1. meule [ møl ] n. f.
• muele 1170; lat. mola
1 ♦ Cylindre plat et massif, servant à broyer, à moudre. ⇒ broyeur, concasseur. Meules de moulin en pierre. Meule courante ou traînante, qui repose sur la première. Tourner la meule. Broyage des grains à la meule.
2 ♦ Disque en matière abrasive à grains très fins, servant à aiguiser (⇒ affiloir), à polir (⇒ aléseuse). « La machine à aiguiser avec sa lourde meule, en grosse pierre épaisse » (Giono). Meule à pédale du rémouleur. Meule électrique. Passer à la meule. Spécialt Instrument rotatif servant à modifier par abrasion la forme d'une dent.
3 ♦ (1653) Grand fromage en forme de disque très épais. Meule de gruyère.
4 ♦ Fam. Cyclomoteur, moto.
meule 2. meule [ møl ] n. f.
• moule 1170; p.-ê. métaph. de 1. meule
1 ♦ Anciennt Gros tas de foin, de gerbes de céréales (⇒ gerbier) , dressé après la fenaison ou la moisson, et recouvert d'un toit de chaume. « Jean et ses deux faneuses avaient commencé la première meule » (Zola). Meule de foin. Les balles de foin ont remplacé les meules.
2 ♦ Tas de bois recouvert d'herbe ou de feuillage, qu'on carbonise pour faire du charbon de bois.
3 ♦ Tas de fumier provenant des couches de champignons; la champignonnière elle-même. Culture en meules.
4 ♦ Fam. Les meules : les fesses.
● meule nom féminin (latin mola) Corps solide de formes variées, constitué d'abrasifs agglomérés et utilisé pour l'usinage par abrasion. (Initialement constituées d'une roche naturelle, les meules sont aujourd'hui à base de grains d'abrasifs artificiels [corindon, carbure de silicium, etc.] agglomérés par des liants organiques, métalliques ou minéraux.) Pièce de fromage (notamment gruyère) cylindrique de grand format. Partie active du défibreur utilisé pour la fabrication de la pâte à papier mécanique. Dans les moulins anciens, cylindre à axe vertical, en pierre, servant à écraser le grain. (Ces moulins comportent deux meules : l'une est fixe, l'autre tourne au-dessus de la précédente.) Populaire. Motocyclette, cyclomoteur. ● meule (expressions) nom féminin (latin mola) Familier. Faire la meule, en Suisse, harceler quelqu'un pour obtenir quelque chose. ● meule nom féminin (de meule) Tas de gerbes, de paille, de foin ou d'autres fourrages, de forme cylindro-conique, constitué pour le stockage temporaire ou prolongé de ces produits. (Pour les gerbes on dit aussi gerbier.) Tas de bois, recouvert de terre, qu'on carbonise en forêt, pour fabriquer du charbon de bois. Tas de fumier de forme allongée sur lequel on faisait pousser les champignons de couche. Excroissance garnie d'aspérités (pierrures) d'où émerge le merrain des bois de cerf et de chevreuil et qui se recouvre de peau après la chute annuelle des bois.
meule
n. f.
d1./d Amas de gerbes de foin, de paille, etc., que l'on conserve jusqu'au battage ou à l'utilisation.
d2./d Tas de bois préparé pour faire du charbon de bois.
d3./d (oc. Indien) Meule de pierres: entassement de pierres dégagées d'un champ, souvent disposé au milieu de celui-ci.
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meule
n. f.
d1./d Pièce massive cylindrique qui sert à broyer, à moudre.
d2./d Disque de matière abrasive qui sert à aiguiser, à polir, à rectifier.
|| (Afr. subsah.) Pierre plate abrasive sur laquelle on écrase le grain à l'aide d'une autre pierre.
d3./d Fromage qui a la forme d'un disque épais et de grand diamètre. Meule de gruyère.
I.
⇒MEULE1, subst. fém.
A. — 1. Cylindre plat, généralement en pierre, en métal ou en bois servant à écraser ou à broyer. Tourner la meule; meule de moulin. Une meunerie où il y avait une meule de 15 mètres de diamètre (RENARD, Journal, 1892, p.116). Les meules [dans la fabrication de la poudre] sont des blocs cylindriques en fonte dure (...); elles tournent dans une auge en fonte dont le fond constitue la piste (VENNIN, CHESNEAU, Poudres et explosifs, 1914, p.330). Broyage des grains à la meule de pierre actionnée à bras d'homme ou au moyen d'un attelage d'animaux, puis par le vent et par les roues à eau et plus récemment par des meules ou des cylindres mus à la vapeur ou à l'électricité (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p.7).
♦Meule courante, tournante, traînante; meule de dessus. Meule mobile qui tourne sur une autre meule qui est fixe. Un broyeur à meules [pour couleurs] se compose de deux meules, une fixe (...) et une tournante (COFFIGNIER, Coul. et peint., 1924, p.76). Meule dormante, gisante; meule de dessous. Meule qui est fixe par opposition à meule courante. Le grain est écrasé entre deux meules de pierre horizontales, dont l'une, mouvante, tourne au-dessus de l'autre, fixe ou dormante (BRUNERIE, Industr. alim., 1949p.8).
2. Disque cylindrique ou conique, le plus souvent en grès ou en matière synthétique, qui sert à aiguiser, dégrossir, polir ou à rectifier. Affûter à la meule. Les meules employées pour l'ébarbage des pièces de fonderie sont en général en émeri à gros grains (GASNIER, Dépôts métall., 1927, p.258). Cette meule [pour poncer les peignes] est formée de 25 à 30 rondelles en gros drap, accolées ensemble et fixées à leur centre par un double écrou (P. ROUSSET, Trav. pts matér., 1928, p.118):
• —. ... il partait après la moisson avec sa meule de grès montée sur quatre fins montants de sapin, et avec sa manivelle de fer sur son dos. Il allait aiguiser les serpes, les faux et les couteaux devant les maisons pendant l'automne et pendant l'hiver.
LAMART., Tailleur pierre, 1851, p.450.
B. —P. anal.
1. Meule (de fromage). Disque de fromage très épais dont la forme rappelle celle d'une meule de moulin. Gruyère (...). En meules de 40 à 45 kg, d'environ 50 cm de diamètre, à croûte légèrement humide (COURTINE 1972, p.121).
2. a) Pop. Dent. Et elle le lui jeta dans la bouche (...) j'ai entendu le sucre craquer sous la meule de la négresse (A. DAUDET, Pt Chose, 1868, p.277).
b) Arg., au plur. Fesses. Bérurier qui s'est entièrement récupéré, marche au groupe. Il balance un coup de saton [bâton] dans les meules du comte. L'autre hurle (SAN ANTONIO, Remets ton slip, gondolier, 1977, p.135 ds CELLARD-REY 1980).
c) Arg. Mobylette ou motocyclette. Fous de leurs vélomoteurs — les «meules», en argot de quinze ans — ils choisissent comme héros-patron le petit gars du coin qui frime en Honda 750 (Le Nouvel Observateur, 27 sept. 1971, p.46).
REM. 1. Meulard, subst. masc. Meule de grande dimension dont on se sert pour aiguiser ou polir (d'apr. CHESN. 1857-58). 2. Meulerie, subst. fém. Lieu où l'on fabrique des meules à moudre ou à aiguiser. (Dict. XIXe et XXe s.). 3. Meuleton, subst. masc. Meule de petite taille utilisée pour le broyage et la mise en pâte des papiers recyclés. Les appareils utilisés pour cette trituration sont des déchiqueteurs, meuletons, moulins à barres, raffineurs cylindriques et coniques. La pâte en suspension dans l'eau y est soumise, notamment, à des actions de cisaillement, d'écrasement et de laminage entre deux surfaces de métal ou de pierre (Civilis. écr., 1939, p.6-7).
Prononc. et Orth.: [mø:l], [moe-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 muele «dispositif en pierre, de forme cylindrique, servant à broyer en tournant» (Rois, éd. E. R. Curtius, p.78, 21); XIIIe s. mole (RENAUT, Galeran, éd. L. Foulet, 5144); 1538 meule (EST.); 2. fin XIVe s. mole «roue de grès, d'acier, etc., dont on se sert pour aiguiser, user, polir» (Aalma ds ROQUES t.2, p.260, 7612); 1390 meule (doc. ds LA CURNE); 3. 1723 «masse de fromage de la forme d'une meule d'aiguiseur» (SAVARY). Du lat. mola «meule de moulin». Bbg. Archit. 1972, p.162.
II.
⇒MEULE2, subst. fém.
A. —Gros tas de foin, de paille, d'herbe ou de gerbes, de forme et d'architecture diverses, parfois recouvert de chaume. Il dit: «Il y a dans la Russie méridionale des meules de foin comme cette maison; on y monte avec des échelles (...)» (GONCOURT, Journal, 1876, p.1159). Une petite meule que les Alibert avaient élevée, la veille, avec les gerbes de Clodius, entre la maison et les bois (BOSCO, Mas Théot., 1945, p.294):
• ♦ ... Jean charriait des gerbes, près du champ des Buteau, dans une pièce de la ferme, où l'on devait élever une grande meule, haute de huit mètres, forte de trois mille bottes.
ZOLA, Terre, 1887, p.242.
— P. anal.
♦Tas de bois recouvert de terre, d'herbe et de feuilles que l'on carbonise en plein air pour obtenir du charbon. Il y avait toujours une meule de charbon qui fumait (GIONO, Regain, 1930, p.44). La couverture de gazon et de terre de la meule forestière (DUPONT, Bois carburant, 1941, p.28).
♦Couche de terreau et de fumier destinée à la culture des champignons de Paris. Champignon de couche, cultivé (...) sur des meules de fumier recouvertes d'un peu de terre calcaire et de salpêtre (GÈZE, Spéléol. sc., 1965, p.138).
— P. ext. Amas de matériaux, d'objets, de morceaux de formes et de consistances diverses. Les melons verts et jaunes s'empilent aux éventaires, en tas, en meules, par milliers (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p.334). Le manoeuvre «approche» sa terre, c'est-à-dire l'entasse à la droite du mouleur, en meules hautes (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p.195).
B. —Spécialement
1. VÉN. Excroissance des bois apparaissant à la jonction du merrain et des pivots chez les Cervidés. V. massacre A 3 b ex. de Vialar.
2. MÉTALL. Massif de maçonnerie qui entoure le fourneau du fondeur de cloches. Le mouleur [de cloches] commence par bâtir un massif de briques qui soit parfaitement rond (...); ce massif s'appelle «la meule» (M.-A. MULLER, ROGER, Évol. fond. cuivre, 1903, p.298).
REM. Meulette, subst. fém. Petite meule. Dans le même champ vous aviez côte à côte des meulettes de blé, (comme d'habitude), rares, et à côté de bons petits tas d'herbes moitié sèches, ma foi, de belles petites meulettes de foin (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, 1910, p.686).
Prononc. et Orth. V. meule1. Étymol. et Hist. 1. a) 1re moitié du XIIe s. moule de frument (Psautier Oxford, éd. F. Michel, 244, 21); ca 1170 meule (Rois, éd. E. R. Curtius, p.5, 20); b) 1868 «tas de bois recouvert de gazon, qu'on carbonise en plein air» (LITTRÉ); 2. fig. a) 1376 meule «racine dure et raboteuse du bois des cerfs» (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 18, 26); b) 1715 «couche à champignons formé d'un tas de fumier» (DE LA QUINTINYE, Instructions pour les jardins fruitiers et potagers, I, 76); c) 1753 «maçonnerie qui entoure le fourneau des fondeurs de cloches» (Encyclop. t.3, p.541). Prob. emploi métaph. de meule1. Fréq. abs. littér.: 544. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 393, b) 746; XXe s.: a) 1427, b) 718.
1. meule [møl] n. f.
ÉTYM. 1170, muele; lat. mola.
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1 Cylindre massif de forme aplatie, généralement en pierre ou en métal, servant à broyer, à moudre (⇒ Broyeur, concasseur). || Meules de moulin en pierre meulière, en silex meulier, en acier cannelé. — Techn. || Meule gisante, qui reste fixe. || Meule courante ou traînante, qui repose sur la première. || Traquet qui pousse le grain sous la meule. || Cerce des meules. || Retailler, ribler une meule. — Ronflement de la meule qui tourne (→ Bourdonnement, cit. 2; farine, cit. 2). || Meule en bois d'un pressoir à cidre. || Moulage à la meule. — Tourner la meule (→ Froment, cit. 6). — Antiq. || Esclave condamné à tourner la meule (→ aussi Esclavage, cit. 13). — Par métaphore → cit. Michelet :
1 Ce mot profond du moyen âge, si vrai en morale, l'est en politique : « Le cœur de l'homme est une meule qui tourne toujours; si vous n'y mettez rien à moudre, il risque de se moudre lui-même. »
Michelet, Hist. de la Révolution franç., VIII, VII.
2 Et nous avions tous des larmes dans les yeux de voir le pauvre vieux se démener de droite et de gauche, éventrant les sacs, surveillant la meule, tandis que le grain s'écrasait et que la fine poussière de froment s'envolait au plafond.
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, « Le secret de Maître Cornille ».
2.1 Les quatre châssis qui formaient les ailes avaient été solidement implantés dans l'arbre de couche, de manière à faire un certain angle avec lui, et ils furent fixés au moyen de tenons de fer. Quant aux diverses parties du mécanisme intérieur, la boîte destinée à contenir les deux meules, la meule gisante et la meule courante, la trémie, sorte de grande auge carrée, large du haut, étroite du bas, qui devait permettre aux grains de tomber sur les meules, l'auget oscillant destiné à régler le passage du grain (…), et enfin le blutoir, qui, par l'opération du tamisage, sépare le son de la farine, cela se fabriqua sans peine.
J. Verne, l'Île mystérieure, t. II, p. 534.
2 Techn. et cour. Disque en grès ou en matière abrasive à grains très fins, servant à aiguiser (⇒ Affiloir), à polir (⇒ Aléseuse). || Polissoir à deux meules. || Meule en corindon, en émeri. || Affûter un couteau sur la meule. ⇒ Émoudre. || Meule en caoutchouc pour polissage fin. || Meule à pédale du rémouleur. || Œil, œillard, rabat-eau, ripe d'une meule.
3 (…) il y a (…) la machine à aiguiser avec sa lourde meule, en grosse pierre épaisse et ses solides montants de bois qui ne doivent pas trembler quand Gédémus pédale et que la pierre tourne.
J. Giono, Regain, I, III.
♦ Spécialt. || Meule (de dentiste), servant à modifier par abrasion la forme d'une dent.
➪ tableau Lexique de la chirurgie.
♦ Argot. Dent. || Affûter ses meules (⇒ Manger).
➪ tableau Noms de machines.
3 Grand fromage en forme de disque épais. || Une meule de gruyère.
4 (V. 1970). Fam. (argot des motards). Motocycle, motocyclette, moto. || Il s'est fait piquer sa meule. ⇒ 2. Moto.
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DÉR. Meulage, meulard, meularde, meuler, meulerie, meuleton, 1. meulier, 2. meulier. — (Du même rad.) Molaire, molette.
HOM. 2. Meule. — Formes du v. meuler.
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2. meule [møl] n. f.
ÉTYM. 1170, moule; p.-ê. extension métaphorique de 1. meule, ou (P. Guiraud) p.-ê. du lat. mǒles « masse », avec infl. de 1. meule.
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1 Amas, gros tas de foin, de gerbes (cit. 2) d'avoine, de blé (⇒ Gerbier)… dressé après la fenaison ou la moisson, et recouvert d'un toit de chaume pour protéger le fourrage ou les grains des intempéries (→ Javelle, cit. 1). || Meule ronde, en forme de tronc de cône renversé, surmonté d'un cône. || Meule rectangulaire. (⇒ Barge). || Monter une haute meule de paille. ⇒ 1. Pailler. || Se coucher (cit. 18) au pied d'une meule. — Mettre (une céréale, du foin) en meules. ⇒ Ameulonner.
1 Dans les prés, au bord de l'Aigre, Jean et ses deux faneuses avaient commencé la première meule. C'était Françoise qui la montait. Au centre, posé sur un mulon (meulon) elle disposait et rangeait en cercle les fourchées de foin que lui apportaient le jeune homme et Palmyre. Et, peu à peu, cela grandissait, se haussait, elle toujours au milieu, se remettant des bottes sous les pieds, dans le creux où elle se trouvait, à mesure que le mur, autour d'elle, lui gagnait les genoux. La meule prenait tournure. Déjà, elle était à deux mètres (…)
Zola, la Terre, II, IV.
2 Techn. Tas de bois recouvert d'herbe ou de feuillage, et qu'on carbonise en forêt pour la fabrication du charbon de bois. || Les meules d'une charbonnière.
2 Maintenant (…) on allait allumer la meule neuve (…) Déjà, d'un bond léger, le gars avait sauté au faîte. Il retirait le piquet vertical, la clé qui bouche la cheminée. Il se penchait un peu, debout dans la feuille et les mousses, pour prendre les tisons tendus : trois ou quatre tisons sur le fer de la pelle. Une secousse du poignet, et déjà c'était fait, les charbons rouges avaient coulé au fond (…) Ils écoutaient ce grillotement imperceptible, ce pétillis follet qui jouait aux entrailles de la meule, puis ce craquement, cet autre (…)
M. Genevoix, Forêt voisine, XIII.
3 Agric. Tas de fumier provenant des couches à champignons; la champignonnière elle-même.
4 Fam. (Du sens 1, par anal. de forme). Fesse. ⇒ Miche.
3 Bérurier qui s'est entièrement récupéré, marche au groupe. Il balance un coup de saton (pied) dans les meules du comte.
San-Antonio, Remets ton slip, gondolier !, p. 137.
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DÉR. et COMP. Ameulonner. — Meulette, meulon.
HOM. 1. Meule; formes du v. meuler.
Encyclopédie Universelle. 2012.