imputation [ ɛ̃pytasjɔ̃ ] n. f.
• av. 1450; lat. imputatio
1 ♦ Action d'imputer à qqn, de mettre sur le compte de qqn (une action blâmable, une faute). ⇒ accusation, allégation, attaque, inculpation. Imputation de vol. Se défendre contre des imputations calomnieuses. « Le grief imaginaire l'emportait sur l'imputation précise » (A. Gide).
2 ♦ Fin. Affectation, application d'une somme, d'une écriture à un compte, un service déterminé. Imputation budgétaire, comptable. Imputation d'une somme au crédit, au débit d'un compte. Imputation d'un paiement : le fait d'affecter spécialement une somme au règlement d'une dette particulière, lors d'un paiement partiel.
● imputation nom féminin (latin imputatio, -onis) Action de mettre une accusation sur le compte de quelqu'un ; l'accusation elle-même, fondée ou non : Des imputations mensongères. Affectation d'une somme au débit ou au crédit d'un compte. ● imputation (expressions) nom féminin (latin imputatio, -onis) Imputation de paiement, déclaration, par le débiteur, de la dette qu'il entend régler lorsque la somme payée est insuffisante pour éteindre toutes ses dettes envers le même créancier. (Tout paiement doit, en principe, être imputé d'abord sur les intérêts.) ● imputation (synonymes) nom féminin (latin imputatio, -onis) Action de mettre une accusation sur le compte de quelqu'un ;...
Synonymes :
- allégation
- attaque
- charge
- reproche
imputation
n. f. Litt. Action d'imputer.
— Imputation budgétaire: certificat garantissant qu'une dépense est imputable au budget d'un service, d'une entreprise.
⇒IMPUTATION, subst. fém.
A. — Action d'attribuer (à quelqu'un) une action, un fait, un comportement qu'on juge généralement blâmable. Imputation d'hérésie, de fabrication de faux. Il s'est justifié des imputations dont ses ennemis l'avaient chargé (Ac. 1835-1935). Imputation fausse, calomnieuse (Ac. 1835-1935). On s'est hâté de dire que ceux qui ont péri étaient des Bonapartistes (...). Mais cette imputation, d'ailleurs, était aussi fausse que toutes celles que l'on fait porter sur des victimes (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 399). Le ministre de la guerre ne peut pas tolérer qu'un de nos officiers demeure silencieux sous cette imputation d'espionnage (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 309) :
• ... N'est-ce pas, Swann? Je ne vous vois jamais. D'ailleurs, comment faire pour le voir? Cet animal-là est tout le temps fourré chez les La Trémoïlle, chez les Laumes, chez tout ça!... Imputation d'autant plus fausse d'ailleurs que depuis un an Swann n'allait plus guère que chez les Verdurin.
PROUST, Swann, 1913, p. 258.
B. — THÉOL., vx. Application des mérites de Jésus-Christ aux hommes. Les protestants prétendent que nous sommes justifiés par l'imputation des mérites de Jésus-Christ (Ac. 1798-1878). Cette maladie originelle n'a donc point d'autre nom. Elle n'est que la capacité de souffrir tous les maux, comme le péché originel (abstraction faite de l'imputation) n'est que la capacité de commettre tous les crimes, ce qui achève le parallèle (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersbourg, t. 1, 1821, p. 83).
C. — FIN., COMPTAB. Affectation d'une somme à un compte déterminé dont elle doit être déduite. L'imputation d'un crédit. Si la dette pour sûreté de laquelle la créance a été donnée en gage, ne porte point elle-même intérêts, l'imputation se fait sur le capital de la dette (Code civil, 1804, art. 2081, p. 373). Les matières indirectes, par exemple, sortent du magasin par l'intermédiaire de bons de sortie portant mention du service demandeur. En conséquence, l'imputation de leurs frais ne souffre pas de difficultés (VILLEMER, Organ. industr., 1947, p. 203).
♦ Imputation rationnelle. Méthode de calcul des coûts ayant pour but d'éliminer les conséquences d'une variation d'activité sur le coût unitaire complet (d'apr. Comptab. 1974). Dans les industries agricoles et alimentaires, nous recommandons particulièrement la méthode des imputations rationnelles associée à la méthode par nomenclature (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 222).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié du XVe s. « accusation fondée ou non » (G. CHASTELLAIN, Chroniques, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 5, p. 84); 2. 1541 théol. (CALVIN, Institution de la religion chrétienne, éd. J.-D. Benoit, livre IV, ch. 15, p. 326); 3. 1690 fin. (FUR.). Empr. au lat. chrét. imputatio « compte, calcul; action de mettre en compte, de faire valoir; accusation, opprobre » (cf. BLAISE Lat. chrét. et BLAISE Latin. Med. Aev.). Fréq. abs. littér. : 120.
imputation [ɛ̃pytɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. Av. 1450; lat. imputatio, de imputare. → Imputer.
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♦ Littéraire, didactique ou style soutenu.
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1 Action, fait d'imputer à qqn, de mettre sur le compte de qqn (une action blâmable, une faute…). ⇒ Accusation, allégation, inculpation. || L'imputation (par qqn) d'une faute à qqn, à son honneur (→ ci-dessous, cit. 3). || Une imputation de chantage. || Imputation de vol, de cruauté, de haine (→ Crédit, cit. 14). || Imputations fausses, calomnieuses (⇒ Calomnie), diffamatoires (cit. 3). ⇒ Chantage, diffamation. || Imputation injurieuse. || Imputation atroce, odieuse. || Imputation gratuite, sans fondement. || Accueillir sans preuve toutes les imputations. || L'imputation de qqn (sans autre compl.), par qqn. || Se défendre contre les imputations d'un ennemi. ⇒ Attaque. — Se laver, se justifier d'une imputation.
1 Vous verrez dans Minucius Felix les imputations abominables dont les païens chargeaient les mystères chrétiens.
Voltaire, Dict. philosophique, Initiation.
2 En entassant des imputations contradictoires, la calomnie se découvre elle-même : mais la malignité est aveugle, et la passion ne raisonne pas.
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont.
3 J'ignore ce que devint cette victime de la calomnie; mais il n'y a pas d'apparence qu'elle ait après cela trouvé facilement à se bien placer. Elle emportait une imputation cruelle à son honneur de toutes manières. Le vol n'était qu'une bagatelle, mais enfin c'était un vol (…)
Rousseau, les Confessions, II.
4 Le grief imaginaire l'emportait sur l'imputation précise. Ah, que la vie serait belle et notre misère supportable si nous nous contentions des maux réels sans prêter l'oreille aux fantômes et aux monstres de notre esprit.
Gide, la Symphonie pastorale, p. 64-65.
4.1 Ne cherchez pas les raisons de notre rupture autre part que dans les deux abominables lettres que vous venez de m'écrire, ainsi sans raison, gratuitement, me couvrant d'imputations injurieuses et non motivées.
A. Artaud, À Jean Paulhan, Œ. compl., t. III, p. 136.
2 (1541). Relig. chrét. || Imputation des mérites de Jésus-Christ, leur application, leur attribution aux hommes.
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II (1690). Dr., fin., affaires. Affectation, application (d'une somme) à un compte déterminé. || Imputation d'une somme au débit, au crédit d'un compte. — Imputation des libéralités sur la réserve ou la quotité disponible. || Imputation d'une donation sur la part d'un héritier (en vue d'en déduire le montant).
♦ (1804). Dr. || Imputation d'un payement : le fait d'affecter spécialement une somme au règlement d'une dette, lors d'un payement partiel fait par le débiteur de plusieurs dettes. || De l'imputation des payements (art. 1253 à 1256 du Code civil).
5 Lorsque le débiteur de diverses dettes a accepté une quittance par laquelle le créancier a imputé ce qu'il a reçu sur l'une de ces dettes spécialement, le débiteur ne peut plus demander l'imputation sur une dette différente (…)
Code civil, art. 1255.
♦ Imputation rationnelle : méthode de calcul des coûts tendant à éliminer les conséquences des variations d'activité sur les coûts unitaires.
Encyclopédie Universelle. 2012.