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investiture

investiture [ ɛ̃vɛstityr ] n. f.
• 1460; envesture XIIIe; lat. médiév. investitura
Dr.
1Hist. Acte formaliste accompagnant la « tradition », la mise en possession (d'un fief, d'un bien-fonds). Investiture d'un fief.
Dr. can. Investiture d'un évêché. Hist. Querelle des Investitures (des évêques),entre les papes et les empereurs germaniques.
2Mod. polit. Acte par lequel un parti désigne officiellement un candidat à une élection. Avoir, recevoir l'investiture de son parti.
⊗ CONTR. Déposition.

investiture nom féminin (latin médiéval investitura) Acte par lequel un parti politique désigne son (ou ses) candidat(s) pour une élection, et qui confère au candidat le droit d'invoquer le patronage de cette formation. Toute procédure qui tend, en régime parlementaire, à confier à un nouveau chef de gouvernement et/ou à un nouveau gouvernement la confiance du Parlement. Acte faisant suite à l'hommage et au serment de foi, et par lequel le seigneur remettait au vassal un objet (gant, rameau, motte de terre, couteau) symbolisant la transmission du fief. ● investiture (difficultés) nom féminin (latin médiéval investitura) Sens Ne pas confondre ces deux mots de forme proche. 1. Investissement n.m. = emploi de capitaux ; placement de fonds. Un investissement rentable. Remarque Ce substantif correspond au verbe investir, placer (de l'anglais to invest) : investir des capitaux. 2. Investiture n.f. = mise en possession d'un pouvoir ou d'une autorité par une procédure déterminée. Investiture, par son parti, d'un candidat à une élection. Remarque Ce substantif correspond au verbe investir, charger officiellement d'un pouvoir (du latin investire, entourer) : investir le Premier ministre.

investiture
n. f. Action d'investir (sens I, 1).
|| Désignation officielle par un parti d'un candidat à des élections.

⇒INVESTITURE, subst. fém.
A. — HISTOIRE
1. Mise en possession officielle d'un fief, d'un apanage, se déroulant le plus souvent par une cérémonie symbolique. Investiture d'un fief. Le Roi (...) demanda à son frère de lui remettre sa lettre impériale d'investiture (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 109). L'Empereur fut si satisfait de son courage et de son dévouement qu'il lui accorda l'investiture du margraviat de Misnie (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 101) :
1. — Chevalier de Sonneck, lui dit-il, je te donne le fief de Rhineck, mouvant de ma tour de Gutenfels. Tu vas me suivre à Stahleck pour recevoir l'investiture et me prêter le serment d'allégeance, en mail public et en présence des échevins...
HUGO, Rhin, 1842, p. 190.
2. DR. CANON. Mise en possession d'une juridiction en faveur d'un dignitaire ou d'un bénéficiaire ecclésiastique, se déroulant le plus souvent au cours d'une cérémonie symbolique.
Investiture de + subst. précisant la juridiction. Investiture d'un bénéfice, d'un évêché. Conrad (...) étendit les nouvelles possessions de l'ordre, et reçut du pape l'investiture de cette province (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836p. 325).
Investiture de + subst. précisant le destinataire. Investiture d'un évêque. Rien d'aussi beau dans l'histoire des institutions civiles et religieuses, que ce qui concerne l'autorité, les devoirs et l'investiture du prélat, parmi les chrétiens (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 371). Il prône l'investiture de gens dont on ne voudrait pas dans le dernier des séminaires (HUYSMANS, Oblat, t. 1, 1903, p. 84). Saint Bernard (...) parle de plusieurs sacrements, (...) le lavement des pieds, l'investiture des chanoines, des abbés et des évêques (Théol. cath., t. 14, 1, 1938, p. 546).
Querelle des investitures. Conflit d'autorité qui opposa l'Église aux souverains temporels, notamment à l'empereur germanique, aux XIe et XIIe siècles, à propos de l'investiture des abbés et des évêques. La querelle des investitures; (...) la lutte du sacerdoce et de l'empire. Les diverses situations des chefs de l'Église et la difficulté de les concilier ont été la vraie source de l'incertitude et du combat de toutes ces prétentions (GUIZOT, Hist. civilisation, Leçon n° 5, 1828, p. 34). La querelle des investitures et les conflits entre les deux puissances, pape et empereur, qui avaient grandi côte à côte en se donnant la main (LE DANTEC, Savoir! 1920, p. 52). Après la brillante soutenance d'une thèse sur la querelle des Investitures, l'évêque de Bayeux (...) avait daigné faire le voyage de Courville, pour féliciter de vive voix le jeune docteur (BERNANOS, Joie, 1929, p. 537).
P. anal. Conflit d'influence. Les nouveaux chefs politiques prétendent au gouvernement de l'esprit. (...) Thomas Mann contre Hitler. Gide contre Staline, Ferrero contre Mussolini, c'est une querelle des Investitures (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 763).
B. — P. ext., mod., POL.
1. Acte par lequel une autorité accorde sa confiance à une ou plusieurs personnes pour une mission de gouvernement, de représentation. Confier le pouvoir à M. Soubachitch, lequel avait au préalable reçu l'investiture de Tito (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956, p. 202). M. Roosevelt professait ouvertement que l'autorité en France relèverait de son investiture (DE GAULLE, Mém. guerre, 1956p. 219).
DR. CONSTIT. (sous la IVe République, dans la Constitution française de 1946). ,,Vote par lequel l'Assemblée nationale accordait sa confiance au Président du Conseil désigné par le Président de la République et l'autorisait à former le Gouvernement`` (Jur. 1971). L'investiture du Président du Conseil par l'Assemblée; accorder, donner, obtenir, recevoir, refuser, solliciter l'investiture. Dans sa déclaration d'investiture du 31 janvier 1956, Guy Mollet (...) déclara : (...). Faut-il créer une industrie européenne pour permettre la fabrication de bombes atomiques (...)? (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 130) :
2. Aussitôt après l'élection de M. Vincent Auriol, (...) le Président de la République désigna M. Ramadier comme Président du Conseil des Ministres. Celui-ci, après avoir reçu l'investiture de l'Assemblée Nationale, forma le premier gouvernement selon la Constitution nouvelle.
VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 331.
2. Acte par lequel un parti politique ou un syndicat désigne un candidat à une fonction élective. Obtenir son investiture; avoir l'investiture de tel parti; accorder l'investiture à qqn aux élections législatives. Le fait que les élus, investis par un parti et qui redemanderont cette investiture aux élections suivantes, sont sous la surveillance du parti a eu pour effet de resserrer la discipline (VEDEL, Dr. constit., 1949p. 417).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1475 (Ordonn. des rois de France, éd. Pastoret, t. 18, 122 ds BARTZSCH, p. 19). Empr. au lat. médiév. jur. investitura « id. » (IXe s. ds NIERM.), dér. de investire (investir1); en a. fr. envesture (1249-64 ds GDF.). Fréq. abs. littér. : 45.

investiture [ɛ̃vɛstityʀ] n. f.
ÉTYM. 1460; envesture, XIIIe; lat. médiéval investitura, du lat. class. investire. → Investir.
Droit.
1 Hist. Acte formaliste accompagnant la tradition, la mise en possession (d'un fief, d'un bien-fonds). || L'investiture d'un fief. || Cérémonie d'investiture.Dr. canon. || L'investiture d'un bénéfice, d'un évêché.Par ext. (Le compl. désigne la personne qui est investie). || Investiture d'un dignitaire, d'un bénéficiaire ecclésiastique, l'acte, la cérémonie qui rend leur nomination définitive.
Hist. || Querelle des investitures (des évêques, des dignitaires de l'Église), entre les papes et les empereurs germaniques (1074-1122).
0 Henri IV jouissait toujours du droit de nommer les évêques et les abbés, et de donner l'investiture par la crosse et par l'anneau. (L'autorité royale) avait tout envahi. Les empereurs nommaient aux évêchés, et Henri IV les vendait. Grégoire, en s'opposant à l'abus, soutenait la liberté naturelle des hommes (…) C'est alors qu'éclatèrent les divisions entre l'Empire et le sacerdoce.
Voltaire, Annales de l'Empire, Henri IV, 1076.
2 Mod. Action d'investir (par un vote de confiance de l'Assemblée nationale) le président du Conseil, sous la quatrième République. || Accorder, refuser l'investiture. || Après avoir reçu l'investiture, le président du Conseil est nommé par décret du président de la République.
Polit. Acte par lequel un parti désigne officiellement un candidat à une élection.
CONTR. Déposition.

Encyclopédie Universelle. 2012.