idiome [ idjom ] n. m.
• 1534; ydiomat 1527; lat. idioma, gr. idiôma « particularité propre à une langue, idiotisme »
♦ Ling. Ensemble des moyens d'expression d'une communauté correspondant à un mode de pensée spécifique. ⇒ langue; 2. parler .
♢ Parler propre à une région. ⇒ dialecte, patois.
● idiome nom masculin (bas latin idioma, -atis, du grec idiôma, -atos, caractère propre) Tout instrument de communication linguistique utilisé par telle ou telle communauté. (C'est un terme très général qui recouvre aussi bien la notion de langue que les notions de dialecte, de patois, etc.) ● idiome (difficultés) nom masculin (bas latin idioma, -atis, du grec idiôma, -atos, caractère propre) Orthographe Sans accent circonflexe malgré la prononciation du o, fermé comme dans dôme. ● idiome (expressions) nom masculin (bas latin idioma, -atis, du grec idiôma, -atos, caractère propre) Communication des idiomes, attribution, à la personne de Jésus-Christ, des propriétés de chacune de ses deux natures, humaine et divine, du fait de l'union hypostatique.
idiome
n. m. Litt. Parler propre à une région (langue, dialecte ou patois).
⇒IDIOME, subst. masc.
A. — Langue propre à une communauté, généralement une nation, un peuple. L'idiome anglais, français, maternel, national; les idiomes indo-européens. L'hébreu renfermé dans le sépher de Moïse est le pur idiome des antiques Égyptiens (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 512). En Europe, l'ancien slavon, le tudesque, le gothique, le normannique se retrouvent au-dessous des idiomes slaves et germaniques (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 206) :
• 1. ... quel extravagant mélange de races et d'idiomes représenta l'armée française de 1939-1940. Dans mes casiers, il y avait des Polonais, des Italiens, des Russes blancs, des Turcs, des Espagnols, des Hongrois...
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 100.
— LING. Ensemble des moyens d'expression d'une communauté considéré dans sa spécificité. La vie linguistique d'un idiome. Le terme d'idiome désigne fort justement la langue comme reflétant les traits propres d'une communauté (SAUSSURE, Ling. gén., 1916, p. 261).
B. — Usage linguistique propre à une région, à une province, à un groupe social, indépendamment d'une structure politique, administrative ou nationale. L'idiome provençal, toscan. Un poëte qui crée une langue d'un idiome comme Pétrarque a créé l'italien (LAMART., Cours litt., 1859, p. 234). L'idiome chananéen est devenu la langue sacrée par excellence (WEILL, Judaïsme, 1931, p. 145) :
• 2. ... dans un style puisant à tous les dialectes, empruntant des expressions à toutes les langues charriées dans Rome, (...) faisant parler à chacun son idiome : aux affranchis, sans éducation, le latin populacier, l'argot de la rue; aux étrangers leur patois barbare, mâtiné d'africain, de syrien et de grec...
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 41.
— P. ext. Manière de s'exprimer propre à une personne, à une époque, à un domaine, à un groupe de personnes, d'initiés, de spécialistes. L'idiome hippique, littéraire, poétique, scientifique; l'idiome d'une caste, des enfants. Honteux et timide, ne sachant point l'idiome des salons (BALZAC, Peau chagr., 1831, p. 83). Cette imitation sans choix qu'on appelle, dans l'idiome du jour, le réalisme (Ch. BLANC, Gramm. arts dessin, 1876, p. 18) :
• 3. Il [le commandant] lui parlait toujours un idiome de jeunes mariés, un argot inventé, un patois de nourrice que la jument comprenait parfaitement...
MORAND, Extrav., 1936, p. 27.
— Au fig. Moyen d'expression autre que le langage. L'idiome de la musique, des nombres. On a vu que nos sens sont des idiomes, dont quatre sont spéciaux et le dernier général (TAINE, Intellig., t. 1, 1870, p. 235). Ce qui lui importe [à Monticelli], (...) c'est la couleur, et son mystérieux idiome (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 181).
Prononc. et Orth. : [idjo:m]. Att. ds Ac. dep. 1694. FÉR. Crit. t. 2 1787 propose d'écrire idiôme. Étymol. et Hist. 1. 1558 « langage particulier à une région » (B. DES PÉRIERS, Nouvelles récréations, éd. P. Jourda, nouvelle XIV, p. 402); 2. 1611 « ce qui est particulier à une langue » (COTGR.). Empr. au b. lat. idioma, gr. , « propriété » et « particularité de style », également attesté en b. lat. au sens de « langue particulière » (615 ds LATHAM). Fréq. abs. littér. : 250. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 553, b) 436; XXe s. : a) 353, b) 144. Bbg. MILITZ (H.-M.). Zur gegenwärtigen Problematik der Phraseologie. Beitr. rom. Philol. 1972, t. 11, p. 102.
idiome [idjom] n. m.
ÉTYM. V. 1534; ydiomat, v. 1527; lat. idioma, mot grec, proprt « particularité propre à une langue, idiotisme », sens conservé jusqu'au XVIIe et repris en ling. par l'anglais.
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♦ Didactique (linguistique).
1 Ensemble des moyens d'expression d'une communauté correspondant à un mode de pensée spécifique (grammaire). ⇒ Langue (→ Copte, cit. 1; former, cit. 41; grammaire, cit. 6 et 9). || L'idiome français (→ Fixer, cit. 16). || Idiomes germaniques.
1 Les mots sont les signes des idées, et naissent avec elles, de manière qu'une nation formée et distinguée par son idiome ne saurait faire l'acquisition d'une nouvelle idée, sans faire en même temps celle d'un mot nouveau qui la représente (…)
2 La langue du musicien a sur celle du poète l'avantage qu'une langue universelle a sur un idiome particulier.
Chamfort, Maximes et pensées, Sur l'art dramatique, XXX.
3 Nul, dans une littérature vivante, n'est juge compétent que des ouvrages écrits dans sa propre langue. En vain vous croyez posséder à fond un idiome étranger, le lait de la nourrice vous manque, ainsi que les premières paroles qu'elle vous apprit à son sein et dans vos langes; certains accents ne sont que de la patrie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 143.
4 Le grand caractère commun des sujets parlant un même idiome, c'est qu'ils portent tous en eux, d'une façon surtout inconsciente d'ailleurs, un même système de notions d'après lesquelles s'ordonnent toutes les pensées qu'ils viennent à formuler en langage.
J. Damourette et É. Pichon, Essai de grammaire…, t. I, p. 13.
5 Il faut donc, pour qu'un esprit saisisse réellement tout le contenu sémantique d'un discours qu'il ait, dès l'infantile époque de sa formation, été modelé selon le système taxiématique (grammatical) de l'idiome dans lequel la pensée de son interlocuteur s'exprime. Telle est la véritable raison de ce fait bien connu (Cf. le proverbe italien Traduttore, traditore) qu'il est absolument impossible de jamais comprendre parfaitement un idiome autre que le sien propre. Tel est aussi le secret de la valeur éducative des langues étrangères (…)
J. Damourette et É. Pichon, Essai de grammaire…, t. I, p. 14.
2 Langue; parler propre à une région (⇒ Dialecte, patois), à un groupe social. || L'idiome normand (→ Fruste, cit. 3), anglo-normand (→ Français, cit. 14). — Type de discours. || L'idiome révolutionnaire (→ Fanatisme, cit. 8).
6 La littérature qui exprime l'ère nouvelle n'a régné que quarante ou cinquante ans après le temps dont elle était l'idiome.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 207.
7 Aujourd'hui la résistance expire, la Bretagne devient peu à peu toute France. Le vieil idiome, miné par l'infiltration continuelle de la langue française, recule peu à peu.
Michelet, Hist. de France, III, Tableau de la France, p. 97.
7.1 — Il va parler, dit la dame polyglotte à ses congénères en leur idiome natif.
R. Queneau, Zazie dans le métro, p. 97.
♦ Fig., vx. Langage (au sens figuré).
8 (…) dites que les poiriers rompent de fruit cette année (…) c'est pour lui un idiome inconnu : il s'attache aux seuls pruniers.
La Bruyère, les Caractères, XIII, 2.
3 (Angl. idiom, Ch. Hockett; ce sens correspond aux emplois étym. du mot grec idioma). Unité linguistique qui n'est pas analysable selon une règle générale de la langue (morphème; mot ou groupe de mots, expression idiomatique).
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DÉR. Idiomatique.
Encyclopédie Universelle. 2012.