mornifle [ mɔrnifl ] n. f.
• 1609; autre sens 1549; de °mornifler, rad. murr- « museau » et a. fr. nifler → renifler
♦ Vieilli et fam. ⇒ gifle, 1. taloche. « De ta main experte en mornifles » (Verlaine).
● mornifle nom féminin (radical expressif murr-, museau, et ancien français nifler, renifler) Populaire et vieux. Coup donné avec le plat ou le revers de la main sur la face ; gifle.
⇒MORNIFLE, subst. fém.
A. —Pop. Coup donné sur le visage, gifle. Donner, recevoir une mornifle. Les coups pleuvaient sur lui [le pitre] drus comme grêle, et, s'envolant sous les mornifles, la farine de sa face et la poudre rouge de sa perruque l'enveloppaient comme une nuée (COPPÉE, Contes en prose, 1882, p.251).
— Au fig. Camouflet, insulte. En admettant qu'il reçoive, pour finir, une bonne mornifle dans la grande presse d'opinion (DUHAMEL, Cécile, 1938, p.173).
B. —Arg. Monnaie, argent monnayé. T'as des relations, dis donc! — Pfft (...) De temps en temps, j'les tape d'une pièce de mornifle, mais c'est tout (LE BRETON, Loi, 1955, p.37).
REM. Mornifler, verbe trans., pop. Donner un coup, gifler. Des fois, je dis à la mienne [ma femme] quand je lui ai claqué le beignet un peu trop fort: «Ça n'est pas n'importe laquelle que je morniflerai comme ça» (AYMÉ, Rue sans nom, 1930, p.42).
Prononc. et Orth.: []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1530 terme de jeu «réunion de quatre cartes» (PALSGR., p.246a); 2. 1609 morniffle «gifle» (VICTOR, Tesoro de las tres lenguas, francesa, italiana y española); 3. 1611 bailler mornifle sur les livres du roy «faire de la fausse monnaie» (COTGR.); 4. 1821 «monnaie» (ANSIAUME, Argot en usage au bagne de Brest ds ESN. 1966, aussi mornif «id.», ANSIAUME, ibid., f° 11 v°, § 295). Prob. déverbal d'un verbe mornifler «gifler le museau», comp. de mor(re) «museau, groin», qui représente un type -, v. morailles et de nifler «donner un coup sur le nez» (1637, FERRAND, Muse normande, éd. A. Héron, t.2, p.153, 7), que l'on retrouve dans renifler (v. ce mot). Le sens 1 est vraisemblablement issu du sens de «gifle», prob. plus anc. (peut-être déjà ds EST. 1549 et NICOT 1606 où mornifle apparaît sans indication de sens), le fait de savoir qu'un joueur a l'avantage d'avoir réuni quatre cartes étant ressenti comme une gifle par son adversaire. Le sens 3 est prob. issu, p. métaph., du sens 2 (cf. ESN. 1966 et CELLARD-REY). Bbg. CHAUTARD Vie étrange Arg. 1931, p.422. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p.206.
1. mornifle [mɔʀnifl] n. f.
ÉTYM. 1609; autre sens 1530 (au jeu de cartes); de mornifler, rad. murr- « museau », et anc. franç. niffler. → Renifler.
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♦ Fam. Coup du plat ou du revers de la main sur le visage. ⇒ Gifle, taloche.
1 L'enragé, comptant sur la bêtise de ses père et mère, lui a fait la grimace. Pierre, là-dessus, lui flanque une mornifle qui vous a mis Jacques au lit pour six mois.
Balzac, Un drame au bord de la mer, Pl., t. IX, p. 891.
2 Je n'avais qu'à me tenir coi
Sous l'aimable averse des gifles
De ta main experte en mornifles,
Sans même demander pourquoi (…)
Verlaine, Chansons pour elle, IX.
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2. mornifle [mɔʀnifl] n. f.
ÉTYM. 1821; orig. incert.; « la mornifle est une tape, le sou tapé, marqué d'une fleur de lys (1650) vaut 15 deniers (…) la tape est aussi (1836) un faux poinçon d'argenterie » (Cellard et Rey); cf. la loc. bailler mornifle sur les livres du roy « faire de la fausse monnaie » (1611).
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♦ Argot. Argent.
Encyclopédie Universelle. 2012.