géhenne [ ʒeɛn ] n. f.
• XIIIe; lat. gehenna, hébr. ge-hinnom « vallée de Hinnom », près de Jérusalem
1 ♦ Séjour des réprouvés dans la Bible. ⇒ enfer.
2 ♦ (par crois. avec gêne) Fig. et vieilli Torture appliquée aux criminels. ⇒ question.
♢ Souffrance intense, intolérable. ⇒ douleur , martyre, supplice, torture.
● géhenne nom féminin (bas latin ecclésiastique gehanna, enfer, de l'hébreu gé Hinnom, ravin de Hinnom) L'enfer, dans les écrits bibliques. Littéraire. Souffrance presque intolérable ; supplice, torture. ● géhenne (synonymes) nom féminin (bas latin ecclésiastique gehanna, enfer, de l'hébreu gé Hinnom, ravin de Hinnom) Littéraire. Souffrance presque intolérable ; supplice, torture.
Synonymes :
- calvaire
- martyre
- supplice
- torture
géhenne
n. f. Didac. Enfer, dans la Bible.
⇒GÉHENNE, subst. fém.
A. — Langue biblique (souvent avec majuscule). Enfer (représenté comme un feu éternel). Géhenne du feu; feu de la géhenne; être jeté, précipité dans la géhenne. Les élus entreront dans un séjour délicieux (...). Les autres iront dans la Géhenne (RENAN, Vie Jésus, 1863, pp. 285-286). Par la grand'porte ouverte, on croyait assister à quelque scène de géhenne, parmi les ricanements des démons (PESQUIDOUX, Chez nous, 1923, p. 94) :
• Au paradis, le serpent a été l'instrument du diable. Le feu éternel n'a pas été fait pour nous, mais pour le diable et ses anges; pour nous, le royaume a été préparé. Mais le diable travaille à nous faire aller avec lui dans la géhenne.
Théol. cath., t. 4, 1, 1920, p. 362.
— Au plur., rare, p. méton. Sans attendre les géhennes de l'autre monde, Esterhazy lui fait et lui fera son châtiment ici-bas (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 445).
— P. métaph. Quatre (...) baies se font face (...) soigneusement closes pour ne pas laisser entrer la géhenne enflammée du dehors (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 940).
B. — P. ext., vx. Torture, supplice de la question pour arracher des aveux aux criminels. Monseigneur de Beauvais (...) la menaça, si elle ne confessait point toute la vérité, d'être mise à la géhenne. Les instruments étaient préparés (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 337).
— P. méton. Lieu de torture.Ce n'est pas du cachot, du puits, de la géhenne (...). C'est de son propre cœur qu'on est le prisonnier (HUGO, Fin Satan, 1885, p. 937).
— Au fig., littér. Souffrance physique ou morale atroce, douleur intolérable. Synon. calvaire, martyre, supplice. Être, mettre (qqn) à la géhenne. Ses trois dernières années sont celles d'un infirme, rendues abominables par (...) la géhenne de ses crises rhumatismales, arthritiques (LA VARENDE, Don Bosco, 1951, p. 152).
♦ P. méton. Lieu de grande souffrance; situation intenable. L'enseignement supérieur ne doit pas devenir « une géhenne d'où les esprits sortent contrefaits et glacés. » (BARRÈS, Cahiers, t. 9, 1911, p. 49).
REM. Géhenner, verbe. a) Emploi trans. Torturer, soumettre à des contraintes pénibles (surtout au fig.). Si l'oligarchie française n'avait pas une vie future, il y aurait je ne sais quelle cruauté triste à la gehenner après son décès (BALZAC, Langeais, 1834, p. 226). b) Emploi intrans. Endurer une grande peine morale. Il y a peut-être là-haut une récompense pour ceux qui ont tant géhenné à attendre les autres (MORAND, Homme pressé, 1941, p. 50).
Prononc. et Orth. : []. DG et PASSY 1914 h aspiré (prononc. emphatique). Ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. Ca 1265 « enfer » (BR. LATINI, Trésor, II, 129, éd. F.-J. Carmody, p. 311 : feu de gehenne). Du lat. chrét. gehenna, gr. « enfer » dans le N.T. (Mat. 5, 22 etc.); lat. chrét. Geennom (A.T. Vulgate Jos. 18, 16) gr. (Septante, ibid.), hébr. biblique - « vallée de Hinnom », vallée au sud de Jérusalem, où des Juifs idolâtres offraient des enfants en sacrifice au dieu Moloch (2 Rois 23, 10; Jér. 7, 31-32), v. Bible Suppl. Cf. gêne. Fréq. abs. littér. : 79.
géhenne [ʒeɛn] n. f.
ÉTYM. XVIe; jehenne, v. 1265; bas lat. ecclés. gehenna « géhenne, enfer », de l'hébreu ge-hinnom « vallée de Hinnom », lieu situé près de Jérusalem (→ ci-dessous, cit. 3, Renan).
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1 Didact. Séjour des réprouvés dans la Bible. ⇒ Enfer (cit. 9). || Le feu, les tortures de la géhenne.
1 Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu'un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.
Bible (Segond), Évangile selon saint Matthieu, V, 30.
2 Ce monde, est-ce un éden tombé dans la géhenne ?
Hugo, les Contemplations, VI, VI.
3 La Géhenne était la vallée occidentale de Jérusalem. On y avait pratiqué à diverses époques le culte du feu, et l'endroit était devenu une sorte de cloaque. La Géhenne est donc dans la pensée de Jésus une vallée ténébreuse, obscène, un gouffre souterrain plein de feu. Les exclus du royaume y seront brûlés et rongés par les vers, en compagnie de Satan et de ses anges rebelles.
Renan, Vie de Jésus, XVII, in Œ. compl., t. IV, p. 256.
3.1 Tu vois comme cela s'arrange. Ce nom, au fond, est moins étrange Que de prime abord il n'a l'air. Ses deux majuscules G. N. Qui font songer à la Géhenne Semblent les Portes de l'Enfer !
Germain Nouveau, Valentine, « Le nom » (1922), Pl., p. 581.
4 Au pied de ce mur de géhenne et dans l'intervalle des ouvertures basses de la maison étaient plantées une glycine monumentale d'une vitalité prodigieuse et sept vignes (…)
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, La cour.
2 (Fin XVIe; par croisement avec gêne). Fig. et vieilli. Torture appliquée aux criminels. || Mettre un coupable à la géhenne. ⇒ Question. — Par métaphore. || Mettre son esprit à la géhenne.
♦ (1580, Montaigne). Souffrance intense, intolérable. ⇒ Douleur, souffrance, supplice, torture. || Son existence fut une géhenne.
5 Je ne veux pas corrompre son esprit à le tenir à la géhenne et au travail, à la mode des autres, quatorze ou quinze heures par jour, comme un portefaix (…)
Montaigne, Essais, I, XXVI.
6 Tu changes en blancheur la nuit de ma géhenne,
Et tu fais un autel de lumière inondé
Du tas de pierres noir dont on m'a lapidé.
Hugo, les Contemplations, V, VIII.
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DÉR. Géhenner. — V. Gêne.
Encyclopédie Universelle. 2012.