marxisme [ marksism ] n. m.
• v. 1880; du nom de Karl Marx (1818-1883)
♦ Doctrine philosophique (matérialisme dialectique), sociale (matérialisme historique) et économique élaborée par Karl Marx, Friedrich Engels et leurs continuateurs. ⇒ collectivisme, communisme, socialisme. Partis politiques, syndicats, États se réclamant du marxisme.
⊗ CONTR. Capitalisme, libéralisme.
● marxisme nom masculin Ensemble des conceptions de Karl Marx, de Friedrich Engels et de leurs continuateurs.
marxisme
n. m. Doctrine philosophique, politique et économique de Karl Marx, Friedrich Engels et de leurs continuateurs.
Encycl. Théorie générale de l'histoire et des sociétés humaines, le marxisme visait notam. à la transformation des sociétés et à l'émancipation des hommes. Il prend assise sur le matérialisme dialectique, qui postule une antériorité de la matière sur l'esprit, et sur le matérialisme historique, qui montre comment la conscience humaine se constitue dans le concret des rapports sociaux. Ces derniers sont fonction des modes économiques de production, qui définissent, au fil des siècles, les formations sociales; Marx distingue ainsi des modes de production antique (esclavage), féodal (servage), capitaliste (salariat). Les forces productives sont l' infrastructure de la société et les rapports de production sa structure; sur quoi s'élève une superstructure juridique, politique, idéologique, visant à la reproduction de la structure de base en son état. Dans toute société, selon Marx, une classe détentrice des moyens de production exploite les producteurs. Ainsi, les sociétés sont articulées sur une "lutte des classes" qui ne peut être dépassée que dans le socialisme, lequel instaurera par étapes une société sans classes: le communisme. Dans le système capitaliste, le travailleur vend au détenteur des moyens de production sa force de travail, devenue elle-même marchandise et soumise aux lois de la concurrence. La plus-value, le profit du capitaliste, est la différence entre la valeur tirée d'une quantité de travail donnée et la valeur marchande de ce travail payée au travailleur. Ce dernier aliène sa force de travail au possesseur des moyens de production. La circulation de l'argent résulte de l'accumulation du capital que produit l'extraction constante de la plus-value. Ce système aboutit à d'insurmontables contradictions, notam. à la concentration des richesses à un pôle de la société, à la misère à l'autre. La seule issue pour les exploités est, selon Marx, de s'unir en partis ouvriers au sein d'une "internationale", de s'employer, par l'action révolutionnaire, à renverser le pouvoir des possédants et à instaurer la dictature du prolétariat, voie d'avènement du socialisme. Le marxisme, après Marx, inspira de nombr. mouvements révolutionnaires et la mise en place, dans plusieurs pays, de régimes se réclamant de lui. V. Internationale, socialisme, communisme.
⇒MARXISME, subst. masc.
A. — 1. Ensemble des conceptions fondamentales élaborées par Marx et Engels (à partir de 1845-1846), centré sur la critique de l'économie politique bourgeoise et l'étude scientifique du mode de production capitaliste (doctrine économique), qui constitue le matérialisme dialectique et historique (doctrine philosophique et sociale) et le socialisme scientifique. Un des mérites essentiels du marxisme fut d'intégrer la dialectique consciente de Hegel dans la conception matérialiste de la nature (BOUV.-IBARR. 1975):
• 1. ... tous les concepts spécifiques du marxisme [it. ds le texte] (ou les concepts antérieurs pris dans leur acception spécifiquement marxiste) sont des concepts, non de chose, mais de rapport. Ainsi pour le marxisme le capital est un rapport de production, l'État est le condensé des rapports économiques, l'idéologie est le rapport plus ou moins mystifié des hommes à leurs conditions réelles d'existence, l'«essence humaine» n'a d'autre réalité que celle de l'ensemble des rapports sociaux...
L. SÈVE, Une Introd. à la philos. marxiste, Paris, Éd. soc., 1980, p.70.
2. P. ext. Ensemble des conceptions fondamentales de Marx et d'Engels étendues et développées ultérieurement (en liaison avec la lutte révolutionnaire de la classe ouvrière, et en fonction de l'évolution des conditions de production). Le marxisme pose le problème de la société au détriment de celui de l'homme; ce dernier n'existe qu'en fonction de la société, il n'est qu'un rouage technique de l'économie. La société est le phénomène initial, dont l'homme n'est qu'un épiphénomène. Une telle doctrine se trouve en contradiction flagrante avec la critique accusatrice de Marx contre l'aliénation (...). Il y a là une confusion à l'origine de la pensée: la réduction de l'homme à l'état d'instrument du processus économique constitue-t-elle le mal et le péché du passé, de l'exploitation capitaliste, ou est-elle l'ontologie même de l'être humain? (N. BERDIAEV, Les Sources et le sens du communisme russe, trad. par A. Nerville, Paris, Gallimard, 1938, p.243). C'est le marxisme qui pose les vrais problèmes de l'époque. Il n'est pas vrai qu'un homme ait une liberté de choix au sens où par ce choix il confère à son activité un sens qu'elle n'aurait pas sans cela (SARTRE, Existent., 1946, p.120). Le dogmatisme est l'ennemi par excellence du marxisme. Ce n'est pas là qu'une thèse philosophique, c'est une vérité historique:partout où les conditions du libre débat idéologique ne sont pas assurées, partout le marxisme est la première victime (BOURDIN, La Théorie politique marxiste est-elle scientifique ds Cahiers du Communisme, n°12, 1978, p.75):
• 2. Seuls les communistes disposent d'une doctrine qui leur permet une interprétation cohérente des événements. L'homme de génie sortira de leurs rangs; ce sera celui qui saura tirer du marxisme une explication du monde actuel frappante, évidente, universellement acceptable, et en déduire des règles d'action: ce que fit Lénine en 1917.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.67.
B. —Mode général de représentation théorique du monde fondé sur le matérialisme dialectique:
• 3. ... le matérialisme vise (...) tout autre chose qu'à prendre le contre-pied de croyances religieuses ou d'énoncés métaphysiques (...) le marxisme ne saurait se définir comme un athéisme. La revendication d'athéisme ne serait pas seulement désuète. Elle ramènerait le marxisme à un discours pré-matérialiste en l'identifiant à une spéculation métaphysique, alors que sa radicale nouveauté est de mettre en évidence ce qui structure les pratiques et les représentations, et d'expliquer la production de ces structures mentales à partir de l'histoire et de la vie réelle des hommes.
M. BERTRAND, Le Marxisme est-il un athéisme ds Cahiers du Communisme, 1981, n° 10, p.93.
C. —Péj. [Connotant le totalitarisme, la suppression des libertés, le dirigisme] Cette mode lancée (...) par les prétendus «nouveaux philosophes» s'est déployée sur tous les médias en variations sur le thème: marxisme = goulag (Révolution, 23-29 oct. 1981, n° 86, p.58, col. 1).
REM. 1. Marxologie, subst. fém. Étude de l'oeuvre de Marx et/ou d'autres théoriciens du marxisme. La première tâche n'est-elle donc pas (...) de retrouver les concepts fondamentaux autour desquels s'est organisée l'oeuvre de Marx (...) et de (...) constituer ainsi une marxologie? (Pol. 1969, p.170). 2. Marxologue, subst. Spécialiste de l'étude de l'oeuvre de Marx, du marxisme. Le marxologue est un connaisseur de l'oeuvre de Marx (...) sur laquelle il apporte parfois des précisions érudites ou des lumières exotiques, mais il n'est pas marxiste. Il peut même être antimarxiste (L. SÈVE, Une Introd. à la philos. marxiste, Paris, Éd. soc., 1980, p.614).
Prononc.: []. Étymol. et Hist. 1882 (P. BROUSSE, Le Marxisme dans l'Internationale, [brochure], Paris). Dér. avec suff. -isme du nom du philosophe all. Karl Marx [1818-1883]. Fréq. abs. littér.: 197.
marxisme [maʀksism] n. m.
ÉTYM. V. 1880; du nom de Karl Marx (1818-1883).
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♦ Doctrine philosophique (matérialisme dialectique), sociale (matérialisme historique) et économique élaborée par Karl Marx, Friedrich Engels et leurs continuateurs. || Aspect politique et économique du marxisme (⇒ Bolchevisme, collectivisme, communisme, socialisme). || Partis politiques (communistes, socialistes), syndicats, États se réclamant du marxisme. || Néo-marxisme réformiste. || Critiques du marxisme. || Hostilité au marxisme. ⇒ Antimarxisme.
1 Non seulement le marxisme continue l'économie politique classique (…) mais, ce qui paraîtra plus surprenant, il respecte le capitalisme. Il admire le grand œuvre que celui-ci a accompli : il lui sait infiniment de gré pour le rôle vraiment révolutionnaire (…) qu'il a joué et pour avoir si bien préparé le nid où le collectivisme s'installera (…)
Gide et Rist, Hist. des doctrines économiques…, p. 557.
2 Si l'on accepte cette définition large du « marxisme » comme conception du monde (…) il est clair que le « marxisme » ne se réduit pas à l'œuvre de Karl Marx (…) Effectivement, et d'après Marx lui-même, l'élaboration rationnelle (…) des données de l'expérience et de la pensée moderne commencent bien avant lui (…) Enfin, il convient de ne pas oublier que le mot « marxisme » contient une sorte d'injustice; dès le début, le « marxisme » résulta d'un véritable travail collectif (avec Engels).
Henri Lefebvre, le Marxisme, p. 16-18.
3 Le marxisme n'est pas scientifique; il est, au mieux, scientiste. Il fait éclater le divorce profond qui s'est établi entre la raison scientifique, fécond instrument de recherche, de pensée, et même de révolte, et la raison historique, inventée par l'idéologie allemande dans sa négation de tout principe.
Camus, l'Homme révolté, Pl., p. 624.
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CONTR. Capitalisme (cf. les contr. de matérialisme).
DÉR. Marxiste.
COMP. Antimarxisme, marxisme-léninisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.