malignité [ maliɲite ] n. f.
• malignitet v. 1120; lat. malignitas → malin
1 ♦ Caractère d'une personne qui cherche à nuire à autrui de façon dissimulée et souvent mesquine. ⇒ malfaisance, malice, malveillance, méchanceté, perfidie, perversité. Agir par pure malignité. Des observations « pleines d'un esprit moqueur sans malignité, mais qui n'épargnait personne » (Balzac).
2 ♦ Vx Propriété malfaisante, nuisible (d'une chose). ⇒ nocivité. — Mod. Méd. Tendance qu'a une maladie (surtout un cancer) à s'aggraver, à évoluer vers l'issue fatale. Degré de malignité d'une tumeur.
⊗ CONTR. Bénignité, bonté.
● malignité nom féminin (latin malignitas, -atis) Tendance à faire le mal en se servant des ressources de l'intelligence et de l'imagination. Littéraire. Méchanceté mesquine : Être en butte à la malignité du sort. Caractère malin d'une maladie, d'une tumeur. ● malignité (citations) nom féminin (latin malignitas, -atis) Félix Lope de Vega Carpio Madrid 1562-Madrid 1635 Ne vois-tu pas que la loi engendre aussi la malignité ? ¿ No ves tú que de la ley nace también la malicia ? El gran duque de Moscovia, II, 4
malignité
n. f.
d1./d Inclination à nuire. La malignité du coeur humain. Syn. méchanceté, malveillance, malice.
d2./d MED Caractère de gravité (d'une maladie).
⇒MALIGNITÉ, subst. fém.
A.— [La malignité est le fait d'un être vivant]
1. Penchant à faire le mal, à essayer de nuire en secret. C'est que je sais votre malignité À tout interpréter par le méchant côté (AUGIER, Homme de bien, 1845, I, p. 80). Ils vécurent, là, sans recevoir personne d'autre que le médecin, évitant toute liaison et si cloîtrés, si retirés en eux-mêmes, que la malignité provinciale soupçonnait aussitôt une existence irrégulière (LORRAIN, Sens et souv., 1895, p. 77). Dans leur zèle ces jeunes « arrivistes » se livrent à de véritables provocations!... Je deviens moi-même une cible, un but à leur malignité! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 318) :
• 1. Les premiers clients des deux sexes apparurent au sommet d'un escalier roulant, éblouis par un phare, ahuris d'être ainsi livrés sans précautions, les hommes à la malignité du public, les femmes à la salacité.
QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 12.
Rem. Ce sens peut s'appliquer à une chose plus ou moins personnifiée. La malignité du sort.
2. Ingéniosité malicieuse, espièglerie. Ce fut une revue amusante, une critique pittoresque des mots familiers, des travers et des attitudes de chacun. Encore un usage où l'esprit satirique et la malignité propres au caractère lorrain trouvent leur compte (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 16) :
• 2. ... et Fouan, en entrant dans la cour, remarqua que l'âne, Gédéon, sous le hangar, avait la tête au fond d'un petit baquet. Cela ne l'étonnait point de le trouver libre, car le bougre, plein de malignité, soulevait très bien les loquets avec la bouche...
ZOLA, Terre, 1887, p. 355.
B.— [La malignité est inhérente à une chose]
1. Caractère malsain, nuisible, pernicieux d'une chose. On combine le climat, l'exil et la prison. Le climat donne sa malignité, l'exil son accablement, la prison son désespoir (HUGO, Actes et par., 2, 1875, p. 357) :
• 3. Ce devant de maison n'offrait donc aucune trace de dégradation. Malgré les teintes foncées causées par la vétusté même de la brique, il était aussi bien conservé que peuvent l'être un vieux tableau, un vieux livre chéris par un amateur et qui seraient toujours neufs, s'ils ne subissaient, sous la cloche de notre atmosphère, l'influence des gaz dont la malignité nous menace nous-mêmes.
BALZAC, Rech. absolu, 1834, p. 119.
2. MÉD. Caractère insidieux et particulièrement dangereux d'une maladie dont l'évolution ne suit pas une marche normale vers la guérison (d'apr. CARR.-DESS. Psych. 1976). Celle-ci [la diphtérie] prend généralement alors un caractère de malignité (TROUSSEAU, Hôtel-Dieu, 1895, p. 214) :
• 4. Les médecins recommandent expressément, afin de confondre la malignité de cette maladie épidémique ou contagieuse, la tranquillité du corps.
ARNOUX, Algorithme, 1948, p. 217.
3. Au plur. Résultat, conséquence d'une action, d'une parole qui visent à faire le mal ou ne sont qu'empreintes de malice. Sans doute, les malignités que Mariette (...) avait lancées sur sa maîtresse, l'avaient blessé au vif, et, malgré lui, éveillé le soupçon en son esprit confiant (BOREL, Champavert, 1833, p. 175) :
• 5. Quant à l'affaire délicate dont tu me parles, je crois que le Voyage au Pôle Nord peut paraître sans inconvénient aucun dans la Revue de Paris en le signant Mme Thévenot d'Aunet. Ce nom déroute les malignités.
HUGO, Corresp., 1852, p. 45.
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. 1re moitié XIIe s. « mauvais esprit, disposition à faire le mal » (Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, 34, 20 : Restablis la meie aneme de la malignitet d'els); 2. 1re moitié XIIe s. malignité « caractère nuisible, pernicieux de quelque chose » (Lapidaires anglo-norm., éd. P. Studer et J. Evans, I, 445, p. 45); 3. 1567 « action maligne » les envies, les malignitez (AMYOT, De la tranq. d'âme, 11 ds LITTRÉ); 4. 1657-62 « caractère d'un être malin, astucieux » (PASCAL, Pensées, éd. L. Lafuma, 798, p. 601). Empr. au lat. malignitas « méchanceté, mauvaise disposition, malveillance », lui-même dér. de malignus, v. malin. Fréq. abs. littér. :202. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 308, b) 333; XXe s. : a) 296, b) 238.
malignité [maliɲite] n. f.
ÉTYM. V. 1120, malignitet; lat. malignitas, de malignus. → Malin.
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1 Vieilli ou littér. Caractère d'une personne qui cherche à nuire à autrui de façon dissimulée et souvent mesquine. ⇒ Bassesse, haine, malice, malveillance, méchanceté, perfidie, perversité. || « Le masque de l'hypocrisie (cit. 3) cache la malignité ». || La malignité de notre nature (→ Imiter, cit. 10). || Cœur cruel et plein de malignité (→ 2. Charme, cit. 19). || Le noir venin de sa malignité (→ Humble, cit. 23). || Médisance, calomnie, rapport, dénonciation… faits par malignité. || Malignité d'un critique. ⇒ Causticité. || Être l'objet, la proie de la malignité publique.
1 Cherche-t-il seulement le plaisir de leur nuire ?
Ou plutôt n'est-ce point que sa malignité
Punit sur eux l'appui que je leur ai prêté ?
Racine, Britannicus, II, 1.
2 (…) il y a en nous une certaine malignité (…) qui a répandu dans nos cœurs le principe de tous les vices.
Bossuet, Second Sermon pour le IVe dim. de Carême, « Sur l'ambition », I.
3 La méchanceté suppose un goût à faire du mal; la malignité une méchanceté cachée.
Vauvenargues, De l'esprit humain, LXV.
4 Je donne assez de prise à la malignité des hommes par mes récits sans lui en donner encore par mon silence.
Rousseau, les Confessions, II.
5 La médisance est le soulagement de la malignité.
Joseph Joubert, Pensées, VIII, LXXXIV.
6 Madeleine (…) me faisait rire par des observations étonnantes et pleines d'un esprit moqueur sans malignité, mais qui n'épargnait personne.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 847.
♦ Par ext. || Malignité du sort.
7 (…) tu dois te défier de ton étoile, dont tu n'as que trop souvent éprouvé la malignité.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, XV.
8 (…) j'ignorais encore avec quelle malignité les événements dérobent à nos yeux le côté par où ils nous intéresseraient davantage (…)
Gide, Isabelle, I.
♦ Psychiatrie. Perversion qui consiste en une « disposition active à faire le mal intentionnellement en faisant appel aux ressources de l'intelligence et de l'imagination » (Porot). || Malignité infantile, sénile, conjugale. || Malignité acquise, due à une encéphalopathie, à une viciation du développement affectif. || Malignité périodique de certains mélancoliques. — Action motivée par cette perversion. || « Dupré a remarquablement profilé le type de certains “arrivistes” capables des pires malignités » (Porot).
2 (V. 1190). Vx. Propriété malfaisante, nuisible, qu'une chose recèle. ⇒ Nocivité. || Malignité des exhalaisons (cit. 2).
9 Est-ce qu'une vapeur, par sa malignité,
Amphitryon, a dans votre âme
Du retour d'hier au soir brouillé la vérité ?
Molière, Amphitryon, II, 2.
♦ Méd. Mod. Tendance qu'a une maladie (surtout, un cancer) à s'aggraver, à évoluer vers l'issue fatale. || Malignité d'une tumeur (→ Tumeur maligne).
10 (…) étourdi, badin, malin, mais d'une malignité gaie.
Rousseau, les Confessions, VI.
11 (…) cet âne, un gros âne, vigoureux, de couleur rousse, la grande croix grise sur l'échine, était un animal farceur, plein de malignité : il soulevait très bien les loquets avec sa bouche, il entrait chercher du pain dans la cuisine (…)
Zola, la Terre, II, III.
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CONTR. Bénignité, bonté.
Encyclopédie Universelle. 2012.