moraliser [ mɔralize ] v. <conjug. : 1>
• 1375; de moral
I ♦ Vieilli Faire des leçons de morale.
1 ♦ V. intr. Faire des réflexions morales dans une intention édifiante. ⇒ prêcher.
2 ♦ V. tr. Instruire ou reprendre (qqn) en lui faisant la morale. ⇒ admonester, morigéner, réprimander, sermonner. Fabuliste qui moralise ses contemporains.
II ♦ V. tr. (1834) Vieilli Élever moralement. « Éclairer le peuple, c'est le moraliser » (Hugo). — Mod. Rendre conforme à la morale. S'efforcer de « moraliser les ventes d'armes à l'étranger » (Le Point, 1990).
⊗ CONTR. Corrompre; pervertir.
● moraliser verbe transitif Soumettre quelque chose à des règles morales, le rendre conforme ou plus conforme à la morale : Moraliser les journaux. Littéraire. Reprendre quelqu'un, le sermonner en lui faisant des leçons de morale. ● moraliser verbe intransitif Faire des réflexions d'ordre moral dans une intention édifiante ; prêcher.
moraliser
v.
d1./d v. tr. Moraliser qqn, lui faire la morale, l'admonester.
d2./d v. intr. Faire des réflexions morales. Moraliser sur l'inconstance.
⇒MORALISER, verbe
A. — Emploi trans.
1. Faire, donner une leçon de morale à quelqu'un dans le but de l'instruire ou de le réprimander. La Fontaine (...) moralisait ses contemporains sous couleur de les enchanter par des récits fabuleux (Arts et litt., t. 2, 1936, p.40-1):
• 1. Tout à l'heure, je n'avais pas le courage de moraliser ces deux créatures, dit-il en montrant Euphrasie et Aquilina. N'étaient-elles pas mon histoire personnifiée, une image de ma vie! Je ne pouvais guère les accuser, elles m'apparaissaient comme des juges.
BALZAC, Peau chagr., 1831, p.181.
2. a) Rendre l'homme moral ou plus moral; l'inciter à agir moralement, l'élever ou l'aider à s'élever dans l'ordre de la morale. Anton. démoraliser (vx), corrompre. Moraliser le peuple. Il y aurait à faire à ce sujet des remarques sur l'hygiène en rapport avec la procréation qui pourraient en même temps moraliser l'individu et améliorer l'espèce (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p.232):
• 2. On ne peut trop attaquer et censurer les sociétés pour tâcher de les moraliser, de les arracher aux intérêts matériels, de les spiritualiser, de les rendre susceptibles d'enthousiasme pour le beau, le bon et le vrai.
VIGNY, Journ. poète, 1837, p.1054.
— Emploi abs. En fait, tous moyens sont bons qui guérissent, qui moralisent et sanctifient (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p.256). Là où je voulais procurer le travail qui moralise, elles [ma femme et ma fille] jetaient à pleines mains l'argent qui avilit (SAND, M. Sylvestre, 1866, p.165).
— Emploi pronom. Devenir moral. En Occident, si ses moeurs s'adoucissaient, il [l'aristocrate] ne se moralisait pas toujours; se jugeant au-dessus du commun, il affichait trop souvent le libertinage et le gaspillage (LEFEBVRE, Révol. fr., 1963, p.45).
b) Rendre conforme à la morale; soumettre quelque chose à des règles morales. Moraliser le commerce, la publicité, les sondages. [Louvois] a rendu en somme un éminent service à l'État, et même, on l'ose dire, à l'humanité, en organisant cette chose sauvage, la guerre: il l'a, jusqu'à un certain point, moralisée (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 1, 1861, p.328). Il y a, messieurs, un fait prouvé qui tranche tout: la religion moralise le mariage (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p.95):
• 3. ... cette suite d'entretiens représente toujours le coeur et l'esprit se concertant religieusement afin de moraliser la puissance matérielle à laquelle le monde réel est nécessairement soumis.
COMTE, Catéch. posit., 1852, p.22.
B. — Emploi intrans., vieilli, souvent péj. Se livrer à des considérations, des réflexions morales dans un but édifiant; tirer la leçon morale des choses, des faits, des événements. Moraliser à tout propos. Pour un personnage tout d'action et si homme de main, il est à remarquer comme il [Montluc] aime les préceptes, les sentences, et à moraliser sur la guerre (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 11, 1854, p.60). Ne nous scandalisons pas. Ne moralisons pas. Essayons de comprendre (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p.120). V. agréable ex. 26:
• 4. Un homme de mauvaises moeurs méprise les femmes, un raisonneur épais blâme l'esprit, un sophiste moralise contre l'argent.
SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p.129.
REM. Moralisé, -ée, part. passé adj. Formé à la réflexion ou à la discipline morale. L'être moralisé, achevé, et l'être qui raisonne en toute rigueur sont mécanismes l'un et l'autre (VALÉRY, Tel quel II, 1943, p.320). Il est bien vrai que les Mexicains d'avant la conquête, avec leurs sacrifices humains soigneusement ordonnés, font horreur à nos imaginations moralisées (Philos., Relig., 1957, p.34-13).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1340 «interprété de façon allégorique» (JEAN DE VIGNAY, trad. de JACQUES DE CESSOLES, Livre des esches moralizé en françois, B.N. 1172, f° 185 ds GDF. Compl.); 2. 1596 «rendre moral» (HULSIUS); 3. 1611 «faire des réflexions morales» (COTGR.); 4. 1756 «reprendre quelqu'un en lui faisant la morale» (P.-F.-G. DESFONTAINES, Dictionnaire néologique à l'usage des beaux esprits du siècle, cité par L.UNDHAGEN, p.62); 5. 1796 «élever moralement» (Le Néologiste Français, cité par Th. RANFT ds Z. fr. Spr. Lit. t. 35, p.140: L'uniformité des poids et des mesures contribuera à moraliser les nations). Dér. de moral; suff. -iser. Fréq. abs. littér.:98.
DÉR. Moraliseur, adj. masc. et subst. masc., vx, péj. (Celui) qui se plaît à moraliser, à donner des leçons de morale. Synon. moralisateur. C'est un grand moraliseur, un moraliseur éternel (Ac.). Quand on est moraliste, ne risque-t-on pas de devenir Moraliseur? L'homme âgé est naturellement Moraliseur. Il est à la fois grand économe et grand Moraliseur (MERCIER Néol. 1801, p.131). — []. Att. ds Ac. dep. 1762. — 1res attest. a) 1375 «celui qui interprète allégoriquement quelque chose» (RAOUL DE PRESLES, Cité de Dieu, 4, 9, éd. 1531 ds DELB. Notes mss); b) 1611 «celui qui aime à faire des leçons de morale» (COTGR.); de moraliser, suff. -eur2.
BBG. — UNDHAGEN (L.). Morale et les autres lexèmes formés sur le rad. moral-. Lund, 1975, p.63.
moraliser [mɔʀalize] v.
ÉTYM. 1354, « faire des interprétations allégoriques »; de moral.
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1 V. intr. (Vieilli). Faire des réflexions morales dans une intention édifiante (→ Espace, cit. 25). || Instruire et moraliser. ⇒ Prêcher (→ Lanterne, cit. 13). || Moraliser sur un sujet.
1 Ce chariot poursuivant son voyage symbolisait la vie (…) Seulement le symbole rendait plus visible le sens caché, et Blazius, à qui la langue démangeait, se mit à moraliser sur ce thème avec force citations, apophtegmes et maximes (…)
Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, VII.
2 Elle aime, dans ses mémoires, à moraliser, à donner des réflexions sérieuses qu'elle relève de citations agréables (…)
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1er déc. 1851.
2 V. tr. (Vx). Instruire ou reprendre (qqn) en lui faisant la morale. ⇒ Admonester, catéchiser, corriger, réprimander, sermonner (→ Élever, cit. 26; 1. faux, cit. 40).
3 (…) elle (Mlle Cormon) s'était emparée d'Athanase qu'elle moralisait en lui débitant les plus étranges lieux communs de politique royaliste et de morale religieuse.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 280.
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II V. tr. (1834, Landais). Vieilli. Rendre moral (I., 3.), élever moralement. || « Éclairer le peuple, c'est le moraliser » (→ Améliorer, cit. 1, Hugo).
4 N'a-t-on pas imaginé des procédés pour moraliser l'homme, à peu près comme des fruits qu'on mûrit entre les doigts ! Gens de peu de foi à la nature, laissez-les donc au soleil !
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., t. III, II, p. 750.
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CONTR. Corrompre, pervertir.
DÉR. Moralisant, moralisateur, moralisation, moraliseur.
COMP. Démoraliser.
Encyclopédie Universelle. 2012.