hermétique [ ɛrmetik ] adj. et n. f.
• 1610; de Hermès (Trismégiste)
1 ♦ Vx Relatif à l'alchimie. ⇒ alchimique. Spécialt Sceau hermétique, fermeture hermétique : « la manière de boucher les vaisseaux [récipients] pour les opérations chimiques, si exactement, que rien ne se puisse exhaler » (Furetière).
♢ Didact. Relatif à la partie occulte de l'alchimie. ⇒ hermétisme. La philosophie, la science hermétique. — N. f. (XVIIIe ) L'HERMÉTIQUE : la philosophie, les doctrines ésotériques de l'alchimie.
2 ♦ (1837) Mod. Se dit d'une fermeture aussi parfaite que le « sceau hermétique » des alchimistes. ⇒ étanche. Fermeture hermétique d'un récipient, d'une bouteille. — Par ext. ⇒ 1. clos, fermé. Boîte, récipient hermétique.
♢ Fig. Être hermétique à qqch., y être fermé, insensible, n'y rien comprendre. Il est complètement hermétique à ce genre d'humour.
3 ♦ (XIXe) Impénétrable, difficile ou impossible à comprendre. ⇒ obscur. Écrivain, poète hermétique. « Un style si personnel qu'il est à peu près hermétique » (Aymé). ⇒ ésotérique. Un visage hermétique, sans expression. ⇒ fermé, impénétrable.
⊗ CONTR. Clair. Ouvert.
● hermétique adjectif (de Hermès Trismégiste, nom propre) Se dit de toute fermeture parfaitement étanche et de l'objet qui en est muni : Autocuiseur hermétique. Qui est difficile à comprendre : Une poésie hermétique. Relatif à l'hermétisme. ● hermétique (expressions) adjectif (de Hermès Trismégiste, nom propre) Être hermétique à quelque chose, ne rien y comprendre, y être fermé : Être hermétique à la musique contemporaine. Visage hermétique, qui ne laisse rien paraître, indéchiffrable. ● hermétique (synonymes) adjectif (de Hermès Trismégiste, nom propre) Se dit de toute fermeture parfaitement étanche et de l'objet...
Synonymes :
- étanche
Qui est difficile à comprendre
Synonymes :
- abscons
- ésotérique
- impénétrable
- incompréhensible
- obscur
- sibyllin
Contraires :
- clair
- compréhensible
- limpide
hermétique
adj.
d1./d Qui ferme parfaitement; qui assure une fermeture parfaitement étanche. Récipient hermétique. Joint hermétique.
d2./d Fig. Obscur, difficile à comprendre. Poésie hermétique.
⇒HERMÉTIQUE, adj.
I. A. — [Correspond à hermétisme A] Relatif à l'hermétisme. Science, ouvrage hermétique. Ses membres [de la franc-maçonnerie] se divisent entre eux en deux classes : la franc-maçonnerie philosophique et la franc-maçonnerie hermétique ou égyptienne (...). La seconde se rapporte aux sciences, à celles qui s'occupent des secrets de la nature (STAËL, Allemagne, t. 5, 1810, p. 148) :
• 1. La philosophie hermétique nous enseigne que les corps n'ont aucune action sur les corps, et que, seuls, les esprits sont actifs et pénétrants. Ce sont eux, les esprits, ces agents naturels qui provoquent, au sein de la matière, les transformations que nous y observons.
FULCANELLI, Demeures philosophales, t.1, 1929, p. 128.
♦ P. ext., vieilli. Relatif à un savoir occulte. Synon. ésotérique, occulte. Depuis les beaux jours du symbolisme indien et de la mythologie grecque, on n'avait rien connu de plus véritablement hiéroglyphique, cabalistique et hermétique (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 19).
— Emploi subst.
♦ Subst. fém. Synon. de hermétisme. Voir HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 122.
♦ Subst. masc. Synon. de hermétiste. Cette huile de Harlem (...) est un médicament qui semble avoir été inventé par un hermétique moyenâgeux (GONCOURT, Journal, 1893, p. 484).
B. — [Correspond à hermétisme B]
1. [En parlant d'une œuvre d'art ou de l'esprit] Difficile ou impossible à comprendre et/ou à interpréter. Synon. abscons, ésotérique, obscur, sibyllin; anton. clair. Langage, terme hermétique. Je me délectais, aux repas, de récits à mots couverts, de ce langage, employé par les parents, où le vocable hermétique remplace le terme vulgaire (COLETTE, Mais. Cl., 1922, p. 44). Ils [des prêtres] avaient bien l'air, eux-mêmes, de se mouvoir avec gêne dans ces ténèbres, d'aller à l'aveuglette, de tourner avec un inconscient malaise autour de ces dogmes hermétiques. Ils affirmaient. Ils affirmaient quoi? Ce qu'on leur avait affirmé (MARTIN DU G., Thib., Mort père, 1929, p. 1384).
— En partic., domaine de la crit. :
• 2. À tout le moins le caractère fermé, hermétique, d'une œuvre qui exige pour qu'on l'aborde un état d'âme aussi particulier, risque-t-il de compromettre la foi dont le poète [Claudel] s'est fait le missionnaire et l'apôtre.
MASSIS, Jugements, 1924, p. 256.
♦ P. ext. [En parlant d'une pers.] Qui est ou est considéré comme un tenant de l'hermétisme. La brièveté, la précision, la promptitude, le contour, voilà de quoi nous faire prendre pour des écrivains hermétiques (COCTEAU, Crit. indir., 1932, p. 25). Le peintre Joan Miró, réputé hermétique (LEVINSON, Visages danse, 1933, p. 74).
Emploi subst. masc. Proust, Valéry, Mallarmé et autres hermétiques (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 147).
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Le culte de l'hermétique; du rare; du précieux (BENDA, Fr. byz., 1945p. 223).
2. Hermétique à (qqc.). [En parlant d'une pers.] Qui est insensible à (quelque chose). J'avoue rester hermétique à ses qualités [d'une chanteuse], ni sa voix haut perchée, ni ses mines, ni ses chansons, dont la poésie m'échappe, ne m'ont plu (Le Monde, 19 janv. 1952, p. 8, col. 3).
II. — [En parlant de choses] Qui est fermé ou qui ferme de manière à empêcher tout échange avec le milieu ambiant. Synon. étanche. Fermeture, récipient hermétique. Des marmites construites pour résister à la pression, fermées par un couvercle à joint hermétique (Lar. mén. 1926, p. 459).
— P. ext. et p. plaisant. Qui est parfaitement clos. Les voyageurs ont souvent des objets qui pourraient tenter la cupidité des larrons, et leurs logements doivent être clos, de façon hermétique (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 283). Contenir dans ma bouche hermétique le rire qui cherche une issue (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p. 194). Elle arrive embobelinée dans un vaste cache-poussière, en soie glacée d'argent, si hermétique et si convenable que je m'étonne (COLETTE, Cl. s'en va, 1903, p. 109).
— P. métaph. ou au fig. Qui empêche toute communication. Frontières hermétiques. L'hiver, le printemps, l'été, ne sont pas séparés par des cloisons aussi hermétiques que tend à le croire le boulevardier qui jusqu'aux premières chaleurs s'imagine le monde comme renfermant seulement des maisons nues sous la pluie (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 634).
III. — [En parlant d'une expression, d'une partie du corps] Qui ne laisse pas paraître les réactions, les sentiments (d'une personne). Synon. fermé, impénétrable; anton. ouvert. L'adolescent avait fermé des yeux qui peut-être eussent trahi malgré lui une faiblesse, le désir de plier, — visage strictement hermétique, osseux, comme taillé dans le silex, où rien de sensible ne subsistait que la double meurtrissure des paupières (MAURIAC, Désert am., 1925, p. 24).
— P. ext. [En parlant de pers.] Synon. de secret. Hanté de négoce, dangereusement dolent par calcul, hermétique et imprudent, désarmant dès qu'il le voulait, il n'omit jamais de ménager ma part de tourments précis et de plaisirs confus (COLETTE, Apprent., 1936, p. 118).
Rem. En archit. [Correspond à Hermès] Colonne hermétique. Colonne surmontée d'une tête d'homme en guise de chapiteau. (Dict. XIXe et XXe s.).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1554 « se dit d'un mode particulier de fermeture des vases réalisé par les alchimistes » hermetic vase (BL.-W. 1-5); 1620 fermeture hermétique (JEAN BEGUIN, Les Elemens de Chymie ds Fr. mod. t. 14, p. 285); b) 1837 plus gén. « se dit de toute fermeture parfaitement étanche » (BALZAC, C. Birotteau, p. 367 : fermeture plus ou moins hermétique); 2. 1610 « relatif à l'alchimie » pierres hermetiques (BEROALDE DE VERVILLE, Voyages des princes fortunez, p. 377 ds HUG.); 1762 subst. fém. « science, doctrines de l'alchimie » (Ac.); 3. 1843 « occulte, secret; difficile à interpréter » significations hermétiques (GAUTIER, Voyage en Espagne, p. 164 ds ROB.); cf. 1863 rêvasseries hermétiques (ID., Fracasse, p. 92). Dér. irrég. du b. lat. Hermes Trismegistus, du gr. (IIIe s. apr. J.-C. ds LIDDELL-SCOTT) c'est-à-dire « Hermès trois fois très grand », désignant le dieu Thot des Égyptiens, ainsi nommé par les Grecs de l'époque hellénistique et à qui les alchimistes attribuaient la fondation de leur art. Fréq. abs. littér. : 114.
DÉR. Herméticité, subst. fém. [Correspond à hermétique II] Qualité de ce qui est clos ou de ce qui ferme d'une manière hermétique. Herméticité d'un récipient. [Dans les puits artésiens], il convient d'assurer l'herméticité des joints d'une section à la suivante, en coulant du béton dans l'intervalle des deux fractions du tubage (HATON DE LA GOUPILLIÈRE, Exploitation mines, 1905, p. 223). — []. — 1re attest. 1846 (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, p. 199 : caché par une pierre qui le refermait avec une herméticité presque parfaite); de hermétique, suff. -ité.
BBG. — JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1915/16, t. 29, pp. 297-298.
1. hermétique [ɛʀmetik] adj. et n.
ÉTYM. 1554, hermetic; du bas lat. Hermes (Trismegistus), grec Hermês (Trismegistos « trois fois très grand »), en franç. Hermès Trismégiste, désignant le dieu Thot des Égyptiens, qui passait pour le fondateur de l'alchimie.
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1 Sceau hermétique, fermeture hermétique : « la manière de boucher les vaisseaux (récipients) pour les opérations chimiques si exactement, que rien ne se puisse exhaler (…) ce qui ne peut se faire qu'en fondant à la lampe le bout du col du matras, et en le tortillant avec les pincettes propres à cela » (Furetière).
2 (1610). Vx. Alchimique.
1 Il lui donna un collier fait de quatre pierres hermétiques supportées de cristal.
Béroalde de Verville, Voyage des princes fortunés, p. 377 (1610).
2 La chimie a été nommée art ou science hermétique (…)
♦ Didact. Relatif à la partie occulte de l'alchimie, au grand œuvre, aux doctrines d'Hermès Trismégiste. ⇒ Hermétisme. || Philosophie, science hermétique. || Philosophe hermétique. || Livres, œuvres hermétiques. || Le vieux langage hermétique (→ Exhumer, cit. 6).
3 Il (Proclus) s'était rempli la tête de gymnosophisme, de notions hermétiques, homériques, orphéiques, pythagoriciennes, platoniques et aristotéliciennes.
Diderot, Opinions des anciens philosophes, Éclectisme.
4 (…) je feuilletterai, aux blafardes lueurs de la lampe, les livres hermétiques de Raymond Lulle !
Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, L'alchimiste.
5 À cette époque, le centre hermétique était, en France, à Paris où les alchimistes se réunissaient sous les voûtes de Notre-Dame (…)
Huysmans, Là-bas, VI.
6 Elle (la curiosité métaphysique) se prolongera à la fois, semble-t-il, au cours du IIIe siècle dans le recueil des Écrits hermétiques, rassemblant le savoir qu'on prête à un ancien sage d'Égypte, Hermès Trismégiste, et dans le vaste système de pensée de Plotin (…)
P. Guillon, in Hist. des littératures, t. I, Encycl. Pl., p. 563.
3 (Déb. XIXe). Abstrait. Dont le caractère peu compréhensible (→ ci-dessous le sens 5) résulte d'une volonté délibérée de secret. ⇒ Ésotérique, occulte, 1. secret.
7 La clef est un symbole en grande vénération chez les Arabes, à cause d'un verset du Coran qui commence par ces mots : Il a ouvert, et de plusieurs autres significations hermétiques (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 164 (1834).
♦ N. f. (XVIIIe). || L'hermétique : la philosophie, les doctrines ésotériques de l'alchimie.
8 Mon jeune châtelain donne, en toute réalité, dans l'Hermétique, la kabbale et les histoires du sabbat !
Villiers de L'Isle-Adam, Axel, II, 5.
4 (1837, Balzac). Concret. Mod. Se dit d'une fermeture aussi parfaite que le « sceau hermétique » des alchimistes. ⇒ Étanche. || Fermeture hermétique d'un récipient, d'une bouteille. Par ext. ⇒ Clos, fermé. || Boîte, récipient hermétique. Fig. || Fermeture hermétique des frontières, etc. (→ Faillite, cit. 3).
9 (…) les banques centrales, dispensatrices des devises, tiennent ainsi en main la clé d'une serrurerie financière grâce à laquelle la fermeture devient effectivement hermétique.
André Siegfried, l'Âme des peuples, p. 21.
9.1 La moindre infiltration lumineuse pouvait en effet compromettre la réussite du travail, et le judas du plafond se prêtait mieux qu'aucune porte latérale à une fermeture hermétique garantie par son propre poids.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 428.
5 (XIXe). Abstrait. Impénétrable, difficile ou impossible à comprendre, à interpréter. ⇒ Obscur. || Écrivain, poète hermétique. || Certains sonnets de Mallarmé sont assez hermétiques. ⇒ Ésotérique. — Visage hermétique, sans expression. ⇒ Fermé, impénétrable.
10 (…) il veut être hermétique; il tient la clarté pour une faiblesse (…) Cela dans le style écrit, car, dans la conversation, il est très simple.
A. Maurois, Terre promise, XXX.
11 (…) visage strictement hermétique, osseux, comme taillé dans le silex, où plus rien de sensible ne subsistait que la double meurtrissure des paupières (…)
F. Mauriac, le Désert de l'amour, II.
12 D'autres aussi se signalent par un style si personnel qu'il est à peu près hermétique.
M. Aymé, le Confort intellectuel, VII.
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CONTR. Clair, compréhensible, évident. — Ouvert.
DÉR. Herméticité, hermétiquement, hermétisme.
HOM. 2. Hermétique.
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2. hermétique [ɛʀmetik] adj.
ÉTYM. 1694; dér. sav. du lat. hermes. → Hermès.
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♦ Archit. || Colonne hermétique : colonne surmontée d'un hermès, d'une tête d'homme, en manière de chapiteau.
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HOM. 1. Hermétique.
Encyclopédie Universelle. 2012.