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inamovible

inamovible [ inamɔvibl ] adj.
• 1750; de 1. in- et amovible
Dr. Qui n'est pas amovible, qui ne peut être destitué, suspendu ou déplacé dans les conditions administratives ordinaires. Magistrat, sénateur inamovible.
Par plais. Qui garde sa fonction, sa place, qu'on ne remplace pas. éternel; indéboulonnable, intouchable. « les inamovibles vieillards, aux inamovibles casquettes, aux inamovibles mégots, qui [...] les regardaient de leurs yeux morts » (Cl. Simon).

inamovible adjectif Qui ne peut être révoqué, puni ou déplacé qu'en vertu d'une procédure spéciale offrant des garanties renforcées. (Les magistrats du siège sont inamovibles.) Dont on pense qu'il ne sera jamais remplacé dans sa fonction.

inamovible
adj. DR ADMIN Qui ne peut être déplacé, révoqué. Fonctionnaire inamovible.

⇒INAMOVIBLE, adj.
A. — DR. [En parlant du titulaire d'une fonction] Qui n'est pas amovible (v. ce mot A); qui ne peut être déplacé, rétrogradé ou suspendu par voie administrative ordinaire. Magistrat inamovible. Les auditeurs de la restauration (...) bien qu'inamovibles (...) pouvaient, par le caprice d'un ministre, être transférés d'un siège à un autre (VIVIEN, Ét. admin., t. 1, 1859, p. 197). Pour prévenir le retour des faveurs ou des menaces du pouvoir, on installait le juge sur son siège, on le rendait inamovible à jamais, sauf le cas de forfaiture contre le gouvernement qui l'avait nommé (Fondateurs 3e Républ., Gambetta, 1878, p. 325).
Sénateur inamovible [Sous la 3e République] Sénateur à vie. Les sénateurs sont inamovibles et à vie (Doc. hist. contemp., 1852, p. 9).
P. méton.; [en parlant d'une charge, d'une fonction] Magistrature, place inamovible. La Chambre des Pairs est une aristocratie « bâtarde »; il faut la rendre élective, inamovible et non héréditaire (VIGNY, Journal poète, 1830, p. 928).
B. — Courant
1. a) [En parlant d'une pers. en tant qu'occupant une fonction, une place dans la société; en parlant d'une fonction, d'une situation] Qui est attribué à vie; qui est nommé à vie; qu'on ne remplace pas. J'oubliais Dujardin-Beaumetz. Sous-secrétaire d'état aux Beaux-Arts, devenu inamovible. Un de ces médiocres qui ont trouvé le filon (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 160).
Emploi subst. Ce n'est pas ces questeurs et ces inamovibles Qui nous feront entrer dans le dernier sénat (PÉGUY, Ève, 1913, p. 911).
b) [En parlant de qqc.] Qui ne peut être déplacé, bougé. Le procédé [de la stéréophonie] consiste à remplacer le haut-parleur unique et inamovible par des diffuseurs couplés répartis en profondeur ou en hauteur et susceptibles de déplacements (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 136).
2. a) Souvent p. exagér. plais. Qui est toujours à sa place, dont il semble qu'on ne puisse pas se séparer ni se passer. Synon. éternel.
[En parlant de qqn] Toute une frise de personnages de guignol sortis de cette boîte de Pandore qu'était le Grand-Hôtel, indéniables, inamovibles et, comme tout ce qui est réalisé, stérilisants (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 666). Nul n'ignore les figures pittoresques ou inquiétantes des « czars », des « bosses » inamovibles du syndicalisme américain (Traité sociol., 1967, p. 490).
[En parlant de qqc.] Chapeau, lunettes inamovible(s). L'enseigne inamovible [d'un hôtel] offre des lettres toujours alternativement noires et rouges comme au temps de Jean-Jacques Rousseau (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 42) :
Type de maire de village. Des sabots, une culotte avec deux grandes pièces à chaque genou, la braguette grande ouverte comme si c'était plus convenable, une chemise à raies déteintes, un tricot gris, un gilet sur ce tricot qui le dépasse, et, dernier vêtement, autre gros tricot marron. Un tout petit chapeau de paille orné d'un ruban noir. Le tout usé, et cependant inamovible.
RENARD, Journal, 1900, p. 581.
b) Qui est immuable. Goût inamovible de la prostitution dans le cœur de l'homme, d'où naît son horreur de la solitude. — Il veut être deux (BAUDEL., Cœur nu, 1867, p. 661). L'inamovible gémissement sur les spoliations de la Libre Pensée et l'incommutable anxiété de péroraison sur l'avenir présumé de la chère patrie... Quand on entend autre chose, c'est qu'on a la joie d'être sourd (BLOY, Désesp., 1886, p. 195).
REM. Inamoviblement, adv., hapax. Ce rire inamoviblement fixé sur ces lèvres rouges, vous fait mal à voir (SOULIÉ, Mém. diable, t. 2, 1837, p. 46).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1750 (ARGENSON, Journ., VI, p. 305 ds BRUNOT t. 6, p. 447, note 9). Dér. de amovible; préf. in-1. Fréq. abs. littér. : 71. Bbg. GOHIN 1903, p. 282. - QUEM. DDL t. 16.

inamovible [inamɔvibl] adj.
ÉTYM. 1743, in D. D. L.; de 1. in-, et amovible.
1 Dr. Qui n'est pas amovible, qui ne peut être destitué, suspendu ou déplacé dans les conditions administratives ordinaires. || Magistrat inamovible.(1875). || Sénateurs inamovibles, élus à vie par l'Assemblée nationale (Constitution de 1875).(XIXe). || Charge, dignité, poste inamovible, dont on ne peut être destitué par voie administrative.
1 Déjà, avant de se séparer, l'Assemblée nationale élue en 1871 et dont l'existence va prendre fin, vient de pourvoir à la nomination des soixante-quinze sénateurs inamovibles.
Georges Lecomte, Ma traversée, p. 26.
2 Une fois nommés, les magistrats sont inamovibles, ce qui revient à dire qu'ils ne peuvent être destitués, suspendus ou déplacés que dans des conditions prévues par la loi. Ils ne sont pas à la discrétion du pouvoir exécutif.
Paul Cuche, Précis de procédure civile et commerciale, art. Inamovibilité, no 82.
2 (Personnes). Qui garde sa fonction, sa place, qu'on ne remplace pas; qui est toujours présent. Éternel.(Choses). → ci-dessous, cit. 4.
3 (…) j'oubliais Dujardin-Beaumetz. Sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts, devenu inamovible. Un de ces médiocres qui ont trouvé le filon.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, XV, p. 160.
4 (…) jetant un coup d'œil de naufragé autour de lui, embrassant du regard la salle minable, les tables nues, les chaises dures, les inamovibles vieillards aux inamovibles casquettes, aux inamovibles mégots, qui maintenant les regardaient de leurs yeux morts, leurs cartes crasseuses suspendues (…)
Claude Simon, le Vent, p. 62-63.

Encyclopédie Universelle. 2012.