féal, ale, aux [ feal, o ] adj. et n. m.
• v. 1200; de fei, anc. forme de foi
1 ♦ Vx Fidèle à la foi jurée. ⇒ dévoué, fidèle, loyal. À nos aimés et féaux conseillers, formule de l'ancienne chancellerie royale.
2 ♦ N. m. Littér. Partisan, ami dévoué et fidèle. « J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal » (Rimbaud).
● féal nom masculin Littéraire. Partisan loyal, dévoué. ● féal, féale, féaux adjectif (ancien français feel, du latin fidelis) Vieux. Loyal, fidèle.
féal, aux
n. m. Litt. ou plaisant Ami fidèle.
⇒FÉAL, ALE, AUX, adj. et subst.
A.— HISTOIRE
1. (Personne) qui est fidèle à une autorité supérieure, en particulier à son suzerain, à son souverain. Féal serviteur, sujet; amé et féal. Soyez donc attentifs, vous leur maître après Dieu, Vous féaux chevaliers, vous seigneurs de haut lieu (DELAVIGNE, Louis XI, 1832, II, 11, p. 75). Chefs héréditaires (...) dont le sang s'était mêlé au sang de leurs féaux sur tous les champs de bataille du moyen âge (BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 71). Cf. aussi amé ex. 1.
— [En parlant d'une collectivité] Cf. amé ex. 2.
2. Adjectif
a) [En parlant d'un attribut de la pers., d'un aspect de son comportement] Propre à une personne féale. Rodolphe de Varila (...) qui avait succédé à son père (...) dans son féal dévouement à la duchesse (MONTALEMBERT, Ste Élisabeth, 1836, p. 91).
b) [En parlant d'un bien] Qui est possédé à titre de fief ou considéré comme tel :
• ... « Levez-vous donc, duc de Montebello! (...)
Votre duché féal est où le clairon sonne;
Sous son porche venez cueillir votre couronne.
QUINET, Napoléon, 1836, p. 236.
B.— P. anal. [Le subst. désigne une pers., très rarement un animal] Et madame sainte Catherine et madame sainte Marguerite (...), les féales du dauphin Charles (FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 86).
— Féal à. Nul ne passera plus le seuil de ce désert Qui ne vous soit féal et ne vous soit fidèle (PÉGUY, Tapisserie N.-D., 1913, p. 703).
— Spéc. (Celui, celle) qui est cher(ère) à quelqu'un, qui est son ami(e) fidèle. Ah! John Bell, mon féal ami, il fait bon vivre chez vous (VIGNY, Chatterton, 1835, III, 6, p. 327). Croyez-moi toujours votre féal (MÉRIMÉE, Lettres Grasset, 1870, p. 94).
Prononc. et Orth. :[feal], masc. plur. [feo]. Ds Ac. 1694-1878. Au plur., à signaler la graph. archaïsante féaulx (cf. BONALD, Législ. primit., t. 1, 1802, p. 347). Étymol. et Hist. Fin XIIe s. adj. feaus (Cantique des Cantiques, éd. C. E. Pickford, 2228). Issu par substitution du suff. -al à -eil/oil, du plus anc. feeil (ca 1100 ds T.-L.), de fidelis, v. fidèle. Fréq. abs. littér. : 42.
féal, ale, aux [feal, o] adj. et n.
ÉTYM. V. 1200; feel, n. m., v. 1160; de fei, anc. forme de foi.
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1 Adj. Vx. Fidèle à la foi jurée. ⇒ Dévoué, fidèle, loyal. || À nos aimés et féaux conseillers, formule de l'ancienne chancellerie royale.
1 Dans le langage de l'ancienne chevalerie, bailler sa foi était synonyme de tous les prodiges de l'honneur. Roland, Du Guesclin, Bayard, étaient de féaux chevaliers (…)
Chateaubriand, le Génie du christianisme, I, II, II.
REM. T. encore usité dans les textes en français émanant de la chancellerie royale du Royaume-Uni.
1.1 Élisabeth deux, par la grâce de Dieu, Reine du Royaume-Uni, du Canada et de ses autres royaumes et territoires, Chef du Commonwealth, Défenseur de la Foi. À tous ceux que les présentes lettres concerneront ou qui les verront, Salut.
(…) de tout ce que dessus, tous Nos féaux sujets et tous autres que les présentes peuvent concerner sont requis de prendre connaissance et de se conduire en conséquence.
en foi de quoi, Nous avons fait rendre Nos présentes lettres patentes et sur icelles apposer le grand sceau de Notre province de Québec (…)
Gazette officielle du Québec, 28 juil. 1979, p. 7395.
♦ Par ext., ironique (subst.) :
2 Fouché venait jurer foi et hommage à son seigneur; le féal régicide, à genoux, mit les mains qui firent tomber la tête de Louis XVI entre les mains du frère du roi martyr (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 41.
2 N. (Fin XIIe). Littér. ou plais. Partisan, ami dévoué et fidèle. || Les féaux du général de Gaulle.
3 J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal (…)
Rimbaud, Poésies, « Ma bohème ».
4 La fidélité est la grande vertu pour de Gaulle. On sourit quand il ressuscite un vieux mot comme « féal », mais c'est dans ce mot que tient sa chance — et la nôtre.
F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes 1958-1960, p. 169.
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CONTR. Félon, infidèle, traître.
DÉR. V. Féauté.
Encyclopédie Universelle. 2012.