mutilé, ée [ mytile ] n.
• 1834; p. p. subst. de mutiler
♦ Personne qui a subi une mutilation, généralement par fait de guerre ou par accident. ⇒ amputé. Mutilé de guerre. ⇒ blessé, infirme, invalide. Pension de mutilé à 100%. Les mutilés de la face. ⇒ gueule (cassée). Mutilé du travail, qui a été victime d'un accident du travail (infirme civil).
● mutilé, mutilée nom Personne qui a perdu un ou plusieurs membres ou organes, par accident ou du fait de la guerre. (Les mutilés de guerre dépendent de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre.) ● mutilé, mutilée (synonymes) nom Personne qui a perdu un ou plusieurs membres ou organes...
Synonymes :
- amputé
- estropié
- handicapé physique
mutilé, ée
n. Personne qui a subi une mutilation. Mutilé de guerre.
⇒MUTILÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. — Part. passé de mutiler.
II. — Adjectif
A. — 1. [En parlant d'une pers., d'un animal] Dont l'intégrité physique est irréversiblement détruite par la perte d'un ou plusieurs membres ou organes externes, ou à la suite d'une blessure grave. Synon. amputé, blessé, estropié. Cadavre mutilé. Olivier d'Auterme et plusieurs autres seigneurs (...) crevèrent les yeux aux mariniers, et les envoyèrent tout mutilés aux gens de la ville (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.173). La dépouille mutilée de Louis XVI (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.570).
2. [En parlant d'une partie du corps] Bras mutilé; jambe, main, tête mutilée. La reconstruction des organes mutilés (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p.291):
• 1. On m'arracherait les bras et les jambes, que, comme le serpent, les morceaux mutilés de Philippe se rejoindraient encore et se lèveraient pour la vengeance.
MUSSET, Lorenzaccio, 1834, III, 3, p.180.
3. P. anal. [En parlant d'un arbre, d'un élément de la végétation] Dont la forme originelle est irréversiblement perdue; dépouillé des branches nécessaires au développement. Des bouquets de troncs mutilés marquant la place de bois fameux (MAUROIS, Silences Bramble, 1918, p.248). Le grand cèdre (...) est toujours là, vieux géant mutilé qui défie encore les orages (GREEN, Journal, 1945, p.119).
B. — P. anal.
1. [En parlant d'un inanimé concr., en partic. d'une oeuvre d'art] Gravement détérioré, endommagé. Synon. défiguré, dégradé, massacré (fam.). Édifice, monument, tableau mutilé; statue mutilée. Quelques restes informes et mutilés de mes bagages (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p.302):
• 2. Cette pauvre fontaine est honteusement mutilée et dégradée; la colonne centrale était chargée de figures exquises dont il ne reste plus que les torses, et par-ci, par-là, un bras ou une jambe.
HUGO, Rhin, 1842, p.380.
2. [En parlant d'une oeuvre littér.] Qui a été gravement altéré par des suppressions ou des modifications. Synon. altéré, amputé, modifié, partiel, tronqué. Récit, texte mutilé; vers mutilés. La censure du coup d'État victorieux a tronqué leur compte rendu et a fait publier par ses historiographes cette version mutilée comme étant la version exacte (HUGO, Hist. crime, 1877, p.82). Son article, altéré, défiguré, mutilé, paraissait, à son regard, à peu près méconnaissable (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p.133).
C. — Au fig.
1. [En parlant d'un inanimé abstr.]
a) Gravement altéré. Synon. défiguré, déformé, partiel, tronqué. Réalité mutilée. L'historien présentera-t-il les faits dans leur complexité (...). Il les représentera dénués de presque toutes les particularités qui les constituent, par conséquent tronqués, mutilés (A. FRANCE, Jard. Épicure, 1895, p.140). Un courant religieux (d'ailleurs laïcisé et mutilé) qui naît en Israël, et s'épanouit dans l'Évangile (VEDEL, Dr. constit., 1949, p.243).
b) Dont une partie a été supprimée; rendu incomplet, fragmentaire, insuffisant. Synon. incomplet, partiel, tronqué. Le petit fils de Louis XIV consentant à devenir le premier des élus de la nation et à tenir d'un serment fait au peuple un pouvoir renouvelé et mutilé (A. DE BROGLIE, Diplom. et dr. nouv., 1868, p.169). Les révoltés (...) brûlés du désir de la vraie vie, frustrés de l'être et préférant alors l'injustice généralisée à une justice mutilée (CAMUS, Homme rév., 1951, p.130):
• 3. Celui que j'étais à vingt ans est quelqu'un que je ne connais presque plus (...). Saurais-je seulement lui parler, à cet inconnu? Je n'ai de lui qu'un souvenir mutilé. Tantôt il lui manque le coeur, tantôt l'imagination; il n'est jamais là tout entier.
GREEN, Journal, 1942, p.181.
2. [En parlant d'une pers. et, p. méton., d'un aspect de la personnalité] Privé de quelque qualité, d'un élément de la personnalité. Synon. amoindri, dégradé, diminué. Nadine se sent mutilée quand elle accepte sa féminité et aussi quand elle la refuse, dis-je. C'est ce qui rend ces rapports si difficiles pour vous (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p.353):
• 4. ... là où l'individu est soumis à la loi de l'ensemble par la force et par l'habitude, et non point par la seule raison, l'humanité est basse et mutilée. C'est donc seulement par l'abolition du capitalisme et l'avènement du socialisme que l'humanité s'accomplira.
JAURÈS, Ét. soc., 1901, p.136.
III. — Substantif
A. — Personne qui a été mutilée. Synon. amputé, estropié. Giddenem avait caché les mutilés derrière les autres. Hamilcar les aperçut: — «Qui t'a coupé le bras, à toi? (...)» (FLAUB., Salammbô, t.1, 1863, p.152).
— Mutilé de + subst. désignant la partie du corps atteinte.
♦P. métaph. Je pressens ce que le coeur éprouve lorsque la terre où nous avons joué enfants devient cette mutilée de la face que les années de paix ne guériront pas; lorsque les vieux murs sacrés de notre maison laissent échapper de leurs flancs ouverts cette part de notre être, la plus secrète, la plus préservée (MAURIAC, Journal occup., 1940, p.308). Il y a des amputations mentales, (...) un certain nombre de Français sont des mutilés de l'esprit, des bacillaires du jugement (L'Œuvre, 16-17 juin 1941).
— Mutilé (de guerre, du travail). Personne qui, par suite de guerre ou d'accident du travail, est amputée ou porteuse de séquelles motrices. Places réservées aux mutilés. Cette dame n'est pas mutilée de guerre? (ALAIN, Propos, 1924, p.585). L'autre [de ces jeunes hommes], mutilé de guerre (un œil perdu) (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p.51).
— En partic. Homme castré. L'eunuque bat des mains, ébloui d'épouvante (...). Et le mutilé rit à la plaie éternelle! (HUGO, Fin Satan, 1885, p.788).
B. — P. anal., rare. Arbre déchiqueté. Un de ces arbres (...) un de ces vieux mutilés du Bocage, un châtaignier étêté depuis plus de deux cents ans (...) fut fendu (...) par la foudre (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p.186).
Prononc.:[mytile]. Fréq. abs. littér.:524. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 946, b) 793; XXe s.: a) 593, b) 638.
mutilé, ée [mytile] n.
ÉTYM. XIVe; p. p. substantivé de mutiler.
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♦ Personne qui a subi une mutilation, généralement par fait de guerre ou par accident. ⇒ Amputé. || Mutilé de guerre. ⇒ Blessé, infirme, invalide; handicapé. || Office national des mutilés et réformés. || Pension de mutilé à 100%. || Les mutilés de la face (gueules cassées). || Mutilé du travail, qui a été victime d'un accident du travail (infirme civil).
♦ Abusivt. || Les grands mutilés, ceux qui ont subi une grande mutilation, une mutilation importante. — Places réservées aux mutilés. || Moignons d'un mutilé.
0 Sont qualifiés grands mutilés de guerre : — A. Les pensionnés titulaires de la carte de combattant qui, par suite de blessures de guerre ou reçues en service commandé, sont aveugles, paraplégiques, blessés crâniens avec épilepsie, équivalents épileptiques ou aliénés mentaux; — B. Les pensionnés titulaires de la carte de combattant qui, par suite de blessures reçues comme ci-dessus, sont atteints soit d'une infirmité unique de 85 p. 100, soit d'infirmités multiples atteignant un taux déterminé.
Dalloz, Petit dict. de droit, p. 939, no 208.
Encyclopédie Universelle. 2012.