1. marner [ marne ] v. <conjug. : 1>
• 1564 ; altér. de marler 1270; de marne
1 ♦ V. tr. Agric. Amender (la terre) avec de la marne.
2 ♦ V. intr. (1827) Pop. et vieilli Travailler dur. ⇒ 2. bosser.
marner 2. marner [ marne ] v. intr. <conjug. : 1>
• 1716; d'une var. de marge
♦ Région. La marée, la mer marne, monte au-dessus du niveau moyen.
● marner verbe transitif (de marne) Effectuer le marnage du sol. ● marner verbe intransitif Populaire. Travailler dur, peiner. ● marner verbe intransitif (de marne, variante de marge) En parlant de la mer, monter par l'effet de la marée.
marner
v. tr. Amender (un sol) en y incorporant de la marne.
I.
⇒MARNER1, verbe
A. — Emploi trans. Amender en répandant et incorporant de la marne:
• ♦ Au milieu d'une vaste plaine, on aperçoit une espèce de hutte, ou plutôt un tout petit toit de chaume, posé sur le sol. C'est l'entrée de la marnière. Un grand puits tout droit s'enfonce jusqu'à vingt mètres sous terre, pour aboutir à une série de longues galeries de mines. On descend une fois par an dans cette carrière, à l'époque où l'on marne les terres.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Pierrot, 1882, p. 349.
— Emploi part. passé. Terres trop sableuses marnées, fumées, semées en rangs au semoir mécanique (LESOURD, GÉRARD, Hist. écon., 1968, p. 195).
B. — Emploi intrans., arg. et pop., p. anal. (avec la dureté du travail de marnage)
1. Travailler durement. Ces salades puantes c'était pour que je bosse à l'œil!... Il profitait de mes parents... Qu'ils pouvaient encore me nourrir... Il dépréciait mon boulot pour me faire marner gratuitement (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 170).
2. En partic. [Le suj. désigne une prostituée] Ce soir, elle prétendait pas aller marner (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 64).
Prononc. et Orth.:[], (il) marne []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1207 marler «amender (une terre) avec de la marne» (Assises et arrêts de l'Echiquier de Normandie, éd. A. J. Marnier, p. 14); 1564 marner (THIERRY); 2. 1846 arg. «travailler dur» (Intérieur des prisons, p. 244). Dér. de marne; dés. -er.
DÉR. 1. Marnage, subst. masc. Action d'amender une terre par l'apport de marne; résultat de cette action. Toujours les capitaux lui avaient manqué, il n'avait pu amender certains champs comme il l'aurait voulu, seul le marnage était peu coûteux, et personne autre que lui ne s'en préoccupait (ZOLA, Terre, 1887, p. 151). — []. Att. ds Ac. dep. 1835. — 1re attest. 1641 (G. DE LHOMEL, Rec. de docum. pour servir à l'hist. de Montreuil-sur-mer, II, 286 ds BARB. Misc. 28, p. 338); de marner1, suff. -age. 2. Marneur, subst. masc. a) Ouvrier qui répand la marne sur les terres à labourer; ouvrier qui travaille dans une marnière (d'apr. FÉN. 1970). V. aussi marneux. b) Pop. Travailleur. (Ds ESN. 1966, Lexis 1975 et Lar. Lang. fr.). — []. — 1res attest. a) ) ca 1525 margneux «ouvrier qui extrait ou qui emploie la marne à foulon dont on se sert pour la préparation des draps» (Le Resveur avec ses resveries ds Anc. poésies fr., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t.11, p.112), ) 1846 marneur «celui qui répand de la marne sur les terres» (BESCH. Suppl.), b) arg. 1881 «travailleur, ouvrier» (RIGAUD, Dict. arg. mod.); de marner1, suff. -eur2.
II.
⇒MARNER2, verbe intrans.
[Le suj. désigne la mer ou la marée] Monter au-dessus du niveau moyen. Il n'a pas été possible de faire des observations suivies sur les marées. Ce que nous pouvons dire de plus positif à cet égard, c'est qu'elles sont de douze heures, et marnent de quatre pieds (FREYCINET, Voy. terres austr., 1815, p.57). La mer marne beaucoup aux équinoxes (GRUSS 1952).
Prononc.:[]. Étymol. et Hist. 1716 (FRÉZIER, Relation du voyage de la mer du Sud, p. 290). Dér. de marne «bord», autre résultat du lat. (m), v. marge.
DÉR. Marnage, subst. masc. Amplitude des marées; ,,hausse et baisse du niveau d'une masse d'eau par apport, retenue ou écoulement`` (VILLEN. 1974). Malheureusement, dans cette baie, (...) le marnage n'y atteint que 7,50 m (ROMANOVSKY, Mer, source én., 1950, p. 79). — []. — 1re attest. 1826 «élévation de la mer au-dessus de son niveau normal, du fait de la marée» (FREYCINET, Voy. autour du monde, t. 2, pp. 383-384); de marner2, suff. -age.
BBG. —BOS (A.). Marner. Romania. 1890, t. 19, p. 301.
1. marner [maʀne] v. tr.
ÉTYM. 1564; marler 1207; de marne.
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♦ Agric. Amender (une terre, un champ) avec de la marne (→ Marnière, cit.).
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DÉR. 1. Marnage, 3. marner, 1. marneur.
HOM. 2. Marner, 3. marner.
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2. marner [maʀne] v. intr.
ÉTYM. 1716; dér. d'une var. non attestée de marge.
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♦ Régional. Monter au-dessus du niveau moyen, en parlant de la marée. || La marée marne.
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DÉR. 2. Marnage.
HOM. 1. Marner, 3. marner.
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3. marner [maʀne] v. intr.
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♦ Argot, puis pop. Travailler dur.
1 C'est son homme. Fifi, un beau, un frisé, pas chiqueur. D'ailleurs, elle a d'qui tenir et, quand faut qu'elle marne, elle marne. Mais malheur aux donneurs avec elle (…) elle les sent et elle est terrible.
Francis Carco, Jésus-la-Caille, III, IV, p. 180.
REM. Il s'agit ici du « travail » d'une prostituée.
2 Je ne veux ni entretenir, ni être entretenue; c'est pourquoi, aussi, je marne comme une enragée à ces casquettes de mort.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 118.
♦ Travailler, gagner sa vie.
3 Si j'avais un peu d'oseille, je pourrais peut-être passer en Espagne. Je connais des types du côté de Perpignan; j'ai marné par là.
Jean Genet, Querelle de Brest, p. 281.
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DÉR. 2. Marneur.
HOM. 1. Marner, 2. marner.
Encyclopédie Universelle. 2012.