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lopin

lopin [ lɔpɛ̃ ] n. m.
• 1314; du rad. de loupe
1Vx Petit morceau, part.
2 Mod. Petit morceau de terrain, petit champ. De petits lopins. Plus cour. LOPIN DE TERRE. « ce lopin de terre qui est, pour chacun d'eux [les Français], la patrie par excellence » (Duhamel).

Lopin petite parcelle de terrain, petit champ.

lopin
n. m. Petit morceau (de terrain). Cultiver un lopin de terre.

⇒LOPIN, subst. masc.
A. — Vieux
1. Morceau de nourriture, principalement de viande. As-tu pu, du moins, en cet habitacle de misère, les empêcher de mourir de faim et prélever sur ta maigre pitance un lopin à leur jeter? (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 285) :
1. Que, dans une cuisine, un chat par fraude aggrippe
Quelque friand lopin de poisson ou de tripe
(...) Le voilà franc coquin et digne du boulet
POMMIER, Colifichets, 1860, p. 93.
Rem. ,,Il est populaire, et ne se dit guère qu'en plaisanterie`` (Ac. 1878).
2. P. ext. Morceau, parcelle. Je ne pense pas que, de votre côté, on insiste pour quelques lopins de montages. L'important est d'avoir une frontière stratégique (MÉRIMÉE, Lettres Panizzi, 1866, p. 227). Manquait ensuite un beau lopin irrégulier de papier blanc (ARNOUX, Roi, 1956, p. 370) :
2. Et quelques paysans des alentours de Paris, ayant trouvé moyen d'avoir quelque lopin de ses entrailles [de Ravaillac] les traînèrent, pour les y brûler, jusque dans leurs villages.
THARAUD, Trag. Ravaillac, 1913, p. 256.
Au fig. L'homme vendu dit au libéral : « Si vous feignez de préférer à votre propre fortune les avantages de tous, c'est que vous n'avez aucune chance d'obtenir un bon lopin du budget » (STENDHAL, Rome, Naples et Flor., t. 1, 1817, p. 251). À la maison, nous trouvons Arène, un Méridional venu à la conquête d'un lopin de célébrité parisienne, un blagueur avec trop d'acent et trop mirlitonnant de petits vers (GONCOURT, Journal, 1877, p. 1202) :
3. De l'autre côté du Rhin, en face de Manheim, on retrouve la Bavière, par une suite des odieuses coupures et des tripotages des traités de Paris, de Vienne et d'Aix-la-Chapelle. Chacun a fait sa part avec des ciseaux, sans égard à la raison, à l'humanité, à la justice, sans s'embarrasser du lopin de population qui tombait dans une gueule royale.
CHATEAUBR., Mém., t. 4, 1848, p. 303.
B. — Usuel
1. Lopin (de terre). Morceau de terre. Cultiver son lopin. Comme il voudrait être déjà revenu de son pays, où il ira chercher ses papiers et vendre son petit lopin de terre (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 99). C'était le Nanne, là-bas, qui brisait les mottes au milieu d'un lopin. Des vaches rouges passaient par les pacages (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 155). Elle a défriché ainsi, lopin par lopin, semaine après semaine, des espaces énormes! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 585) :
4. ... M. et Mme de Bouarjaud habitaient pauvrement un petit château, autour duquel les terres domaniales, vendues lopin à lopin, se réduisaient au parc, clos de murs.
COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 190.
Au fig. On voudrait avoir son petit lopin de bonheur et en être seul propriétaire (HUYSMANS, En mén., 1881, p. 21). Annette vit Sylvie sur son terrain, le lopin qu'elle s'était taillé dans la jungle parisienne (ROLLAND, Âme ench., t. 2, 1925, p. 63) :
5. Malheur à qui n'a pas gardé un lopin où vivre, une parcelle de soi en soi et s'est livré aux hasards qui profitent du moindre barreau pour mettre des ronces. Car si rien ne gouverne il en pousse du dehors et du dedans.
COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p. 148.
2. MÉTALLURGIE
a) ,,Morceau de fer prêt à être forgé`` (JOSSIER 1881).
Lopin cinglé. ,,Morceau de fer forgé, étiré`` (JOSSIER 1881).
b) ,,Morceau de fer obtenu par la réunion de plusieurs autres morceaux soumis au travail de la forge`` (HAVARD t. 3 1889). Sans doute on pouvait sans trop de difficultés retirer du four primitif un lopin de métal permettant de façonner quelques petits objets (J. DÉCHELETTE, Manuel archéol. préhist. celt. et gallo-rom., t. 3, 1914, p. 29).
3. Arg. Postillon, crachat. Ousqu'est la liberté, si on peut pas laisser tomber un lopin en omnibus? (BRUANT 1901, p. 193).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1314 « petit morceau, part de quelque chose » (GERVAIS DU BUS, Fauvel, 1330 ds T.-L.); 2. ca 1430 lopin de terre (doc. ds DU CANGE, s.v. lopadium). Dér. de lope « morceau », qui n'est cependant attesté en ce sens qu'au XVe s. (Passion de Semur d'apr. FEW t. 5, p. 421b), de même orig. que loupe1. Fréq. abs. littér. : 72. Bbg. SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 157; t. 2 1972 [1925], p. 138; t. 3 1972 [1930], pp. 300, 302.

lopin [lɔpɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1314; du rad. de 2. loupe.
1 Vx. Petit morceau, part de quelque chose.
1 « Point de courroux, Messieurs, mon lopin me suffit :
Faites votre profit du reste. »
À ces mots le premier il vous happe un morceau.
La Fontaine, Fables, VIII, 7.
Mod. Techn. Morceau de fer à façonner. || Lopin cinglé, battu au martinet avant l'affinage. || Lopin destiné à façonner le fer à cheval.Lopin de verre. || « Le feeder continuait (…) à fournir des lopins de verre » (F. Meyer et P. Grivet, le Verre, p. 5, Q. S. no 264).
2 (V. 1430). Mod. || Lopin de terre, ou lopin : petit morceau de terrain, petit champ. Parcelle. || Acheter un lopin de terre.
2 Ce qui le frappait surtout dans ce riche paysage, c'était le morcellement extrême de la terre (…) et chaque lopin était séparé des autres par des murs, des haies vives, des clôtures de toute sorte.
R. Rolland, Jean-Christophe, Dans la maison, p. 962.
3 On s'est moqué de l'acharnement avec lequel les Français, ouvriers, petits bourgeois, bêchaient, emblavaient, soignaient ce lopin de terre qui est, pour chacun d'eux, la patrie par excellence.
G. Duhamel, Chronique des saisons amères, p. 223.

Encyclopédie Universelle. 2012.