intangible [ ɛ̃tɑ̃ʒibl ] adj.
1 ♦ Vx Qu'on ne peut toucher, qui échappe au sens du toucher. ⇒ impalpable. Fluides intangibles.
2 ♦ (1899) Mod. À quoi on ne doit pas toucher, porter atteinte; que l'on doit maintenir intact. ⇒ inviolable, 1. sacré. Principes intangibles.
● intangible adjectif À quoi l'on ne peut toucher, qui doit rester intact : Des principes intangibles. ● intangible (difficultés) adjectif Sens Ne pas confondre ces deux mots de sens proches mais distincts. 1. Intangible = à quoi l'on ne peut porter atteinte ; inviolable. Ce sont des principes intangibles. Registre soutenu. 2. Intou-chable = qui ne peut être l'objet d'aucune critique, d'aucune sanction. Ses conseillers sont intouchables. Emploi légèrement familier. ● intangible (synonymes) adjectif À quoi l'on ne peut toucher, qui doit rester intact
Synonymes :
- sacré
- saint
- tabou
intangible
adj. Que l'on ne doit pas toucher, modifier, altérer. Loi intangible.
⇒INTANGIBLE, adj.
A. — Que l'on ne peut toucher. Synon. impalpable, insaisissable.
1. [Appliqué à un inanimé concr.] Fluide intangible. Le gaz carbonique, cette substance invisible et intangible, devait se liquéfier par la compression (AUGIER, Beau mar. 1859, IV, p. 255). Une épée invisible et intangible (FEUILLET, Paris, 1881, p. 247).
2. [Appliqué à un animé] Une main intangible (...) un corps insaisissable (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Lettre fou, 1885, p. 1007). Je devins intangible, invisible, incompréhensible (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 34).
3. [Appliqué à un inanimé abstr.] Ses preuves (...) étaient palpables, humaines, sûres tandis que les autres étaient intangibles, extranaturelles (HUYSMANS, En route, t. 1, 1895, p. 240) :
• 1. Dieu est le mouvement, peut-être. Voilà pourquoi le mouvement est inexplicable comme lui; comme lui profond, sans bornes, incompréhensible, intangible. Qui jamais a touché, compris, mesuré le mouvement? Nous en sentons les effets sans les voir. Nous pouvons même les nier comme nous nions Dieu.
BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 237.
— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. C'est une prise de contact avec l'invisible, l'intangible, l'insaisissable (BARRÈS, Cahiers, t. 13, 1921, p. 91).
B. — Que l'on ne doit (ou ne peut) pas changer, modifier; auquel on ne doit pas porter atteinte. Synon. immuable, inviolable.
1. Usuel. Loi, institution, principe intangible. Loi sociale, principe intellectuel, culturel ou moral immuable. Je considère comme intangibles la forme et la beauté de la langue française (GOURMONT, Esthét. lang. fr., 1899, p. 71). De même que l'école, l'usine et le bureau ne sont pas des institutions intangibles (CARREL, L'Homme, 1935, p. 385) :
• 2. ... ils étaient de ces gens intransigeants, inflexibles, qui ne raisonnent pas, ne discutent pas les principes. On ne vole pas, on ne fraye pas avec l'ennemi. Ces dogmes-là étaient intangibles.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 111.
2. [Appliqué à une pers.] Ces fortes consciences juridiques (...) intangibles dans leur conception du droit (BARRÈS, Maîtres, 1923, p. 75). Un agent diplomatique en mission à l'étranger est intangible, c'est-à-dire qu'il doit pouvoir exercer sa mission en toute liberté, sans la moindre immixtion des autorités locales (SAND.-BÉA Pol. 1976, s.v. intangibilité).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1878 et 1935. Étymol. et Hist. 1. 3e quart du XVe s. « qu'on ne peut toucher » (JEAN CASTEL, Epitre ds Œuvres de G. Chastellain, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 6, p. 145); 2. 1899 « à quoi on ne doit pas toucher, porter atteinte » (CLEMENCEAU, Vers réparation, p. 73 : principe intangible). Dér. de tangible; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 100.
DÉR. Intangibilité, subst. fém. Qualité de ce qui (ou de celui qui) est intangible (au sens B). Nous avons promis l'intangibilité des lois scolaires (BARRÈS, Cahiers, t. 12, 1919, p. 188). Mais l'acte de supprimer une vie royale comportait un sacrilège et comme la négation du caractère d'intangibilité dont les souverains étaient investis (DRUON, Louve Fr., 1959, p. 386). — []. Att. ds Ac. 1935. — 1res attest. a) 1834 « état de ce que l'on ne peut toucher » (BOISTE), b) 1919 « état de ce qui doit être maintenu intact » (BARRÈS, loc. cit.); dér. sav. de intangible, suff. -(i)té.
intangible [ɛ̃tɑ̃ʒibl] adj. et n.
ÉTYM. Mil. XVe; de 1. in-, et tangible.
❖
♦ Didactique ou littéraire.
1 Vx. Qu'on ne peut toucher, qui échappe au sens du toucher. ⇒ Impalpable. || Fluides (cit. 9) intangibles.
1 (…) si dans l'animal raisonnable, appelé homme, Dieu avait mis une étincelle invisible, impalpable, un élément, quelque chose de plus intangible qu'un atome d'élément, ce que les philosophes grecs appellent une monade (…)
Voltaire, Dialogues d'Évhémère, IV.
2 (1899). Mod. À quoi on ne doit pas toucher, porter atteinte; que l'on doit maintenir intact. ⇒ Inviolable, sacré. || Principes intangibles (Académie, 1935).
2 (…) une grande guerre moderne (… allait) faire d'eux (les pétroliers) des fournisseurs éminents des armées, et de leur monopole un pilier intangible de la patrie.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. III, XIII, p. 182.
♦ N. m. || L'intangible.
3 L'intangible se présente à moi comme une réalité matérielle.
J. Green, Journal, 28 déc. 1966, Ce qui reste de jour, p. 7.
❖
DÉR. Intangibilité.
Encyclopédie Universelle. 2012.