éternel, elle [ etɛrnɛl ] adj. et n. m.
• XIIIe; eternal v. 1175; bas lat. æternalis, lat. class. æternus, de æviternus, de ævum « temps, durée »
I ♦ (Sens fort) Didact. ou relig.
1 ♦ Qui est hors du temps, qui n'a pas eu de commencement et n'aura pas de fin. ⇒ intemporel. Dieu est conçu comme éternel. Le Père éternel. « je vois bien qu'il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et infini » (Pascal). Pour les matérialistes, la matière est éternelle.
2 ♦ N. m. L' É TERNEL : Dieu. Invoquer, louer l'Éternel. « Je renie les blasphèmes que les défaillances de la dernière heure pourraient me faire prononcer contre l'Éternel » (Renan). Loc. fam. DEVANT L'ÉTERNEL. C'est un grand pêcheur, un grand voyageur devant l'Éternel, il pêche, il voyage beaucoup (de la loc. bibl. Comme Nemrod, grand chasseur devant l'Éternel).
3 ♦ N. m. Ce qui a une valeur d'éternité; ce qui est éternel. « Rien de plus légitime que l'indignation d'un Bossuet ou d'un Pascal devant cette folie qui nous porte à sacrifier l'éternel au périssable » (F. Mauriac). ⇒ éternité. « je n'ai rien à faire des idées ou de l'éternel. Les vérités qui sont à ma mesure, la main peut les toucher » (Camus).
II ♦ Cour.
1 ♦ Qui est de tous les temps, que l'expérience humaine reconnaît avoir toujours existé et devoir toujours exister. ⇒ continuel. La vie est un éternel recommencement. Retour éternel. « l'histoire et la légende ont le même but, peindre sous l'homme momentané l'homme éternel » (Hugo). — L'éternel féminin. — Log. Phrase éternelle, vraie en tout temps.
2 ♦ Contre quoi le temps ne peut rien; sans fin. ⇒ infini, perpétuel. « il est indubitable que le temps de cette vie n'est qu'un instant, que l'état de la mort est éternel » (Pascal). « Dans la nuit éternelle emportés sans retour » (Lamartine). — Poét. Le repos, le sommeil éternel : la mort. — Relig. La vie éternelle dans l'au-delà.
3 ♦ Qui dure très longtemps, dont on ne peut imaginer la fin. ⇒ constant, durable, impérissable, indestructible. Serments, regrets éternels. Jurer un amour éternel. ⇒ immortel. « Je suis persuadé que, si l'on ne changeait pas, les amours seraient éternelles; mais chacun se transforme de son côté » (Nerval). « Rien n'est éternel, pas même la reconnaissance » (Renard). Je ne suis pas éternel : je mourrai un jour. — Rome, la Ville éternelle. Les neiges, les glaces éternelles, qui ne fondent jamais, ne sont pas saisonnières.
4 ♦ (Avant le nom) Qui ne semble pas devoir finir; qui ennuie, fatigue par la répétition. ⇒ continuel, incessant, interminable, perpétuel, sempiternel. Je suis lassé de ses éternelles récriminations.
♢ Qui est toujours dans le même état. C'est un éternel mécontent. C'est l'éternel problème de... « l'éternelle discussion pour savoir si on pouvait aimer vraiment une fois ou plusieurs fois » (Maupassant).
5 ♦ (Avant le nom; précédé le plus souvent de l'adj. poss.) Qui se trouve continuellement associé à qqch., à qqn. ⇒ inséparable. « Léonor et son éternelle gouvernante, allant un matin à l'église » (Lesage). On ne le voyait jamais sans son éternel blouson noir.
⊗ CONTR. Mortel, temporel, terrestre. 1. Bref, 1. court, éphémère, fragile, fugitif, labile, périssable, précaire, temporaire.
● Éternel nom masculin L'Éternel, Dieu. Grand… devant l'Éternel, formule ajoutée par emphase à un nom : Un grand chasseur devant l'Éternel. ● Éternel (expressions) nom masculin L'Éternel, Dieu. Grand… devant l'Éternel, formule ajoutée par emphase à un nom : Un grand chasseur devant l'Éternel.
éternel, elle
adj. et n. m.
rI./r adj.
d1./d Sans commencement ni fin.
|| n. m. L'éternel: Dieu.
d2./d Immuable. Vérité éternelle.
d3./d Sans fin. La béatitude éternelle.
d4./d Dont on ne prévoit pas la fin. Une reconnaissance éternelle.
— La Ville éternelle: Rome.
d5./d Continuel. Il fatigue tout le monde par son éternel bavardage.
rII./r n. m. Ce qui a valeur d'éternité.
⇒ÉTERNEL, ELLE, adj.
I. A.— Qui n'a pas eu de commencement et qui n'aura pas de fin. Le Père éternel; Dieu est un être éternel; l'éternelle essence, matière. Une substance (...) impassible et immuable, (...) immatérielle, séparée, éternelle, immobile (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 49) :
• 1. Il s'agit de nous faire une conception du monde en accord avec les données de l'expérience scientifique, données que nous devons avoir le courage de considérer comme intangibles. Or, de toutes les conceptions, une seule ne contredit pas ces données : une énergie éternelle, infinie, toujours identique en ses éléments et en ses lois, qui crée, détruit, renouvelle inépuisablement, sans commencement, sans terme, et, par conséquent, sans but.
BOURGET, Sens mort, 1915, p. 227.
— Emploi subst. masc.
1. L'Éternel. Dieu, qui n'a pas eu de commencement et qui n'aura pas de fin. L'Éternel soit béni, la loi de l'Éternel, invoquer l'Éternel, louons l'Éternel! Grand + subst. devant l'Éternel.
2. Avec valeur de neutre. Ce qui a une valeur d'éternité. Nous voyons à la fois (...) le temporel et l'éternel, l'ordre et le désordre, le fini et l'infini (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 370). Songeant à l'impossible, à l'infini, à l'éternel (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 311).
B.— P. ext. Qui n'a pas de fin :
• 2. Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges
Jeter l'ancre un seul jour?
LAMART., Médit., 1820, p. 133.
SYNT. Le repos, le sommeil éternel; le feu, le salut éternel; la damnation, la vie, la béatitude éternelle; les flammes, les peines éternelles.
II. A.— Qui est de tous les temps. L'éternel féminin. Bossuet prouve Dieu par les vérités éternelles. « Une vérité ne peut cesser d'être vérité. Descartes meurt, Bossuet meurt, la vérité ne meurt point ... » (ALAIN, Propos, 1923, p. 567) :
• 3. La France du passé, du présent, de l'avenir, la France éternelle, compte que, sous leurs plis, ses soldats, ses marins, ses aviateurs, la serviront avec gloire, honneur et fidélité.
DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 491.
B.— Dont on n'entrevoit pas la fin. Une reconnaissance éternelle. Serrant dans ma main sa petite main chaude, je lui jurai une amitié éternelle (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 372). Jamais le monde romain n'a paru plus solide, plus éternel (LA VARENDE, Centaure de Dieu, 1938, p. 198) :
• 4. Fabien eût désiré vivre ici longtemps, prendre sa part ici d'éternité, car les petites villes, où il vivait une heure, et les jardins clos de vieux murs, qu'il traversait, lui semblaient éternels de durer en dehors de lui.
SAINT-EXUP., Vol nuit, 1931, p. 82.
— Spécialement
♦ La maison éternelle. Le tombeau. Ce peuple n'attachait de prix qu'à ses maisons éternelles, à ses tombeaux (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 184) :
• 5. L'expression de « maison éternelle » appliquée à la tombe se justifie par la durée qu'elle emprunte au roc dans lequel elle est taillée, ou à la pierre avec laquelle elle est construite.
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 159.
♦ La Ville éternelle. Rome. De la Ville éternelle, à ce premier séjour, je ne connus guère que le Pincio (GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, p. 572).
C.— P. hyperb., le plus souvent antéposé
1. Qui semble ne devoir jamais finir. Il y a pourtant cinq semaines, cinq semaines éternelles que je ne l'ai vu! (HUGO, Angelo, 1835, p. 46). Et, pendant trois éternelles minutes, le pont restera encore vide (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 95).
— En partic.
a) Qui dure ou qui se répète continuellement, constamment. L'éternelle chanson du vent, des paysages d'une éternelle sérénité. Tout en haut de Tanger, il y avait une maison jaune à un étage d'où l'on voyait le scintillement éternel de la mer (SARTRE, Sursis, 1945, p. 204).
b) Qui fatigue, qui ennuie par sa longueur ou par sa répétition. Un éternel bavard. Après les éternelles pommes de terre, la petite côtelette de quatre sous (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 228). Je ne me sens pas encore prêt pour les éternelles explications familiales (DUHAMEL, Nuit St-Jean, 1935, p. 187). L'éternel parallèle entre Corneille et Racine dont notre enfance a été bercée (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 488).
2. Qui est habituellement associé à quelque chose, à quelqu'un. Son éternel chapeau de feutre. Quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle bouffarde (G. LEROUX, Myst. ch. jaune, 1907, p. 110).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. fém. éternelle. Plante dont les fleurs se conservent longtemps (cf. Ac.). Cf. immortelle.
Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1175 gloire eternal (B. DE STE MAURE, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 25966). Empr. au lat. chrét. aeternalis, de même sens, dér. du lat. class. aeternus. Fréq. abs. littér. :9 163. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 16 200, b) 12 828; XXe s. : a) 14 538, b) 9 525. Bbg. GALL. 1955, p. 36, 471, 493.
éternel, elle [etɛʀnɛl] adj. et n. m.
ÉTYM. XIIIe; eternal, v. 1175; bas lat. æternalis, du lat. class. æternus, de la forme archaïque æviternus, de ævum « temps, durée ».
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I (Sens fort). Didact. ou relig.
1 Adj. Qui est hors du temps, qui n'a pas eu de commencement et n'aura pas de fin. || Dieu est éternel. || Le Père éternel. || Le Verbe éternel (→ Aspect, cit. 27; Dieu, cit. 2). || Le séjour éternel. || Le Royaume éternel.
1 Mais qu'est-ce donc qui est véritablement ? Ce qui est éternel, c'est-à-dire qui n'a jamais eu de naissance, ni n'aura jamais (de) fin; à qui le temps n'apporte jamais aucune mutation.
Montaigne, Essais, II, XII.
2 Cet objet éternel c'est Dieu éternellement subsistant.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, IV, 5.
3 Je ne suis pas aussi éternel, ni infini, mais je vois bien qu'il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et infini.
Pascal, Pensées, VII, 469.
4 Mon Dieu ! maître éternel, laissez là, je vous prie,
Les Grecs, les Albanais (…)
Molière, le Dépit amoureux, II, 6.
5 Qu'importe un jour de deuil quand, sous l'œil éternel,
Ce que noircit la terre est blanchi par le ciel ?
Hugo, la Légende des siècles, XXXI, II.
5.1 Toi l'étranger quand tu mourras
Quand le croqu'mort t'emportera
Qu'il te conduise à travers ciel
Au père éternel.
Georges Brassens, l'Auvergnat.
♦ Qui tient à la nature de l'Être éternel. ⇒ Divin. || Sagesse éternelle (→ Châtiment, cit. 5). || Justice éternelle (→ Abîme, cit. 25). || Vengeance éternelle (→ Assurance, cit. 13). || Les choses éternelles (opposé à temporelles). → Attache, cit. 13.
6 Ô Dieu, par quelle route inconnue aux mortels
Ta sagesse conduit ses desseins éternels !
Racine, Esther, III, 8.
7 Quel sang a demandé l'éternelle justice ?
Voltaire, Mahomet, III, 1.
♦ Philos. || Les Idées, au sens platonicien, sont éternelles et immuables. — La Raison éternelle. || La Conscience éternelle. || Une vérité éternelle (→ Durable, cit. 2) : une vérité immuable. || Les lois, les valeurs, les règles éternelles (→ Beau, cit. 99). || « On appelle proposition d'éternelle vérité celle qui a toujours été vraie et qui le sera toujours. Les axiomes de géométrie sont des propositions d'éternelle vérité » (Trévoux, Éternel).
8 Ces vérités éternelles que tout entendement aperçoit toujours les mêmes (…) sont quelque chose de Dieu.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, IV, 5.
9 Tout ce qui se démontre en mathématique et en quelque autre science que ce soit, est éternel et immuable, puisque l'effet de la démonstration est de faire voir que la chose ne peut pas être autrement qu'elle est démontrée.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, IV, 5.
10 Quand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles, et dépendantes d'une première vérité en qui elles subsistent, et qu'on appelle Dieu, je ne le trouverais pas beaucoup avancé pour son salut.
Pascal, Pensées, VIII, 556.
2 N. m. || L'Éternel : Dieu. || Invoquer, louer l'Éternel (→ Alleluia, cit. 1; adorer, cit. 1; bénédiction, cit. 1).
11 (…) l'Éternel, qui voit d'un œil profond
Ton cœur et tes pensées, et sait bien quels ils sont.
Ronsard, Réponse aux injures et calomnies.
12 Je renie les blasphèmes que les défaillances de la dernière heure pourraient me faire prononcer contre l'Éternel. L'existence qui m'a été donnée sans que je l'eusse demandée a été pour moi un bienfait.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, V.
♦ ☑ Loc. fam. Devant l'Éternel. || C'est un grand pécheur, un grand voyageur devant l'Éternel : il pèche, il voyage beaucoup (de la loc. biblique Nemrod, grand chasseur devant l'Éternel, en sa présence).
3 N. m. Ce qui a une valeur d'éternité; ce qui est éternel (opposé à temporel, n. m.). → Accidentel, cit. 1.
13 Il y a donc nécessairement quelque chose qui est avant tous les temps et de toute éternité et c'est dans cet éternel que ces vérités éternelles subsistent.
Bossuet, Traité de la connaissance de Dieu…, IV, 4.
14 Il y a les saints qui laissent le monde où il est et trouvent plus simple d'occuper immédiatement l'éternel.
Claudel, Feuilles de saints, p. 170.
15 (…) en prenant parti dans la singularité de notre époque, nous rejoignons finalement l'éternel et c'est notre tâche d'écrivain que de faire entrevoir les valeurs d'éternité qui sont impliquées dans ces débats sociaux ou politiques.
Sartre, Situations II, p. 15.
16 L'Occident avare de son salut oublie que beaucoup de religions conçurent distraitement l'au-delà; c'est bien à l'éternel que les grandes religions répondent, mais ce n'est pas à la vie éternelle de l'homme.
Malraux, les Voix du silence, p. 479.
17 Rien de plus légitime que l'indignation d'un Bossuet ou d'un Pascal devant cette folie qui nous porte à sacrifier l'éternel au périssable.
F. Mauriac, Souffrances et bonheur du chrétien, p. 29.
18 Mais je n'ai rien à faire des idées ou de l'éternel. Les vérités qui sont à ma mesure, la main peut les toucher.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 122.
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II (Sens affaibli). Cour.
1 Qui est de tous les temps, que l'expérience humaine reconnaît avoir toujours existé et devoir toujours exister. ⇒ Continuel. || La vie est un éternel recommencement. || Doctrine de l'éternel retour. ⇒ Palingénésie. || L'homme éternel. || La lutte éternelle du bien et du mal (→ Détruire, cit. 14). || L'éternelle illusion de l'amour. || L'amour involontaire, irrésistible, éternel (→ Breuvage, cit. 5).
19 (…) l'histoire et la légende ont le même but, peindre sous l'homme momentané l'homme éternel.
Hugo, Quatre-vingt-treize, III, I, I.
20 (…) tu es l'éternel phalène qui, de lui-même, est accouru se détruire à l'éternel flambeau.
Villiers de l'Isle-Adam, Axel, II, 13.
21 La guerre se joue du temps, dit le docteur, elle est éternelle et immuable.
A. Maurois, les Silences du colonel Bramble, XVII, p. 170.
♦ ☑ Loc. L'éternel féminin : les caractères supposés immuables et éternels de la psychologie féminine.
22 L'éternel masculin et l'éternel féminin sont, pour une large part, l'œuvre des contingences sociales, et rien n'est plus malaisé que de démêler, dans l'empreinte sexuelle, ce qui appartient en propre à l'animal masculin et à l'animal féminin.
Jean Rostand, l'Homme, VI, p. 98.
♦ L'Éternel Mari, titre français d'un roman de Dostoïevski (1870).
2 Contre quoi le temps ne peut rien; sans fin. ⇒ Immortel, inaltérable, infini, perpétuel. || Éternelle durée. || La damnation éternelle, les flammes, les peines éternelles (⇒ Enfer). || Le bonheur, le salut éternel. ⇒ Bien (biens); → Échanger, cit. 5. || La vie éternelle (→ Assurer, cit. 47; Dieu, cit. 45). || Le silence éternel. Poét. || Le repos, le sommeil éternel, la nuit éternelle : la mort.
23 Car il est indubitable que le temps de cette vie n'est qu'un instant, que l'état de la mort est éternel (…)
Pascal, Pensées, III, 195.
24 D'un éternel oubli ne tirez point les morts.
Voltaire, Sémiramis, II, 7.
25 Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour (…)
Lamartine, Méditations, « Le lac » (→ Ancre, cit. 6).
26 Ce qui importe, dit Nietzsche, ce n'est pas la vie éternelle, c'est l'éternelle vivacité.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 113.
3 Qui dure très longtemps, dont on ne peut imaginer la fin. ⇒ Constant, durable, impérissable, indestructible. || Amour éternel (→ Absolu, cit. 20). || Serments, regrets éternels. || Douleur (cit. 7) éternelle. || Souvenir éternel (→ Accumuler, cit. 9). || Éternel adieu. || Se jurer une amitié éternelle. || Reconnaissance éternelle, infinie. || Vivre dans une crainte (cit. 25) éternelle. || Espoirs de paix éternelle. || Un éternel printemps. || Un éternel azur (→ Accablement, cit. 9). || Une éternelle jeunesse. || Éternelle lumière (→ Désert, cit. 4).
27 Traîne, exempt de péril, une éternelle enfance.
Racine, Bajazet, I, 1.
28 Malheur à l'homme qui, dans les premiers moments d'une liaison d'amour, ne croit pas que cette liaison doit être éternelle !
B. Constant, Adolphe, III.
29 Un amour éternel en un moment conçu.
A.-F. Arvers, Sonnet (→ Amour, cit. 29).
30 Je suis persuadé que, si l'on ne changeait pas, les amours seraient éternelles; mais chacun se transforme de son côté; on n'a plus ni les habitudes, ni l'humeur, ni la figure même d'un autre temps : comment donc conserverait-on les mêmes affections ?
Nerval, Fragments, « Paradoxe et vérité ».
31 (…) écouter la plainte éternelle
Qui sanglote dans les bassins !
Baudelaire, Galanteries, « Le jet d'eau ».
32 (…) avec tous les mots qu'il faut dire : « Fin prématurée, — regrets éternels, — l'autre patrie, — adieu, ou plutôt non, au revoir ! ».
Flaubert, l'Éducation sentimentale, III, IV.
33 Rien n'est éternel, pas même la reconnaissance.
J. Renard, Journal, 22 déc. 1904.
34 Les passions du cœur sont pareilles à la mer, dont la jeunesse est éternelle, et le charme, et la folie : même les tempêtes, quand elles tuent, emportent la pensée dans un tourbillon magnifique.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VIII.
35 Le pays de la nuit polaire et du jour crépusculaire de minuit; la terre de la pluie, de la pluie éternelle, où l'homme est malade d'attendre la lumière, et où sa folie lui fait réclamer le soleil.
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », I.
♦ Vx. || La maison éternelle : la tombe, le tombeau.
♦ La Ville éternelle : Rome (→ Attraction, cit. 12). — Les neiges, les glaces éternelles, qui ne fondent pas, ne sont pas saisonnières (→ Amphithéâtre, cit. 5; alpin, cit. 1).
4 (Avant le nom). Qui ne semble pas devoir finir; qui ennuie, fatigue par la répétition. ⇒ Continuel, incessant, interminable, lassant, perpétuel, sempiternel. || Je suis lassé de ses éternelles récriminations. || L'éternel trio de la comédie de boulevard : le mari, la femme et l'amant.
36 Claude (…) lassé de ma plainte éternelle (…)
Racine, Britannicus, IV, 2.
37 (…) d'un jaloux odieux La vigilance éternelle
Molière, le Sicilien, 8.
38 On ne trouve plus guère après le siècle d'Hélène que l'éternel (ordre) corinthien.
Chateaubriand, Itinéraire…, III.
♦ Qui est toujours dans le même état. || Un éternel mécontent. || Un éternel malade.
♦ Par plais. || Une personne éternelle : une personne dont on attend l'héritage et qui tarde à mourir.
39 Nous croyions hériter du côté maternel,
D'un oncle… Ah ciel ! Quel oncle ! Il est oncle éternel.
J.-F. Regnard, le Distrait, II, 1.
5 (Avant le nom; précédé le plus souvent de l'adj. possessif). Qui se trouve continuellement associé à qqch., à qqn. ⇒ Inséparable. || Télémaque et son éternel Mentor. || Rapin arborant son éternelle lavallière. || Avec son éternelle cigarette à la bouche. || Son éternelle serviette (→ Battre, cit. 69). || Une chambre d'hôtel de province avec l'éternelle table de nuit et l'éternelle carpette.
40 (Léonor) était incessamment obsédée d'une duègne sévère et vigilante (…) il ne cessait de rêver aux moyens de tromper l'argus qui gardait son Io (…) Les choses étaient dans cette disposition, lorsque Léonor et son éternelle gouvernante, allant un matin à l'église (…)
A. R. Lesage, le Diable boiteux, IV.
❖
CONTR. Bref, court, éphémère, fragile, fugitif, passager, périssable, précaire, temporaire. — Temporel, terrestre.
DÉR. Éternellement, éterniser.
Encyclopédie Universelle. 2012.