faisander [ fəzɑ̃de ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1393; de faisan
♦ Soumettre (le gibier) à un commencement de décomposition, pour lui faire acquérir un fumet. — Pronom. Viande qui commence à se faisander. ⇒ se corrompre.
● faisander verbe transitif (de faisan) Conserver quelque temps un gibier abattu, pour en attendrir la chair et accuser son fumet. ● faisander verbe intransitif se faisander verbe pronominal être faisandé verbe passif En parlant d'un gibier, subir un début de décomposition qui lui donne un fumet semblable à celui du faisan mortifié. En parlant d'une viande, être proche de la décomposition.
faisander
v. tr. En parlant du gibier, le laisser se mortifier un certain temps pour qu'il prenne un fumet spécial.
— Pp. adj. Viande faisandée.
— v. Pron. Laisser se faisander une bécasse.
⇒FAISANDER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. Faisander un gibier. Le conserver quelques jours avant de l'apprêter pour lui faire subir un commencement d'altération qui lui donne un fumet spécial. Faisander un lièvre. Si le faisan n'a pas été faisandé jusqu'à ce que son ventre change de couleur, il n'a pas plus de fumet que la poule de basse-cour (AUDOT, Cuisin. campagne et ville, 1896, p. 259).
— P. ext. [En parlant d'une viande autre que le gibier] La garder crue quelque temps afin de l'attendrir. Faisander un bifteck (Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop.).
2. Au fig. Faisander qqn
a) Corrompre moralement. En 1914, bien des grincheux virent dans le tango une manœuvre du Satan allemand pour faisander notre race (COCTEAU, Poés. crit. I, 1959, p. 57).
b) Duper, tromper. Alors je pense que c'est à cause de moi que la Vache l'a faisandé [le Corse] dans leur combine (CARCO, Jésus-la-Caille, 1914, p. 218).
B.— Emploi pronom.
1. [En parlant d'un gibier] Commencer à s'altérer et acquérir de ce fait un fumet particulier. Des perdrix qui se faisandaient (Ac. 1932). [Avec ell. du pronom] Vous avez trop laissé faisander ce lapin (Ac. 1798-1878).
Rem. On relève chez Vallès un emploi où le mot est construit intransitivement. Je l'adore, cette odeur montante, moutardeuse, verte, — si l'on peut dire verte, — comme les cuirs qui faisandent dans l'humidité ou qui font sécher leur sueur au soleil (J. Vingtras, Enf., 1879, p. 53).
2. Au fig., arg. [Le suj. désigne une pers.] Vieillir. Le Bonaparte me fait l'effet de se faisander. Il n'en a pas pour longtemps. L'Empire l'a avancé (HUGO, Corresp., 1853, p. 137).
Prononc. et Orth. :[]. Voyelle de 1re syll. ant d'aperture moy. (timbre [e], [] ou intermédiaire) ds FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834, GATTEL 1841, NOD. 1844, LITTRÉ, DG, PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1393 (Ménagier de Paris, II, 89 ds T.-L.). Dér. de faisan; dés. -er, avec développement d'un -d- p. anal. avec les dér. de mots en -and (NYROP t. 3 § 88). Fréq. abs. littér. :2. Bbg. GUIRAUD (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, pp. 96-109. — SAIN. Sources t. 3 1972 [1925], p. 80.
faisander [fəzɑ̃de] v. tr.
ÉTYM. 1393; de 1. faisan.
❖
1 Soumettre (le gibier) à un commencement de décomposition, pour lui faire acquérir le fumet que le gibier, le faisan notamment, prend en se mortifiant. — Pron. || Laisser la chair d'un gibier se faisander. || Ce gibier s'est trop faisandé.
1 Le faisan est assez beau, je vous l'accorde — mais il est bête, et au départ, il est aussi facile à tirer qu'un cerf-volant. Du point de vue du gourmet, sa chair est dure et sans goût : pour la rendre à peu près comestible, il faut la laisser se « faisander », c'est-à-dire se pourrir ! Non, le faisan n'est pas le roi des gibiers.
M. Pagnol, la Gloire de mon père, t. I, p. 181.
2 Argot. (Compl. n. de personne). Arrêter, prendre (→ Trou, cit. 11.2).
——————
faisandé, ée p. p. adj.
1 Viande faisandée, qui commence à se corrompre (→ Attirer, cit. 14).
2 (XXe). Fig. || Littérature faisandée. ⇒ Corrompu, malsain, pourri. || Vieille coquette faisandée. || Aristocratie faisandée.
2 (…) le goût des jeunes intellectuels d'alors pour ces mêmes aristocrates faisandés sur les mains desquels ils devaient se contenter de flairer l'odeur des alcôves pourries, dont ils ne connaîtraient jamais les délices.
Bernanos, les Grands Cimetières sous la lune, p. 283.
3 Le comte d'Aunay, type du diplomate faisandé. Très fort au jeu du lorgnon, qu'il pose et reprend à chaque transition.
J. Renard, Journal, 4 août 1902.
❖
CONTR. Frais, pur, sain.
DÉR. Faisandage.
Encyclopédie Universelle. 2012.