fanon [ fanɔ̃ ] n. m.
1 ♦ (1418) Chacun des deux pendants de la mitre d'un évêque. — (1678) Mar. Partie flottante d'une voile carguée.
2 ♦ (1538) Cour. Repli cutané qui pend sous le cou (des bœufs, de certains reptiles). Fanon de taureau. Fanon d'iguane. — Fig. Repli, pli du cou (d'une personne maigre, âgée). « Le col empesé, haut et large, escamotait les bajoues et les fanons » (F. Mauriac).
♢ (XIVe ) Membrane granuleuse, rouge violacé, à la base des mandibules supérieure et inférieure (de certains oiseaux). Fanon de dindon.
3 ♦ Touffe de crins à la partie postérieure du pied d'un cheval, cachant l'ergot.
4 ♦ (1685) Cour. Chacune des lames cornées qui garnissent transversalement la bouche de certains cétacés et notamment de la baleine. La baleine retient avec ses fanons les petits poissons dont elle se nourrit. — Fanons de baleine utilisés autrefois pour la garniture des corsets. ⇒ baleine.
● fanon nom masculin (francique fano, morceau d'étoffe) Lame cornée issue de la mâchoire supérieure et qui garnit la bouche des baleines. (Bordés de poils raides fonctionnant comme des filtres, les fanons permettent aux cétacés de retenir dans leur bouche le krill et d'expulser l'eau. Ils atteignent 2 m de long chez le rorqual.) Repli cutané du cou de certains animaux (bœuf, iguane, dindon). Touffe de poils que les chevaux ont derrière le boulet. Chacune des deux bandelettes de soie qui pendent derrière la mitre d'un prélat. ● fanon (homonymes) nom masculin (francique fano, morceau d'étoffe) fanons verbe
fanon
n. m.
d2./d Chacune des lames cornées du palais des mysticètes, servant à filtrer le plancton. Les baleines ont plusieurs milliers de fanons.
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fanon
(Frantz) (1925 - 1961) psychiatre martiniquais; théoricien révolutionnaire. Médecin à Blida, il s'engagea dans le F.L.N. et fut expulsé d'Algérie (1956). Selon lui, le tiers monde devrait "recommencer une histoire" au lieu de copier l'Occident: Peau noire, masques blancs (1952); les Damnés de la terre (1961); Pour la révolution africaine (posth. 1964).
⇒FANON, subst. masc.
A.— [Désigne une pièce d'étoffe] Vx
1. ,,Pièce d'étoffe suspendue et déployée au bout d'une lance, d'une pique pour servir de signe de ralliement`` (BOUILLET 1859). Synon. fanion, gonfanon.
2. P. anal. (avec la pièce d'étoffe qui pend)
a) MAR. Partie flottante, pendante d'une voile carguée (d'apr. BONN.-PARIS 1859).
b) LITURGIE
) Pièce d'étoffe dont les deux pans pendent de chaque côté du poignet gauche, que les prêtres portent quand ils officient. Le fanon doit être de même étoffe que l'étole (Ac.). Synon. manipule.
) Bande pendante d'une bannière d'église (d'apr. Ac.).
) Au plur. Les deux pendants de la mitre d'un évêque, d'un archevêque. On voit que le chantre portait à tous les offices l'aube, l'amict, (...) une mitre de forme ronde avec deux fanons, des gants et un bâton comme l'évêque (F. CLÉMENT., Hist. gén. mus. relig., 1860, p. 196).
c) HÉRALD. Figure de l'écu représentant un fanon porté au bras droit. D'argent, à trois fanons de gueules, doublés et frangés de sinople (GRANDM. 1852).
3. Au plur., CHIR., vx. Attelles employées autrefois lors des fractures des os de la cuisse ou du bras et qui permettaient de maintenir en contact les os brisés. Appliquer les fanons (Ac. 1835, 1878).
— Emploi adj. Drap fanon. ,,Drap dont on entoure les attelles avant de les appliquer contre le membre fracturé`` (GARNIER-DEL. 1972).
B.— HIST. NAT.
1. [Désigne un repli membraneux]
a) Repli membraneux ou cutané situé au bord inférieur de l'encolure des bovins. Fanon de bœuf; fanon qui pend. Il [Julien] rencontra dans un ravin un taureau furieux, les cornes en avant (...). Julien lui pointa sa lance sous les fanons. Elle éclata, comme si l'animal eût été de bronze (FLAUB., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 115). Il [le taureau] se redressa, gonflant son large devant, son jabot, son fanon et ses épaules (GIONO, Batailles ds mont., 1937, p. 191).
— P. anal. Partie de peau molle qui pend du cou d'une personne. Fanon flétri, pendant; fanon de peau sèche. La Duègne s'ingurgitait solides et liquides d'une manière formidable; ses flasques bajoues et ses fanons tremblaient au branle d'une mâchoire encore bien garnie (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 34). La mère du Régent (...) étale sa large face, son sourire scatologique, ses fanons mollasses, dans l'hermine d'un manteau brodé de fleurs de lis (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, 1881, p. 159) :
• 1. Tandis que son mari vieillissait dans le sens de l'effondrement, de la pesanteur, elle vieillissait dans celui du dessèchement : elle était grande et osseuse, elle soutenait hardiment les fanons de son cou par des rubans de moire grise...
NIZAN, Conspir., 1938, p. 112.
b) Partie de peau granuleuse, rouge violacé et dépourvue de plumes qui pend à la base des mandibules supérieure et inférieure de certains oiseaux. Fanon de dindon; crête et fanons de coq. Sous le couvert des arbres, voletaient plusieurs couples de gallinacés de la famille des faisans. C'étaient des « tragopans », ornés d'un fanon charnu qui pendait sur leurs gorges, et de deux minces cornes cylindriques, plantées en arrière de leurs yeux (VERNE, Île myst., 1874, p. 86).
2. Touffe de poils qui couronne la partie graisseuse et renflée du pied d'un cheval et qui cache l'ergot. Elle est excellente, cette bête-là!... nette comme un poulain, et une culotte superbe!... seulement, vous devriez lui faire couper les fanons, elle les a trop longs, ça la dépare (GYP, Gde vie, 1891, p. 21).
3. Chacune des lames cornées qui garnissent transversalement la mâchoire supérieure de certains cétacés. Fanons des baleines; fanon corné. Dans la grande baleine (...) chaque fanon présente intérieurement une couche de fibres cornées revêtue de deux lames cornées aussi, mais plus minces, plus serrées (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 199). Les plus grands animaux marins vivant dans les mers actuelles, en l'espèce les cétacés à fanons (mystacocètes) sont également des mangeurs de plancton : baleines, balénoptères, rorquals, etc. (J.-M. PÉRÈS, Vie océan, 1966, p. 43) :
• 2. Les cétacés (...) se divisent en deux grandes classes : les uns ont des fanons, sortes de lames minces élastiques, cornées, rangées les unes près des autres à la mâchoire supérieure et formant une espèce de crible, servant à retenir les très petits animaux dont l'animal se nourrit.
ROUCH, Régions polaires, 1927, p. 188.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1170 fanum « manipule du prêtre » (G. DE SAINT-PAIR, Mont-Saint-Michel, éd. P. Redlich, v. 1227); b) 1418 fanon « chacun des deux pendants de la mitre d'un évêque » (NICOLAS DE BAYE, Choix de pièces inédites relatives au Règne de Charles VI, éd. L. Douët d'Arcq, t. 2, p. 368); 2. 1549 « pièce d'étoffe suspendue au bout d'une lance » (DU TILLET, Recueil des rois de France, p. 342 ds GDF. Compl.); 3. a) 1310-40 fannon « morceau de peau qui pend sous le cou du coq » (J. DE CONDE, Dits et contes, I, 51, 76 ds T.-L.); b) 1538 « repli de la peau qui pend sous le cou de certains animaux » (EST.); 4. 1678 « touffe de crins à la partie postérieure du pied d'un cheval, cachant l'ergot » (GUILLET, I, p. 113); 5. 1685 « chacune des lames cornées qui garnissent transversalement la bouche de certains cétacés, notamment la baleine » (FUR. Essais d'un dict. univ.). De l'a. b. frq. fano « morceau d'étoffe »; cf. a. h. all. fano « morceau d'étoffe, drapeau » (GRAFF t. 3, col. 520-522); all. Fahne « drapeau »; cf. aussi b. lat. fano « pièce d'étoffe » ca 720, « manipule d'un prêtre » 1re moitié du IXe s. (ds NIERM.). Fréq. abs. littér. :46. Bbg. BRÜCH 1913, p. 50. — WALT. 1885, p. 97.
fanon [fanɔ̃] n. m.
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1 (XIVe). Vx. Drapeau. ⇒ Fanion.
♦ Relig. Vx. Pièce d'étoffe que les prêtres portent au bras gauche quand ils officient. ⇒ Manipule. — (1680). Chacun des deux pendants de la mitre d'un évêque; chacun des deux pendants d'une tiare pontificale figurée sur un blason.
2 (1678). Mar. Partie flottante d'une voile carguée.
♦ Adj. Chir. || Drap fanon : drap dont on entoure les attelles avant de les appliquer contre le membre fracturé.
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II
1 (1538). Cour. Repli membraneux ou cutané qui pend sous le cou (des bœufs, de certains reptiles). || Les fanons d'un taureau, d'un bœuf. || Fanon d'iguane (→ Bourrelet, cit. 3).
1 (…) un taureau furieux, les cornes en avant, et qui grattait le sable avec son pied. Julien lui pointa sa lance sous les fanons. Elle éclata comme si l'animal eût été de bronze (…)
Flaubert, la Légende de saint Julien l'Hospitalier, II
2 (…) les plis de son cou retombaient jusqu'à sa poitrine comme des fanons de bœuf (…)
Flaubert, Salammbô, II, p. 38.
2 (Fin XIIIe). Membrane granuleuse, rouge violacé, à la base des mandibules supérieure et inférieure (de certains oiseaux). || Fanon de dindon.
3 Repli, pli du cou (d'une personne maigre, âgée).
3 Le col empesé, haut et large, escamotait les bajoues et les fanons.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, III.
4 Il avait de grosses poches plissées sous les yeux, et un col cassé où pendaient les fanons d'un cou qui a maigri sur le tard.
Aragon, les Beaux Quartiers, II, II.
4 (1678). Touffe de crins à la partie postérieure du pied (d'un cheval), cachant l'ergot.
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III (1685). Cour. Chacune des nombreuses lames cornées garnissant transversalement la bouche (de certains cétacés et notamment de la baleine). → Baleine, cit. 1; enfléchure, cit. 1 || Les fanons sont de longues lames cornées, fibreuses, effilées ou frangées, fixées à leur base à la mâchoire supérieure et sur la voûte du palais, qui servent, quand la baleine ferme la bouche, à retenir le plancton dont elle se nourrit, en laissant s'écouler l'eau de mer. — Utilisation des fanons sous forme de baleines. ⇒ Baleine (II.).
5 (…) il y avait encore les fanons, qui trouveraient, sans doute, leur emploi, bien qu'on ne portât ni parapluies ni corsets à Granitehouse. La partie supérieure de la bouche du cétacé était, en effet, pourvue, sur les deux côtés, de huit cents lames cornées, très élastiques, de contexture fibreuse, et effilées à leurs bords comme deux grands peignes, dont les dents, longues de six pieds, servent à retenir les milliers d'animalcules, de petits poissons et de mollusques dont se nourrit la baleine.
J. Verne, l'Île mystérieuse, t. I, p. 439.
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DÉR. V. Fanion.
Encyclopédie Universelle. 2012.