épris, ise [ epri, iz ] adj.
• 1165; de s'éprendre
1 ♦ Vieilli Animé, possédé (par un sentiment, une passion). Amants épris d'une grande passion. Le cœur d'amour épris.
2 ♦ Pris de passion (pour qqch.). ⇒ amoureux, avide, féru, passionné. Être épris de justice. « Celui qui est épris de perfection n'a qu'une volonté, — qui est de la joindre » (Suarès).
3 ♦ (Pour qqn). ⇒ amoureux. Il est très épris d'elle. Le seigneur Marcelli « était passionnément épris de vous » (Nerval).
● épris Participe passé de s'éprendre.
épris, ise
adj. Animé d'une grande passion (pour qqch, qqn). être épris de justice. être épris d'une femme.
|| (S. comp.) Des amants fort épris.
⇒ÉPRIS, ISE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de éprendre (s').
II.— Adjectif
A.— Vx. Allumé. À la lueur d'une allumette soufflée aussitôt qu'éprise (FRANCE, Hist. comique, 1903, p. 113).
B.— Au fig. [En parlant d'une pers.] Qui est saisi par un vif sentiment de relation affective, une passion pour quelqu'un ou quelque chose. Épris d'absolu, d'indépendance, de justice.
1. [Suivi d'un compl. désignant la nature de la passion] Plusieurs hommes de distinction (...) épris de belle passion pour l'Orient, voulaient en visiter les contrées (BALZAC, Langeais, 1834, p. 342). Quand il entrait dans leur maison [des Chartreux], il était incontinent épris d'un désir d'y demeurer (BREMOND, Hist. sent. relig., t. 3, 1921, p. 320).
2. [Suivi d'un compl. désignant l'obj. du sentiment éprouvé]
a) [Le compl. désigne une chose concr. ou abstr.] De grands humanistes épris de grec et de simplicité (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 340). J'étais d'une famille éprise de musique, de peinture et où les lettres jouaient peu ou mal (COCTEAU, Diff. d'être, 1947, p. 37) :
• 1. Épris, comme Turner, des mirages de la lumière, de ces vapeurs d'or qui pétillent, en tremblant, dans un rayon de jour, il [Renoir] est parvenu, malgré la pauvreté de nos ingrédients chimiques, à les fixer.
HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 290.
— En partic.
♦ [Le compl. désigne un aspect ou un attribut de la pers.] Sémélé (...) se baignait dans les eaux de l'Asopus. Jupiter, épris de ses belles formes, s'insinue chez elle, et donne naissance à Bacchus (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 175). Est-ce moi, si épris des traits sereins de ma mère, qui les laisse ainsi désolés par l'anxiété et la peine? (LACRETELLE, Silbermann, 1922, p. 148).
b) Rare. [Suivi d'un inf.] Qui est séduit, absorbé par le fait de... La nuit, je descendais jusqu'à la plage (...). Je m'asseyais non loin du bord, uniquement épris de regarder (GIDE, El Hadj, 1899, p. 361). Un esprit découragé par l'avortement des complots, par la sévérité de l'église et, malgré cela, tout épris de vivre (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 314).
c) [Le compl. désigne une pers.] Qui éprouve un vif sentiment d'admiration, de sympathie pour quelqu'un, pour ce qu'il fait. Chacun était épris d'un chef en qui il incarnait l'idéal de ce qu'il aurait voulu être (ROLLAND, J. Chr., Buisson ard., 1911, p. 1301) :
• 2. Quand on a été épris d'un peintre, puis d'un autre, on peut à la fin avoir pour tout le musée une admiration qui n'est pas glaciale, car elle est faite d'amours successives...
PROUST, Prisonn., 1922, p. 64.
— En partic. [Le compl. désigne une pers. gén. de sexe opposé] Qui est amoureux. (Être) épris l'un de l'autre. Quand elle avait cédé à Pierre Delobelle, l'été d'avant, elle avait pensé qu'elle en était éprise (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 300) :
• 3. Maintenant, j'en suis sûre, je suis éprise de mon gendre. L'aveu qu'il m'a fait de son désir me révèle mon propre désir et m'éveille à l'amour.
AYMÉ, Quatre vérités, 1954, p. 41.
3. [Sans compl.]
a) [Qualifie une pers.] Qui est très amoureux. Dans les cœurs bien épris, (...) le bonheur augmente l'amour (STENDHAL, Chartreuse, 1839, p. 121). Les plus beaux poèmes ne valent pas, pour un être vraiment épris, le balbutiement d'un aveu maladroit (BERNANOS, Journal curé camp., 1936, p. 1256) :
• 4. ... il était plus épris que jamais. À sa tendresse se joignait un sentiment de reconnaissance pour tout ce que leur amour avait eu de bienfaisant, ...
ROLLAND, J. Chr., Adolesc., 1905, p. 356.
b) P. méton. [Qualifie un aspect, la manière d'être d'une pers.] Qui manifeste la passion dont quelqu'un est saisi. Manières éprises. Mes réponses s'y faisaient de plus en plus, non pas pressantes, justes dieux! mais plus cordiales, plus éprises (VERLAINE, Œuvres compl., t. 5, Confessions, 1895, p. 130). Qu'il y a d'amour, oui, d'amour, dans ces yeux-là! Hélas! qu'ils sont parlants, et doux, et entièrement épris! (COLETTE, Vagab., 1910, p. 164).
— P. ext. [Qualifie le ton d'une œuvre] L'« Exilée » [de Coppée], très court recueil, mais d'un accent particulier, plus chaste et, je crois, plus épris que celui des « Intimités » (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 99).
Encyclopédie Universelle. 2012.