1. jarre [ ʒar ] n. f.
• v. 1200; a. provenç. jarra, ar. djarra
1 ♦ Grand récipient de forme ovoïde, en grès, en terre cuite, destiné à conserver l'eau, l'huile, etc.
2 ♦ Ce récipient servant de jardinière. Des jarres et des vasques de géraniums-lierres.
⊗ HOM. Jar, jard, jars.
jarre 2. jarre [ ʒar ] n. m. VAR. jars
♦ Surtout plur. Poil droit et raide qui se trouve mêlé au poil fin des fourrures ou à la laine. « les jars, c'est-à-dire les poils brillants qui ne prennent pas la teinture » (Maurois).
● jarre nom féminin (ancien provençal jarra, de l'arabe djarra) Grand vase pansu en terre cuite, à large ouverture, anses et fond plat qui servait autrefois à conserver les aliments. ● jarre (homonymes) nom féminin (ancien provençal jarra, de l'arabe djarra) jar nom masculin jard nom masculin jarre nom masculin jars nom masculin ● jarre ou jars ou jard nom masculin (francique gard, aiguillon) Poil de couverture des mammifères, long et raide, de densité faible, dépassant les poils de bourre ou duvet, mais moins rigide que les épines. (Les crins sont des poils de jarre.) ● jarre ou jars ou jard (homonymes) nom masculin (francique gard, aiguillon) jar nom masculin jard nom masculin jarre nom féminin jars nom masculin
jarre
n. f. Grand vase de terre cuite, de grès, à large ventre et à anses, ou de forme cylindrique, destiné à contenir de l'eau, de l'huile, du riz, des saumures, etc.
|| Jarre funéraire: urne funéraire.
|| (Viêt-nam) Alcool de jarre: V. alcool (sens 2).
————————
jarre
n. m. (Surtout Plur.) Poil long et dur, plus épais que les autres, dans la fourrure des animaux.
I.
⇒JARRE1, subst. fém.
Grand vase, généralement en poterie, à panse et ouverture larges, servant de récipient pour les liquides, les aliments, les grains ou les salaisons, utilisée en particulier sur tout le pourtour de la Méditerranée. Jarre d'argile, de grès, de terre cuite ou vernissée, de porphyre, d'airain, de cuivre; jarres emplies d'eau, d'huile, de lait, de vin, de farine, de dattes, d'olives, de blé. Quelques rares esclaves (...) portaient (...) l'eau puisée au Nil dans des jarres suspendues à un bâton posé sur l'épaule (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 192). Dans les grands plats vermeils ou dans les jarres d'osier, des fruits, des masses de fruits, figues, dattes, pistaches, jujubes, grenades, abricots, énormes grappes de raisin (BENOIT, Atlant., 1919, p. 136) :
• À Valverde, les femmes portent sur la tête des jarres qui sont debout quand elles sont pleines et couchées sur le flanc quand elles sont vides, à même un coussinet rond. Nous retrouverons à Cacérès cette manière d'aller à la fontaine.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 165.
♦ P. compar. ou p. métaph. [En parlant de la forme ou de la couleur du corps de la femme] Quelle belle couleur de jarre rouge, sur tout le corps si peu voilé! (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 28). Il la saisit par ses hanches courbes. Elle est comme une jarre entre ses mains (...). Il tient dans ses mains toute la rondeur de la jarre de chair (GIONO, Regain, 1930, p. 236).
— Spécialement
♦ ARCHÉOL. Jarre (funéraire). Vase servant à conserver les objets ou les restes de morts. Synon. urne. Le couloir (...) me conduit jusqu'aux jarres de terre cuite où sont enfermées les momies d'ibis (DU CAMP, Nil, 1854, p. 77). Il y a un lambeau d'étoffe trouvé dans une jarre funéraire et d'après lequel on a reconstitué cette grande cape des temps crépusculaires (GREEN, Journal, 1938, p. 153).
♦ ÉLECTR. Jarre électrique. Grande bouteille de Leyde à large col faisant office de condensateur. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1718. Homon. jar, jard, jars. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 [ms. fin XIVe s.] jare « grand vase de terre ou de grès » (Assises Jérusalem, éd. A. Beugnot, II, 179 cité par R. ARVEILLER ds Z. rom. Philol. t. 92, p. 105); 1441 jarre (Traité d'Emmanuel Piloti sur le Passage en Terre Sainte, éd. P. H. Dopp, p. 135, ibid.); 1449 (A. LECOY DE LA MARCHE, Extraits des Comptes et Mém. du roi René, n° 714); 2. 1820 électr. « cloche de verre ou de cristal dont on forme des batteries électriques » (LAV.); 1857 jarre électrique (CHESN., s.v. Bouteille de Leyde). Empr. à l'ar. « grand vase de terre »; cf. esp. jarra (XIIIe s.), ital. giarra (XIVe s.). Le texte de ca 1200 atteste l'emploi de jare comme terme usuel du fr. parlé dans le royaume franc de Jérusalem. Le mot est ensuite parvenu en France par un intermédiaire ital. (1441) et un intermédiaire prov. (1449). Voir R. ARVEILLER, op. cit., pp. 104-105. Fréq. abs. littér. : 128.
II.
⇒JARRE2, subst. masc.
Poil rigide et grossier de la toison laineuse ou du pelage des animaux. C'est par mutation que naquirent (...) toutes les formes plus ou moins baroques que recherchent les amateurs : (...) poules à plumage de soie, chiens sans poil, lapins sans jarre, chats angoras, etc. (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 171).
Prononc. et Orth. : []. Homon. jar, jard. LITTRÉ : jars (var.). Étymol. et Hist. 1260 gart « poil dur qui se trouve accidentellement dans une toison et qui la déprécie » (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, 124 ds T.-L.); 1680 jarre (RICH.); 1862 jars (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Ac. des sciences, t. 55, p. 238, cf. LITTRÉ, s.v. jarre2); 1900 jard (DG). De l'a. b. frq. gard « épine », cf. le m. néerl. gaert « id.; baguette pointue », a. h. all., m. h. all. gart « aiguillon », m. b. all. gart « aiguillon, dard ». Les représentants fr. de gard subsistent dans les pat. du Centre et de l'Est, où ils désignent des objets pointus ou d'aspect hérissé, tels le dard d'une guêpe, les écailles de poisson, le duvet, ou le poil dur qui se trouve dans une toison (supra). V. aussi jarde (s. v. jardinage2), jardinage2, jardineux et jars1.
DÉR. Jarré, -ée, jarreux, -euse, adj. Qui contient du jarre. Feutre jarré, jarreux. Laine jarreuse (DG). Les tailleurs (...) faits de flanelles jarrées, d'alpaga (Le Figaro, 9-10 févr. 1952, p. 7, col. 2). — []; [], fém. [-ø:z]. — 1res attest. a) 1260 filé gardeux, laine jardeuse (ÉTIENNE BOILEAU, Métiers, 124 ds T.-L.), 1779 jarreux (J.-J. SCHMIDLIN, Catholicon : poil jarreux, laine jarreuse), b) 1410 laine jartée (Stat. des drap., Arch. mun. Chauny ds GDF.), 1752 laine jarrée (Trév.); de gart, jarre2, a suff. -eux, b suff. -é.
BBG. — BUGGE (S.). Etymol. rom. Romania. 1875, t. 4, p. 362.
1. jarre [ʒaʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1200, jare, cité par Arveiller (mot du franç. parlé dans le royaume de Jérusalem); 1441; anc. provençal jarra, arabe djǎrrǎh.
➪ tableau Mots français d'origine arabe.
❖
1 Grand récipient de forme ovoïde, en grès, terre cuite, et destiné à conserver l'eau, l'huile, etc. || Jarre provençale, en terre vernissée (→ 1. Brick, cit. 1). || Jarres de grès. || Jarres ornant une allée, un jardin. || Jarre antique.
1 C'étaient (ces baignoires) d'énormes jarres d'argile comme celles où l'on conserve l'huile; ces baignoires d'un nouveau genre étaient enterrées jusqu'aux deux tiers à peu près de leur hauteur.
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 183.
2 J'ai vu jadis, à Cnossos, les grandes jarres où les rois de la Crète primitive conservaient les fruits et le froment.
G. Duhamel, Refuges de la lecture, I, p. 45.
2.1 Il y avait, à l'ombre de la véranda, des jarres poreuses où l'eau de la source gardait, avec sa fraîcheur, une saveur encore souterraine.
Henri Fauconnier, Malaisie, p. 96.
➪ tableau Noms de récipients.
♦ Par métaphore (⇒ Amphore).
3 Elle vient contre lui. Il la saisit par ses hanches courbes. Elle est comme une jarre entre ses mains (…) Il tient dans ses mains toute la rondeur de la jarre de chair.
J. Giono, Regain, II, V.
♦ Jarre funéraire. ⇒ Urne.
2 (1820). || Jarre électrique : grande bouteille de Leyde.
❖
HOM. Jar, 1. jard, 2. jarre, 1. jars.
————————
2. jarre [ʒaʀ] n. m.
ÉTYM. 1680; gart, 1260; var. jar, jars, d'un francique gard « baguette, aiguillon ».
❖
♦ (Surtout au plur.). Poil droit et raide qui se trouve mêlé au poil fin de certaines fourrures et à la laine dans la toison des ovidés. || Le poil d'hiver (bourre) des animaux à fourrure pousse sous le jarre. || Toison jarrée, jarreuse, contenant du jarre. || Enlever le jarre, les jarres. ⇒ Éjarrer. || La bourre et les jarres constituent le pelage.
0 Le père Ursin m'apprit à enlever les jars, c'est-à-dire les poils brillants qui ne prennent pas la teinture et gâtent les pièces finies.
A. Maurois, Mémoires, I, VI.
REM. L'orthographe jard, conforme à l'étymologie, n'est guère usitée. Les spécialistes écrivent jarre (→ Fourrure, cit. 7) ou, plus rarement, jars (cf. Beaudoin, in Littré).
❖
DÉR. 1. Jarreux.
COMP. Éjarrer.
HOM. Jar, 1. jarre, jard, 1. jars.
Encyclopédie Universelle. 2012.