irruption [ irypsjɔ̃ ] n. f.
• 1495; lat. irruptio
1 ♦ Invasion soudaine et violente (d'éléments hostiles, dans un pays). ⇒ attaque, envahissement, incursion. L'irruption des Barbares dans l'Empire romain.
2 ♦ Entrée de force et en masse, ou de façon inattendue (dans un lieu). Irruption de manifestants dans la salle. FAIRE IRRUPTION. « Un nouveau flot d'hommes fait irruption, dégorge [...] par la tribune publique et submerge l'assemblée » (France). — Fig. « La littérature nouvelle fit irruption avec fracas » (Chateaubriand).
♢ (Choses) Envahissement inattendu. Irruption des eaux. ⇒ débordement, inondation.
● irruption nom féminin (latin irruptio, -onis, de irrumpere, se précipiter sur) Entrée soudaine et violente dans un lieu d'un grand nombre de personnes : L'irruption de la foule sur le stade. Débordement brusque et violent de la mer ou d'un fleuve : L'irruption des eaux dans les bas quartiers. Action de surgir soudainement dans un domaine d'activité : L'irruption de la sémantique dans la philosophie. ● irruption (difficultés) nom féminin (latin irruptio, -onis, de irrumpere, se précipiter sur) Sens Ne pas confondre ces deux mots de prononciation voisine. 1. Éruption = apparition subite de boutons, de rougeurs sur la peau ; émission de matériaux volcaniques par une fissure de l'écorce terrestre. 2. Irruption = entrée soudaine et plus ou moins brutale d'une ou plusieurs personnes dans un lieu. L'irruption des policiers a interrompu les paris clandestins. Remarque On reconnaît dans chacun de ces deux mots les préfixes de sens opposés é- (du latin ex, hors de) et ir- (du latin in, dans). Le radical rupt- est issu du latin rumpere, rompre ; on le retrouve dans rupture. ● irruption (expressions) nom féminin (latin irruptio, -onis, de irrumpere, se précipiter sur) Faire irruption quelque part, y entrer soudainement et avec violence : La police fit irruption dans la salle. ● irruption (synonymes) nom féminin (latin irruptio, -onis, de irrumpere, se précipiter sur) Entrée soudaine et violente dans un lieu d'un grand nombre...
Synonymes :
- invasion
- raid
- razzia
Débordement brusque et violent de la mer ou d'un fleuve
Synonymes :
Action de surgir soudainement dans un domaine d'activité
Synonymes :
irruption
n. f.
d1./d Invasion soudaine d'ennemis dans un pays, dans une place.
d2./d Entrée brusque et inattendue. Faire irruption chez qqn.
d3./d Par ext. Envahissement. Irruption des eaux d'un fleuve en crue.
⇒IRRUPTION, subst. fém.
A. — [S'applique à des êtres animés]
1. Entrée soudaine et violente d'éléments hostiles dans une ville, un pays, sur un territoire. La civilisation s'affaisse et disparaît momentanément sous d'effrayantes irruptions de barbares, venant les unes du dehors, les autres du dedans (HUGO, Rhin, 1842, p. 483) :
• 1. Pour la Grèce, l'introduction de l'influence macédonienne; pour Rome, l'aggrégation successive des peuples conquis; enfin, pour tout l'empire romain, l'irruption des hordes du nord, furent des événements de ce genre.
CONSTANT, Esprit conquête, 1813, p. 200.
2. Entrée en masse dans un lieu d'un nombre important de personnes ou d'animaux. Dans la maison, autrefois si joyeuse, ce fut l'irruption des gens du village (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 274). Les gens du premier service et qui sont à table n'aiment pas cette irruption des gens du second service (BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1923, p. 209) :
• 2. Nous avons failli n'avoir point de déjeuner; une irruption de rats qui avaient débouché de plusieurs points dans la cuisine durant la nuit, avait tout enlevé.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 839.
— Faire irruption dans. Faire une entrée brusque d'une personne dans un lieu. La porte s'ouvrit, et Melchior fit irruption (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 44) :
• 3. Nous étions à table, un matin, causant et déjeunant en famille, quand un homme fit irruption dans la salle à manger avec un éclat et un bruit extraordinaires...
REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 249.
♦ Au fig. Faire une entrée subite d'une personne dans un moment de la vie d'une autre personne. Deux jeunes femmes ne font pas ainsi irruption dans la vie d'un jeune homme sans la troubler (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 35).
B. — [S'applique à des choses]
1. [concr.] Envahissement, débordement, pénétration brutale de forces naturelles (eau, air p. ex.). Il peut servir à empêcher l'irruption trop violente de l'air dans l'oreille lorsque l'animal vole (CUVIER, Anat. comp., t. 2, 1805, p. 519) :
• 4. À cette époque, il présenta à l'impératrice Marie-Louise et à toute sa cour le spectacle magnifique et sublime de l'irruption soudaine de l'océan, qui en prit possession par la simple rupture spontanée de l'immense batardeau qui en avait jusque-là contenu les efforts.
LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 255.
2. [abstr.] Au fig. Apparition brutale d'idées, de sentiments, chez une personne; pénétration inattendue d'un art, d'une discipline, d'une activité à l'intérieur d'une autre activité, d'une autre discipline. Ce mouvement est bien distinct d'un autre mouvement proprement spirituel introduit dans l'humanité depuis que les religions universalistes y ont fait leur irruption conquérante (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 95) :
• 5. Et stupéfaits, ils se turent, non que les mots les eussent effrayés, mais parce que, tout à coup, ils osaient s'examiner sans détour. Engin! plus de mystère! Une irruption de vérité, les masques qui s'abattent, l'abîme qui paraît...
ESTAUNIÉ, Ascension M. Baslèvre, 1919, p. 310.
Rem. On trouve dans des textes d'aut. du début du XIXe s. une confusion entre irruption qui désigne une entrée brusque et violente et éruption qui, elle, désigne une sortie tout aussi brusque et violente. Trois ministres se succédèrent rapidement, après cette première irruption du volcan américain (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 1, 1797, p. 211). Et un torrent d'imprécations se déroula comme un ruisseau de laves brûlantes par une irruption du Vésuve (BALZAC, Elixir, 1830, p. 394).
Prononc. et Orth. : [()]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1495 [éd. 1531] « invasion soudaine et imprévue des ennemis dans un pays » (JEH. DE VIGNAY, Mir. hist., XXVII, 61 ds DELB. Notes mss : Ilz convoitent faire tout par tout irruption); p. ext. 1823 une irruption de rats (LAS CASES, loc. cit.); b) 1701 « invasion d'idées, de sentiments » (FUR.); c) 1789 « entrée en force dans un lieu (en parlant de la foule) » (Moniteur, II, 523 ds IGLF) d'où 1833 « entrée brusque et inattendue » (BALZAC, Méd. camp., p. 63 : il fit une soudaine irruption dans la salle à manger); 2. 1749 « envahissement des eaux qui débordent sur les terres avec violence » (BUFF., Hist. nat. Preuves théor. terr., Œuvr., t. II, p. 419 ds LITTRÉ); 1805 plus gén. « entrée brutale d'une chose dans un endroit » (CUVIER, loc. cit.); 3. 1797 « éruption d'un volcan » (CHATEAUBR., loc. cit.). Empr. au lat. irruptio « invasion », en partic. irruptio aquarum « irruption des eaux »; irruptio est formé sur le supin irruptum de irrumpere « se précipiter dans, envahir »; le sens 3 est dû à une confusion accidentelle avec éruption. Fréq. abs. littér. : 343. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 308, b) 420; XXe s. : a) 388, b) 735. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, p. 45.
irruption [iʀypsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1495; lat. irruptio, de irruptum, supin de irrumpere, de in- locatif, et rumpere « rompre, enfoncer ».
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1 Invasion soudaine et violente (d'éléments hostiles dans un pays). ⇒ Attaque, débordement, excursion, incursion, invasion. || Les dangereuses irruptions des barbares dans l'Empire romain (→ Côté, cit. 23). || Arrêter l'irruption ennemie (→ Barrage, cit. 1). || Se livrer à des irruptions incessantes.
1 Les féroces habitants du Nord ont fait dans tous les temps des irruptions dans les contrées du Midi.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CLIX.
♦ Loc. || Faire irruption (→ ci-dessous, 4.).
2 (1749). Vx. Envahissement (des eaux) qui débordent sur les terres avec violence. ⇒ Débordement, inondation. || Irruption soudaine, catastrophique des eaux d'un fleuve, de la mer.
2 (…) la mer Méditerranée n'est point un golfe ancien de l'Océan (…) elle a été formée par une irruption des eaux (…)
Buffon, Hist. nat., Théorie terre, IIe disc.
3 a (1789). Entrée de force et en masse (de personnes) dans un lieu, un local. || La foule révolutionnaire fit irruption dans l'Assemblée (⇒ Envahir). || Irruption d'une centaine de manifestants dans la salle.
♦ (1833, Balzac). Par ext. Entrée brusque et inattendue (d'une, de quelques personnes).
3 — Pardonnez-moi, mademoiselle, cette irruption chez vous; mais je ne vous ai point trouvée hier quand je suis venue vous faire une visite (…)
Balzac, la Cousine Bette, Œuvres, t. VI, p. 217.
b (1701). Apparition soudaine et massive (de qqch. d'abstrait). || L'irruption d'un sentiment dans le cœur. || L'irruption d'un art, d'un style.
4 ☑ Loc. Faire irruption : envahir (au sens 1). || Les Barbares firent irruption en Occident. — (Sens 2). || Les eaux, brisant les digues, ont fait irruption dans la plaine. — (Sens 3). || Les insurgés firent irruption dans le palais. — Par ext. Entrer de manière brusque, inattendue. || Il a fait irruption chez moi. ⇒ Intrusion (→ Examen, cit. 9; hareng, cit. 4).
4 Bientôt un nouveau flot d'hommes fait irruption, déborde cette fois par la tribune publique et submerge l'assemblée.
France, le Petit Pierre, XVI.
♦ (Choses). || Quand l'industrie (cit. 11) fait irruption dans l'art… ⇒ Apparition.
5 Aussi, rien n'était plus ennuyeux que cette pâle résurrection de la littérature d'autrefois. Ce calque froid (…) disparut quand la littérature nouvelle fit irruption avec fracas par le Génie du christianisme.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 208.
Encyclopédie Universelle. 2012.