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extérioriser

extérioriser [ ɛksterjɔrize ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1870; de 1. extérieur
1Psychol. Placer en dehors de soi la cause de (ce qu'on éprouve).
2Cour. Donner une réalité extérieure à (ce qui n'existait que dans la conscience). exprimer, manifester, montrer. Extérioriser ses sentiments, sa joie. « Tout, chez elle, était immédiatement extériorisé, proclamé, déclamé, claironné, projeté au-dehors » (R. Gary). S'EXTÉRIORISERv. pron. Sa colère ne s'extériorise pas. « Une intelligence s'exprimant et s'extériorisant avec une prodigieuse aisance » (Siegfried).
⊗ CONTR. Intérioriser, refouler, renfermer.

extérioriser verbe transitif (de extérieur, avec influence du latin exterior) Manifester ses sentiments, ses idées, les exprimer par des gestes, des paroles : Il n'extériorise guère ce qu'il pense réellement.extérioriser (synonymes) verbe transitif (de extérieur, avec influence du latin exterior) Manifester ses sentiments, ses idées, les exprimer par des gestes...
Synonymes :
- exprimer
- montrer
Contraires :
- intérioriser

extérioriser
v. tr.
d1./d Manifester (un sentiment, une émotion). Il a extériorisé son chagrin.
|| v. Pron. Joie qui s'extériorise.
d2./d PSYCHO Situer à l'extérieur de soi (ce qui n'existe que dans la conscience).

⇒EXTÉRIORISER, verbe trans.
A.— Mettre, rejeter quelque chose vers l'extérieur.
1. À la forme passive. Porte-aiguille, de 18 centimètres, du Dr Moure, pour opérer les vaisseaux extériorisés (Catal. instrum. chir. (Collin), 1935, p. 67). La valeur de la lignée végétative n'est pas le reflet exact de celle extériorisée par la souche-mère (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 123) :
1. Rana ne percevait plus rien de la vie. Elle était séparée de son monde, retranchée de la société des compagnes, extériorisée de son marais qu'elle ne reconnaissait plus, tout entière sous l'emprise d'une volonté invincible qui la liait à elle et cassait ou plutôt rongeait tous les autres liens avec les choses et avec la vie.
PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 160.
2. À la forme pronom. Dès lors, on voit tantôt s'extérioriser une saillie végétante d'aspect papillomateux, tantôt... (ROUSSY ds Nouv. Traité Méd., fasc. 5, 2, 1929, p. 555). Les hémorragies retardées s'extériorisant quelques heures après une plaie artérielle (BARIÉTY-COURY, Hist. méd., 1963, p. 782).
B.— PSYCHOLOGIE
1. Placer ou imaginer hors de soi la cause de ses impressions, de ses sensations. Comme si tout d'un coup on nous montrait extériorisée devant nous une de nos maladies et que nous ne la trouvions pas ressemblante à ce que nous souffrons (PROUST, Swann, 1913, p. 308). Les visions lui semblent toujours extériorisées et durent tant qu'elle n'en détourne pas les yeux (WARCOLLIER, Télépathie, 1921, p. 57).
2. Mettre à jour ce qui n'était qu'intérieur à soi-même. Les caractères les plus extériorisés, les intelligences qui se nourrissent surtout d'expression sociale ou de déterminations objectives (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 679). En général, la beauté extériorise, dérange la méditation de l'intimité (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 106).
En emploi pronom., cour. S'exprimer. Le style est la volonté de s'extérioriser par des moyens choisis (JACOB, Cornet dés, 1923, p. 13) :
2. L'abbé Humbert, qui savait que je m'extériorisais peu, et que l'exaltation n'était pas du tout mon affaire, m'ordonna simplement de me recueillir, de prier et de croire de tout mon cœur, sans me figurer que j'allais assister à l'accomplissement de phénomènes imaginaires qui avaient pu m'être annoncés.
GYP, Souv. pte fille, 1928, p. 338.
P. anal. Rendre apparent, visible. Le spectre extériorise pour nous la composition de la lumière (PROUST, Prisonn., 1922, p. 159).
Rem. La docum. enregistre plusieurs mots de la même famille :
a) Extériorer (s'), verbe trans. Les autres, extériorant, matérialisant, panthéisant le moi (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 308). Ce point, se dédoublant, s'extériorant ou s'objectivant (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 144). b) Extériorisable, adj. Que l'on peut extérioriser. Chercher une méthode, c'est chercher un système d'opérations extériorisable (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 220). c) Extérioriste, adj. Objectif. Un tel dessin objectif, détaché de toute rêverie (...) cette représentation extérioriste (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 59). Qq. dict. attestent un emploi subst. avec un sens différent : ,,Philosophes ainsi dits, parce que, selon eux, toute idée, tout principe, toute vérité viennent à l'homme du dehors`` (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. :[], (j')extériorise []. Cf. é-1. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1866 (AMIEL, Journal, p. 148). Dér. de extérieur d'apr. le lat. exterior « extérieur »; suff. -iser. Fréq. abs. littér. :103.

extérioriser [ɛksteʀjɔʀize] v. tr.
ÉTYM. 1869; de 1. extérieur, d'après le lat. exterior.
1 Didact. Psychol. Placer en dehors de soi la cause de (sensations, perceptions que l'on éprouve en soi).
0.1 (…) chacun des états dits successifs du monde extérieur existe seul, et leur multiplicité n'a de réalité que pour une conscience capable de les conserver d'abord, de les juxtaposer ensuite en les extériorisant les uns par rapport aux autres.
H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, p. 90.
2 (Déb. XXe). Cour. Manifester par un comportement observable (ce qui n'existait que dans la conscience). Exprimer, manifester, montrer. || Extérioriser ses sentiments, sa joie. Connaître (faire). || Il extériorise tout ce qu'il ressent, il est expansif.Extérioriser une idée dans une œuvre. Exprimer.
1 (…) aussi loin qu'on s'enfonce dans le passé des sociétés humaines, on trouve des manifestations insistantes ou des traces furtives du désir unanime qu'éprouvent les hommes d'extérioriser les échos que le spectacle infiniment divers du monde éveille en eux. Ce désir est toujours présent et agissant sous une forme quelconque, verbale ou figurée, architecturale ou sonore (…) Mais il reste toujours facile à rattacher à un centre commun d'expansivité instinctive.
Élie Faure, in Encycl. (de Monzie), XVI, 58, 5.
1.1 Malheureusement, ma mère n'était pas femme à garder pour elle ce rêve consolant qui l'habitait. Tout, chez elle, était immédiatement extériorisé, proclamé, déclamé, claironné, projeté au-dehors, avec, en général, accompagnement de lave et de cendre.
R. Gary, la Promesse de l'aube, p. 51.
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s'extérioriser v. pron.
ÉTYM. (1878).
S'exprimer, se manifester. || Ses intentions s'extériorisent peu à peu. Affirmer (s'). || Une joie qui s'extériorise.
2 (…) en dépit de la magie du verbe méridional, ils ne se paient pas tant de mots qu'on le croit. En eux l'intelligence prime plutôt que l'action, une intelligence s'exprimant et s'extériorisant avec une prodigieuse aisance.
André Siegfried, l'Âme des peuples, p. 37.
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extériorisé, ée p. p. adj.
|| Sentiments extériorisés.
CONTR. Cacher, comprimer, dissimuler, intérioriser, renfermer.
DÉR. Extériorisable, extériorisation.

Encyclopédie Universelle. 2012.