fesser [ fese ] v. tr. <conjug. : 1> ♦ Battre en donnant des coups sur les fesses, donner la fessée à (qqn). Fesser un enfant pour le punir. ⇒ corriger. Leurs père et mère « les ont suffisamment fessés, et leur ont fait entrer les vertus par le cul » (France).
● fesser verbe transitif (ancien français fece, bande, lien, du latin fascia, avec l'influence de fesse) Frapper quelqu'un sur les fesses.
fesser
v. tr.
d1./d Corriger (qqn) en le frappant sur les fesses.
d2./d (Québec) Par ext., Fam. Frapper (en général). Fesser qqn dans la figure.
— Fesser sur un piquet avec un marteau.
⇒FESSER, verbe trans.
A.— [Le suj. et le compl. désignent une pers.]
1. Battre, donner des coups sur les fesses avec la main ou à l'aide d'un fouet, de verges. Fesser un enfant (Ac.). (Quasi-)synon. fouetter. Cinq soirs, dix soirs ramenèrent la même taquinerie, et ma mère montra bien qu'elle était une mère singulière. Car elle ne fessa pas l'obstiné, qui espérait peut-être qu'on le fesserait (COLETTE, Sido, 1929, p. 136). Rousseau, fessé d'un bras pervers, fut heureux de cette infortune, et le bon endroit c'est l'envers! (MUSELLI, Ball. contrad., 1941, p. 105) :
• ... la plupart de ces manouvriers et de ces ménagères sont probes et respectueux du bien d'autrui. Ces sentiments leur ont été inculqués dès l'enfance par leurs père et mère qui les ont suffisamment fessés, et leur ont fait entrer les vertus par le cul.
FRANCE, Dieux ont soif 1912, p. 78.
Rem. La docum. atteste un emploi anal. où le suj. désigne une chose. La selle le fessait (ADAM, Enf. Aust. 1902 p. 251).
— Au fig. Humilier. Lacenaire (...) faisait de la philosophie aussi à sa manière, et une drôle, une profonde, une amère de philosophie! Quelle leçon il donnait à la morale! Comme il la fessait en public, cette pauvre prude séchée! (FLAUB., Corresp., 1839, p. 51). Voltaire insultait la guerre, fessait la religion, bafouait la patrie (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 525).
♦ Vx, emploi pronom. passif. ,,S'exposer aux choses les plus humiliantes`` (LITTRÉ). J'ai été voir Boulay de la Meurthe [dit Mlle Georges] (...). C'est un avare (...) il se ferait fesser pour un écu et après cela il le couperait en quatre (HUGO, Choses vues, 1885, p. 212).
2. P. ext.
a) Appliquer des coups en quelque endroit du corps. Fesser dans le dos, sur la tête. Gros homme, (...) je vais être obligé de te fesser les joues! (ROSTAND, Cyrano, 1898, I, 4, p. 32).
b) Région. (Canada). Frapper (avec un outil). Là-bas à la lisière du bois, (...) je « fessais » de toutes mes forces sur les épinettes et les bouleaux pour lui faire de la terre (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 234).
c) Techn. ,,Battre le fil de laiton pour en faire des épingles`` (Mots rares 1965).
B.— [P. anal. avec la rapidité des coups] Faire quelque chose très rapidement, à la hâte. Fesser la messe (FRANCE 1907).
♦ Vx. Fesser le cahier. Faire rapidement des pages d'écriture (v. fesse-cahier, s.v. fesse A 4 c). Il gagne sa vie à fesser le cahier (Ac. 1798-1878).
♦ Vx. Fesser le vin. Boire abondamment sans en être incommodé. Voilà un convive qui fesse bien son vin (Ac. 1835, 1878).
REM. Fesseur, euse, subst. a) Celui, celle qui donne la fessée; p. ext. qui inflige des punitions (corporelles ou morales). Je connais une mère de sept enfants qui avait l'habitude de fesser toujours le même, c'était une mère divine. Cela correspond bien à ce que nous pensons des dieux que ce sont des boxeurs aveugles, des fesseurs aveugles, tout satisfaits de retrouver les mêmes joues à gifle et les mêmes fesses (GIRAUDOUX, Électre, 1937, I, 3, p. 41). Emploi adj., vx. Frère, père fesseur. ,,Qui dans les collèges, étoit chargé de donner la correction aux écoliers`` (HAUTEL 1808). Cf. frère fouetteur. b) Techn. ,,Ouvrier épinglier qui fesse les fils de laiton`` (Mots rares 1965). Voir fesser A 2 c.
Prononc. :[] ou p. harmonis. vocalique [fese], (il) fesse []. Étymol. et Hist. 1489 (ROB. GAGUIN, Passe-temps d'oysiveté, Anc. Poés. fr., VII, 282 ds R. Hist. litt. Fr. t. 12, p. 700). Plus prob. (en raison des formes du type norm. fessier « fesser » fessie « fessée » qui supposent un rad. terminé par une palatale) dér. de l'a. fr. faisse, fece « bande, lien » (faisse, du lat. fascia), le sens primitif étant « battre avec des verges », devenu par rapprochement avec fesse « battre en donnant des coups sur les fesses » (FEW t. 3, p. 425a et b), que dér. de fesse (O. Bloch ds R. Ling. rom. t. 11, p. 338-342). Fréq. abs. littér. :44. Bbg. LEW. 1960, p. 137 (s.v. fesseur).
fesser [fese] v. tr.
ÉTYM. 1489; de fesse.
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1 Battre, frapper en donnant des coups sur les fesses. || Fesser un enfant pour le punir, lui donner la fessée. ⇒ Corriger.
1 Fessez, fessez, ce dit la mère,
La peau du cul revient toujours.
2 (Ils) entendirent un sermon très pathétique, suivi d'une belle musique en faux-bourdon. Candide fut fessé en cadence, pendant qu'on chantait.
Voltaire, Candide, VI.
3 Au reste, il est probable que la plupart de ces manouvriers et de ces ménagères sont probes et respectueux du bien d'autrui. Ces sentiments leur ont été inculqués dès l'enfance par leurs père et mère qui les ont suffisamment fessés, et leur ont fait entrer les vertus par le cul.
France, Les dieux ont soif, VI.
2 Techn. Battre (les fils de laiton) pour faire les épingles.
3 Pop. et vx. Faire qqch. à la hâte. || Fesser la messe. — Fesser son vin : bien boire sans en être incommodé.
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DÉR. Fessade, fessée, fesseur.
COMP. Fesse-cahier, fesse-maille, fesse-mathieu.
HOM. Fessée.
Encyclopédie Universelle. 2012.