jules [ ʒyl ] n. m.
• 1866; du prénom Jules
1 ♦ Pop. et vx Vase de nuit.
2 ♦ Arg. Vieilli Homme du milieu, souteneur. Un vrai Jules. C'est mon jules. ⇒ homme. — On dit aussi JULOT .
3 ♦ Fam. Amant, amoureux, mari. ⇒ mec. « Quelqu'un de la famille ? demanda-t-il [...] — Son jules, répond Chantal » (Queneau ).
● jules nom masculin (du prénom Jules) Populaire Vase de nuit. Petit ami, amant, mari : Elle vient avec son jules ? Souteneur appartenant au milieu. ● jules (expressions) nom masculin (du prénom Jules) Populaire Se faire appeler jules, se faire réprimander. ● jules (synonymes) nom masculin (du prénom Jules) Populaire Souteneur appartenant au milieu.
Synonymes :
- julot
jules
n. m. Pop. Souteneur.
|| Fam., plaisant Amant, mari.
⇒JULES, subst. masc.
[Parfois avec une majuscule]
A. — Pop. Pot de chambre ou tinette. Synon. thomas (vx). Une sorte d'immense hangar (...) sommairement meublé de lits de camp (...) et d'un « cabinet » dans un coin, où le Jules traditionnel sommeillait, utile et mal odorant (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mes pris., 1893, p. 365). Le long des murs, des matelas en galette s'empilaient près de seaux de toilette, de cruches de grès, de thomas de faïence et de jules de zinc (HUYSMANS, Oblat, t. 2, 1903, p. 206).
— Arg. milit., vieilli. [Sans déterm.] Il y avait bien quelques irréductibles qui parlaient de lui faire vider Jules à son tour... D'autres prenaient alors sa défense et lui formaient une garde du corps (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 163).
B. — 1. Arg. Homme du milieu; en partic. proxénète. Synon. maquereau, marlou (pop.), souteneur. Longtemps considéré soit avec résignation (un fléau aussi vieux que le plus vieux métier du monde), soit avec indulgence (les « jules » ne font-ils pas partie d'un certain folklore?), (...) le proxénétisme serait-il enfin sérieusement menacé en France? (L'Est Républicain, 9 juill. 1980, p. 1).
— P. ext. Homme énergique et courageux. Elle se tenait comme un Jules, cette Irène, et qui mieux est, comme un Jules de la vieille école! (SIMONIN, Cave se rebiffe, 1954, p. 136).
2. Pop. [Gén. précédé d'un poss.] Amant ou mari. Synon. pop. homme, mec, type. C'est mézigue, ton Prince charmant, ton Jules, que tu poirottes depuis cent piges (STOLLÉ, Contes, Belle au bois dormant, 1947, p. 2). C'est comme ça qu'elle est quand elle a un jules, dit Zazie, la famille ça compte plus pour elle (QUENEAU, Zazie, 1959, p. 13).
REM. Julot, subst. masc., arg. (parfois avec une majuscule). Synon. de Jules (au sens B). Mon affaire avait fait beaucoup de bruit dans la truanderie (...). Quatre-vingts pour cent des julots étaient contre moi (TRIGNOL, Pantruche, 1946, p. 34). Sans doute, les scènes de tortures décrites à Grenoble diminueront-elles. Les « julots » parisiens, songeraient, paraît-il, à changer de style (...). Mieux vaudrait agir en gentleman, être un « amant de cœur », ce personnage intermédiaire, librement choisi par la prostituée mais qui vit — n'est-ce pas l'essentiel? — de ses gains à elle (Le Monde, 10 juill. 1980, p. 9). Tombé amoureux d'elle, Nadaud a voulu la sortir du tapin. Mais le julot de service exigeait une amende de cinq briques (LE BRETON, Brigade anti-gangs, Bontemps et les loubards, Paris, Éd. du Masque, 1980, p. 62). Mais envers et contre tout il fermerait sa gueule, encaisserait en Julot, conserverait son nez propre. La rue [...] lui avait enseigné cette règle (LE BRETON, Brigade anti-gangs, Bontemps et les loubards, Paris, Éd. du Masque, 1980p. 227).
Prononc. : []. Étymol. et Hist. 1. 1866 « vase de nuit » (DELVAU); 2. 1947 « mari, amant » (STOLLÉ, Douze récits hist., p. 6 et Contes, loc. cit.); 3. 1953 « proxénète » (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, p. 176). Emplois iron. du prénom Jules.Au sens 3, cf. julot « id. » dès 1910 (ESN.). Fréq. abs. littér. : 14.
jules [ʒyl] n. m.
ÉTYM. 1866, in Delvau; du prénom Jules.
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1 Pop. et vieilli. Vase de nuit. — Tinette. — Syn. (vx) : thomas.
0.1 Le plus étonnant, c'est qu'il ne s'appelait pas Jules. Son véritable prénom était Thomas. Mais ma chère tante ayant entendu dire que les gens de la campagne appelaient Thomas leur pot de chambre, avait décidé de l'appeler (son mari) Jules, ce qui est encore plus usité pour désigner le même objet. L'innocente créature, faute d'avoir fait son service militaire, l'ignorait, et personne n'osa l'en informer, même pas Thomas-Jules, qui l'aimait trop pour la contredire, surtout quand il avait raison !
M. Pagnol, la Gloire de mon père, p. 61.
1 (…) le contexte sonore (en prison) se compose de bruits d'assiettes (…) de couvercles de jules plaqués, de toux (…)
A. Sarrazin, la Cavale, p. 363.
2 (Attesté mil. XXe). Argot puis fam. Homme du milieu, souteneur. ⇒ Alphonse, julot. || Un vrai Jules. || Le pain des jules.
♦ Fam. (Surtout avec un possessif). Compagnon (d'une femme), mari, amant. ⇒ Homme; fam. mec. || C'est son nouveau jules. — REM. Il arrive que le mot, même dans cet emploi lexicalisé, s'écrive avec un J majuscule.
2 Quelqu'un de la famille ? demande-t-il avec sollicitude.
— Son Jules, répond Chantal en désignant la vieille femme du pouce.
R. Queneau, le Dimanche de la vie, p. 106.
3 — C'est comme ça qu'elle est quand elle a un jules, dit Zazie, la famille ça compte plus pour elle.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 12.
4 Cinq minutes au moins elle a sonné avant que son Jules réponde. Il semblait pas en confiance. Il voulait reconnaître la voix, s'assurer qu'elle était seule.
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 26.
Encyclopédie Universelle. 2012.