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friche

friche [ friʃ ] n. f.
• 1251; var. a. fr. et dial. frèche; moy. néerl. versch « frais »
1Terre non cultivée. Faire paître du bétail dans une friche. pâtis. La friche reste inculte plus longtemps que la jachère. « les longues friches où foisonnent les bruyères » (Genevoix).
Friche industrielle : terrain occupé autrefois par des bâtiments industriels et leurs annexes, aujourd'hui à l'abandon. Les friches industrielles de Lorraine.
2Loc. adv. et adj. EN FRICHE : inculte. Pré qui tombe en friche. Désherber un jardin en friche. « Ils achetèrent des terres en friche au bord du Tage » (Chateaubriand)(cf. À l'abandon).
Fig. EN FRICHE, se dit de ce qu'on laisse sans soins, inemployé, et spécialt d'un esprit dont on a négligé de développer les dons. « Il ne faut jamais laisser en friche les facultés de la nature » ( Flaubert).

friche nom féminin (moyen néerlandais versch, frais) Terrain dépourvu de culture et abandonné. ● friche (expressions) nom féminin (moyen néerlandais versch, frais) Friche industrielle, zone industrielle momentanément sans emploi et qui peut servir à des implantations d'entreprises. En friche, se dit d'un terrain non cultivé ; se dit d'une aptitude qui n'est pas exploitée.

friche
n. f. Terrain non cultivé.
|| Loc. adv. ou adj. En friche: inculte (terre).
Fig. Esprit en friche.

⇒FRICHE, subst. fém.
A.— AGRICULTURE.
1. Terre vierge ou (le plus souvent) laissée à l'abandon. Anton. défriche rem. s.v. défriché. Domaine vague que la culture dispute à la friche (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 118). Les trois hommes s'engagèrent dans la friche, levant haut les genoux parmi les touffes de bruyères, les ajoncs épineux (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p. 249) :
Elle fuyait comme une bête (...), prenait des raccourcis dans les friches et les landes incultes. Elle ne sentait pas la morsure des ronces qui faisaient saigner sa chair et, quand elle mettait le pied au creux des sillons, elle trébuchait et chancelait, comme une personne ivre.
MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 269.
2. Loc. adv. ou adj. En friche. En état d'inculture. Tomber en friche. La terre et l'homme avaient été également saignés. La moitié des maisons étaient closes, la plupart des champs en friche, faute d'habitants et de bras (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 105).
Rem. Plusieurs dict. attestent friche au masc., notamment comme synon. de chiendent (cf. LITTRÉ, Lar. 19e-20e).
B.— Au fig., notamment dans le domaine de l'intelligence
1. Domaine inexploré ou négligé. Chez lui, c'était le pressentiment du génie envoyé pour ouvrir une nouvelle route dans les friches de l'intelligence (BALZAC, L. Lambert, 1832, p. 132).
2. Loc. adv. ou adj. En friche. À l'abandon, inemployé. Je n'aime pas plus qu'un autre à avoir de l'argent en friche (SUE, Atar Gull, 1831, p. 24). Quand la liberté reste en friche, c'est l'homme qui renonce à sa chance d'homme (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 223). Cf. crime ex. 6.
En partic. [À propos d'une pers. dont les facultés intellectuelles sont négligées] Anton. cultivé. Leur auteur avait l'esprit fin, cultivé à peu près sur certains points, en friche sur d'autres (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 16). Elle avait des dons : on crut distingué de les laisser en friche; de l'éclat : on prit soin de le lui cacher (SARTRE, Mots, 1964, p. 7).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1251 (Cart. de Notre-Dame de la Roche ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 710); 2. 1269-78 an friche (J. DE MEUNG, Rose, éd. F. Lecoy, 19544). On admet d'ordinaire (FEW t. 17, pp. 424-425 et BL.-W.5) que le mot (et sa var. freche dep. 1287 ds GDF. Compl.) vient du m. néerl. versch/virsch « frais, nouveau » (VERDAM) qui, employé avec le mot lant « terre » désigne une terre qu'on a gagnée sur la mer en l'endiguant. Fréq. abs. littér. : 156.

friche [fʀiʃ] n. f.
ÉTYM. 1251; var. anc. franç. et dial. frèche; moy. néerl. versch « frais », qui souvent lié au subst. lant « terre », désigne un terrain gagné sur la mer; pour Guiraud, à rattacher (fresche) à l'adj. frais au sens de « (terre) reposée ».
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I
1 (1269, an friche). Loc. adv. ou adj. En friche. Se dit d'un sol momentanément ou durablement inculte. || Jardin en friche. || Laisser une terre en friche pour la faire reposer. || Amender, défoncer, désherber un terrain en friche. || L'emploi des engrais a diminué la superficie des terres en friche.Être, demeurer, rester, tomber, retomber en friche. Abandon (à l').
1 L'homme vertueux est riche :
Si sa terre tombe en friche,
Il en porte peu d'ennui :
Car la plus grande richesse,
Dont les Dieux lui font largesse,
Est toujours avecques lui.
Du Bellay, Disc. sur la louange de la vertu (…)
2 Ils (les Bénédictins) achetèrent des terres en friche au bord du Tage, près de Tolède, et ils fondèrent le couvent de Venghalia, après avoir planté en vignes et en orangers tout le pays d'alentour.
Chateaubriand, le Génie du christianisme, IV, VI, VII.
2.1 Il reste partout en Europe et notamment en France des richesses non exploitées, des terres en friche, soit du fait du régime de la propriété, soit du fait de la sélection des terres.
A. Sauvy, Croissance zéro ?, p. 26.
2 (1373). (Une, des friches). Terre en friche, non cultivée. || Une friche couverte de broussailles. || Faire paître des bestiaux dans une friche ( Pâtis). || Chasser dans des friches. Garenne, varenne. || La friche n'est pas, comme la lande, stérile; mais elle reste inculte plus longtemps que la jachère. || Friche jeune; friche âgée : terre qui est en friche depuis moins de dix ans; plus de dix ans.
3 Jusqu'en août, le troupeau mangeait dans les jachères, dans les trèfles et les luzernes, ou encore dans les friches le long des routes (…)
Zola, la Terre, IV, I.
4 (…) les longues friches où foisonnent les bruyères (…)
M. Genevoix, Raboliot, I, I.
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II Fig.
1 (1460, Villon). En friche. Se dit de ce qu'on laisse sans soins, inemployé, et spécialt, d'un esprit dont on a négligé de développer les dons. || Laisser son esprit en friche, le laisser retomber en friche. || Une intelligence vive, mais en friche. Ignare, inculte.
5 Chez la plupart des hommes, l'intelligence est un terrain qui demeure en friche presque toute la vie.
E. Delacroix, Écrits, p. 31.
6 Vous avez tort ! Il ne faut jamais laisser en friche les facultés de la nature.
Flaubert, Mme Bovary, III, IV.
7 (…) les pauvres ont le droit de croire qu'ils ont plus d'esprit que nous autres riches : la nécessité les rend subtils, l'envie leur aiguise le sens; qu'ils fassent un héritage et bientôt ils laisseront leur intellect en friche.
Valery Larbaud, Barnabooth, Journal, 20 avril.
(Concret). En désordre, à l'abandon (d'un lieu).
8 La princesse de Bormes rouvrait et redécorait son appartement, laissé en friche à cause de la guerre.
Cocteau, Thomas l'imposteur, p. 80.
2 Rare. Domaine inexploité. || Les archives sont des friches qui attendent les chercheurs.
COMP. Défricher.

Encyclopédie Universelle. 2012.