idéalité [ idealite ] n. f.
• 1770; de 1. idéal
1 ♦ Caractère de ce qui est idéal. « discussions sur la réalité ou l'idéalité du monde extérieur » (Bergson).
2 ♦ Rare Être, objet idéal. « Je ne sais quelle fantastique idéalité » (Gautier). — Les idéalités mathématiques. ⇒ abstraction.
⊗ CONTR. Réalité.
● idéalité nom féminin Caractère de ce qui est idéal. ● idéalité (expressions) nom féminin Idéalité mathématique, statut des objets mathématiques, définis dans le champ de leur utilisation par les règles de leur construction.
idéalité
n. f. Didac. Caractère de ce qui est idéal.
⇒IDÉALITÉ, subst. fém.
A. — Caractère de ce qui est idéal.
1. [Correspond à idéal I A]. [Dans la Critique de la Raison pure de Kant, la] double affirmation, de l'idéalité transcendantale et de la réalité expérimentale, est formulée en termes particulièrement heureux dans l'exposition du concept d'espace (H.-D. GARDEIL, Les Étapes de la philos. idéaliste, Paris, Vrin, 1935, p. 96) :
• 1. ... idéalité d'un objet, simple possibilité d'un objet, n'ont de sens que par rapport à une réalité qui chasse dans la région de l'idéal ou du simple possible cet objet incompatible avec elle.
BERGSON, Évol. créatr., 1907, p. 285.
— P. méton., surtout au plur. Ce qui n'existe que dans l'imagination. Un personnage palpable, tel qu'un Mercure, un Griffon, ou une idéalité, que l'on appelait la renommée, la discorde, etc. (QUINET, Napoléon, 1836, p. 149) :
• 2. Je préférais mille fois ces vierges enveloppées de leurs voiles célestes à la trop visible épouse du Cantique des Cantiques. J'aimais à voir ces ravissantes idéalités planant entre le ciel et la terre, leurs pieds cachés sous la rosée des blanches églantines qui couronnent les sommets du Maria et du Nébo, et leurs chevelures ardentes pâlissaient de leurs reflets dorés les rayonnements qui précèdent l'aurore.
BARRÈS, Colline insp., 1913, p. 199.
2. [Correspond à idéal I B] Ses amours (...) constamment excitées par le mystère et le danger (...) devaient garder après des années l'idéalité de la première heure (FEUILLET, Camors, 1867, p. 278). Le Christ aux Anges, le Jésus insulté [de Manet] ne sont que des morceaux de peinture sans idéalité (MAUCLAIR, Maîtres impressionn., 1923, p. 58) :
• 3. Il avait vu Noémie passer en voiture, et la rencontre de ce visage d'une idéalité de contours rendue plus séraphique encore par la torture intime, ce teint délicieux (...) lui étaient apparus comme des motifs d'étude.
BOURGET, Irrépar., 1884, p. 182.
B. — Vx. Synon. de idéalisme (v. ce mot B). Tu recevras de lui une inspiration d'énergie journalière et pratique, et en même temps un grand élan d'idéalité contemplative (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1835, p. 204) :
• 4. ... je n'ai manqué presque en rien à mes promesses de cléricature. Je suis sorti de la spiritualité pour rentrer dans l'idéalité. J'ai observé mes engagements mieux que beaucoup de prêtres en apparence très réguliers. En m'obstinant à conserver dans le monde des vertus de désintéressement, de politesse, de modestie qui n'y sont pas applicables, j'ai donné la mesure de ma naïveté.
RENAN, Souv. enf., 1883, p. 361.
Prononc. : [idealite]. Étymol. et Hist. A. 1. 1770 « état de réalisation parfaite d'une chose » (RESTIF DE LA BRETONNE, Idées singulières, II, 129 ds GOHIN); 2. 1789 « qualité de ce qui est dans sa nature adéquatement saisissable par la pensée » (Journal de Paris, 1er nov., 1413); 3. 1829 « caractère de ce qui est d'une beauté parfaite et toute immatérielle » (JANIN, Âne mort, p. 18). B. 1839 plur. idéalités « rêveries, imaginations » (VIGNY, Journal poète, p. 1030). Dér. de idéal1; suff. -ité. Fréq. abs. littér. : 104. Bbg. DARM. 1877, p. 205. - GOHIN 1903, p. 272.
idéalité [idealite] n. f.
ÉTYM. 1770, Restif de la Bretonne; de 1. idéal, et -ité.
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1 Caractère de ce qui est idéal. — (1789; au sens philos., c'est-à-dire de ce qui est idéel). || L'idéalité du temps et de l'espace. — (1801, in D. D. L.). || Paralogisme de l'idéalité (Kant).
1 (Les) discussions sur la réalité ou l'idéalité du monde extérieur.
H. Bergson, Matière et Mémoire, p. 11.
♦ (Au sens large). || Art qui dépouille (cit. 16) toute idéalité. || Le sens de l'idéalité, sens esthétique (cit. 10) par excellence.
2 Les anges qui tiennent l'orgue sur lequel la sainte en extase laisse errer ses doigts, ne sont que jolis; ils n'ont pas cette idéalité séraphique des figures de Fiesole, du Pérugin et de Gian-Bellini.
Th. Gautier, Portraits contemporains, Paul Delaroche, p. 300.
2.1 (…) qu'est-ce que l'art grec : c'est le réalisme du beau, la traduction rigoureuse du d'après nature antique, sans rien d'une idéalité que lui prêtent les professeurs d'art de l'Institut (…)
Ed. et J. de Goncourt, Journal, t. II, p. 6.
2.2 C'est par cette double exigence qu'il (Rilke) conserve à l'existence poétique la tension sans laquelle elle s'évanouirait peut-être dans une idéalité assez fade.
M. Blanchot, l'Espace littéraire, p. 197.
2 (1839, Vigny). Être, objet idéal.
3 (…) au lieu de poursuivre des fantômes, je me colletterais avec des réalités; je ne demanderais aux femmes que ce qu'elles peuvent donner : — du plaisir, — et je ne chercherais pas à embrasser je ne sais quelle fantastique idéalité parée de nuageuses perfections.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, II, p. 96.
♦ Les idéalités mathématiques. ⇒ Abstraction.
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CONTR. Réalité.
Encyclopédie Universelle. 2012.