berry] (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t.2, 1850, p.555).
2. Empl. intrans., arg., SPORTS. Saigner à la suite de coups reçus. P. ext. Prendre diverses couleurs à la suite de coups reçus. À la fin de la troisième reprise, d'abord rose, puis de plus en plus violacé, le corps d'Unger n'était plus qu'une blessure (...) —Il pavoise, fit quelqu'un (MORAND, Champions du monde, 1930, p.121). Une bonne droite au foie, accompagnée d'un coup de melon pas trop méchant, mais qui l'a fait quand même pavoiser (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p.111).
D. —Au fig., fam.
1. Empl. pronom. réfl. Synon. de se parer de, se rehausser de. Dans un autre moment de galanterie, en 1675, il [Bayle] écrit à mademoiselle Minutoli; et, à cet effet, il se pavoise de bel esprit, se raille de son incapacité à déchiffrer les modes (SAINTE-BEUVE, Portr. littér., t.1, 1835, p.380):
• 2. Chacun de ceux que je croise, hommes et femmes, et même les enfants, porte en soi le présent, les regrets ou l'espérance de l'amour; mais aucun n'en est rempli comme moi, ni ne s'en couronne, ni ne s'en pavoise.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.116.
2. Empl. intrans. Manifester une grande joie, une certaine fierté (au sujet de quelque chose). Il n'y a pas de quoi pavoiser!:
• 3. Quelle chance! La même particule arrivait à peu près en même temps et indépendamment par la voie expérimentale et par la voie théorique; on commençait à pavoiser... Hélas! Le méson expérimental ne possédait pas certaines propriétés qui convenaient à une particule représentant le champ nucléaire...
LEPRINCE-RINGUET, Atomes et hommes, 1957, p.34.
Prononc. et Orth.:[pavwaze], (il) pavoise [-wa:z]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist.1. 1369-73 estre paveschiet «être muni d'un pavois, ou bouclier» (J. FROISSART, Chron., éd. S. Luce, L. I [1re réd.], § 95, t.1, p.201); 1392-93 paviser (une nef) «(la) protéger avec des boucliers» (JEAN D'ARRAS, Mélusine, éd. L. Stouff, p.89); 2. 1773 pavoiser «parer les vaisseaux de leurs pavois» (J. DE BOURDÉ DE VILLEHUET, Manuel des marins, t.2, p.143); 3. 1824 trans. pavoiser (une fenêtre, une rue, une ville, etc.) «(y) mettre des drapeaux en signe de réjouissance» (BALZAC, Annette, t.4, p.185); 1866 intrans. (HUGO, Corresp., p.560); 4. 1837 «orner de couleurs vives» (BALZAC, C. Birotteau, p.46); 5. 1909 arg. «(d'un boxeur) commencer à saigner» (L'Auto, 5 janv. ds PETIOT); 1911 «(du corps d'un boxeur) prendre diverses couleurs dues aux coups reçus» (G. ROZET, Défense et illustration de la race française, p.200); 6. 1928 au fig. «manifester une joie triomphante» (GENEVOIX, Mains vides, p.97). Dér. de pavois; dés. -er. Fréq. abs. littér.:147.
DÉR. Pavoisement, subst. masc. Action de pavoiser; résultat de cette action. Le pavoisement des navires (Ac. 1878-1935). De grands lustres dorés descendaient du plafond, un pavoisement de tapis, de soies brodées, d'étoffes lamées d'or, retombait, tendait les balustrades de bannières éclatantes (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p.627). Dans ces bruits montants de fête nationale, pétards et orphéons, pavoisements et limonades (LAFORGUE, Moral. légend., 1887, p.144). Les camions ont bien souvent remplacé le charroi à chevaux ou à mules, avec leur pavoisement de harnais et de panaches (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p.9). — []. Att. ds Ac. dep. 1878. — 1re attest. 1845 «action de mettre les pavois» (BESCH.); de pavoiser, suff. -ment1.
BBG. —LA LANDELLE (G. de). Le Lang. des marins... Paris, 1859, pp.329-330. —LERCH (E.). Frz. pavois... Neuphilol. Mitt. 1940, t.41, n° 1/2, pp.29-34. —QUEM. DDL t.16.
pavoiser [pavwaze] v. tr.
ÉTYM. 1360, paveschier; de pavois.
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1 Mar. (Anciennt). Garnir (le plat-bord d'un navire) d'un pavois (rangée de boucliers, bande de toile).
♦ Mod. Hisser le pavois en signe de réjouissance.
2 (1873). Par anal. Orner de drapeaux (un édifice public, une maison, une ville, etc.) à l'occasion d'une fête, d'une cérémonie, de la visite d'un grand personnage. || Pavoiser une rue. || Tout le quartier, tout le port était pavoisé (→ Illuminer, cit. 20).
1 (…) Hyderabad, pavoisée et en fête, attend depuis une semaine, de jour en jour, son roi qui ne revient plus.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), V, II.
1.1 (…) sur le gris effacé du papier peint, des pans d'étoffe pavoisaient les murs, des drapeaux carrés, jaunes, bleus, verts, noirs, dans lesquels la charcutière reconnut les guidons des vingt sections.
Zola, le Ventre de Paris, V, p. 316.
♦ Absolt. || Pavoiser pour la fête nationale.
2 On avait dit aux gens de pavoiser : ils ne l'ont pas fait, la guerre a pris fin dans l'indifférence et dans l'angoisse.
Sartre, Situations III, p. 63.
♦ Par métaphore. Décorer, orner, parer (qqn, qqch.). || Pavoiser… de… (rare, sauf au p. p. adj. et au passif).
3 Mon père, en redingote, en grand chapeau, en gants, offrait le bras à ma mère, pavoisée comme un navire un jour de fête.
Maupassant, Miss Harriet, Mon oncle Jules.
4 Il est curieux de comparer la gloire d'un vieux savant, même quand il est couvert d'honneurs et pavoisé de rubans, avec celle d'un jeune romancier (…)
G. Duhamel, Défense des lettres, II, XV.
5 J'aimai tout de suite beaucoup notre maison de La Saussaye qu'entouraient à perte de vue des champs de blé pavoisés de coquelicots, de bleuets, de marguerites (…)
A. Maurois, Mémoires, t. I, XIII.
♦ Fig., fam. (intrans.). Manifester une grande joie. ☑ (Il n') y a pas de quoi pavoiser ! : il n'y a pas de quoi se réjouir, de quoi être si fier !
6 La bourgeoisie de toutes les couleurs pavoisait :
— Les noirs, matés pour quatre ans !
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 173.
3 V. intr. (D'abord argot; idée d'« arborer » une couleur inhabituelle). Saigner à la suite d'un coup; être meurtri.
7 Je l'ai plié en deux d'une bonne droite au foie, accompagnée d'un coup de melon (tête) pas trop méchant, mais qui l'a fait quand même pavoiser.
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 112.
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se pavoiser v. pron.
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pavoisé, ée p. p. adj.
♦ ⇒ ci-dessus cit. 1, 3 à 5 et supra.
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DÉR. Pavoisement.
Encyclopédie Universelle. 2012.