passivité [ pasivite ] n. f.
• passiveté 1697; de passif
1 ♦ Relig. État de l'âme demeurant passive pour se soumettre complètement à l'action de Dieu. ⇒ quiétisme.
2 ♦ Cour. État ou caractère de celui ou de ce qui est passif. ⇒ inertie. Attendre, subir son sort avec passivité. La passivité d'une attitude. ⇒ apathie. « Nul homme au monde n'a plus d'aversion pour la passivité que ce lutteur inlassable [Gandhi] » (R. Rolland).
3 ♦ (1877) Chim. Propriété qu'acquièrent certains métaux soumis à des acides de résister à l'oxydation.
⊗ CONTR. Activité, dynamisme, initiative.
● passivité nom féminin État, attitude de quelqu'un qui subit les événements sans réagir. Propriété d'un métal dont la corrosion électrochimique est empêchée par la formation d'un film superficiel protecteur. ● passivité (citations) nom féminin Jean-Paul Sartre Paris 1905-Paris 1980 Serions-nous muets et cois comme des cailloux, notre passivité même serait une action. Situations II Gallimard ● passivité (synonymes) nom féminin État, attitude de quelqu'un qui subit les événements sans réagir.
Synonymes :
- apathie
- atonie
- inertie
- servilité
Contraires :
- activité
- réaction
- rébellion
- résistance
passivité
n. f. état, caractère de celui ou de ce qui est passif.
⇒PASSIVITÉ, subst. fém.
A. —PHILOS. [Corresp. à passif A] Caractère ou état passif d'une personne, d'une chose. Nous entendons par «perception» (...) l'adjonction d'une activité de l'esprit à la passivité sensorielle (Ch. LALO, Esthét. mus. sc., 1908, p.26). Maine de Biran (...) dont la théorie de la passivité ou de l'«affection simple» est presque entièrement construite sur cette expérience désespérante (...) des mouvements de serpent de l'humeur (RICOEUR, Philos. volonté, 1949, p.386):
• 1. ... les apparences de mort ou de sommeil que nous offre d'abord la matière, sa passivité, son abandon aux actions extérieures, sont composés dans nos sens comme ces ténèbres qui sont obtenues d'une certaine superposition de lumières.
VALÉRY, Variété [I], 1924, p.132.
— PSYCHOL., CARACTÉROL. Atonie du comportement, absence ou faiblesse de réaction aux influences extérieures, attitude de soumission passive. Passivité d'un caractère. L'inactif primaire (nAP) présente le maximum de passivité malléable (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.398).
B. —[Corresp. à passif B] Caractère d'une personne qui n'agit pas ou qui ne réagit pas. Synon. inertie; anton. activité, dynamisme, initiative. État, force de passivité; inaction et passivité; passivité d'un élève en classe, d'un lecteur; passivité hostile (synon. réaction, rébellion, résistance). La ténacité des Anglais (...) est sans force contre la passivité hostile de trois cent mille Chinois décidés à n'être plus des vaincus (MALRAUX, Conquér., 1928, p.31). Le meilleur de son attente était la passivité profonde (COLETTE, J. de Carneilhan, 1941, p.180):
• 2. ... la passivité avec laquelle je pensais. J'étais visité, traversé, brutalisé, violé par maintes pensées que je subissais sans les provoquer en quoi que ce fût.
DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.106.
— P. méton., [en parlant d'un élément du caractère ou du comportement de qqn qui n'agit pas, qui subit l'action ou l'influence de quelqu'un ou de quelque chose sans réagir] Passivité d'un rôle, d'un tempérament. Une pensée d'argent lui était venue, et elle s'y accrochait pour excuser la passivité de son attitude (MARTIN DU G., Thib., Cah. gr., 1922, p.656).
C. —Spécialement
1. CHIM. [Corresp. à passif C 3] Caractère passif de certains métaux oxydables (par exemple le cobalt, le bismuth, l'étain, le fer, l'aluminium, le nickel), propriété qu'ils acquièrent, sous l'action des acides, de résister à l'oxydation. [En électrolyse] le fer est (...) passif dans les solutions alcalines exemptes d'halogènes, cependant dans les solutions concentrées, il arrive parfois que le fer perde sa passivité et donne un ferrate qui colore la liqueur en rouge (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p.230).
2. PATHOL. ,,Signe d'hypotonie musculaire, consistant dans la diminution de la résistance normale involontaire d'un segment de membre aux mouvements qu'on lui fait subir, et dans l'amplitude anormalement grande des mouvements qu'on veut lui imprimer`` (GARNIER-DEL. 1972).
3. THÉOL. CATH. [Corresp. à passif C 6] État de contemplation où l'âme est en oraison passive et se soumet complètement à l'action de Dieu. Certains mystiques introduisent la passivité dans l'oraison (Ac. 1878, 1935). C'est (...) l'erreur même du quiétisme de prétendre entrer par notre propre industrie dans une passivité que Dieu seul peut donner (MARITAIN, Primauté spirit., 1927, p.169).
REM. Passiveté, subst. fém., var. de passivité (inus. auj. excepté en chim. et en méd.). L'état passif entraîne-t-il d'ordinaire cette dépossession absolue et définitive, cet échange «total», dont parle Marie Des Vallées, et qui, bon gré, mal gré, ressemble d'assez près à la passiveté, à l'impeccabilité des faux mystiques? (BREMOND, Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.615).
Prononc. et Orth.:[pasivite]. Ac. 1878: passiveté, -vi-; Ac. 1935: -vi-. Notation de passiveté ds PASSY 1914 [-si vte], [-si fte]. Étymol. et Hist.1. 1697 passiveté «qualité d'être passif» (MAINTENON, Lett. au card. de Noailles, 16 mars, t.2, p.76); 1760 passivité (BONNET, Essai analytique sur les facultés de l'âme, p.97); spéc. 1869 chim. (WURTZ, Dict. chim., t.1, vol. 1, p.492); 2. 1697 relig. passiveté (BOSSUET, Instruction sur les estats d'oraison, livre III, chap. 12, p.91). Dér. sav. de passif; suff. -(i)té; cf. le lat. passivitas att. comme terme de gramm. dès le Ier s. L'angl. passivity est att. au sens 1 dep. 1659 ds NED et comme terme de chim. dep. 1866, ibid. Fréq. abs. littér.:293. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 84, b) 119; XXes.: a) 325, b) 914.
passivité [pɑsivite] n. f.
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1 (1842). Relig. État de l'âme demeurant passive pour se soumettre complètement à l'action de Dieu. ⇒ Quiétisme.
2 Cour. État ou caractère (d'une personne, d'un comportement…) passif. ⇒ Inertie. || Cette existence qui était tout passivité, tout inactivité (cit. 2). || Captif, condamné à la passivité (→ Caillou, cit. 4). || « Mourir est passivité, mais se tuer est acte » (cit. 8, Malraux).
1 (…) j'avais adroitement tenté de rompre d'un seul coup (…) toutes ses mauvaises relations et Albertine avait une telle force de passivité, une si grande faculté d'oublier et de se soumettre, que ces relations avaient été brisées en effet (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XI, p. 25.
2 Nul homme au monde n'a plus d'aversion pour la passivité que ce lutteur inlassable, qui est un des types les plus héroïques du Résistant.
R. Rolland, Mahatma Gandhi, p. 53.
3 Aujourd'hui le public est, par rapport à l'écrivain, en état de passivité : il attend qu'on lui impose des idées ou une forme d'art nouvelle. Il est la masse inerte dans laquelle l'idée va prendre corps.
Sartre, Situations II, p. 134.
♦ Psychopath. Attitude d'inertie générale d'un sujet, privé d'initiative et de spontanéité, qui subit sans réagir tous les événements et influences extérieurs. || Passivité constitutionnelle, acquise. || Passivité à la fois psychique et motrice de certains psychotiques.
♦ Méd. Signe d'hypotonie musculaire, consistant « dans la diminution de la résistance normale involontaire d'un segment de membre aux mouvements qu'on lui fait subir, et dans l'amplitude anormalement grande des mouvements qu'on veut lui imprimer » (Garnier).
3 (1877). Chim. Propriété qu'acquièrent certains métaux soumis à des acides, de résister aux oxydations ou à l'action d'autres acides.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
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CONTR. Activité, dynamisme, initiative, opposition.
Encyclopédie Universelle. 2012.