lecture [ lɛktyr ] n. f.
• 1495; « récit » 1352; lat. médiév. lectura
1 ♦ Action matérielle de lire, de déchiffrer (ce qui est écrit). Lecture d'un texte difficile dans une langue étrangère. Lecture et correction d'épreuves. À la première, à la seconde lecture (⇒ relecture) . Une faute de lecture. Lecture silencieuse, à voix haute. Lecture rapide : technique visuelle permettant d'assimiler très rapidement le contenu d'un texte. — Lecture d'un morceau de musique, d'une partition. ⇒ déchiffrage.
♢ Par ext. Le fait de déchiffrer, lire. La lecture d'une carte, d'un schéma.
2 ♦ Action de lire, de prendre connaissance du contenu (d'un écrit). La lecture d'un livre, d'un roman. La lecture d'un auteur, d'un écrivain. Être absorbé dans la lecture d'un roman. — Absolt « La lecture agrandit l'âme » ( Voltaire). « Ce vice impuni, la lecture », recueil critique de Larbaud. Aimer la lecture. Salle, cabinet de lecture. Livre de bibliothèque en lecture, emprunté pour être lu.
♢ Une lecture : la lecture d'un livre, d'un ouvrage, et par ext. ce livre, cet ouvrage. Lectures enrichissantes. Lectures pour la jeunesse. Mauvaises lectures. Les lectures de qqn, les livres, les ouvrages qu'il a lus, qu'il lit habituellement. « La prodigieuse culture que Victor Hugo avait déjà à vingt ans, l'abondance de ses lectures » (Henriot). — La lecture des manuscrits, dans une maison d'édition. Comité de lecture. — Apporter de la lecture à qqn, de quoi lire.
3 ♦ Interprétation (d'un texte) selon un ou plusieurs parmi les codes qu'il implique. ⇒ herméneutique. Niveaux, grille de lecture. Lecture plurielle. Lecture psychanalytique de la comtesse de Ségur. Faire, proposer une lecture marxiste de Balzac. — Par ext. La lecture d'un événement.
4 ♦ Action de lire à haute voix (à d'autres personnes). Donner lecture d'une proclamation, des résultats. Faire la lecture à un malade.
♢ Spécialt, dr. constit. Action de lire devant une assemblée délibérante un document officiel. Lecture d'un projet de loi.
♢ Absolt Délibération d'une assemblée législative sur un projet, une proposition de loi. Loi adoptée en première, en seconde lecture.
5 ♦ Absolt Le fait de savoir lire, l'art de lire. Donner le goût de la lecture. Apprentissage de la lecture et de l'écriture (⇒ alphabétisation) . Déchiffrage et lecture. Méthodes de lecture (globale, syllabique, synthétique). Premier livre de lecture. Difficultés de lecture. ⇒ alexie, dyslexie.
6 ♦ Liturg. Texte lu avant l'Évangile.
7 ♦ Acoust. Première phase de la reproduction des sons enregistrés. Lecture de sons enregistrés sur disques, sur bandes. Lecture optique de disques audionumériques. Tête de lecture.
8 ♦ Électron. Opération par laquelle une donnée est transférée d'un registre de mémoire vers l'unité de traitement (opposé à écriture). Temps de lecture.
♢ Par ext. Opération globale de transfert du support physique d'un périphérique vers l'unité de traitement. La lecture d'un disque dur. Lecture optique des chèques, des codes-barres.
● lecture nom féminin (latin médiéval lectura) Action de lire, de déchiffrer toute espèce de notation, de prendre connaissance d'un texte : La lecture d'un plan, d'un message en morse, d'un livre. Le fait de savoir lire, déchiffrer et comprendre ce qui est écrit : Enseigner la lecture. Action de lire un texte à haute voix devant d'autres personnes : L'auteur a fait une lecture publique de ses poèmes. Analyse, interprétation que l'on fait d'un texte, ce qu'on en tire, ce que l'on pense qu'il signifie : Ce texte se prête à plusieurs lectures. Le fait de lire, considéré comme une activité : Aimer la lecture. Ce qu'on lit ; livre, magazine, etc. : Avoir de mauvaises lectures. Restitution de signaux enregistrés, sous forme initiale (électrique ou acoustique). Discussion et vote d'un texte par une assemblée politique. ● lecture (citations) nom féminin (latin médiéval lectura) Maurice Blanchot Quain, Saône-et-Loire, 1907 La lecture est un bonheur qui demande plus d'innocence et de liberté que de considération. Le Livre à venir Gallimard René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 C'est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager. Discours de la méthode René Descartes La Haye, aujourd'hui Descartes, Indre-et-Loire, 1596-Stockholm 1650 La lecture de tous bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée, en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées. Discours de la méthode Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 Ce vice impuni, la lecture. Titre d'un ouvrage d'essais Gallimard Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté. Mes pensées Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Je demande à un livre de créer en moi le besoin de ce qu'il m'apporte. Carnet d'un biologiste Stock ● lecture (expressions) nom féminin (latin médiéval lectura) Donner lecture de quelque chose, lire un texte à quelqu'un, à un public. Faire la lecture à quelqu'un, lui lire à haute voix des textes, des livres, des journaux, etc. Lecture à vue, action de lire et d'exécuter simultanément une œuvre musicale. Lecture automatique, reconnaissance automatique de caractères alphanumériques ou de graphismes effectuée par un périphérique d'ordinateur à des fins de mémorisation ou de traitement. Lecture optique, procédé optoélectronique de reconnaissance de caractères. (On l'utilise notamment pour le tri postal, la lecture des chèques bancaires et celle du code à barres.) Mémoire à lecture seule, synonyme de mémoire morte. ● lecture (synonymes) nom féminin (latin médiéval lectura) Action de lire, de déchiffrer toute espèce de notation, de...
Synonymes :
- déchiffrage
Mémoire à lecture seule
Synonymes :
- mémoire morte
lecture
n. f.
rI./r
d1./d Action de lire (des livres, un journal, un document, etc.). Il aime la lecture et la musique. Je l'ai appris par la lecture des journaux.
|| Donner lecture d'un texte, le lire à haute voix devant un auditoire.
d2./d OEuvre, texte qu'on lit; texte, livre qu'on a à lire. Une lecture passionnante. Tenez, voilà de la lecture!
d3./d Fig. Manière de comprendre, d'interpréter un auteur, une oeuvre, une doctrine. Une nouvelle lecture de Proust.
d4./d En droit constitutionnel, chacune des délibérations d'une assemblée législative sur un projet ou une proposition de loi. Texte adopté en deuxième lecture.
rII./r
d1./d TECH Appareil de mesure à lecture directe, qui fournit directement la valeur de la grandeur mesurée (par ex., par affichage numérique).
d2./d ELECTR, INFORM Opération qui consiste à décoder les informations enregistrées sur un support et à les transformer en signaux (pour les transmettre, par ex., vers le système d'exploitation d'un ordinateur).
d3./d AUDIOV Table de lecture: élément d'une chaîne haute fidélité, constitué d'un moteur, d'une platine et d'un bras muni d'une tête de lecture de disques.
|| Tête de lecture: V. tête (sens V, 1).
d4./d Lecture optique: procédé optoélectronique de reconnaissance d'informations graphiques.
— Lecture numérique: procédé optique, mécanique, électrique ou magnétique de reconnaissance d'informations en données binaires.
⇒LECTURE, subst. fém.
A. — [Correspond à lire I A]
1. a) Action de lire, de déchiffrer visuellement des signes graphiques qui traduisent le langage oral. Lecture à haute voix, mentale, silencieuse. Le seul danger est qu'une licence n'en amène une autre et que l'orthographe ne devienne tellement personnelle que la moindre lecture exige un travail de déchiffrement (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 71).
— ENSEIGN. [Matière de l'enseignement élémentaire] Livre de lecture; écriture et lecture. Alors, j'entendis et je vis qu'un exercice de lecture au tableau était déjà en train, dans la classe des grands, éclairée sur la cour et séparée de celle-ci (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 24). Un premier accessit de lecture (GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 206).
SYNT. Apprentissage de la lecture par des méthodes analytiques ou globales, mixtes, gestuelles, synthétiques ou phonétiques.
— PSYCHANAL. Erreur, faute de lecture. Dans les erreurs de lecture, nous nous trouvons en présence d'une situation psychique qui diffère nettement de celle des lapsus de la parole et de l'écriture (FREUD, Introd. psychanal., trad. par S. Jankélévitch, 1923, p. 82).
b) Fait de savoir lire. Jusqu'ici, et depuis la plus haute antiquité, la lecture et l'écriture étaient les seuls modes d'échange comme les seuls procédés de travail et de conservation de l'expression par le langage (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 48).
2. Déchiffrage de toute notation.
— Lecture d'une carte. On me rase avec cette histoire de certificat militaire. On en a reçu le programme. (...) la gymnastique, mouvements, boxe, etc... et la lecture de la carte d'état-major (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 231).
— MUS. Lecture d'un morceau de musique, d'une partition. Reconnaître, à lecture et à audition, la tonalité d'un fragment sans altérations chromatiques dans les modes classiques et le mineur (Enseign. mus., 1, 1950, p. 14).
— En partic.
♦ Lecture labiale, lecture sur les lèvres. ,,Observation faite par une personne sourde des mouvements articulatoires et faciaux qui accompagnent le langage parlé pour arriver à sa compréhension`` (KAMEN. 1972). Synon. labiolecture (s.v. labio-).
♦ Lecture tactile. Lecture pratiquée par les aveugles qui se servent de livres imprimés en relief (Ds GREIMAS-COURTÉS 1979).
♦ Lecture de pensée. Fait de lire la pensée cachée de quelqu'un en observant ses manifestations musculaires involontaires (ds PIÉRON 1973).
B. — 1. a) [Correspond à lire I B] Action de prendre connaissance du contenu d'un texte écrit pour se distraire, s'informer. Lecture favorite; lecture d'un auteur, d'un écrivain, d'un poète; être absorbé, enfoncé, plongé dans la lecture d'un journal, d'un livre; un livre d'une lecture entraînante. La lecture des romans fausse l'imagination des jeunes personnes du sexe en leur créant une nature humaine idéale qui désenchante les relations communes de famille, de société (MAINE DE BIRAN, Journal, 1816, p. 126). Je m'absorbai dans la lecture de l'affiche et j'évitai de me retourner (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 132) :
• 1. Le couple donc, — deux hommes, — a sonné tout à l'heure à ma porte, alors que, confiant dans la trève mondaine du dimanche, j'étais plongé dans la lecture de Bajazet, tragédie turque de M. Racine.
FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 60.
♦ Lecture cursive.
♦ [Sans compl.] La première lecture garde trop de passivité. Le lecteur y est encore un peu un enfant, un enfant que la lecture distrait. Mais tout bon livre à peine achevé doit être immédiatement relu. Après l'esquisse qu'est la première lecture, vient l'œuvre de lecture (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 38).
— BIBLIOTHÉCON. Près d'un milliard d'ouvrages était consacré aux bibliothèques de lecture publique (MASSON, SALVAN, Bibl., 1961, p. 92).
♦ Locutions
Cabinet de lecture. Lieu où moyennant un abonnement, on peut lire ou emprunter des livres. Dumouchel prit, en leur nom, un abonnement à un cabinet de lecture (FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 120).
Salle de lecture. C'est à la bibliothèque de Saint-Pétersbourg, hiver 1905. La grande salle de lecture est silencieuse comme un tombeau (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 103).
Salon de lecture. Salon-bibliothèque.
— ENSEIGN. Lecture rapide. L'expression « lecture rapide » désigne en fait la lecture efficace moderne; cette efficacité porte sur : la vitesse de lecture; la compréhension du texte lu; la mémorisation du texte lu (d'apr. Commun. 1971). La Lisibilité et la Lecture Rapide ne visent nullement à brimer écrivains et lecteurs, mais au contraire à leur permettre de communiquer sans déformation, ni entrave (F. RICHAUDEAU, La Lisibilité, Paris, Denoël, 1969, p. 141).
— RELIG. [Portant sur les textes de l'Écriture, de la Vie des Saints que l'on lit pour soi ou à haute voix en public] Une heure d'oraison, une demi-heure de lecture spirituelle, le chemin de la croix (DUPANLOUP, Journal, 1855, p. 178).
b) Arg. Être en lecture. [En parlant d'une prostituée] ,,Être occupée avec un client`` (ESN. 1966).
2. [Correspond à lire IB2] Action de porter à la connaissance d'une (ou plusieurs) personnes le contenu d'un texte.
a) Action de lire un texte à quelqu'un pour le distraire, l'informer. Donner lecture; faire la lecture à qqn d'une lettre, d'un livre. Hélène ouvrait sa boîte à couleurs, préparait sa toile et se mettait à peindre, tandis que Gérard lui faisait la lecture (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 113). Il arrivait aussi que maman me demandât de poursuivre à haute voix la lecture commencée pour moi seul (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 174).
b) Action de lire un texte à quelqu'un de manière officielle. Lecture d'un arrêt, d'une proclamation. Le jury ayant répondu affirmativement à toutes les questions posées, le président fit lecture de la sentence, qui condamnait Apolline à la peine capitale (BOREL, Champavert, 1833, p. 35) :
• 2. ... les formalités, la lecture du code, les questions posées, la signature des pièces, furent expédiées si rondement, qu'ils se regardèrent, se croyant volés d'une bonne moitié de la cérémonie.
ZOLA, Assommoir, 1877, p. 436.
— En partic., domaine du théâtre. Examen d'une pièce par un comité. C'est notre lecture à la Comédie-Française,... Déjà! C'est pour après-demain (GONCOURT, Journal, 1865, p. 159).
♦ Comité de lecture. Il est plus difficile pour vous d'être reçu par le théâtre que par le public. Le vieux comité de lecture vaincu, tout est dit (HUGO, Corresp., 1862, p. 383).
— DR. CONSTITUTIONNEL. ,,Dans la terminologie parlementaire, discussion d'un projet ou d'une proposition de loi par une assemblée`` (Jur. 1971). Le conseil de la République examine, pour avis, les projets et propositions de loi votés en première lecture par l'Assemblée Nationale (Doc. hist. contemp., Constitution, 1946, p. 185).
3. Ce qui est lu. Avouez franchement, mon cher sénateur, que vous voulez me séduire et m'embarquer dans vos lectures favorites (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 229). À vous deux, vous aviez conçu un projet, inspiré peut-être de vos lectures d'enfant (MAURIAC, Mal Aimés, 1945, p. 151) :
• 3. Et pourtant, avec un peu de recul, on se prend à aimer cela; en songeant que ç'a été la lecture d'une époque naïve, superficielle, élégante et insupportable!
RIVIÈRE, Corresp. [Alain-Fournier], 1907, p. 278.
— Avoir, prendre de la lecture (fam.). ,,Avoir, prendre de quoi lire`` (ROB.).
— Le plus souvent au plur. Bonnes, mauvaises, saines lectures. Il y a de bonnes lectures. Ne pas se croire obligé de tant lire, de tout lire (...). Il y a de mauvaises lectures : peste à éviter (...). Un mauvais livre, un mauvais journal suffisent à perdre une âme, beaucoup d'âmes (MARCEL 1938).
4. Savoir, culture tirée des lectures. Que d'expériences, de faits, de lectures! Quelle érudition, quelle perspicacité (FLAUB., Corresp., 1864, p. 4).
C. — Moderne
1. Manière de comprendre, d'interpréter un texte, un événement. Lecture plurielle. Dans le mal, comme dans le rêve, il n'y a pas de lectures multiples. D'où la simplicité des criminels (S. WEIL, Pesanteur, 1943, p. 27).
2. SÉMIOTIQUE LITTÉR. ,,Mise en œuvre d'un ensemble de procédures d'analyse portant sur un texte donné`` (D.D.L. 1976).
D. — TECHNOLOGIE
1. ACOUSTIQUE
♦ Lecture rapide. ,,Passage à vitesse accélérée d'une bande magnétique enregistrée sans qu'elle cesse d'être compréhensible`` (Radio 1972).
♦ Lecture au son. ,,Déchiffrage d'un texte en code morse par différenciation de signaux audibles`` (Électron. 1963-64).
♦ Lecture d'enregistrement. Reproduction des sons enregistrés sous leur forme originale. Lecture par le pick-up (cf. ROB.; Électron. 1963-64).
♦ Tête de lecture (d'un électrophone). Lecteur terminé par un bras de lecture et par une pointe de lecture, constituée par une aiguille ou un cristal en contact avec le sillon du disque (cf. ROB. Suppl. 1970; ds Lar. Lang. fr.).
♦ Têtes de lecture, d'enregistrement, d'effacement (d'un magnétophone). ,,Circuits magnétiques qui impressionnent ou sont impressionnés par des supports d'enregistrements magnétiques`` (Électron. 1950). Défilant à la bonne vitesse, il ne faut pas pour autant que la bande se balade à son gré devant les têtes de lecture (Que choisir? avr. 1981, n° 161, p. 20).
2. INFORMAT. Acte de lire un support informationnel pour en extraire le contenu afin de le transcrire sur un autre support, de le coder, de le traiter par algorithmes ou programmes, ou de l'éditer en clair. Lecture directe, magnétique, optique (BUREAU 1972). V. magnéto-lecture s.v. magnéto-.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1350 « instruction, enseignement » (GILLES LI MUISIS, Poésies, éd. K. de Lettenhove, I, 106); 2. ca 1380 « texte liturgique » (JEH. DES PREIS, Geste de Liege, 38632 ds GDF.); 3. id. « savoir acquis en lisant » (ID., ibid., 6502 ds GDF.); 4. 1445 « action de lire, à haute voix » (Livre Roisin, éd. Brun- Lavainne, 415), 1561 « action de lire, pour soi » (J. GREVIN, Gelodacrye, éd. L. Pinvert, p. 344); 5. 1676 « ce qu'on lit » (Mme DE SÉVIGNÉ, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. 5, p. 43); 6. 1741 « action de déchiffrer toute espèce de notation (ici la musique) » (M. CORETTE, Méthode de violoncelle, 1); 7. 1789 « chacune des discussions auxquelles est soumise un projet de loi » (Règl. du 29 juillet ds BRUNOT t. 9, 2, p. 778); 8. 1959 « première phase de la reproduction des sons enregistrés » (Électron.). II. 1717 « discours, sermons » (Nouv. de la République des Lettres, p. 295 ds BARB. Infl., pp. 16-17); 1795 « conférence » (DE LA TOCNAYE, Promenade autour de la Grande Bretagne, 194, ibid.) I empr. au lat. médiév. lectura « lecture, études, érudition, commentaire juridique » (XIVe ds NIERM.). II empr. à l'angl. lecture « conférence » (1536 ds NED), de même origine que le français. Fréq. abs. littér. : 5 671. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 250, b) 9 097; XXe s. : a) 7 838, b) 8 342. Bbg. Dossiers de mots... Néol. Marche. 1979, n° 11, p. 43 (s.v. lecture magnétique), p. 44 (s.v. lecture optique). - MAULNIER (Th.). Le Sens des mots. Paris, 1976, pp. 133-134.
lecture [lɛktyʀ] n. f.
ÉTYM. 1352, « récit »; sens mod., 1445; du lat. médiéval lectura.
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1 (1445). Action matérielle de lire (1. Lire), de déchiffrer (ce qui est écrit). || Faire une lecture, faire la lecture d'un texte, (le) lire. || Lecture d'un texte difficile dans une langue étrangère. || Être arrêté dans la lecture par des difficultés (→ Commentateur, cit. 2). || Se fatiguer les yeux par la lecture (⇒ Asthénopie). || Incapacité de reconnaître les formes à la lecture. ⇒ Alexie, cécité (verbale). || À la première, à la seconde lecture. ⇒ Relecture (→ Curieux, cit. 11; feuillet, cit. 2). || Faire une première lecture d'un texte. || Une faute de lecture. || Une lecture fautive. ⇒ Leçon.
♦ Spécialt. || Lecture rapide, méthode destinée à accroître la rapidité et la compréhension (cf. F. Richaudeau, la Lisibilité).
♦ (1741). Spécialt. || Lecture d'un morceau de musique, d'une partition. || Épreuve de lecture à vue. ⇒ Déchiffrer.
2 (1561). Action de lire, de prendre connaissance du contenu d'un écrit « pour son instruction ou pour son plaisir » (Littré). ⇒ 1. Lire. || La lecture d'un prospectus, d'une note de service. || La lecture des journaux (→ Empêcher, cit. 23). || La lecture d'un livre, d'un roman. || Lectures romanesques. || La lecture d'un auteur, d'un écrivain, des Anciens, des philosophes, des poètes, des orateurs (→ Commerce, cit. 15; harmonie, cit. 23). || Plutarque devint sa lecture favorite (cit. 3). || Être enfoncé (cit. 45), absorbé dans la lecture d'un roman. — Une lecture : la lecture d'un livre, d'un ouvrage, et, par ext. (1675, Mme de Sévigné), ce livre, cet ouvrage. || Lecture attachante (cit. 1), exaltante (cit. 1), édifiante, fastidieuse (cit. 3), indigeste (cit. 3). || Se préserver de certaines lectures (→ 2. Confort, cit. 2). || Mauvaises lectures. || D'abondantes (cit. 2) lectures. — Allus. littér. || Après une lecture, titre d'un poème de Musset (Poésies nouvelles). — Les lectures de qqn : les livres, les ouvrages qu'il a lus, qu'il lit habituellement (→ Floraison, cit. 5). || Trouver dans son style l'empreinte (cit. 6) de ses lectures. || Oublier ses lectures (→ Heureux, cit. 18).
1 (…) la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous découvrent que les meilleures de leurs pensées (…)
Descartes, Discours de la méthode, I.
2 Quand une lecture vous élève l'esprit (…)
La Bruyère, les Caractères, I, 31 (→ Élever, cit. 23).
3 Lucile aimait à faire seule, vers le soir, quelque lecture pieuse (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, I, III, 7 (éd. Levaillant).
♦ Absolt. || « La lecture agrandit (cit. 3) l'âme » (Voltaire). || « La lecture, c'est la nourriture… » (→ Adéquat, cit. 2, Hugo). || Ce vice impuni, la lecture, titre d'un essai de Valery Larbaud. — Aimer la lecture. || Goût de la lecture. || La lecture est un délassement. || La lecture le fatigue (→ Image, cit. 20).
4 La lecture apprend aussi, ce me semble, à écrire.
Mme de Sévigné, 1196, 17 juil. 1689.
5 (…) n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté.
Montesquieu, Cahiers, p. 3 (→ Étude, cit. 5).
6 La lecture est le fléau de l'enfance, et presque la seule occupation qu'on lui sait donner.
Rousseau, Émile, II.
7 Bientôt nous sommes captifs de la lecture, enchaînés par la facilité qu'elle nous offre de connaître, d'épouser sans effort quantité de destins extraordinaires, d'éprouver des sensations puissantes par l'esprit, de courir des aventures prodigieuses et sans conséquence, d'agir sans agir, de former enfin des pensées plus belles et plus profondes que les nôtres et qui ne nous coûtent presque rien; — et, en somme, d'ajouter une infinité d'émotions, d'expériences fictives, de remarques qui ne sont pas de nous, à ce que nous sommes et à ce que nous pouvons être (…)
Valéry, Variété IV, p. 149.
8 La lecture est-elle un travail ? Valery Larbaud la nomme un « vice impuni », et Descartes au contraire « une conversation (…) ». Tous deux ont raison.
A. Maurois, Un art de vivre, III, 5 (→ ci-dessus, cit. 1, et aussi Apporter, cit. 13).
8.1 (…) chacun courbe son esprit, tel un œil, pour saisir dans la masse du texte cette intelligibilité-là, dont il a besoin pour connaître, pour jouir, etc. En cela la lecture est un travail : il y a un muscle qui la courbe.
R. Barthes, Roland Barthes, p. 137.
♦ (… de lecture). || Salle de lecture d'une bibliothèque. || Cabinet de lecture. — En lecture. || Ce livre est en lecture, il est emprunté. — ☑ Fam. Prostituée en lecture, en mains.
♦ Par métonymie. (Collectif). || De la lecture : de quoi lire, des livres, des journaux, des revues. || J'ai emporté de la lecture.
♦ Spécialt, par oppos. à représentation (en parlant d'une pièce de théâtre) ou à récitation, déclamation… (→ Équitable, cit. 8). || Discours qui étonne à la lecture (→ Ampleur, cit. 3). || Audition ou lecture (→ Expérience, cit. 16).
9 (…) je ne conseille de lire celle-ci (cette comédie) qu'aux personnes qui ont des yeux pour découvrir dans la lecture tout le jeu du théâtre.
Molière, l'Amour médecin, Au lecteur.
3 Le fait de déchiffrer. || Lecture d'une carte, d'un schéma, d'un plan. — Par ext. || Lecture au son : déchiffrement des signaux acoustiques.
4 Interprétation (d'un texte) selon un ou plusieurs parmi les codes qu'il implique. ⇒ Décodage, herméneutique. || Niveaux de lecture. || Lecture plurielle. || Lecture psychanalytique de la comtesse de Ségur. || Faire, proposer une lecture marxiste de Balzac.
5 Absolt et vieilli. Instruction qui résulte de la lecture. ⇒ Culture. || Avoir de l'esprit et de la lecture.
10 (…) vous étudiez sous un régent qui a lui-même beaucoup de lecture et d'érudition.
Racine, Lettres, 126, 1er oct. 1693.
6 Absolt. Le fait de savoir lire, l'art de lire (⇒ Alphabétisation). || Enseigner la lecture et l'écriture. || Leçon de lecture.
11 Il n'était question d'abord que de m'exercer à la lecture par des livres amusants (…)
Rousseau, les Confessions, I.
♦ Par ext. Enseignement, apprentissage de la lecture. || Méthode de lecture. || Premier livre de lecture.
7 Action de lire qqch. à haute voix (à d'autres personnes). || Donner lecture d'une liste de prix, d'une proclamation, d'un arrêt (→ Exposer, cit. 7). || Lecture des notes, en classe (→ Haleine, cit. 27).
12 — Messieurs, dit Hourdequin, voici une lettre que nous adresse le maître d'école. Lecture en fut donnée.
Zola, la Terre, II, V.
13 J'écoutais un jour un récit dont lecture m'était faite à haute voix.
G. Duhamel, Défense des Lettres, p. 251.
♦ Faire une lecture, la lecture, à qqn (→ Entrecouper, cit. 2). || Sa dame de compagnie lui faisait la lecture. || Une lecture adroite (→ Glisser, cit. 31). — Assister à la lecture d'une pièce de théâtre inédite. || Comité de lecture.
13.1 — Il lit tout lui-même monsieur Gallimard ?
— Plutôt son comité de lecture.
Céline, Entretiens avec le professeur Y, p. 93.
8 (1789). Dr. constit. « Action de lire devant une assemblée délibérante un document officiel » (Capitant). || Lecture d'un projet de loi, d'un rapport, d'un ordre du jour; lecture d'une déclaration ministérielle.
♦ Par ext. || Première, seconde lecture : délibération d'une assemblée législative sur un projet, une proposition de loi. || Loi adoptée en première, en seconde lecture.
14 (…) l'Assemblée nationale (…) statue définitivement et souverainement sur les seuls amendements proposés par le Conseil de la République (…) En cas de rejet (…) de ces amendements, le vote en seconde lecture de la loi a lieu au scrutin public, à la majorité absolue des membres composant l'Assemblée nationale (…)
Constitution du 27 oct. 1946, art. 20.
9 Liturgie. « Tous les textes, les oraisons mises à part, qui sont lus ou chantés par un seul dans la liturgie quotidienne » (Dom J. Roux, in Lesage, Dict. de liturgie romaine). || Lectures de l'office. ⇒ Leçon.
1 (XXe). Première phase de la reproduction de sons enregistrés. || Lecture des sons enregistrés sur disques. ⇒ Lecteur.
♦ Loc. || Tête de lecture : lecteur (II., 1.) supporté par un bras (5., d) de lecture et terminé par une pointe de lecture (aiguille). ⇒ Cellule (de lecture), phonocapteur. — Table de lecture : appareils effectuant la lecture (des disques, des bandes) dans une chaîne de reproduction sonore.
2 Techn. (télév.). || Lecture électrique : analyse de l'image, ligne par ligne. || « Le mécanisme de “lecture électrique” se trouve automatiquement bloqué pendant ce temps mort dit de retour de ligne » (P. Grivet et P. Herreng, la Télévision, p. 21).
3 Inform. Action de prendre en compte les informations écrites sur un support dans un organe de calculatrice électronique, en vue d'un traitement ultérieur (⇒ Lecteur, II., 3.). || Temps de lecture. || Lecture destructive, qui détruit l'information lue. || Lecture en mémoire.
♦ (Par référence au sens A, 1). || Lecture optique : procédé optique de reconnaissance d'informations enregistrées sous forme graphique. Opération qui utilise ce procédé. || « La lecture optique suppose une réflexion approfondie sur la nature des caractères. Si j'exprime ce qui reste implicite dans la définition qu'en donnent les dictionnaires, je dirai qu'un caractère est un signe conventionnel, unicolore, plan, qui représente une information couramment lisible par l'homme. La lecture consiste à reconnaître dans l'ordre les différents caractères d'un message. Lorsqu'une machine s'en charge, on parle de lecture optique » (la Recherche, no 126, oct. 1981, p. 1095).
♦ Lecture de microformes (microfiches, microfilms…). ⇒ Microlecture.
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COMP. Microlecture, photolecture.
Encyclopédie Universelle. 2012.