CORINTHE
CORINTHE
Une des plus anciennes et des plus puissantes cités grecques, située dans une étroite plaine pierreuse, entre l’isthme qui commande l’entrée du Péloponnèse, et la citadelle rocheuse de l’Acrocorinthe.
Plusieurs vagues de population, attirées par son sol riche en sources et en argile de potier, s’y succédèrent depuis le Néolithique (village de Korakou). On y fabriquait, dès l’an \CORINTHE 3000, des armes et des outils de bronze (Bronze I ou Helladique ancien). Le site fut abandonné au \CORINTHE IIe millénaire, et, réoccupé vers l’an \CORINTHE 1000, il fut selon la légende soumis à trois dynasties successives: les Héliades, les Sisyphides, enfin les Héraklides doriens, vassaux du roi d’Argos. La cité acquit son indépendance grâce à la puissance du clan des Bacchiades, qui renversèrent la royauté en \CORINTHE 747 et fondèrent les colonies de Corcyre, de Syracuse, de Potidée. Elle était encore alors une cité agricole et rurale, souffrant du manque de terres (sténochôria ) et sensible aux crises sociales comme les autres cités grecques, ainsi qu’en témoigne l’avènement de la tyrannie des Kypsélides en \CORINTHE 657, ou plutôt seulement vers \CORINTHE 625, comme l’a montré Édouard Will (Korinthiaka , 1954).
Kypsélos, en poursuivant la colonisation, rétablit l’équilibre social de son État, et Corinthe allait devenir le centre commercial du monde grec, servie par les deux ports de Léchaion sur le golfe Saronique et de Kenchréai sur le golfe de Corinthe. On y célébrait les jeux de l’Isthme, que chanta Pindare. Périandre, fils de Kypsélos, fut compté parmi les Sept Sages de la Grèce. Il s’attacha à maintenir l’équilibre des forces entre les cités, en s’appuyant sur l’oracle d’Olympie qu’il comblait d’offrandes.
Vers \CORINTHE 550, une oligarchie modérée conquiert le pouvoir. Elle se tourne vers le commerce et la fabrication de céramique, de pourpre, de tapis, de bronzes d’art. Toutefois le diolkos , chemin de halage à travers l’isthme, est attesté seulement au \CORINTHE Ve siècle. Membre effacé de la ligue Péloponnésienne (seule sa haine d’Argos la rapprochait de Sparte), la cité prend à peine part aux guerres médiques.
Dans la seconde moitié du \CORINTHE Ve siècle, Corinthe décline passagèrement. Elle se heurte, en \CORINTHE 434, à sa colonie de Corcyre (Corfou); ce conflit prélude à la guerre du Péloponnèse, où Corinthe s’oppose à Athènes, qui voulait la chasser du golfe d’Argolide. Mais Corinthe n’avait pas intérêt à ce qu’Athènes fût écrasée, et, en \CORINTHE 395, elle prend la tête des Grecs coalisés contre Sparte (guerre de Corinthe). En \CORINTHE 335, la cité doit se soumettre à Philippe de Macédoine, qui y place une garnison, mais elle retrouve son indépendance et son lustre à l’époque hellénistique grâce à l’action vigoureuse d’Aratos de Sicyone. Elle devient, en \CORINTHE 196, le siège de la ligue Achéenne.
On attribue aux Corinthiens de nombreuses inventions en architecture (couverture de tuiles, décoration), en musique (dithyrambe), comme en art nautique (trirème). La ville comprenait une vaste agora bordée de boutiques, des fontaines monumentales (Pirène, Glaukè, Lerne), et surtout, près de l’oracle souterrain, le temple archaïque d’Apollon, avec péribole de trente-huit colonnes, et les sanctuaires d’Héra et d’Aphrodite armée, que servaient des courtisanes sacrées.
Mais, en \CORINTHE 146, le Romain Mummius ravagea brutalement la ville qui fut restaurée par César en \CORINTHE 44. L’apôtre Paul y prêcha en 51-52, et Néron y proclama la liberté des Grecs. Hadrien le philhellène l’enrichit à nouveau, mais elle fut pillée par les Hérules en 267. Au Moyen Âge, Corinthe n’était plus qu’une modeste bourgade.
● corinthe nom masculin Cépage cultivé, principalement en Grèce, pour ses grains très petits et très sucrés, utilisés secs en confiserie.
Corinthe
port de Grèce, au fond du golfe de Corinthe, sur l'isthme de Corinthe (auj. coupé par un canal), qui relie le Péloponnèse à l'Attique; 22 660 hab.; ch.-l. du nome du m. nom.
— La Corinthe antique (à 6 km de la ville actuelle) fut une cité florissante dès le VIIe s. av. J.-C. Fondatrice de nombr. colonies (Syracuse), centre industr. exportant dans toute la Médit. (VII- VIe s.), elle subit bientôt la concurrence d'Athènes. Elle s'allia à Sparte pendant la guerre du Péloponnèse (431 av. J.-C.), puis lutta contre Sparte aux côtés d'Athènes, Thèbes et Argos (guerre dite de Corinthe, 395-387). Détruite par les Romains (146 av. J.-C.), elle fut relevée par César en 44 av. J.-C., puis ruinée par les Barbares au IIIe s. apr. J.-C.
— Ruines du temple d'Apollon (VIe s. av. J.-C.).
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Corinthe
n. f. (Luxembourg) Raisin de Corinthe.
corinthe [kɔʀɛ̃t] adj. invar.
ÉTYM. 1925, in D. D. L.; de raisin de Corinthe, employé comme nom de couleur (1846, Balzac, la Cousine Bette).
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♦ Vieilli (mode). D'une couleur brune évoquant les raisins de Corinthe secs. — N. m. || Du corinthe.
Encyclopédie Universelle. 2012.