griffonner [ grifɔne ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1555 au p. p.; de griffer
1 ♦ Écrire (qqch.) d'une manière confuse, peu lisible. Griffonner son nom sur un bout de papier. Les médecins qui « griffonnent, dit-on, des ordonnances illisibles » (Romains).
♢ Dessiner (qqch.) grossièrement, confusément. Absolt Elle griffonne pendant la réunion.
2 ♦ Rédiger à la hâte. Griffonner un billet. Après avoir « griffonné de longues pages, je découvre n'avoir pas fait une phrase » (Flaubert).
⊗ CONTR. Calligraphier.
● griffonner verbe transitif (de griffe 1) Dessiner rapidement quelque chose sans grande précision : Griffonner des portraits de passants. Écrire rapidement, sans soin : Griffonner un article de journal. ● griffonner (synonymes) verbe transitif (de griffe 1) Dessiner rapidement quelque chose sans grande précision
Synonymes :
- peinturlurer (familier)
● griffonner
verbe intransitif
Écrire sans soin sur une surface : Les enfants ont griffonné sur les murs.
● griffonner (synonymes)
verbe intransitif
Écrire sans soin sur une surface
Synonymes :
griffonner
v. tr.
d1./d écrire mal, peu lisiblement.
— Dessiner grossièrement. Griffonner un schéma. Syn. gribouiller.
d2./d Rédiger à la hâte. Griffonner quelques lignes.
⇒GRIFFONNER, verbe trans.
A. — 1. Qqn griffonne qqc. (sur qqc.). Tracer rapidement ou sans soin, de façon maladroite ou confuse, des caractères d'écriture, un dessin. Synon. gribouiller. La sœur avait griffonné des chiffres sur un morceau de peau que l'autre attachait, sur le paquet, avec une aiguillée de fil (E. DE GONCOURT, Élisa, 1877, p. 167). Il écrit sur des feuilles volantes et, sur les marges, griffonne des dessins, dont quelques-uns, dit Mme Rostand, sont, ma foi, très jolis (RENARD, Journal, 1896, p. 318) :
• 1. La pile était usée et la lampe faiblissait vite. Pour ne pas être pris de court, et comme je voulais me délivrer de mon acte dans l'instant même, je pris une enveloppe et rédigeai l'adresse. Au moment où je me préparais à reprendre ma lettre, l'obscurité se fit, je ne pus que griffonner à l'aveuglette le mot « amitiés » et signer.
ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 178.
— Absolument
a) Écrire de façon peu lisible. Griffonner comme un chat. Je griffonne trop sur ce papier transparent pour écrire davantage; tenez-le dédoublé pour lire (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1841, p. 415). Je griffonne en hâte, car la poste va partir (HUGO, Corresp., 1868, p. 124).
b) Tracer des signes quelconques. De même que les enfants crayonnent pour crayonner et font des dessins informes qui parlent à leur imagination, de même les primitifs auraient griffonné pour le plaisir de griffonner, puis pour concrétiser leur pensée, pour conserver l'image de choses vues (S. BLANC, Init. préhist., 1932, p. 44).
2. Noter, rédiger rapidement ou sans souci de la forme. Griffonner une lettre, quelques mots, des notes. Ce livre sur lequel je griffonne tout ce que je sens, tout ce qui me passe par la tête, est mon ami, mon consolateur, mon support (DELÉCLUZE, Journal, 1825, p. 230). Avec le sans-façon de l'habitué d'estaminet, du reporter qui griffonne son fait-divers en face d'une chope, le journaliste tira son portefeuille bourré de notes (A. DAUDET, Nabab, 1877, p. 34).
— En partic. [Pour qualifier de façon dépréciative ou iron. la forme ou le contenu d'un texte] Je n'ai pas aujourd'hui écrit une ligne, ou plutôt j'en ai bien griffonné cent! (FLAUB., Corresp., 1853, p. 338). La géométrie n'avait point de charmes pour un enfant qui déjà griffonnait des vers (MÉRIMÉE, Portr. hist. et littér., 1870, p. 119) :
• 2. Morano, le 9 mars 1806. Bataille! mes amis, bataille! Je n'ai guère envie de vous la conter. J'aimerais mieux manger que t'écrire; mais le général Reynier, en descendant de cheval, demande son écritoire. On oublie qu'on meurt de faim : les voilà tous à griffonner l'histoire d'aujourd'hui; je fais comme eux en enrageant.
COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1806, p. 700.
♦ Absol. [Pour qualifier de façon dépréc. ou iron. l'activité d'un écrivain, de celui qui écrit dans l'exercice de sa profession] Non, non, point d'écrivassiers! Tant qu'il y aura des Arouet, il y aura des Marat. Tant qu'il y aura des grimauds qui griffonnent, il y aura des gredins qui assassinent (HUGO, Quatre-vingt-treize, 1874, p. 226). Il se tourna vers le bâtiment de la Trésorerie, où toute la journée griffonnaient une cinquantaine d'hommes, parmi des monceaux de paperasses, dans une tiédeur douce (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p. 121).
B. — Qqn griffonne qqc. à qqn. Écrire à (quelqu'un) en griffonnant (au sens A supra). Je lui griffonne sur un papier calque tout ce que je peux et je lance la boulette (...) par terre, dans l'allée qui sépare les deux rangées de tables; et Luce pose son pied dessus, lestement (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 202). Une pudeur instinctive lui faisait serrer les brouillons de lettres qu'il griffonnait à Otto, et les réponses de celui-ci (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 171).
♦ [Constr. avec une prop. complétive] Sur la carte qu'on me remit, Mme de Cambremer avait griffonné qu'elle donnait une matinée le surlendemain (PROUST, Sodome, 1922, p. 767).
♦ [Employé pour introduire un discours au style dir.] Je griffonne sur un bloc-notes : « Courrier non arrivé. Est-ce faux départ? Stop. Confirmez heure décollage. » — Passez-leur ça (SAINT-EXUP.., Courr. Sud, 1928, p. 58).
REM. 1. Griffonnailler, verbe trans. Synon. de écrivailler. Allé vers onze heures et demie chez Ap où j'ai commencé (et avec succès) ma double et ténébreuse œuvre de séduction, — Va benissimo! — Revenu par une pluie battante. — Griffonnaillé ceci et couché (BARB. D'AUREV., Mémor. 2, 1838, p. 369). 2. Griffonnement, subst. masc. Action de griffonner. Sa voix basse, coupée et si peu intelligible que les griffonnements du greffier la couvrent (BARRÈS, Leurs fig., 1901, p. 61). 3. Griffonnis, subst. masc., B.-A. Pochade exécutée à la plume; gravure qui a l'aspect d'une pochade à la plume. Il ne faut pas chercher dans ces griffonnis et ces pochades [de Hugo] la précision et la rigueur du trait de Méryon (RÉAU, Art. romant., 1830, p. 144).
Prononc. et Orth. : [], (il) griffonne []. FÉR. Crit. t. 2 1787 propose d'écrire grifoner. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1555 griffonné « ébauché, dessiné grossièrement, confusément » (BELON, Histoire de la nature des oyseaux, p. 82); b) 1610 « écrire quelque chose d'une manière confuse, peu lisible » (P. COTON, Institution catholique, t. 1, p. 429 ds R. Philol. fr. t. 43, p. 126); 2. 1643 « rédiger avec précipitation et négligence » (SCARRON, Recueil de quelques vers burlesques, p. 41). Dér. de griffe1; suff. -onner. Fréq. abs. littér. : 314. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 467, b) 514; XXe s. : a) 373, b) 433. Bbg. RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 291-533.
griffonner [gʀifɔne] v. tr.
ÉTYM. 1555, au p. p.; à l'actif, 1610; de 1. griffe, et suff. -onner.
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1 Écrire (qqch.) d'une manière confuse, peu lisible. ⇒ Gribouiller. || Griffonner son nom. || Griffonner un projet de contrat (→ Authentique, cit. 1). || Griffonner un nom, des mots, des phrases, une note sur un carnet. || Le médecin griffonnait une ordonnance. — Au p. p. || Papier griffonné. ⇒ Barbouiller.
1 Un papier griffonné d'une telle façon,
Qu'il faudrait, pour le lire, être pis que démon.
Molière, le Misanthrope, IV, 4.
2 (…) son regard tomba sur le menu griffonné à l'encre violette. Elle le considéra sans pouvoir le lire (…)
J. Green, Adrienne Mesurat, II, IV.
3 (…) aux médecins qui, malgré leur instruction, griffonnent, dit-on, des ordonnances illisibles.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, VI, p. 68.
♦ Dessiner (qqch.) grossièrement, confusément. || Griffonner une silhouette, un paysage. || Griffonner des dessins sur les murs avec un morceau de charbon. ⇒ Charbonner.
♦ Absolt. Faire des lettres, des signes, des dessins informes. || Griffonner sur un buvard. || Griffonner comme un chat. || Empêchez les enfants de griffonner partout !
♦ Écrire très mal, de manière illisible.
4 Je suis émerveillé de votre belle écriture, la plupart des princes griffonnent, et Votre Altesse Sérénissime aura peine à trouver des secrétaires qui écrivent aussi bien qu'elle.
Voltaire, Lettre au Prince de Prusse, 18.
2 (1643). Rédiger à la hâte. || Griffonner une lettre (→ Encrier, cit. 1), un bulletin (cit. 2), un billet (→ Facilité, cit. 13). || Griffonner des notes sur un carnet. — Au p. p. || Rapport griffonné à la hâte.
5 Quelquefois, quand je me trouve vide, quand l'expression se refuse, quand, après (avoir) griffonné de longues pages, je découvre n'avoir pas fait une phrase, je tombe sur mon divan et j'y reste hébété dans un marais intérieur d'ennui.
Flaubert, Correspondance, 318, 24 avr. 1852, t. II, p. 394.
6 Un mot griffonné à la hâte, roulé ensuite en cigarette et fourré dans le trou de la serrure, avertissait Gabrielle (…)
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, IV, I.
7 (…) des lettres de trente pages, que je passais une nuit entière à griffonner. Des lettres où je déversais tous mes enthousiasmes de la journée, toutes mes haines, surtout !
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 262.
♦ Absolument :
8 Je t'ai vu là griffonnant sur ton genou, et chantant dès le matin.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, I, 2.
9 La méchante habitude du papier et de l'encre fait qu'on ne peut s'empêcher de griffonner. J'ai pris la plume, ignorant ce que j'allais écrire, et j'ai barbouillé cette description, trop longue au moins d'un tiers (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. VI, p. 8.
♦ Écrire mal, négligemment (qqch.). || Il griffonne des vers, de mauvais romans.
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griffonné, ée p. p. adj.
♦ Voir à l'article ci-dessus (cit. 1, 2 et 6).
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CONTR. Calligraphier.
DÉR. Griffonnage, griffonnement, griffonneur, griffonnis.
Encyclopédie Universelle. 2012.