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CONSOMMATION
CONSOMMATION

Bien que la consommation soit une notion d’expérience quotidienne, sa définition précise est complexe. Les conventions de la comptabilité nationale distinguent les consommations selon leur destination (consommations intermédiaires et consommations finales) et selon les agents économiques qui en sont responsables (consommation des ménages, qui correspond à la notion intuitive de la consommation, consommation des administrations). En outre, certaines consommations ne se traduisent pas par des dépenses (autoconsommation des produits d’une ferme), alors que certaines dépenses des ménages (impôts, primes d’assurance) ne sont pas considérées comme des consommations.

Depuis les travaux de Keynes, les économistes s’intéressent à l’étude de la répartition des ressources totales d’un pays entre la consommation et les autres utilisations ou, ce qui est symétrique, entre la consommation et l’épargne, puisque l’épargne sert à financer les autres utilisations finales de la production nationale. Les facteurs précis à prendre en compte dans cette étude sont encore du domaine des questions discutées entre experts.

Depuis plus longtemps encore, l’analyse économique a étudié les facteurs qui expliquent la répartition de la consommation totale des ménages entre les différents groupes de biens et de services. La croissance économique se traduit par des modifications importantes de cette répartition, qui est également modifiée par les variations des prix relatifs des différents biens et par l’apparition sur le marché de produits nouveaux. La variété des biens et services consommés fait que leur étude ne peut être conduite selon une méthode unique. Une distinction fondamentale doit en particulier être introduite entre l’étude des biens de consommation courante et celle de l’achat des biens durables.

1. La notion de consommation

La comptabilité nationale analyse l’activité économique d’un pays selon les agents qui en sont responsables: ménages, entreprises, administrations, agents extérieurs à la nation; et selon les types d’opérations: opérations sur biens et services, opérations de répartition (ou transferts) et opérations financières. Les opérations sur biens et services s’analysent elles-mêmes en production, formation brute de capital fixe, variation des stocks, échanges extérieurs et enfin consommations finale et intermédiaire.

La consommation intermédiaire représente la valeur des biens et services, autres que le capital, utilisés par les entreprises dans le processus courant de production. Cette notion ne correspond donc pas à l’acception courante du terme consommation qui recouvre la seule consommation finale.

«La consommation finale représente la valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains, que ceux-ci soient individuels (consommation finale des ménages) ou collectifs (consommation finale des services non marchands par les administrations publiques et privées [I.N.S.E.E., Système élargi de comptabilité nationale]).» Dans la suite, nous ne considérerons que la consommation finale des ménages. La consommation de services non marchands par les administrations publiques correspond à la mise à la disposition de la population, par ces administrations, d’un ensemble de services collectifs. La consommation des administrations publiques n’obéit manifestement pas aux mêmes logiques que la consommation finale des ménages.

La consommation finale des ménages ne s’identifie pas aux seules dépenses de consommation sur le marché. Outre les achats de biens, neufs ou d’occasion, et de services, elle comprend notamment:

– la valeur des produits alimentaires autoconsommés par leur producteur;

– les loyers imputés des logements occupés par leurs propriétaires;

– la valeur des prestations sociales en nature versées aux ménages par les administrations publiques ou privées.

Elle ne comprend pas, en revanche, les achats de logements et de terrains par les ménages qui sont considérés comme représentant une formation de capital fixe. Cette définition est limitative: tous les autres achats de biens durables, telles les automobiles, sont comptés dans la consommation finale.

Dans la généralité des cas, la consommation est mesurée par la valeur des biens consommés dans l’année et non par les dépenses effectives, lorsqu’elles en diffèrent. Deux cas particuliers sont importants de ce point de vue:

– les achats de biens durables à crédit sont comptabilisés, pour la valeur totale du bien, à la date de signature du contrat ou à la date de livraison, quel que soit l’échelonnement dans le temps des paiements effectifs;

– les consommations de soins médicaux sont mesurées par la valeur totale des soins reçus, même lorsqu’ils sont pris en charge partiellement ou totalement (cas du tiers-payant) par la sécurité sociale, sauf l’hospitalisation publique financée par le «budget global» qui n’est plus considérée comme une consommation marchande des ménages depuis la mise en service de la nouvelle base de comptabilité nationale de 1980. La différence entre la valeur des soins et le paiement effectif est comptabilisée comme un revenu des ménages.

Le concept de consommation ainsi défini a un sens bien délimité qu’il importe de ne pas perdre de vue. Ainsi, il ne comprend pas d’évaluation des services fournis par la collectivité (instruction, hygiène publique, aménagements urbains, etc.) et de ceux que les individus se rendent bénévolement (travail de la ménagère, etc.). L’oubli du caractère limitatif de cette définition pourrait être à l’origine d’erreurs d’appréciation dans les raisonnements à long terme et dans les comparaisons internationales entre pays de styles de vie et d’institutions très dissemblables.

2. Consommation totale et revenu

Une part importante des recherches faites depuis 1945 sur la consommation a été consacrée à la relation entre la consommation totale des ménages et le revenu national, c’est-à-dire, à quelques nuances près, à la répartition des ressources nationales entre la consommation et l’épargne. L’origine de ces travaux se trouve dans la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie de John M. Keynes. Cet ouvrage introduit un ensemble d’hypothèses visant à expliquer les variations du niveau de l’activité d’une économie. Parmi ces hypothèses, l’auteur postule une relation entre la consommation totale des ménages et le niveau du revenu national, relation qu’il appelle «propension à consommer». Il écrit: «En moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu. En d’autres termes, C s étant le montant de la consommation et R s celui du revenu, C s est de même signe que R s , mais d’une grandeur moindre, c’est-à-dire d C s /d R s est positif et inférieur à l’unité.»

L’épargne étant, selon les définitions de Keynes, égale à la différence entre la consommation totale et le revenu national, il en résulterait donc que l’épargne augmenterait plus vite que le revenu. L’hypothèse a été soumise à critique à l’occasion de nombreuses vérifications statistiques faites pour différents pays. Or les analyses de séries de longue période, comme celles qu’ont effectuées successivement Kuznets et Goldsmith aux États-Unis, indiquent que la part de la consommation totale dans le revenu serait restée pratiquement stable pendant plus d’un siècle. Cela ne contredit pas la première partie de l’hypothèse de Keynes (existence d’une relation fonctionnelle entre la consommation et le revenu), mais contredirait la seconde partie de cette hypothèse, selon laquelle la part de la consommation dans le revenu diminuerait quand le revenu augmente.

Une première suggestion, proposée par Modigliani et Duesenberry, serait que la consommation d’un individu ne dépendrait pas seulement de son revenu mais de sa position dans la distribution des revenus. Sa consommation non seulement serait liée à ses propres ressources, mais dépendrait aussi des habitudes de consommation de ses voisins, qui appartiennent eux-mêmes à une société dont un des objectifs est de tendre vers un niveau croissant de consommation. La formulation de l’hypothèse de Duesenberry aboutit à expliquer la consommation d’une année non seulement par le revenu de cette même année, mais par le revenu le plus élevé observé dans les années antérieures.

Une seconde suggestion, présentée par Milton Friedman sous le nom d’hypothèse du revenu permanent et étudiée sous diverses formes par plusieurs autres économistes, repose sur la remarque que, dans les groupes sociaux dont le revenu varie irrégulièrement d’une période à l’autre (comme les exploitants agricoles ou les autres travailleurs indépendants), les dépenses de consommation seraient plus stables dans le temps que les revenus. Dans ces conditions, la consommation ne dépendrait pas seulement du revenu de l’année, mais de l’ensemble des revenus observés dans les années antérieures et des revenus espérés pour les années à venir. Bien que les hypothèses de Duesenberry, de Modigliani et de Friedman aient pu être formulées d’une façon qui permette de les vérifier statistiquement, la vérification n’a jamais été concluante. Le choix entre l’hypothèse du revenu absolu, l’hypothèse du revenu relatif et celle du revenu permanent reste à faire.

Cela n’est pas surprenant. En effet, ces trois hypothèses, bien que fondamentales, représentent une simplification excessive de la réalité. La consommation ne dépend pas seulement du revenu (absolu, relatif ou permanent), mais de nombreux autres facteurs quantitatifs et qualitatifs. Les deux plus importants semblent être la valeur du patrimoine des ménages et, pour un ménage donné, l’âge. De nombreuses études ont en effet montré qu’il existait un cycle de la vie et que les perspectives d’épargne (ou les nécessités de consommer) variaient avec les étapes de la carrière professionnelle et de la vie familiale: prise d’autonomie de l’adolescent, mariage et formation de la famille, éducation des enfants, retraite... Bien que ces remarques semblent évidentes, leur formulation dans des termes suffisamment rigoureux et précis n’est pas encore acquise.

3. La structure de la consommation

Description

Un second ensemble de recherches, tout à fait distinct, s’intéresse à la façon dont les ménages répartissent leur consommation entre les biens et services qui correspondent à la satisfaction de différents besoins: alimentation, logement, habillement, santé, éducation, loisirs. L’observation montre en effet que la part des différentes consommations dans la consommation totale varie assez régulièrement dans le temps. Cela est confirmé par le tableau 1 qui retrace l’évolution du volume des différentes consommations en France de 1970 à 1989. (On désigne par «volume» la valeur d’une consommation estimée aux prix d’une année de base donnée, ici 1980. Le tableau 1 retrace donc l’évolution des consommations, abstraction faite des variations des prix.) On voit que, si la consommation totale a été multipliée par 1,8 de 1970 à 1989, les consommations alimentaires n’ont augmenté que de 38 p. 100, alors que le poste «transports et communications» était multiplié par 2 et que les dépenses de santé triplaient presque.

Le résultat de ces évolutions est une modification importante de la part des différentes consommations (ou «coefficients budgétaires») dans la consommation totale. Cette part est indiquée dans le tableau 2 pour les trois années 1970, 1980 et 1989.

Ces résultats ne sont donnés que pour la France, mais on observe des évolutions tout à fait comparables dans les différents pays occidentaux: diminution notable de la part de l’alimentation, augmentation rapide des dépenses de transports et communications, des dépenses de loisirs et, plus encore, des consommations médicales.

Analyse

L’interprétation des évolutions retracées dans les tableaux précédents ne peut se faire que dans un cadre d’analyse que fournit la théorie économique. En règle générale (l’exception principale correspond aux biens durables de consommation considérés plus bas), les facteurs retenus pour expliquer les modifications de la structure de la consommation sont les suivants:

Les modifications dans les effectifs de la population et sa répartition entre les secteurs agricole et non agricole . Les habitudes de consommation de la population agricole sont en effet très différentes de celles de la population non agricole. En revanche, les modifications de la répartition de la population par âges ou par activités et catégories socio-professionnelles à l’intérieur du secteur non agricole n’ont pas un effet quantitatif notable.

Le niveau du revenu moyen des consommateurs (cf. BUDGETS FAMILIAUX). Le tableau 1 montre que, pour une même augmentation du revenu total des consommateurs, l’augmentation des différentes consommations varie dans de très larges mesures: alors que le volume de la consommation totale est passé de l’indice 100 en 1970 à 176,4 en 1989, les indices des différents postes de la consommation en 1989 vont de 107,0 à 288,1. Cela traduit principalement, mais non exclusivement, la sensibilité très différente des diverses consommations à l’augmentation du revenu réel des ménages. La sensibilité de la consommation d’un produit ou d’un groupe de produits à la variation du revenu est généralement décrite par le coefficient d’élasticité de cette consommation par rapport au revenu. Ce coefficient est le rapport (d C/C)/(d R/R) de la variation relative de la consommation à la variation relative du revenu.

La distribution des revenus . Bien que les données sur la distribution des revenus soient généralement médiocres, on a pu montrer que, sauf pour quelques biens, comme les dépenses liées aux vacances ou certains achats de biens durables, seules des modifications de la répartition des revenus beaucoup plus fortes que celles qu’on peut normalement anticiper dans une période d’une dizaine d’années pourraient avoir une influence notable.

Prix relatifs des différents produits

Le tableau 3 indique l’évolution des prix relatifs des différents groupes de produits en France de 1970 à 1989. Pour éliminer l’effet de l’inflation, ces indices sont obtenus en divisant l’indice du prix de chaque produit par celui du prix de la consommation totale.

De longue date, puisque cette conception a été formalisée pour la première fois par A. Cournot en 1838 (Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses ), il est admis que le prix d’un produit en influence directement la consommation. De la même façon que celle du revenu, l’influence d’une variation des prix sur la consommation se mesure par un coefficient d’élasticité. Si les coefficients d’élasticité par rapport au revenu sont, à de rares exceptions près, positifs, les coefficients d’élasticité par rapport aux prix sont au contraire presque tous négatifs, puisque la consommation d’un produit diminue généralement quand son prix augmente. Les concepts d’élasticité par rapport aux prix, comme par rapport aux revenus, doivent être interprétés avec prudence. Différents travaux montrent en effet que l’ajustement du niveau de la consommation d’un produit à une variation du revenu ou des prix peut s’étendre sur plusieurs années.

Cela conduit à distinguer des élasticités de courte période, qui mesurent la réaction de la consommation au cours de l’année d’observation, et des élasticités de longue période, qui indiquent ce que seraient ces réactions une fois l’équilibre atteint, si les revenus et les prix ne se modifiaient plus (cf. H. S. Houthakker et N. D. Taylor, 1966).

Facteurs extra-économiques de la consommation

Enfin, ce qui est loin d’être négligeable, la consommation évolue sous l’effet de facteurs extra-économiques: apparition de produits nouveaux et modifications des choix des consommateurs. Les modifications des choix des consommateurs sont rarement de caractère individuel: la consommation est un phénomène social, et les goûts d’un individu se rattachent généralement à ceux du groupe dont il est membre, groupe qui définit lui-même largement ses attitudes par l’image qu’il se fait d’un groupe généralement plus fortuné et manifestant certaines habitudes de consommation ostentatoires. La diffusion de l’automobile, des sports d’hiver, de la résidence secondaire et, par la suite, du lave-vaisselle ou du magnétoscope ne peut s’expliquer sans faire appel à de telles notions.

L’apparition de produits nouveaux traduit l’influence de facteurs souvent externes au consommateur. Les modifications des techniques de production, de transformation et de distribution des produits en représentent un premier exemple qu’on examinera avec quelques détails dans le cas des consommations alimentaires. Souvent, également, ces produits visent à la satisfaction de besoins nouveaux que les producteurs privés développent par le moyen des techniques de la publicité et de la promotion des ventes. L’accroissement de l’activité économique, que l’on imputait antérieurement surtout aux investissements, dépend ainsi, de façon notable, de la naissance de ces besoins nouveaux et de leur satisfaction par les mécanismes du marché, cependant que des besoins collectifs plus fondamentaux (éducation, urbanisme, etc.) sont imparfaitement satisfaits, faute de mécanismes économiques permettant d’y affecter une part convenable des ressources nationales. C’est selon ce processus que s’est développée dans la plupart des pays occidentaux, depuis la Seconde Guerre mondiale, une «société de consommation» décrite par plusieurs sociologues, sans qu’ils aient encore pu en fournir une définition objective et rigoureuse.

Deux cas particuliers: les consommations alimentaires et les achats de biens durables

L’examen de la consommation alimentaire et des achats de biens durables, qui correspondent à la fois à des méthodes d’analyse et à des évolutions concrètes très différentes, illustre les remarques générales qu’on vient de faire.

Les consommations alimentaires

Les consommations alimentaires sont considérées, légitimement, comme le domaine d’application privilégié des méthodes économétriques d’analyse de la demande. Ces méthodes visent à estimer l’effet des variations des prix et des revenus sur les consommations. Cependant, différentes études faites depuis 1950 ont montré que les variations des revenus et des prix n’expliquaient pas toute la variation des consommations des différents produits alimentaires sur une période un peu longue.

On observe souvent une «tendance», soit positive, soit négative. L’économétrie résume, sous ce terme de tendance, l’ensemble des facteurs autres que le nombre des consommateurs, les revenus et les prix. Les principaux éléments qui constituent la tendance sont les modifications de la répartition géographique de la population; la diminution de l’autoconsommation de certains produits et l’accroissement correspondant des achats de produits alimentaires qui sont généralement de nature différente; l’augmentation relative du nombre des repas pris à l’extérieur du ménage, dont la composition par produit n’est pas identique à celle des repas à domicile; les modifications de la technologie des industries alimentaires ou de la distribution des produits; les efforts de promotion de ventes et de publicité; enfin, les changements spontanés des goûts des consommateurs.

Ces tendances mesurées par le statisticien recouvrent donc des réalités qui peuvent être très différentes d’un produit à l’autre. La diminution, toutes choses égales d’ailleurs, de la consommation des pommes de terre et des légumes secs traduit une modification du mode de vie et de l’activité de la population: le nombre de travailleurs manuels diminuant, les besoins énergétiques sont moins élevés. L’augmentation de la consommation de bœuf, de jambon et de charcuterie est due à la même cause. À l’inverse, l’augmentation des achats de margarine et d’huiles végétales est explicable par le développement des industries alimentaires et l’effet de la publicité.

L’évolution des consommations alimentaires pose d’ailleurs un autre problème: il est habituel en effet d’estimer les besoins alimentaires en termes d’équivalents nutritionnels. L’alimentation consommée doit satisfaire à certains besoins en termes d’apport calorique quotidien et de répartition de cet apport calorique entre les produits énergétiques (principalement les hydrates de carbone), les matières grasses, les protéines d’origines végétale et animale, etc.

Par exemple, alors que la valeur de la consommation alimentaire par tête, estimée aux prix constants de 1956, avait augmenté de plus de 20 p. 100 entre 1950 et 1960, l’apport calorique moyen par tête n’avait augmenté que de 4 p. 100, la consommation de matières grasses de 14 p. 100 et la consommation de protéines de 2 p. 100, les protéines animales se substituant d’ailleurs, de façon marquée, aux protéines d’origine végétale.

L’écart entre les deux évolutions tient à deux causes. D’une part, les consommations alimentaires se sont déplacées vers des produits plus coûteux pour le même apport nutritif: fruits et légumes frais, viande de boucherie, etc. On assiste même aujourd’hui à une inversion de tendance sur ce point puisque se développent, depuis plusieurs années, des produits alimentaires «allégés» en sucres et matières grasses – et donc en apport calorique – qui correspondent à la mode de «la forme physique», laquelle répond d’ailleurs à de véritables besoins de santé publique. D’autre part, on observe dans toutes les économies occidentales un autre phénomène important: la valeur, aux prix de détail, des consommations alimentaires augmente beaucoup plus vite que la valeur, à la ferme, des produits agricoles. Cela traduit l’accroissement rapide de la valeur ajoutée par les industries alimentaires et par l’appareil de distribution qui mettent à la disposition du consommateur des produits plus élaborés, mieux conditionnés et exigeant moins de temps et de travail de la part de la ménagère, qui exerce souvent une activité professionnelle, avant d’être consommables. De même, la mise sur le marché de plats «tout préparés» en portions individuelles correspond à la fois aux progrès récents des techniques de l’industrie agro-alimentaire et à l’augmentation de la proportion des ménages composés d’une seule personne (divorcés, célibataires...).

Les achats de biens durables

Le graphique représente l’évolution du taux de possession des principaux biens durables des ménages français: automobiles, réfrigérateurs, lave-linge, téléviseurs, etc. L’accroissement de ce parc et l’augmentation annuelle des ventes de ces articles font partie des éléments marquants de l’évolution de la consommation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’analyse économique de cette évolution présente des aspects particuliers. En effet, même si les conventions de la comptabilité nationale considèrent que les achats de biens durables sont des dépenses de consommation, ils sont en fait, du point de vue des ménages, des investissements. Cela est particulièrement clair dans le cas des automobiles où l’existence d’un marché de l’occasion conduit en partie les ménages à traiter l’achat d’un véhicule comme un placement, assorti d’un taux de dépréciation annuel relativement connu. Pour cette raison, les achats de biens durables d’une période ne peuvent pas être expliqués par le revenu moyen des consommateurs au cours de cette même période.

Différents modèles économétriques ont été proposés. Ils reposent, avec des variantes, sur l’hypothèse que le taux de possession d’un bien durable donné augmente avec le revenu. Le parc des biens durables désiré par les ménages, dans une année, dépend donc à la fois de la distribution des revenus des ménages et de la relation entre les taux de possession et les revenus. Pour passer de cette analyse à une explication complète, on tient compte de trois facteurs supplémentaires. Les taux de possession ne sont pas stables dans le temps, mais augmentent lentement et régulièrement par suite d’un phénomène de diffusion dans la population qui n’est pas encore achevé. Les conditions de production ne permettent pas d’atteindre, dans le cours d’une année, le niveau du parc désiré par les ménages, mais seulement d’y tendre. Enfin, pour passer de l’estimation du parc d’un bien durable en service dans une année donnée aux ventes du même bien dans l’année, on doit tenir compte du renouvellement par usure ou par obsolescence d’une partie du parc.

consommation [ kɔ̃sɔmasjɔ̃ ] n. f.
XIIe; lat. ecclés. consummatio
IDidact. ou littér. Action d'amener une chose à son plein accomplissement. achèvement, couronnement, 1. fin, terminaison. La consommation du mariage : l'union charnelle. Loc. Jusqu'à la consommation des siècles : jusqu'à la fin des temps. « Jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort » (J. de Maistre). La consommation d'une infraction. perpétration. II(XVIIe; de consommer,II) Cour.
1Action de faire des choses un usage qui les détruit ou les rend ensuite inutilisables. Faire une grande consommation de papier à lettres, d'électricité. La consommation d'alcool a diminué. Consommation d'essence, d'huile (d'une automobile).
Écon. Utilisation de biens et de services. usage. Le développement de la consommation ( consommatoire) . Vendeur, publicité qui pousse à la consommation. « La consommation n'est pas une destruction de matière, mais une destruction d'utilité » (J.-B. Say). (mil. XXe) Biens de consommation : biens dont l'utilisation détermine la satisfaction immédiate d'un besoin (opposé à biens de production). Biens, articles de consommation courante. Crédit à la consommation, permettant à un particulier de régler au comptant le prix d'un bien de consommation. — Société de consommation : type de société où le système économique pousse à consommer et suscite des besoins dans les secteurs qui lui sont profitables. Coopérative de consommation.
2(1837) Ce qu'un client commande au café. boisson, rafraîchissement. Boire une consommation au comptoir. Régler les consommations.
⊗ CONTR. Commencement, début. — Production.

consommation nom féminin (latin consummatio, -onis, accomplissement) Littéraire. Action d'amener quelque chose à son terme, à son maximum ; état qui en résulte : C'était la consommation de sa ruine. Littéraire. Action de commettre un acte néfaste ; perpétration : Consommation d'un crime. Action de consommer un aliment, une boisson : Conserve avariée, impropre à la consommation. Boisson prise dans un café, un bar, un hôtel, etc. : Jouer les consommations au 421. Action, fait de consommer un produit, une matière, de les utiliser comme source d'énergie ; quantité consommée pendant un certain temps : La consommation d'électricité, de gaz. Action de consommer une chose quelconque : Il fait une grande consommation de tickets de métro. Économie Somme de biens et services fournis à titre onéreux ou gratuit aux consommateurs. ● consommation (citations) nom féminin (latin consummatio, -onis, accomplissement) Eric Arthur Blair, dit George Orwell Motihari, Inde, 1903-Londres 1950 L'homme est la seule créature qui consomme sans produire. Man is the only creature that consumes without producing. Animal Farm Tchouang Tseu mort en 315 avant J.-C. Quand la taupe boit dans le fleuve, elle ne prend que ce qu'il lui faut.consommation (expressions) nom féminin (latin consummatio, -onis, accomplissement) Consommation du mariage, union charnelle des époux après la célébration nuptiale. De consommation, se dit d'un bien, d'un produit destiné à l'utilisation directe des consommateurs. Littéraire. (Jusqu'à) la consommation des siècles, (jusqu'à) l'achèvement du temps, du monde, son anéantissement. Société de consommation, société d'un pays développé orientée vers la sollicitation de la consommation (grâce à la publicité) et des consommateurs par les producteurs, par le lancement de produits ou de services nouveaux en créant sans cesse des besoins. Droit de consommation, un des droits perçus sur certaines boissons. Prêt de consommation, prêt de choses destinées à être consommées. Taxes de consommation, droits perçus lors de la vente des produits ou services. Consommation collective, services rendus par les administrations (Sécurité sociale, collectivités publiques) en matière de logement, éducation, santé, équipement culturel, etc. Consommation finale, valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains, individuels ou collectifs. Consommations intermédiaires, valeur des produits des autres entreprises qu'une entreprise utilise dans son processus de production. Consommation de capital fixe, valeur correspondant à l'amortissement d'un bien (par exemple, une machine), donc à la dépréciation de ce bien durant une période considérée. ● consommation (synonymes) nom féminin (latin consummatio, -onis, accomplissement) Littéraire. Action d'amener quelque chose à son terme, à son maximum ; état...
Synonymes :
- accomplissement
Littéraire. Action de commettre un acte néfaste ; perpétration
Synonymes :
- perpétration

consommation
n. f.
d1./d Litt. Achèvement, accomplissement. La consommation d'un sacrifice. Consommation du mariage: union charnelle des époux.
d2./d Usage que l'on fait de certains produits dont on ne peut se servir qu'en les détruisant. Ils cultivent les légumes nécessaires à leur consommation.
d3./d ECON Emploi, pour la satisfaction des besoins des êtres humains, des biens produits antérieurement. Consommation finale. Consommation intermédiaire, à des fins de production. Société de consommation, se dit, parfois péjorativement, d'un type de société où l'accroissement de la production débouche sur la multiplication des produits à consommer et, par conséquent, sur la création de nouveaux besoins et désirs.
d4./d Boisson ou nourriture prise dans un café, une brasserie.

⇒CONSOMMATION, subst. fém.
A.— Littér. Action d'amener quelque chose à son terme; fait de parvenir à son terme.
1. [Le terme est l'achèvement, l'accomplissement dans la plénitude, avec parfois l'idée de perfection atteinte] La consommation d'une affaire (Ac. 1835-1932). Il voyait en elle [la Croix] la force de l'âme, la joie de l'esprit, la consommation de la vertu, la perfection de la sainteté (ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1480) :
1. La religion accrut sa force sous les règnes de Vespasien et de Titus, par la consommation d'un des oracles écrits aux livres Saints : Jérusalem périt.
CHATEAUBRIAND, Études historiques, 1831, p. 72.
Consommation du mariage. Union charnelle des époux qui, selon le droit canon, rend le mariage indissoluble. Une vierge pense instinctivement à la consommation et aux suites du mariage (AMIEL, Journal intime, 1866, p. 193) :
2. ... elle [Jeanne de Schomberg] fut mariée malgré elle au comte de Brissac qui lui répugnait, et avec raison. Elle s'opposa bel et bien, durant la nuit des noces, à la consommation du mariage, qui fut rompu juridiquement (1618).
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 437.
P. ext. :
3. ... il commença d'en exiger des complaisances criminelles, et de chercher dans tous les abus des délectations charnelles, cette consommation dernière de l'amour, qu'il voulait à tout prix, ressentir.
BOURGES, Le Crépuscule des dieux, 1884, p. 248.
2. [Le terme est l'achèvement, l'accomplissement par la destruction, l'anéantissement] :
4. Dans la mort, comme dans un océan, viennent confluer nos brusques ou graduels amoindrissements. La mort est le résumé et la consommation de toutes nos diminutions : ...
TEILHARD DE CHARDIN, Le Milieu divin, 1955, p. 84.
Expr. biblique [cf. Matthieu, 28, 20]. La consommation des siècles, ou la consommation des âges, des temps, la consommation finale. La fin des temps, la fin du monde. Cette femme attendait donc la consommation finale; elle croyait qu'un dernier jour viendrait pour le monde (P. LEROUX, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 756). La venue de l'Antéchrist devait précéder de peu de temps la fin du monde et la consommation des siècles (A. FRANCE, Vie de Jeanne d'Arc, t. 1, 1908, p. 480) :
5. ... tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort.
J. DE MAISTRE, Les Soirées de Saint-Pétersbourg, t. 2, 1821, p. 34.
En partic. Accomplissement d'un forfait. La consommation d'un crime, d'un meurtre. J'ai veillé, scrupuleusement, moi-même, à la consommation du délit (AUDIBERTI, Quoat-Quoat, 1946, 2e tabl., p. 70).
B.— Spéc., ÉCON. Action d'amener une chose à perdre sa valeur économique par l'usage qu'on en fait pour la satisfaction de besoins personnels ou collectifs. La consommation n'est pas une destruction de matière, mais une destruction d'utilité (SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 435) :
6. Des études sur budgets de famille montrent que certaines consommations peu « nécessaires » sont psychosociologiquement aussi incompressibles que les autres.
PERROUX, L'Écon. du XXe s., 1964, p. 322.
SYNT. Consommation privée, publique; consommation improductive, reproductive, stérile; pousser à la consommation (loc. fam.).
1. En partic. Bien, objet, produit de consommation. Bien, objet ou produit dont l'usage amène la destruction progressive, qui apporte une satisfaction immédiate au consommateur final, par opposition aux biens d'équipement ou de production. Bien de consommation durable, semi-durable, non durable. Les prix des biens de consommation courante (alimentation) exercent une pression sur l'ensemble des salaires (L'Univers écon. et soc., 1960, p. 4415).
DR. FISCAL. Impôt, taxe de consommation. Impôt, taxe perçue sur la dépense du revenu au moment de l'achat d'un bien par le consommateur final. Par les impôts de consommation, une part démesurée des ressources publiques est demandée aux pauvres, aux prolétaires (JAURÈS, Ét. socialistes, 1901, p. 176).
DR. CIVIL. ,,Contrat par lequel l'une des parties livre à l'autre une certaine quantité de choses qui se consomment par l'usage, à la charge par cette dernière de lui rendre autant de même espèce et qualité`` (Code civil, 1804, art. 1892, p. 342).
Société de consommation. Société industrielle avancée qui se caractérise par la multiplication des besoins individuels et collectifs et par l'utilisation accrue des biens et des services :
7. Reconnaître que l'on vit dans une « société de consommation » c'est souvent le déplorer, d'un point de vue humain sinon strictement moral, en affirmant que la consommation capricieuse, influençable et peu rationnelle tend à se porter sur des objets futiles (les « gadgets »), dépourvus de vertu économique et ne répondant pas aux aspirations véritables de l'être humain.
Pol. 1969.
2. Spécialement
a) Destruction de biens ou produits alimentaires pour la nutrition des hommes ou des animaux. Consommation d'alcool, de café, de céréales, de fromage, de viande; consommation de fourrage. On remarquera comme cette expression de « consommation » désigne à la fois une destruction appropriative et une jouissance alimentaire (SARTRE, L'Être et le Néant, 1943, p. 684) :
8. ... le miel et le pollen nécessaires à la consommation quotidienne [d'une abeille], ...
MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, p. 271.
P. méton., dans le lang. de la restauration. Ce qui est servi aux clients dans un café, un restaurant. Offrir une consommation; boire sa consommation; payer, régler les consommations :
9. Après avoir un peu travaillé, je suis allé au casino municipal. Mais oui! Je me suis assis à une table du hall, j'ai commandé une consommation, et j'ai écouté l'orchestre.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 88.
b) Utilisation de matières premières ou énergétiques.
Emploi de certaines substances (généralement des matières premières)
♦ Emploi de certaines substances (généralement des matières premières) pour la fabrication, la préparation de quelque chose. La consommation de remblai correspondant au remplissage des vides (...) dans une mine (J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 94).
Au fig. :
10. En coupant le Pêcheur d'Islande de Loti, j'ai une espèce d'étonnement devant la construction de ses phrases reliées par un et, commençant par un grand et, enfin faisant une épouvantable consommation de et : ...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1886, p. 580.
♦ Emploi de certaines substances (généralement des matières premières) pour le fonctionnement d'un appareil, d'une machine. Consommation de carburant, de charbon, d'électricité, d'essence, d'huile.
Rem. On rencontre ds la docum. la forme apocopée consomme, arg. et pop. La longue jupe de satin groseille, jaspée de boue, tigrée de consommes épandues (VERLAINE, Correspondance, t. 1, 1862-95, p. 45). C'était l'optimisme, l'enthousiasme du panorama sur Paris. Ma mère, poussait la consomme, elle profitait bien de sa chance (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 365).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Ca 1120 consummaciun « état de ce qui est mené à son accomplissement, à sa perfection » (Psautier d'Oxford, éd. F. Michel, 118, 96 [omnis consummationis vidi finem]); fin XIIe-XIIIe s. consumacion del seule (Sermons sur Ezéchiel de St Grégoire, 88, 22 ds T.-L.); 1645 en la consommation des temps (PASCAL, Pensées, section IX, éd. Brunschvicg, t. 14, p. 53); 1680 consommation du mariage (RICH.). B. 1. 1580 consommation de bois (PALISSY, Discours admirable, éd. A. France, p. 380); av. 1657 écon. (FONTENELLE, Argenson ds LITTRÉ : entretenir... une consommation immense); 2. 1837 « boisson servie dans un établissement » (BALZAC, César Birotteau, p. 220). A empr. au lat. class. consummatio (de consummare, v. consommer) « accomplissement, achèvement, perfection » d'où en lat. chrét. « achèvement des temps, la fin du monde ». B dér. de consommer « absorber, faire usage de » avec suff. -ation (-tion); les Observations de l'Académie Française sur les Remarques de Vaugelas (1705, t. 2, p. 10) notent que l'on doit dire consommation de vivres et non consomption de vivres, v. consomption. Fréq. abs. littér. :1 130. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 676, b) 706; XXe s. : a) 876, b) 1 616.

consommation [kɔ̃sɔmɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. XIIe; lat. ecclés. consummatio, du supin de consummare. → Consommer.
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I Didact. ou littér. Action d'amener une chose à son plein accomplissement. Achèvement, couronnement, fin, terminaison. || La consommation d'un sacrifice, d'un forfait, d'une ruine. || Consommation d'un mariage, par l'union charnelle des époux. — ☑ Loc. Jusqu'à la consommation des siècles : jusqu'à la fin des temps (→ Ange, cit. 6; apocalypse, cit. 1; assurer, cit. 32).
1 Il est venu (le Messie) enfin en la consommation des temps; et depuis, on a vu naître tant de schismes et d'hérésies, tant renverser d'États, tant de changements en toutes choses; et cette Église, qui adore Celui qui a toujours été adoré, a subsisté sans interruption.
Pascal, Pensées, IX, 613.
2 Mlle d'Armagnac est mariée à ce Cadaval (seigneur portugais); elle est jolie et belle; c'est le chevalier de Lorraine qui l'épouse (par procuration) : elle fait pitié d'aller chercher si loin la consommation.
Mme de Sévigné, 420, 26 juil. 1675.
3 Ainsi s'accomplit sans cesse depuis le ciron jusqu'à l'homme, la grande loi de la destruction des êtres vivants. La terre entière, continuellement imbibée de sang, n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort.
J. de Maistre, les Soirées de St-Pétersbourg, 7e entretien.
4 Pensiez-vous, ma petite dame, que j'allais, jusqu'à la consommation des siècles, être votre fournisseur et banquier pour l'amour de Dieu ?
Flaubert, Mme Bovary, III, VI, p. 186.
La consommation d'une infraction. Perpétration.
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II (XVIIe; de consommer, II.). Cour.
1 Action de faire (de qqch.) un usage qui détruit ou rend ensuite inutilisable. || Faire une grande consommation de papier à lettres, d'électricité.Consommation d'essence, d'huile (d'une automobile). || Réduire la consommation d'une voiture en conduisant en souplesse.La consommation quotidienne d'un animal (pour sa nourriture).Par ext. Utilisation. || Faire une grande consommation de… || « Loti “fait” une épouvantable consommation de “et”… » (Goncourt, in T. L. F.).
Absolt. Écon. et cour. Utilisation des biens et des services. Usage. || Le développement de la consommation. || Variations de la consommation. || Consommation et débouchés. || Impôts, taxes, droits de consommation. || Consommation de luxe. || Consommation productive de richesses naturelles. || Consommation improductive.
5 La consommation n'est pas une destruction de matière, mais une destruction d'utilité.
J.-B. Say, Traité, in Littré.
6 Par production, j'entends ce qui confère l'utilité, et par consommation la jouissance produite par cette utilité.
Bastiat, Œuvres, in Littré.
7 La consommation est la cause finale et, comme le nom le dit si bien, « l'accomplissement » de tout le procès économique, production, circulation, répartition (…)
(…) il ne faut pas croire que consommation soit synonyme de destruction. Il est vrai (…) qu'il y a certains besoins, l'alimentation par exemple ou le chauffage, qui ne peuvent être satisfaits que par la transformation des objets propres à nous servir d'aliments ou de combustibles (…) Mais il est beaucoup d'autres richesses qui peuvent être détruites : maisons, jardins, monnaies, meubles, objets d'art.
Charles Gide, Cours d'économie politique, t. II, p. 472.
8 (…) la standardisation de la production entraîne logiquement celle de la consommation (…)
André Siegfried, l'Âme des peuples, I, III, p. 24.
(Mil. XXe). || Biens de consommation : biens dont l'utilisation détermine la satisfaction immédiate d'un besoin (opposés à biens de production).
Biens, articles de consommation courante.Société de consommation : type de société où le système économique pousse à consommer et suscite des besoins dans les secteurs qui sont profitables à son développement. || Coopérative de consommation.
8.1 Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.
Francis Ponge, le Parti pris des choses, p. 46.
8.2 Et qui n'a pas connu la France de cette époque ignore ce qu'est l'appétit de biens de consommation, des bas en nylon au réfrigérateur, en passant par les disques et les automobiles pour lesquelles il fallait des licences d'achat, et que l'on attendait un an… Un climat analogue règne aujourd'hui dans les pays de l'Est.
F. Giroud, Si je mens, p. 123.
8.3 Les Jouets de Georges Michel sont une satire, cruelle et drôle, de notre société de consommation, de l'environnement qui nous est imposé, des slogans dont l'O. R. T. F. nous infecte.
S. de Beauvoir, Tout compte fait, p. 214 (1972).
2 (1837). Une, des consommations. Ce qu'un client commande au café. Boisson, rafraîchissement. || Régler les consommations. || Renouveler une consommation. || Compte de consommations à crédit. Ardoise (fam.).
9 Un instant ! Commençons par jouer
La consommation d'abord pour essayer.
Je vais boire à tes frais, pour sûr, un petit verre.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Dupont et Durand ».
10 On boit la dernière et on fait une manille aux enchères à trois, pour savoir qui paiera les consommations ?
M. Pagnol, Marius, III, 2.
Abrév. pop. : conso, consom (1858, Lorchey) ou consomme (1872, Verlaine, in D. D. L.).
11 Alle (elle) paie sa consomme et s'lève. A s' dirige vers son domicile, qu'est sis au quatre-vingt-onze d'la rue Paradis.
R. Queneau, le Chiendent, p. 364-365.
CONTR. Commencement, début. — Production.
DÉR. Consommatif. — V. Consommatique.
COMP. Autoconsommation, sous-consommation, surconsommation.

Encyclopédie Universelle. 2012.