isolé, ée [ izɔle ] adj. et n.
• 1575 archit.; it. isolato « séparé comme une île (isola) »
1 ♦ Séparé des choses de même nature. Un édifice isolé. — Quelques applaudissements isolés (⇒ rare) .
♢ Qui est éloigné de toute habitation. ⇒ 2. écarté, perdu, reculé, retiré. Endroit isolé. « Une pauvre maison isolée, la seule que l'on rencontre dans un espace de huit lieues » (Gautier).
2 ♦ (2e moitié XVIIe) Qui est séparé des autres hommes. ⇒ seul, solitaire. Vivre trop isolé. Se sentir isolé. ⇒ esseulé. Isolé du reste du monde. « L'homme isolé est un homme vaincu » (Alain). Un tireur isolé. — N. « Couples et bandes et, plus rares, des isolés, passaient et repassaient » (Queneau).
♢ Admin. Parent isolé : père ou mère qui vit et élève seul(e) son ou ses enfants cf. Famille monoparentale. Allocation de parent isolé (API).
3 ♦ Fig. Détaché d'un contexte, sans rapport avec un contexte. Phrase isolée de son contexte.
♢ Dont on ne connaît pas d'autre exemple. Fait isolé. ⇒ particulier. Cas isolé. ⇒ unique.
4 ♦ Électron. Corps isolé, qui n'est pas en contact avec un conducteur.
⊗ CONTR. 1. Joint; fréquenté. Commun.
● isolé nom masculin Militaire momentanément sans affectation. ● isolé, isolée nom Personne qui agit seule, qui n'appartient pas à un groupe : Cet attentat est l'œuvre de quelques isolés. Personne qui vit seule, souvent délaissée par sa famille, la société. ● isolé, isolée (citations) nom Bible En cas de chute l'un relève l'autre ; mais tant pis pour l'isolé qui tombe, sans personne pour le relever ! Ancien Testament, Ecclésiaste IV, 10 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ».
isolé,ée
adj. (et n.)
d1./d Séparé des choses de même nature. Un grand arbre isolé.
d2./d Qui n'est pas en contact avec un corps conducteur d'électricité.
|| Vers quoi ou à partir de quoi la chaleur, le froid ou le son se propage mal. Une pièce bien isolée.
d3./d Situé à l'écart des lieux fréquentés, habités. Maison isolée. Lieu isolé.
|| (Personnes) Sans vie de société. Les vieillards se sentent souvent isolés.Syn. seul.
— Subst. Vivre en isolé.
d4./d Fig. Qui ne fait pas partie d'un phénomène général ou collectif. Fait, cas isolé.Syn. unique.
⇒ISOLÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. — Part. passé de isoler.
II. — Adjectif
A. — [Correspond à isoler I A, II A]
1. [En parlant d'un lieu]
a) Qui est à l'écart. Bâtiment, château, pavillon isolé; ferme isolée. Pendant que cette joyeuse compagnie se livrait ainsi aux jeux et aux ris, un personnage étranger, assis au fond de la salle à une table isolée, observait le spectacle animé qui se passait devant lui (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p. 123). La desserte postale, télégraphique et téléphonique de certains lieux isolés impose des frais hors de proportion avec les recettes qu'on en peut attendre (Admin. P. et T., 1964, p. 12) :
• 1. Elle resta (...) toute seule dans cette maison isolée si loin du village, sur la lisière du bois. Elle n'avait pas peur, (...) une rude vieille, haute et maigre, qui ne riait pas souvent et avec qui on ne plaisantait point.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Mère sauvage, 1884, p. 233.
— [Avec compl. prép.] Ma pensée se portait de préférence sur quelque église un peu isolée du monde, où la foi de mon troupeau serait encore naïve (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 125).
— En partic. Île isolée. Île éloignée d'une côte :
• 2. ... sur cette île isolée, exposée à toutes les intempéries du large, en plein Océan Pacifique, les mauvais temps devaient être fréquents, et probablement terribles.
VERNE, Île myst., 1874, p. 142.
b) Qui n'est pas fréquenté. Bois, itinéraire, quartier, secteur, site isolé; contrée, route, vallée isolée. Je suis allé à Vouthon, le pays d'Isabelle Romée, la mère de Jeanne d'Arc. (...) Vouthon, maigres forêts, grands pays isolés et simples de ligne (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907, p. 122) :
• 3. ... même (...) quand la foule abonde sous les arbres reverdis de ce parc, (...) la rue Linné demeure calme (...). S'il se produit dans ce coin isolé de Paris une affluence inusitée, c'est que les portes de l'hospice de la Pitié s'ouvrent aux visiteurs des malades.
BOURGET, Disciple, 1889, p. 12.
2. [En parlant d'un être vivant]
a) Qui se trouve, qui vit à l'écart du groupe. Passant, voyageur isolé. Des pelotons de cavalerie (...) venaient pendant la nuit opérer des coups de main autour du camp français et massacrer les soldats-isolés (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 354). Un individu isolé survit difficilement (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 696) :
• 4. L'approche du cerf d'Europe comme du cerf Sika ne peut vraiment être pratiquée avec chances de succès qu'au moment du rut. À toute autre époque, les mâles isolés ou en bande se laissent rarement surprendre...
VIDRON, Chasse, 1945, p. 87.
— Emploi subst. Les quelques isolés qui s'engageaient dans l'action finissaient par épouser les idées des hommes en place et s'orientaient de la même manière qu'eux (DEBATISSE, Rév. silenc., 1963, p. 141). V. agréger ex. 31 et aimant2 ex. 14.
♦ ARM. Soldat qui n'appartient pas à un corps ou qui se trouve momentanément hors de celui-ci. Dépôt, centre d'accueil des isolés :
• 5. Je prenais (...) pour toutes les troupes, des mesures visant à régulariser les mouvements des colonnes de trains et des convois, comme aussi à ressaisir et à réunir les isolés par tous les moyens possibles.
FOCH, Mém., t. 1, 1929, p. 86.
b) En partic. [En parlant d'un être hum.]
) Qui est sans famille, sans ami. Vivre isolé. Orphelins tous deux (...) isolés tous deux (...) perdus au milieu du monde (DUMAS père, Fille du régent, 1846, II, 13, p. 204). Yves se sentit isolé, méconnu, abandonné et, au milieu de la pâtisserie devant Saint-Philippe-Du-Roule, fut près de pleurer dans sa tasse (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 113) :
• 6. Pendant la récréation, Fondant restait isolé, immobile contre le mur ou contre le marronnier. Les autres gamins, quoi qu'ils fussent pour la plupart des enfants battus eux-mêmes, le délaissaient, sans affectation, par instinct simplement : il sentait trop les coups.
FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 262.
— Emploi subst. Elle m'aima! moi! (...) pauvre bouffon, pauvre isolé (DUMAS père, Lorenzino, 1842, II, 4, p. 245) :
• 7. Je songeais à tout cela en regardant allumer le gaz, sentant ma détresse d'isolé accrue par la tombée des ombres. Que vais-je faire après dîner? J'étais seul, tout seul, perdu lamentablement.
MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Ami Patience, 1883, p. 1240.
) Qui n'est pas intégré à la société; que ses choix, ses activités singularisent. Penseur, chercheur isolé. Cf. fondamental B 1 c :
• 8. L'homme qui vit de sa foi est nécessairement isolé. À toute heure du jour, il est en profond désaccord avec son siècle; à toute heure du jour, il est seul et d'une certaine manière il fait figure de fou.
GREEN, Journal, 1950, p. 106.
— Emploi subst. En dehors de cette série de peintres on trouve quelques isolés difficiles à classer : Lebasque, Laprade... (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 195).
c) [P. méton.]
) [En parlant d'une activité, d'un laps de temps] Que l'on fait, que l'on passe seul. Existence isolée. Au long d'une jeunesse isolée, calme, où il ne se passe rien, le jeune homme s'est habitué à se regarder vivre (MAURIAC, Enf. chargé de chaînes, 1913, p. 123) :
• 9. ... il m'est impossible de déployer toutes mes facultés (mes curiosités, mes activités, mes vénérations) dans le travail isolé de ma bibliothèque.
BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 36.
) [En parlant d'un sentiment, d'une sensation] Qui concerne une seule personne. Hallucination isolée :
• 10. ... il n'est plus une seule souffrance isolée, une seule torture en ce monde qui ne se répercute dans notre vie de tous les jours.
CAMUS, Actuelles I, 1944-48, p. 160.
3. [En parlant d'une chose]
a) Qui est sans rapport avec son entourage. Une langue n'est pas une simple collection de mots isolés; c'est le système des rapports de toute espèce des mots entre eux (COUSIN, Hist. philos. XVIIIe s., t. 2, 1829, p. 304). L'histoire n'est pas une vaine série de faits isolés, mais une tendance spontanée vers un but idéal (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 172). Devant cet ensemble de signes isolés ou intriqués, il importe de penser à la possibilité d'un début de méningite tuberculeuse de l'adulte jeune (QUILLET Méd. 1965, p. 361) :
• 11. ... mon caractère adhère à moi (il n'est pas une fiche anthropométrique qui peut circuler de main en main), il est une totalité concrète (et non une combinatoire de traits isolés et abstraits), il est cet individu que je suis.
RICŒUR, Philos. volonté, 1949, p. 345.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce contemplateur [V. Hugo] nous enseigne qu'il n'y a pas que le clair, le certain, le fixe, l'isolé : il nous restitue le mystère, le changement, la solidarité de tout être et de toutes choses (BARRÈS, Déracinés, 1897, p. 506).
— Spécialement
) ARCHIT. Qui se détache d'un ensemble, qui n'est pas attenant aux autres éléments de l'ensemble. Colonne, statue isolée. Les monastères du mont Athos possèdent des clochers de construction postérieure à la plupart de leurs autres édifices; aucun d'eux n'est joint aux églises : ce ne sont donc que des campaniles isolés (LENOIR, Archit. monast., 1852, p. 315).
) ÉLECTR. Qui est recouvert d'un matériau isolant; qui est muni d'un isolateur :
• 12. Pour ces deux dernières armes [le sabre et l'épée], le linoléum ou le liège traditionnel [de la piste] est recouvert de tissu métallisé isolé et mis à la masse, afin d'éliminer les touches positives à terre.
Jeux et sports, 1967, p. 1433.
) THERMODYNAMIQUE. Système isolé. Système dont les interactions avec tous les autres systèmes qui lui sont extérieurs sont négligeables (d'apr. Encyclop. internat des sc. et des techn., Paris, Presses de la Cité, t. 5, 1971, p. 160). C'est donc le principe corrigé : dans un système isolé, l'énergie se conserve mais se dégrade, que s'est édifiée la thermodynamique (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 109).
♦ P. métaph. :
• 13. ... la possibilité de ma mort signifie que je ne suis biologiquement qu'un système relativement clos, relativement isolé, elle marque seulement l'appartenance de mon corps à la totalité des existants.
SARTRE, Être et Néant, 1943, p. 619.
b) Qui est seul de son espèce. Au milieu s'élevait un arbuste isolé d'aubépine rose (LAMART., Nouv. Confid., 1851, p. 24). « Vive le Roi! » proférèrent quelques voix isolées parmi l'attention muette (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 168). On entend toujours le son de toile déchirée des mitrailleuses, et, de temps à autre, des rafales isolées de coups de fusil (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 90) :
• 14. Quand tout un pays mobilise, quand l'immense majorité (...) accepte l'obligation de la défense nationale, quoi de plus vain, de plus voué à l'échec, qu'un acte isolé d'insubordination?
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 537.
SYNT. Applaudissement, bruit, pas isolé; accident, cas, comportement, effort, événement, exemple, indice, témoignage isolé; détonation, note isolée; démarche, impression, observation, opinion, présence, réaction, remarque, rencontre, tentative isolée.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre :
• 15. Attendre le fait, c'est par définition, attendre l'isolé, c'est préférer par positivisme, l'accident à l'essentiel, le contingent au nécessaire, le désordre à l'ordre...
SARTRE, Esq. théorie émot., 1939, p. 5.
B. — [Correspond à isoler I B] Qui est extrait de l'organisme. Les cellules isolées ont le singulier pouvoir de reproduire, sans direction ni but, les édifices qui caractérisent les organes (CARREL, L'Homme, 1935, p. 125). Un cœur isolé de grenouille peut battre pendant trente-trois jours, pourvu qu'il soit placé en chambre humide et baigné de liquide physiologique ou de plasma sanguin (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 61).
C. — [Correspond à isoler I C] Qui est envisagé dans l'absolu, indépendamment du contexte. Socrate explique que la physiologie d'un homme isolé est trop difficile et que l'analyse est plus facile sur cet homme agrandi qu'est une cité (CLAUDEL, Corresp. [Avec Gide], 1899-1926, p. 133) :
• 16. Une fois connue la disposition des atomes dans le cristal d'une part et, d'autre part, la constitution de l'atome isolé avec son noyau et son cortège d'électrons, les théoriciens ont voulu prévoir les modifications de cette structure électronique des atomes, dues à leur rapprochement régulier dans le cristal.
Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 191.
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1575 « façonné comme une île » (G. PARADIN, Continuation de l'histoire de nostre temps, Paris, G. de la Nouë,110, v° ds Fonds BARBIER), cf. 1636 (MONET :Isolé, façonné an Ile; lieu isolé) cf. infra étymol.; 1676 une colonne Isolée, une maison Isolée (FÉLIBIEN, p. 627); b) 1759 « écarté, solitaire » (VOLTAIRE, Candide, chap. 7, p. 43 : ils arrivent à une maison isolée); 2. 1694 « solitaire, sans liens » cœurs isolés (BOURSAULT, Mots à la mode, sc. 8 ds BRUNOT t. 4, p. 533); 1696 (LA BRUYÈRE, Caractères, X, 18, ibid. : il [le favori] est détaché de tout et comme isolé); 3. a) 1758 « séparé de son contexte » passage isolé (ROUSSEAU, Lettre à d'Alembert, Préface, p. 3); 1794 (faits) isolés « séparés de leur environnement, établis séparément (pour mieux les analyser) » (CONDORCET, Esq. tabl. hist., p. 233); b) 1831 (fait) isolé « rare ou unique » (LAMENNAIS ds L'Avenir, p. 316). Empr. à l'ital. isolato « construit en îlot, séparé » formé comme part. passé du verbe isolare (dér. de isola « île ») « rendre comme une île, séparer » attesté dep. le XVIe s. (BATT.) et se rattachant au sens de « maison indépendante » ou « îlot de maisons » (cf. MONET 1636, s.v. Isle : Ile, une ou plusieurs maisons, ne tenans an rien aus maisons voisines, mais aians leur passage libre, tout autour) du lat. class. insula. Fréq. abs. littér. : 2 685. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 310, b) 2 961; XXe s. : a) 3 788, b) 3 875. Bbg. Archit. 1972, p. 24. - HOPE 1971, p. 290. - QUEM. DDL t. 9.
isolé, ée [izɔle] adj. et n.
ÉTYM. 1575, archit. « formant un édifice ou un groupe d'édifices indépendant »; répandu v. 1676; ital. isolato, p. p. de isolare « construire en îlot, séparer », de isola « maison indépendante, îlot de maisons », aussi « île », du lat. insula, mêmes sens (→ Île, insulaire).
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1 Séparé des choses de même nature. || Édifice, monument isolé. || Campanile, baptistère (cit.) isolé, séparé de l'église dont il dépend. || Colonne, statue isolée, séparée de l'édifice qu'elle orne, du fond (→ Bosse, cit. 9). || Arbre isolé (→ Accoster, cit. 4). || Écriture (cit. 10) à lettres isolées. ⇒ Séparé. || Subdivision de la matière en corps isolés (→ Individu, cit. 6).
1 Mais ce n'était qu'un très vulgaire coquelicot semblable à tous les coquelicots de France. Isolé dans cette prairie, il paraissait merveilleux (…)
Gide, Ainsi soit-il, p. 88.
♦ (1867). Électr. || Corps isolé, qui n'est pas en contact avec un conducteur.
♦ (En parlant d'un bruit). || Applaudissements, cris isolés, distincts, perçus séparément.
2 D'abord un ou deux croassements isolés comme en signal, et puis cent, et puis mille, un concert affreux (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), III, III.
♦ (1759). Qui est éloigné de toute habitation. ⇒ Écarté, perdu, reculé, retiré. || Endroit, lieu isolé (→ Attirer, cit. 3; fantastique, cit. 8). || Grève isolée et vide (→ Aigre, cit. 7). || Vivre seul dans une maison isolée (→ 1. Garde, cit. 13). || Ferme isolée (→ Gîter, cit. 4).
3 À moitié route, au bout d'une montée assez rude, l'on trouve une pauvre maison isolée, la seule que l'on rencontre dans un espace de huit lieues (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 90.
♦ Géogr. (vieilli). || Îles (cit. 4) isolées, par oppos. à celles qui sont voisines de la côte. || Oasis isolée en plein désert.
♦ Par métaphore :
4 Mais Rubens n'est point un génie isolé, et le nombre comme la ressemblance des talents qui l'entourent montre que la floraison dont il est la plus belle pousse est le produit de sa nation et de son temps.
Taine, Philosophie de l'art, t. II, p. 50.
2 (1694). Personnes. Qui est séparé des autres hommes. ⇒ Seul, solitaire. || Vieillard taciturne qui vit isolé. ⇒ Ermite, hibou (fig.). || L'homme isolé et la horde (cit. 3), la foule. ⇒ Individu. || Personnage isolé et puissant (→ Finance, cit. 2). || Vivre isolé (→ Camaraderie, cit. 5; éducation, cit. 17). || Il vit complètement isolé, à l'écart, comme un reclus. → Rester dans son coin, dans sa tanière, sa tour d'ivoire; vivre seul, ne voir personne. — Spécialt. ⇒ Délaissé, esseulé. || Se sentir isolé (→ Écho, cit. 20). — (Avec un compl.). || Isolé du reste du monde (→ Annihiler, cit. 3); isolé de tout (→ Chalumeau, cit. 2).
5 Le favori n'a point de suite; il est sans engagement et sans liaisons; il peut être entouré de parents et de créatures, mais il n'y tient pas; il est détaché de tout, et comme isolé.
La Bruyère, les Caractères, X, 18.
6 Isolés ! Ah, Messieurs, le joli mot ! il charme (…)
De ces cœurs isolés qui ne tiennent à rien !
Quand de l'architecture on saurait la manœuvre,
On aurait de la peine à mieux le mettre en œuvre.
7 On ne vient à bout de rien à Paris quand on y vit isolé.
Rousseau, les Confessions, VII.
8 Toujours vivre isolé sur la terre me paraissait un destin bien triste, surtout dans l'adversité.
Rousseau, les Confessions, XII.
9 À présent dans ma pénible solitude, isolée de tout ce qui m'est cher, tête à tête avec mon infortune (…)
Laclos, les Liaisons dangereuses, CVIII.
10 J'écrivis cette première méditation (L'isolement) un soir du mois de septembre 1819, au coucher du soleil, sur la montagne qui domine la maison de mon père, à Milly. J'étais isolé depuis plusieurs mois dans cette solitude.
Lamartine, Premières méditations, I, Commentaire.
11 L'homme isolé est un homme vaincu; pour avoir voulu être tout à fait libre, il est tout à fait esclave.
Alain, Propos, p. 184.
12 Les écrivains sédentaires qui recuisent dans leurs passions sont pessimistes parce qu'ils sont isolés.
A. Maurois, Études littéraires, Saint-Exupéry, III.
♦ N. (XXe). || Un isolé : une personne qui se tient à l'écart des autres, ou qui n'appartient à aucun groupe, habituellement.
12.1 Couples et bandes, et plus rares, des isolés, passaient et repassaient, toujours en état de dissémination, point encore agglomérés en foules, modérément rieurs.
R. Queneau, Pierrot mon ami, p. 8 (1947).
♦ (1835). Milit. || Soldat, homme isolé, qui n'appartient à aucun corps. — N. m. (1893). || Dépôt, centre d'accueil des isolés.
♦ Admin. || Parent isolé : père ou mère qui élève seul(e) son enfant, ses enfants (→ Famille monoparentale). || Mère divorcée avec deux enfants qui touche l'allocation de parent isolé (API).
3 (1758). Fig. Détaché d'un contexte, sans rapport avec un contexte. || Phrase isolée. ⇒ Détaché. || Ces propositions isolées ont un sens tout différent de celui qu'elles ont dans le contexte (Littré). || Images isolées (→ Cadre, cit. 9).
♦ (1794). Séparé de son contexte, de son environnement, en vue d'une analyse (→ Isoler, 3.). || Comparaison de phénomènes sociaux isolés.
♦ (1831). Dont on ne connaît pas d'autre exemple. ⇒ Particulier, rare. || Fait, événement isolé (→ Expérience, cit. 46; humanité, cit. 11). || Protestation, réclamation isolée (⇒ Individuel). || Cas isolé. ⇒ Unique.
13 Jusqu'ici, lorsqu'on avait voulu déprécier un ouvrage quelconque… on avait fait des citations fausses ou perfidement isolées; on avait tronqué des phrases et mutilé des vers (…)
Th. Gautier, Préface de Mlle de Maupin, p. 43 (éd. critique Matoré).
14 (…) je prouve que les phénomènes de fermentation sont tous des actes corrélatifs au développement de globules et de végétaux mycodermiques dont je donne un moyen de préparation et d'étude à l'état isolé et sans mélange.
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DÉR. Isolément, isoler. — V. Isolisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.