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fabulation

fabulation [ fabylasjɔ̃ ] n. f.
• 1830; lat. fabulatio « discours, conversation », de fari fable
1Vx Représentation imaginaire, version romanesque d'un ensemble de faits. affabulation.
2Psychol. Récit imaginaire présenté comme réel, mais sans adaptation aux circonstances. La fabulation est normale chez le petit enfant, pathologique chez l'adulte. mythomanie.
3Philos. Activité de l'imagination. « Convenons alors de mettre à part les représentations fantasmatiques et appelons “fabulation” ou “fiction” l'acte qui les fait surgir » (Bergson).

fabulation nom féminin (bas latin fabulatio, -onis) Action de présenter comme réels des faits purement imaginaires, de donner une version romanesque des faits. ● fabulation (difficultés) nom féminin (bas latin fabulatio, -onis) Sens et emploi La distinction entre ces deux mots n'est pas toujours nette. 1. Affabulation = manière dont un récit de fiction est organisé ; cette fiction elle-même (terme technique de critique littéraire). Recommandation Pour désigner un récit inventé, plus ou moins mensonger, préférer les équivalents invention, mensonge, fiction. 2. Fabulation : invention de faits imaginaires que le sujet présente comme réels (terme technique de psychologie et de psychiatrie).

fabulation
n. f. PSYCHO Fait de présenter comme une réalité vécue ce qui est purement imaginaire. La fabulation, fréquente et normale chez les enfants, caractérise certaines maladies mentales des adultes.

⇒FABULATION, subst. fém.
A.— Organisation des faits constituant le fond d'une œuvre littéraire. Synon. affabulation. La pièce passe pour originale, n'étant pas adaptée du français. Il ne sera pas sans intérêt d'en suivre la fabulation, scène par scène (BOURGET, Ét. angl., 1888, p. 34). Il serait absurde de rester esclave d'une conception « accidentelle » de mon livre (...). Mais cela m'oblige à un remaniement total de ma fabulation (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1946-47, p. 130).
B.— Récit imaginaire. Le docteur [Sigier] expliquait ainsi logiquement l'enfer (...). Les tortures se comprenaient aussi bien que les délices (...). Ainsi les fabulations les plus extraordinaires de l'enfer et du purgatoire se trouvaient naturellement réalisées (BALZAC, Proscrits, 1831, p. 24). Un roman comme la « Bête humaine » (...). où tout est invention, imagination, fabulation, où les êtres sont de pures ou de sales sécrétions de sa cervelle (GONCOURT, Journal, 1890, p. 1159).
Spécialement
1. Ensemble des récits à caractère imaginaire se rapportant à l'histoire d'une nation, à la mythologie. Sans lire le texte, j'appris bien vite, grâce aux images, les principales données de la fabulation antique (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 165).
2. PSYCHOL. Tendance à présenter des récits imaginaires, de façon plus ou moins organisée et cohérente, comme étant réels. La fabulation ne s'accompagne pas obligatoirement de l'intention délibérée de tromper, le sujet croyant lui-même, en partie, à ses récits. Considérée comme normale chez le jeune enfant, la fabulation est pathologique chez l'adulte. (Méd. Flamm. 1975). Dupré notait que la fabulation mythomaniaque peut se traduire aussi bien en simulations organiques (...) qu'en mensonges oraux ou écrits (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 383) :
... ils [les enfants] croient aisément tout ce qu'on leur répète avec conviction et même souvent tout ce qu'ils imaginent — c'est là la célèbre fabulation enfantine.
Jeux et sp., 1968, p. 119.
C.— PHILOS. Activité de l'imagination. Il n'est certainement pas nécessaire qu'il y ait des romanciers et des dramaturges, la faculté de fabulation en général ne répond pas à une exigence vitale (BERGSON, Deux sources, 1932, p. 206). L'esprit humain, chez Arnim, s'étonne sans cesse de son propre pouvoir de fabulation et se donne délibérément le frisson en se disant : « Et si ce que j'imagine n'était pas inefficace! » (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 254).
Prononc. :[] ou [fa-]. Cf. fable. Étymol. et Hist. 1830 (BALZAC, Des mots à la mode, Œuvres diverses, II, p. 37, d'apr. Greimas ds Fr. mod. t. 17, p. 291). Formation savante sur le lat. class. fabula (v. fable); suff. -(a)tion d'apr. le lat. class. fabulatio « discours, paroles, conversation » et « bavardages mensongers » en lat. chrét. (cf. BLAISE). Fréq. abs. littér. : 32. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 32. — JOURJON (A.). Rem. lexicogr. R. de Philol. fr. 1915/16, t. 29, p. 205.

fabulation [fabylɑsjɔ̃] n. f.
ÉTYM. 1830, Balzac; lat. fabulatio « discours, conversation », du supin de fabulari, de fabula. → Fable.
1 Organisation des faits constituant la trame d'un récit (→ Affabulation).
0.1 Pierre Mac Orlan est un écrivain trop conscient. Ce qui enlève à son livre sa masse et son unité. Mais si éparpillée que soit la fabulation de ce roman, la vie qui s'y incorpore en rend la lecture troublante.
A. Artaud, Littérature et arts plastiques, « La cavalière Elsa », in Œ. compl., t. II, p. 226.
2 Vx. Représentation imaginaire, version romanesque d'un ensemble de faits. Affabulation.
1 L'attitude de l'accusé justifia la fabulation adoptée par la ville d'après les conjectures de la Justice (…)
Balzac, le Curé de village, Pl., t. VIII, p. 585.
3 (Fin XIXe). Psychol. Production imaginaire de l'esprit organisé en récit, sans adaptation aux circonstances, autour d'un thème principal. Mythomanie. || La fabulation ressortit dans le premier cas à la mythomanie, dans le second cas elle est la conséquence d'un état pathologique, et reçoit généralement le nom de confabulation. || Disposition à la fabulation. Mendacité.
Par extension :
1.1 Le geste du catcheur n'a besoin d'aucune fabulation, d'aucun décor, en un mot d'aucun transfert pour paraître vrai.
R. Barthes, Mythologies, p. 17 (1957).
4 Philos. (Bergson). Activité de l'imagination.
2 Les représentations qui engendrent des superstitions ont pour caractère commun d'être fantasmatiques. La psychologie les rapporte à une faculté générale, l'imagination. Sous la même rubrique elle classera d'ailleurs les découvertes et les inventions de la science, les réalisations de l'art. Mais pourquoi grouper ensemble des choses aussi différentes (…) Convenons alors de mettre à part les représentations fantasmatiques, et appelons « fabulation » ou « fiction » l'acte qui les fait surgir (…) De cette fonction relèvent le roman, le drame, la mythologie avec tout ce qui la précéda.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, II, p. 111.

Encyclopédie Universelle. 2012.