guéret [ gerɛ ] n. m.
• guaret 1080; lat. vervactum « jachère », infl. germ. sur l'initiale
♦ Terre labourée et non ensemencée. — Par ext. ⇒ jachère. Ces sommets « avaient l'air de guérets abandonnés » (Chateaubriand). Laisser une terre en guérets. Lever, relever les guérets : labourer une terre qu'on a laissé reposer.
● guéret nom masculin (latin vervactum, jachère) Terre qui a été labourée en attendant les semailles d'automne. Dans un champ en cours de labour, partie non encore labourée.
guéret
n. m. Terre labourée et non ensemencée.
⇒GUÉRET, subst. masc.
A. — Terrain labouré (ou qu'on est en train de labourer) et qui n'est pas encore ensemencé. Un guéret labouré de la veille (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 44). Les laboureurs traçaient au milieu du guéret leur premier sillon (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 211) :
• Silencieusement, ouverte à quarante et cinquante centimètres de profondeur, la terre se déchire sous la poussée, se gonfle et se renverse en fragments compacts, couvre le champ de sillons, symétriques, reste là, soulevée au-dessus du guéret environnant.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 107.
B. — Terrain laissé en jachère; pâturage maigre, terre inculte. Viélé-Griffin (...) reproche à je ne sais quels auteurs de ne plus savoir le français et d'écrire par exemple « friche » où il faudrait « guéret » (GIDE, Journal, 1911, p. 329). Il me fit un rapport de la valeur des terres. Sur cent trente hectares il y en avait une quarantaine de cultivables : dix en vignes, trente en céréales. Le reste : des guérets, des bois (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 248).
— Vieilli. Lever, relever les guérets. ,,Labourer une terre que l'on a laissée se reposer pendant un an`` (LITTRÉ); ds DG.
C. — Poét., vx, le plus souvent au plur. Champ cultivé; en partic. champ couvert de moissons. Les bords (...) de la Loire (...) s'ombragent de hauts peupliers, de bois épais et de riches guérets (COTTIN, C. d'Albe, 1799, p. 88). Les blés des guérets imitent les flots de la mer par leurs ondulations (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 81).
REM. Guéreter, verbe trans., région. (notamment du Centre). Donner le premier labour à une jachère. Emploi abs. Les prés sont ici moins bien entretenus et la terre joue un plus grand rôle; ainsi l'on va « guéreter », c'est-à-dire faire du guéret; on coupe le « bois piquant », les ronces (BRUNHES, Géogr. hum., 1942, p. 271).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1100 guaret (Roland, éd. J. Bédier, 1385); 1387-91 gueret (GAST. FEB., Chasse, Maz. 3717, f° 68d ds GDF. Compl.). Mot originaire, en domaine d'oïl, de la région Ouest-Sud-Ouest et issu du lat. vervactum, berbactum « terre en jachère, friche », formé sur le supin de vervagere « labourer (une terre en friche) »; v. aussi sarde barvattu et esp. barbecho altéré en varactum par assimilation de la voyelle initiale et par chute (due à la dissimilation) du -v- postconsonantique (d'où aussi l'a. prov. garag); le passage de v- initial à gu-, g- s'explique, non pas par le croisement avec un mot germ. (qu'on n'a d'ailleurs pas réussi à déterminer jusqu'à présent), mais plutôt par la prononc. germ. du v- initial (DEAF, s.v. garait1, col. 133) et la déphonématisation des initiales g(u)-, w-, v- (ibid., col. 247 et surtout BALDINGER, Graphie und Etymologie, Die Graphien g-, w- und v- als Varianten im Afr. ds Mél. Carl Theodor Gossen, 1976, I, 89-104). Fréq. abs. littér. : 79. Bbg. RITTER (E). Les Quatre dict. fr B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, p. 436.
guéret [geʀɛ] n. m.
ÉTYM. 1080, guaret; du lat. vervactum « jachère », p. p. neutre de vervagere « labourer, défricher » avec infl. germanique sur l'initiale.
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1 Terre labourée et non ensemencée (→ Bœuf, cit. 4). — (1611). Par ext. Terre qu'on laisse en jachère. || Laisser une terre en guérets. || Lever, relever les guérets : labourer une terre qu'on a laissé reposer.
1 Ne parlez à un grand nombre de bourgeois ni de guérets ni de baliveaux (…) si vous voulez être entendu (…)
La Bruyère, les Caractères, VII, 21.
2 Ces sommets labourés par les torrents avaient l'air de guérets abandonnés; le jonc marin et une espèce de bruyère épineuse et flétrie y croissaient par touffes.
Chateaubriand, Itinéraire…, I, p. 122.
3 La terre rouge et fraîchement remuée formait une bosse de la longueur d'un corps humain; de petites plantes déracinées par la bêche étaient posées sur ce guéret les racines en l'air (…)
Loti, Aziyadé, V, IV.
2 (1667). Poét. (vx). Champ cultivé; champ couvert de moissons. || Nettoyer les guérets de leurs chardons (cit. 2). || Les corbeaux (cit. 3) s'abattent sur les guérets. || Guérets surchargés de blé (→ Épuiser, cit. 2).
4 Cérès s'enfuit éplorée
De voir en proie à Borée
Ses guérets d'épis chargés (…)
Boileau, Odes, « Sur la prise de Namur ».
Encyclopédie Universelle. 2012.