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havre

havre [ 'avr ] n. m.
• 1165; havene v. 1140; moy. néerl. havene
1Vx ou région. Petit port naturel ou artificiel, bien abrité, généralement à l'embouchure d'un fleuve. Le Havre-de-Grâce, nom ancien du port du Havre.
2Fig. et littér. abri, 1. port, refuge. Un havre de paix; un havre pour l'esprit. Cette ville « où il était venu chercher le havre de grâce de sa vie » (Barbey).

Havre
n. m. Litt. Lieu calme et protégé, refuge. Un havre de paix.
|| (France rég., vx) Petit port bien abrité.
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Havre
(Le) v. de France, ch.-l. d'arr. de la Seine-Maritime, à l'embouchure de la Seine (r. dr.); 197 219 hab. Le Havre est le 2e port franç. de comm. (pétrole), un port de voyageurs et un centre industriel.
Musée des beaux-arts.

HAVRE, subst. masc.
A. — Vieilli ou région. Petit port naturel ou artificiel, situé le plus souvent à l'embouchure d'un fleuve; petite anse bien abritée pouvant éventuellement servir de refuge à des navires de faible tonnage. Leurs rivages [des Anglais] sont sains et se nettoient encore chaque jour; ils présentent beaucoup de fond, une multitude d'abris, de havres, de ports excellents (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 883). Quarante-neuf îles, couvertes d'une épaisse verdure, cachant des toits qui fument dans des touffes de fleurs, abritant des barques dans des havres charmants, se dispersent sur le Rhin, de Cologne à Mayence (HUGO, Rhin, 1842, p. 271). Par bonheur, la mer a envahi le chenal terminal de quelques cours d'eau. Elle s'est logée en ces havres allongés, pour la sécurité et même aux heures de tempête pour le salut des hommes (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 259).
P. ext. Synon. de port (d'apr. GRUSS 1952). Hong-Kong est surtout un havre de transit. Ce caractère est accentué par son régime administratif qui en fait un port franc (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p. 126).
Rem. Ac. 1835, 1878 notent : ,,Il se disait autrefois d'un Port de mer quelconque``.
B. — Littéraire
1. P. anal. Lieu considéré comme un refuge. Sur la route d'Étain à Verdun, [des chars] cherchant un havre de salut dans la vieille forteresse [le fort de Vaux] qui (...) a dû protéger les populations meusiennes contre la ruée des hordes germaines (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 12). Cette maison où nous sommes est admirablement protégée contre la vie. C'est le havre de grâce où il est permis de se recueillir et de souffrir en paix (GREEN, Journal, 1940, p. 43) :
Il nous fallut pourtant deux heures pour atteindre enfin, dans un cirque presque entièrement clos, où la route formait la seule saignée dans la montagne, un havre qui commençait de nous devenir familier : quelques baraques en planches, dûment entourées de barbelés. C'était le kommando de Beckersbruch.
AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 56.
2. Au fig. Ce qui constitue un refuge, un réconfort. Havre de paix. Dans un de mes précédents journaux, je notais combien dans la zone des sentiments, passé quarante ans, la netteté représente un havre presque interdit (DU BOS, Journal, 1926, p. 102). Elle s'était vue charger de l'enseignement de la musique et des belles-lettres, comme on disait, tâche dont elle s'acquittait bien. C'était le havre, pour elle, le salut (DANIEL-ROPS, Mort, 1934, p. 64). J'ai voulu que l'expérience conduise où elle menait, non la mener à quelque fin donnée d'avance. Et je dis aussitôt qu'elle ne mène à aucun havre (mais en un lieu d'égarement, de non-sens) (G. BATAILLE, Exp. int., 1943, p. 17).
Prononc. et Orth. : [] init. asp. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 havene « port de mer » (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 2022 et 2159); b) ca 1165 havre « id. » (B. DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 983); 2. ca 1190 hafne « refuge sûr » (ADGAR, Lég. Marie, éd. C. Neuhaus, 581). Empr. du m. néerl. hafen « port » (cf. all. Hafen « id. »). La forme havre tend à s'imposer au XVIe s. grâce à la fondation du Havre de Grâce (1517) à l'estuaire de la Seine et finit par évincer toutes les autres formes au XVIIe s. lors de son introduction dans les ouvrages spécialisés (cf. 1643, FOURNIER, Hydrographie); cf. FEW t. 16, p. 187a. Fréq. abs. littér. : 101. Bbg. SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 202.

havre ['ɑvʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1160; havene, v. 1138; du moyen néerl. havene. Cf. all. Hafen.
1 Anciennt. Port de mer.
2 Vx, régional. Petit port naturel ou artificiel, bien abrité, généralement à l'embouchure d'un fleuve (→ Franger, cit. 7). || Havre de barre, dont l'entrée est fermée par une barre. || Havre d'entrée, de toutes marées, où les bâtiments peuvent entrer à marée haute ou basse.Le Havre-de-Grâce, ancien nom du port du Havre (→ Bassin, cit. 7; clef, cit. 6).
1 Tous nos havres en étaient comme assiégés (de corsaires).
Corneille, Rodogune, Épît.
2 (…) la mer, qu'on apercevait de la fenêtre et dont les flots montants, devenus plus verts à l'approche du soir, emplissaient démesurément ce petit havre, creusé par la nature, qu'on appelle le port de Carteret.
Barbey d'Aurevilly, Une vieille maîtresse, II, II.
Mar. Abri sûr, naturel (crique, etc.) ou aménagé (port).
3 (V. 1420). Fig. et littér. Abri, port, refuge. || Un havre de paix, de grâce. || Un havre pour l'esprit, pour la liberté.
3 Mais n'est-ce pas la loi des fortunes humaines,
Qu'elles n'ont point de havre à l'abri de tout vent ?
Malherbe, Poésies diverses, « Pour une mascarade ».
4 (…) cette ville de V…, où il était venu chercher le havre de grâce de sa vie.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Le bonheur dans le crime ».
5 (…) avant de parvenir enfin, dans les derniers temps, au havre d'un accord que nous avions presque cessé d'espérer.
Gide, Et nunc manet in te, p. 26.

Encyclopédie Universelle. 2012.