hiératique [ 'jeratik ] adj.
• 1566; lat. hieraticus, gr. hieratikos
1 ♦ Didact. Qui concerne les choses sacrées, et spécialt le formalisme religieux, la liturgie. Célébration hiératique d'une fête religieuse. Gestes hiératiques d'un prêtre célébrant un sacrifice.
♢ Ling. Écriture hiératique : écriture cursive ancienne des Égyptiens.
♢ Arts Qui est imposé ou réglé par une tradition sacrée. Art, style hiératique. Figures hiératiques de l'art égyptien.
2 ♦ Cour. Qui semble réglé, imposé par un rite, un cérémonial, une tradition. ⇒ solennel. Figure, personnage, visage hiératique. ⇒ immobile; figé. Attitude hiératique. « Les gestes étaient solennels et presque hiératiques » (R. Rolland). — Adv. HIÉRATIQUEMENT , 1855 .
⊗ CONTR. Laïque, profane. Libre. Mobile, 2. vivant.
● hiératique adjectif (latin hieraticus, du grec hieratikos, propre aux usages sacrés) Conforme aux normes d'une tradition liturgique. Qui est raide, figé dans sa majesté ou sa solennité : Gestes hiératiques. ● hiératique (expressions) adjectif (latin hieraticus, du grec hieratikos, propre aux usages sacrés) Écriture hiératique ou hiératique (nom masculin), cursive égyptienne dérivée des hiéroglyphes et utilisée dans les manuscrits depuis la première dynastie (vers 3000 avant J.-C.), jusque vers 200 avant J.-C. ● hiératique (synonymes) adjectif (latin hieraticus, du grec hieratikos, propre aux usages sacrés) Conforme aux normes d'une tradition liturgique.
Synonymes :
- sacré
Qui est raide, figé dans sa majesté ou sa solennité
Synonymes :
- figé
- olympien
- solennel
hiératique
adj. (et n. f.)
d1./d Didac. Qui concerne les choses sacrées; qui a le caractère formel des traditions liturgiques.
|| LING écriture hiératique ou, n. f., la hiératique: la plus ancienne des deux écritures cursives des anciens égyptiens.
d2./d Cour. Majestueux, d'une raideur figée. Pose hiératique.
⇒HIÉRATIQUE, adj.
A. — Domaines didactiques
1. Qui concerne les choses sacrées; en partic., qui est conforme à un rituel religieux, à une liturgie. Danse, cérémonie hiératique. Le prêtre et les deux diacres, revêtus de riches ornements, exécutent devant l'autel les gestes et les évolutions hiératiques (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 97) :
• Par les cours du palais, où l'ombre met ses plombs,
Circule — tortueux serpent hiératique —
Une procession de moines aux frocs blonds
Qui marchent un par un, suivant l'ordre ascétique,
Et qui, pieds nus, la corde aux reins, un cierge en main,
Ululent d'une voix formidable un cantique.
VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p. 89.
2. P. ext., B.-A. Qui est imposé ou réglé par une tradition sacrée et immuable. Art, style hiératique; formes hiératiques; attitude, pose, posture hiératique d'une idole; geste, icône hiératique. Les cathédrales de Palerme et de Mont-Réal présentent des combinaisons mixtes, où l'ornementation arabe se mêle aux figures hiératiques des Byzantins (MÉNARD, Hist. B.-A., 1882, p. 38). L'individu dans l'art égyptien. — L'Égypte, jusqu'à l'apparition des Grecs, reste enfoncée cinquante siècles dans une gangue hiératique dont l'individu ne sort pas (Arts et litt., 1935, p. 58-11).
B. — Usuel. Qui a un caractère de majesté sévère, d'immobilité ou de gravité, qui semble imposé par un rite ou une tradition. Synon. figé, solennel. Figure, personnage, visage hiératique; raideur, immobilité hiératique. Sur un fond rougeâtre, le pâle Malraux s'offre, hiératique, aux ovations (MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 201). Son teint pâle, ses traits hiératiques évoquaient l'Asie, le sourire fin des « êtres de sagesse » (MONTHERL., Lépreuses, 1939, p. 1436).
C. — LING. Écriture hiératique. Écriture cursive des anciens Égyptiens, dérivée des hiéroglyphes et simplifiée. L'écriture cursive et l'écriture phonétique, compliquées de signes hiératiques à l'usage des prêtres de la vallée du Nil (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 283).
— P. plaisant., au fig. [En parlant d'une langue] Réservé aux initiés. Synon. ésotérique. L'idiome hiératique et sacré des lettrés et des délicats (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 127). Gavroche (...) répéta pour la troisième fois l'injonction en langue hiératique : — Pioncez! (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 168).
— Emploi subst. masc. Ceux qui sont instruits parmi les Égyptiens apprennent (...) en second lieu l'hiératique (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 57). Le hiératique était utilisé pour les textes écrits en papyrus (VILLE 1967).
REM. 1. Hiératisant, -ante, adj. Qui rappelle le style hiératique. Les formes hiératisantes retrouvées chez les Aymaras des Andes péruviennes (FAURE, Hist. art, 1912, p. 238). 2. Hiératisé, -ée, adj. Qui a pris le style hiératique. La représentation d'un visage d'homme ou de femme est toujours hiératisée [dans les impressions japonaises] (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1159).
Prononc. et Orth. : []. Init. asp. ds VILLE 1967 supra. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. [Mil. XVIe s. hieratique désignait dans l'Antiquité une sorte de papier utilisée pour les livres sacrés (G. DU CHOUL s. réf. ds GUÉRIN : chartres hieratiques)]; 1562 (DU PINET, Pline, XIII, 12, p. 512; 2. 1822 écriture hiératique (CHAMPOLLION, Lettre à M. Dacier, p. 1 ds Arch. St. n. Spr., n° 205, p. 363, s. v. démotique); 1893 subst. (FRANCE, loc. cit.); 3. a) 1843 se dit d'une forme d'art (GAUTHIER, Tra los montes, p. 150); b) 1863 p. ext. « raide, solennel » (FLAUB., Salammbô, t. 2, p. 159). Empr. au lat. hieraticus au sens 1 chez Pline, b. lat. au sens 2, lui-même empr. au gr. « qui concerne les choses sacrées; de prêtre, sacerdotal; sens 1 et 2 ». Fréq. abs. littér. : 71.
DÉR. Hiératiquement, adv. D'une manière hiératique. Geste hiératiquement figé. Des dieux funéraires (...) présentaient, d'un geste hiératiquement roide, le fouet, le pedum, le sceptre (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 181). C'est à la messe noire (...) que s'acheminait cette extatique figure, hiératiquement droite dans sa robe en lambeaux (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 83). — []. — 1re attest. 1855 (DE VOGÜE, Souvenirs d'une excursion en Phénicie ds LITTRÉ); de hiératique, suff. -ment2.
hiératique [jeʀatik] adj. et n. m.
ÉTYM. 1566; lat. hieraticus, grec hieratikos, de hieros « sacré ».
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1 Didact. Qui concerne les choses sacrées, et, spécialt, le formalisme religieux, la liturgie. ⇒ Liturgique. || Institution hiératique. || Célébration hiératique d'une fête (cit. 2) religieuse. || Gestes hiératiques d'un prêtre célébrant un sacrifice.
1 À Sparte, le vol était pratiqué et honoré : c'était une institution hiératique, un complément indispensable à l'éducation de tout Lacédémonien sérieux.
Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, p. 9.
♦ (1822, Champollion, in T. L. F.). Ling. || Écriture hiératique ou l'hiératique, n. m., écriture cursive ancienne des Égyptiens, par oppos. à l'écriture démotique d'une part, à l'écriture hiéroglyphique primitive de l'autre. || Caractères de l'écriture hiératique. ⇒ Hiérogramme.
2 C'est à cette époque (moyen empire; 2000 av. J.-C.) qu'apparaissent pour nous les manuscrits en nombre (…) l'écriture en est dite, d'après le grec, hiératique, c'est-à-dire ecclésiastique, quoiqu'elle ait surtout servi à des usages profanes. C'est une manière cursive de dessiner les hiéroglyphes (…)
A. Meillet et M. Cohen, les Langues du monde, p. 153.
2 (1843). Arts. Se dit d'un art, d'un style imposé ou réglé par une tradition sacrée. || L'art égyptien, l'art byzantin sont essentiellement hiératiques. — Par ext. || L'aspect (cit. 19) hiératique d'un temple égyptien. || Un Christ, un saint hiératique, figé dans une attitude hiératique. || Le caractère hiératique des icônes. ⇒ Sacré.
3 (L'art byzantin) est un art hiératique, sacerdotal, immuable : rien ou presque rien n'y est abandonné à la fantaisie ou à l'invention de l'artiste. Les formules en sont précises comme des dogmes.
Th. Gautier, Voyage en Russie, XIX.
3 (1862, Flaubert). Littér. et cour. (sans qu'il soit question de formalisme religieux). Qui semble réglé, imposé par un rite, un cérémonial, une tradition. ⇒ Solennel. || Figure, personnage, visage hiératique. ⇒ Immobile, figé. || Attitudes, gestes hiératiques.
4 Les gestes étaient solennels et presque hiératiques. L'héroïne, drapée de son peignoir comme d'un péplum grec, le bras levé, la tête baissée, jouait l'Antigone toujours (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, Foire sur la place, I, p. 710.
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CONTR. Laïque, profane. — Individuel, libre. — Baroque. — Mobile, vivant.
DÉR. Hiératiquement, hiératisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.