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extatique

extatique [ ɛkstatik ] adj.
• 1546; gr. extatikos, de extasis extase
1Qui a le caractère de l'extase. Transport, ravissement, vision extatique. « Cet état extatique où le pressentiment équivaut à la vision des Voyants » (Balzac). Les attitudes extatiques des grands mystiques. N. « Son attitude était celle d'un extatique, d'un somnambule qui dort les yeux ouverts » (Gautier).
2Qui est ravi, en extase. Personne, air extatique. extasié.

extatique adjectif (grec ekstatikos) Littéraire Qui tient de l'extase religieuse : Vision extatique. Qui exprime l'extase ; profond, exalté : Admiration extatique.extatique nom Personne en état d'extase mystique.

extatique
adj.
d1./d Qui tient de l'extase.
d2./d Qui est en extase.

⇒EXTATIQUE, adj. et subst.
I.— Emploi adj.
A.— Qui a le caractère de l'extase; qui est hors de soi, extraverti, projeté à l'extérieur. Acte, état extatique. Anton. égocentrique. L'amour a sa source et sa cause dans le sujet aimant, sa raison d'être extatique dans l'objet aimé (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 79) :
1. Le charme innocent a quelque chose d'extatique en ceci que, dépourvu lui-même de consistance, il est tout entier extroversé dans le non-moi et s'exhale, pour ainsi dire, comme un parfum...
JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957 p. 190.
1. Qui est privé de mouvement, en communication avec un objet de contemplation invisible. Engourdissement, sommeil extatique. Il eut le temps de revoir l'immobilité extatique, un apaisement incroyable des traits (MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 356) :
2. C'est une clarté, une lucidité étrange et sans mouvement, quelque chose de somnambulique et d'extatique (...). Ce regard (...) est une paix et une sérénité. Il a un ravissement mort et comme une pâmoison mystique.
GONCOURT, Journal, 1860, p. 800.
2. Qui est hors de son moi habituel, manifesté d'une manière plus ou moins violente à l'extérieur. Un rire extatique; une transe extatique. Elle [une danseuse] s'agite et se crispe dans une danse extatique et saccadée (LEVINSON, Danse, 1924, p. 56).
3. Qui perçoit dans l'extase des vérités essentielles. Contemplation extatique. Quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît (...), il s'abîme dans une adoration « extatique » (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 177) :
3. Le poète est essentiellement voyant, la poésie est prophétie, vision extatique du passé, de l'avenir, de la totalité.
BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 75.
Rare. [En parlant d'une pers.] Et je me perdais dans cette contemplation, comme le dévot extatique pour qui le ciel des mystères vient de s'ouvrir (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 103).
B.— Qui exprime l'extase, la béatitude. Admiration, art, bonheur, joie extatique; d'un air, d'une voix extatique. Synon. radieux. L'ange extatique et souriant, lumineux de tranquillité céleste (VERCORS, Silence mer, 1942, p. 77).
Rare. [Le suj. ne se rapporte pas à une pers.] C'est beau, ce bleu extatique, çà et là, ce vert (CLAUDEL, Visages radieux, 1947, p. 775).
II.— Emploi subst. Personne qui fait l'expérience de l'extase, qui est dépositaire d'une révélation mystique, qui a reçu l'illumination. Les extatiques chrétiens. (Quasi-) synon. initié. Le savant ou l'extatique, transporté dans la contemplation à laquelle se suspend sa vie entière (BLONDEL, Action, 1893, p. 186) :
4. Jacob Boehm, Swedenborg (...), la grande secte des Extatiques, celle des Illuminés, ont, à diverses époques, dignement conservé les doctrines de cette science [la théologie mystique]...
BALZAC, Proscrits, 1831, p. 19.
Rare. Ce qui est caractérisé par l'extase. Cette pensée ne sortant généralement point de variations sur l'« ineffable », sur l'« absolu », sur l'« infini », sur l'« extatique » (BENDA, Fr. byz., 1945, p. 235).
PATHOL. Personne qui présente les mêmes symptômes que celui ou celle qui fait l'expérience de l'extase. (Quasi-)synon. halluciné. Les extatiques sont des hystériques mal nourris, les maisons d'aliénés en regorgent (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 185).
Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. extatiquement. D'une manière extatique. Vivre l'un pour l'autre, l'un en l'autre, extatiquement (cf. HUGO, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 152). Le vouloir pur est (...) absolument « désintéressé » de soi, c'est-à-dire extatiquement, exhaustivement, intégralement déversé dans son objet (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p. 239).
Prononc. et Orth. :[]. Cf. é-1. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1546 ecstatic « qui est ravi en extase » (RABELAIS, Tiers Livre, A l'esprit de la royne de Navarre, éd. M. A. Screech, p. 2); 2. 1588 « qui a le caractère de l'extase » (MONTAIGNE, Essais, 1. 3, chap. 5, éd. A. Thibaudet, p. 982). Empr. au gr. « qui égare l'esprit; qui a l'esprit égaré, qui est hors de soi » avec infl. sém. de extase. Lat. médiév. ecstaticus, ca 870 ds LATHAM. Fréq. abs. littér. :201. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 194, b) 254; XXe s. : a) 424, b) 297.

extatique [ɛkstatik] adj.
ÉTYM. XVIIe; ecstatic, 1546, Rabelais; grec extatikos, de ekstasis. → Extase.
Didactique ou littéraire.
A Adj.
1 (1580, Montaigne). Qui a le caractère de l'extase. || Transport extatique. || Ravissement, vision extatique.Les attitudes extatiques des mystiques.
1 (…) la sentence de saint Antoine (ô soleil, pourquoi me troubles-tu ?) regardait un genre d'oraison extatique.
Bossuet, les États d'oraison, V, 12.
2 La passion fait arriver les forces nerveuses de la femme à cet état extatique où le pressentiment équivaut à la vision des Voyants.
Balzac, la Cousine Bette, Pl., t. VI, p. 340.
3 Les schizophrènes, les maniaques, les confus, les épileptiques en état crépusculaire peuvent également présenter des attitudes extatiques (…)
Th. Kammerer, in A. Porot, Manuel de psychiatrie, art. Extase.
Par hyperb. || Joie, douleur extatique, absorbante, profonde.
2 (1546). Qui est en extase. || Personne, air extatique.
3.1 — À mon avis, tu devrais te montrer plus extatique, plus inspiré, plus lointain. Les camps, tu dois te dire qu'ils n'existent pas.
— L'oubli avant d'enregistrer ce qu'il conviendrait d'oublier…
Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 25.
B (1546). N. (Surtout au sens A., 1.). || Un, une extatique.
4 Son attitude était celle d'un extatique, d'un somnambule qui dort les yeux ouverts; perdu dans une rêverie profonde, il n'entendait pas ce qu'on lui disait, ou son esprit, revenu de loin, arrivait trop tard à la réponse.
Th. Gautier, Portraits contemporains, p. 58.
5 Étranges phénomènes d'Ezkioga où il y a à la fois du divin et du diabolique. Les extatiques voient la Vierge en vêtements noirs et armée d'une épée dont elle menace les quatre points cardinaux.
Claudel, Journal, oct.-nov. 1940.
DÉR. Extatiquement.

Encyclopédie Universelle. 2012.