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marteler

marteler [ martəle ] v. tr. <conjug. : 5>
XIIe; de martel « marteau »
1Battre, frapper à coups de marteau. Marteler un métal sur l'enclume. Spécialt Forger, façonner à coups de marteau.
2Frapper fort et à coups répétés sur (qqch.). Il « lui martelait la figure à coups de poing » (Carco).
3Obséder. Une idée « lui martelait la cervelle » (Balzac).
4Prononcer en articulant avec force, en détachant les syllabes. accentuer. Marteler ses mots.
Répéter avec insistance pour convaincre.

marteler verbe transitif (ancien français martel, marteau) Battre du métal à coups de marteau : Marteler le fer sur l'enclume. Frapper quelque chose à coups répétés : Marteler une porte à coups de poing. Faire résonner les mots en détachant fortement les syllabes. ● marteler (difficultés) verbe transitif (ancien français martel, marteau) Conjugaison Attention à l'alternance e/è : marteler ; je martèle, il martèle, mais nous martelons ; il martèlera ; qu'il martèle mais que nous martelions ; martelé. ● marteler (expressions) verbe transitif (ancien français martel, marteau) Marteler la tête, les tempes, provoquer un désagrément violent comparable à des coups répétés. ● marteler (homonymes) verbe transitif (ancien français martel, marteau) martelet nom masculinmarteler (synonymes) verbe transitif (ancien français martel, marteau) Faire résonner les mots en détachant fortement les syllabes.
Synonymes :
- accentuer
- articuler
- scander

marteler
v. tr.
d1./d Battre ou façonner à coups de marteau. Marteler du cuivre.
d2./d Par anal. Frapper à coups répétés, comme avec un marteau. Marteler d'obus les positions ennemies.
d3./d Fig. Articuler, prononcer avec force. Marteler ses phrases.

⇒MARTELER, verbe trans.
A. —Battre, frapper avec un marteau.
1. [Correspond à marteau I A 1 a] Les petites fuites [de gaz] seront bouchées par un enduit d'asphalte et de goudron mélangés, les fuites plus importantes par matage, ou en martelant un peu de laine de plomb introduite dans le joint (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p.172).
Frapper avec un marteau pour façonner. Tumeurs séreuses du dessus du genou des cordonniers, là où ils martèlent les chaussures (GONCOURT, Journal, 1893, p.420).
En partic. [En parlant d'un métal] Les ateliers de Nuremberg qui forgeaient le fer, martelaient le cuivre (FAURE, Espr. formes, 1927, p.151). [Le compl. désigne l'objet fabriqué] Façonner avec un marteau. Je martèle des plateaux à thé (SAINT-EXUP., Citad., 1944, p.761):
♦ — Une fois Djélal-Eddin passait au marché. Il y avait un magasin de bijouterie où les ouvriers martelaient en faisant une espèce de musique. Ce bruit des marteaux produisait une musique et une cadence qui l'a poussé à tourner sur le marché et les ouvriers ont perdu de vue le travail et ont martelé pour la musique la pièce d'or qu'ils martelaient.
BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914, p.64.
Emploi abs. Les ouvriers martelaient (supra ex.).
P. métaph. Cet univers façonne et martelle l'individu lui-même, sa pensée et son action infirme (BLONDEL, Action, 1893, p.288).
Effacer, détruire à coups de marteau. Les emblèmes religieux avaient été martelés (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p.4).
2. SYLVIC. [Correspond à marteau I A 1 b g] ,,Pratiquer le martelage`` (Forest. 1946).
3. [Correspond à marteau I B 2 b] Le marmouset de la Samaritaine martelait huit heures sur son timbre quand la lourde machine s'ébranla (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.359).
4. Frapper de façon répétée un instrument à percussion. Celui qui dirige le groupe exécute un solo dansé, sans cesser de marteler le gong des coups de son maillet (CUISINIER, Danse sacrée, 1951, p.44).
B. P. anal.
1. Frapper à coups répétés et souvent violents, comme avec un marteau.
a) [Le suj. désigne un être animé] Se marteler la tête contre un mur. Ils [des ânes] défilaient, secouant leurs longues oreilles, martelant la terre de leurs petits sabots durs (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p.267). Il martelait sa table à coups de point (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p.380).
SPORTS (boxe). Fitz, réveillé, se décida alors à combattre Maher de loin. Il martela la figure de l'Irlandais avec des jabs [coups secs] du gauche: au bout d'une minute Peter fut tout ensanglanté (T. BERNARD, Autour du ring, Paris, Gallimard, 1925, p.71).
b) [Le suj. désigne une chose] Des milliers de sabots de bois martelant les pavés de granit dur (LOTI, Mon frère Yves, 1883, p.222). Les cheveux battent le visage, le catogan martèle la nuque (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p.47).
[En parlant de projectiles] Cette tombée sifflante d'obus martèle et écrase à coups de foudre l'extrémité béante du poste (BARBUSSE, Feu, 1916, p.320). Avec un bruit extraordinairement rapide, toutes mitrailleuses martelant la carlingue, les avions se croisèrent (MALRAUX, Espoir, 1937, p.521).
[Impression physique interne] La souffrance qui martelait son crâne (ESTAUNIÉ, Empreinte, 1896, p.297). Le sang martèle mes tempes (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p.283).
2. [En parlant de phénomènes auditifs] (Faire) résonner ou vibrer avec force. La trépidation du moteur nous martèle les oreilles (BARBUSSE, Feu, 1916p.337). Le carillon de notre enfance qui martelait l'air limpide (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p.77).
En partic. Articuler avec force, accentuer fortement toutes les syllabes. Marteler les mots, les syllabes. Cette voix martelait les termes techniques (BOURGET, Sens mort, 1915, p.189). Emploi abs. Il articule, scande, chante et martèle (BARRÈS, Cahiers, t. 5, 1907, p.108). [En incise] Y a des fois qu'i' faudrait me r'tenir avec un crochet, martela-t-il avec un sombre accent (BARBUSSE, Feu, 1916 p.88).
P. anal. [En parlant de mus.] Le Credo, dont les trombones inlassablement martellent la phrase principale (ROLLAND, Beethoven, t. 2, 1937, p.369).
3. [En parlant de phénomènes visuels] De près, c'est un sabrage, une hachure de couleurs qui se martèlent, se brisent, semblent s'empiéter (HUYSMANS, Art mod., 1883, p.138).
C. P. métaph. ou au fig.
1. [En parlant d'événements pénibles] Ceux de la génération de mon grand-père gardaient vivant encore le souvenir des persécutions qui avaient martelé leurs aïeux (GIDE, Si le grain, 1924, p.375).
2. [En parlant d'une idée, d'une préoccupation obsédante] C'est égal, mon oncle, dit Laurens, laissant deviner les pensées qui (...) lui martelaient le cerveau (FABRE, Rom. peintre, 1878, p.168). Sans cesse le souvenir de cette perte le martelait douloureusement (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Parapluie, 1884, p.448).
Prononc. et Orth.: []. (il) martèle []. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. v. jeter. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 «frapper comme avec un marteau» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M.Roques, 5924); 2. 1176 «battre à coups de marteau» (ID., Cligès, éd. A. Micha, 4809); 3. 1388, mars, eaux et forêts (Ord. VII, 775 ds GDF. Compl.); 4. 1577 fig. «provoquer un ébranlement semblable à un coup de marteau», en parlant d'un souci lancinant qui revient sans cesse à l'esprit (R. BELLEAU, Œuvres, I, 108 ds IGLF); 1579 en parlant de bruits répétés (H. ESTIENNE, La Précellence du Langage françois, éd. E.Huguet, p.67); 5. 1798 «faire avec effort un travail de l'esprit» (Ac.). Dér. de l'a. fr. martel, marteau; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 139.

marteler [maʀtəle] v. tr. [CONJUG. geler.]
ÉTYM. V. 1175 aux sens 1 et 2; de martel « marteau », et -er.
1 Battre, frapper à coups de marteau. || Marteler un métal sur l'enclume (cit. 4, par métaphore).Spécialt. Forger, façonner à coups de marteau. || « Marteler de la vaisselle d'étain » (Académie).Au p. p. Travaillé au marteau. || Ouvrage martelé à facettes (→ Imbriquer, cit. 1).
1 (…) des casseroles de cuivre ancien, martelées (…)
Colette, Prisons et Paradis, p. 77.
Par métaphore :
2 Dans le désir de rendre son fils capable d'exercer ses fonctions, le père se tuait de lui marteler la cervelle à coup de leçons pour en faire un routinier.
Balzac, le Cabinet des Antiques, Pl., t. IV, p. 436.
Spécialt. Eaux et Forêts. || Marteler les arbres à abattre, les marquer au marteau. Martelage.
Horlog. || Le jaquemart (cit. 2) martelait midi, frappait les douze coups de midi.
2 Frapper fort et à coups répétés sur (qqch.), contre (qqch.)…, comme avec un marteau. || Il martèle l'air de ses poings (→ Congestionner, cit. 3).
3 Le danseur évincé de Lorchen, un solide valet de ferme, avait empoigné la tête d'un soldat qui l'avait insulté tout à l'heure, et le martelait contre un mur.
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, p. 618.
4 Il l'avait prise par la tignasse et lui martelait la figure à coups de poing.
Francis Carco, les Belles Manières, III, IX.
Par ext. || L'artillerie martelait les lignes ennemies. Pilonner.
5 Sous la lune, cette plaine apparaissait d'une blancheur laiteuse (…) avec un semis de petites dépressions noirâtres, qui donnaient l'idée d'un sol martelé (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. XV, VII, p. 82.
3 Ébranler, faire résonner, faire vibrer comme sous un coup de marteau. || Le fracas des bombes lui martelait le crâne (→ Éclatement, cit. 1).
6 (…) ce tocsin qui, de seconde en seconde, lui martelait le cerveau (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 246.
4 Par métaphore. Frapper, écraser, soumettre à des épreuves dures et répétées.
7 Ceux de la génération de mon grand-père gardaient vivant encore le souvenir des persécutions qui avaient martelé leurs aïeux (…)
Gide, Si le grain ne meurt, I, II, p. 45.
5 (Le sujet désigne un souci, une préoccupation). Obséder, revenir sans cesse à l'esprit. → Se mettre martel en tête.
8 Pour Sylvie, être trompée par ce colonel était une idée qui lui martelait la cervelle.
Balzac, Pierrette, Pl., t. III, p. 726.
6 (1798, Académie). Fig. (Par allus. au bruit cadencé des marteaux sur l'enclume). Prononcer en articulant avec force, en détachant nettement les syllabes ( Accentuer). || Marteler un ordre, une déclaration.Au p. p. Émis avec force et en détachant les sons. || Tons aigus (cit. 6) et martelés. || Chant (cit. 5) puissamment martelé.Par anal. Mus. || Notes martelées. || Trille martelé.
9 (…) forçant sa voix et martelant ses mots pour se faire entendre (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. VII, p. 123.
Répéter avec insistance, pour convaincre.Ce verbe est devenu un tic du langage des médias, avec une valeur affaiblie : affirmer, répéter.
DÉR. Martelage, martèlement, marteleur.
HOM. V. martel, martelet.

Encyclopédie Universelle. 2012.